Et voilà, c’est le bordel.
Suite aux premiers émois sur le dompéridone l’an dernier, j’avais fait une recherche et parlé dans ces pages des anti-émétiques en médecine générale.
Je concluais que pour une gastro-entérite, le mieux était rien, suivi par le VOGALENE. Je n’avais pas parlé des autres causes de vomissements (mal de transports, maladie de Parkinson, chimiothérapies…), mais comme je le disais alors, les effets indésirables mortels sont exceptionnels et si le MOTILIUM est indiqué (le seul anti-émétique dans la maladie de Parkinson par exemple), il ne faut pas s’en priver. A l’époque, je concluais ainsi : « il me semble raisonnable de contre-indiquer les prokinétiques pour tout patient sous neuroleptique ou présentant un antécédent de QT long ». C’était pas si mal.
Et puis aujourd’hui, patratra, dompéridone revient sur le devant de la scène avec son costume de démon taillé par l’Ange Prescrire dans cet article. Et comme je vous ai dit que j’aime bien les maths, eh bien je vais examiner ce papier et discuter avec vous les phrases du résumé de la première page (vous pourrez lire l’article en entier ou me faire confiance, à vous de voir…)
« Des études cas/témoins ont montré que les morts subites cardiaques sont environ 1,6 à 3,7 fois plus fréquentes en cas d’exposition à la dompéridone ».
Dans les études cas-témoins, on prend des cas ayant présenté une mort subite (puisque c’est de ça qu’on accuse le dompéridone) et on compare leurs caractéristiques à des témoins (sans mort subite) ; parmi ces caractéristiques, on regarde notamment combien ont pris du dompéridone dans chaque groupe (cas et témoins). Si 20% des gens ont pris du dompéridone dans le groupe mort subite et 0% dans l’autre groupe, eh bien, très clairement… NON, le dompéridone n’est pas coupable : le dompéridone est associé à un décès par mort subite. Si par contre, 20% des gens ont pris du dompéridone dans le groupe mort subite et 60% dans l’autre groupe, eh bien… là non plus, le dompéridone n’est pas innocenté : il est associé à une survie plus grande dans l’étude. Bref, avec une étude cas-témoin (analytique), on analyse des groupes et on ne prouve pas la causalité.
Evidemment, on essaie d’éliminer tous les autres facteurs dans ces études : l’âge, les antécédents cardiovasculaires, l’activité physique, le poids, le tabagisme, la raison pour laquelle ces gens prennent des antivomitifs… Je veux dire par là que les fumeurs vont peut-être prendre plus fréquemment des anti-vomitifs, et si on regarde les gens décédés d’une mort subite, peut-être qu’on dira « oui, c’est le MOTILIUM » alors qu’il ne sera qu’un facteur de confusion de la vraie cause de décès (le tabac). Peut-être ou pas, hein, c’est juste pour expliquer les mots et bien préciser qu’une étude, c’est difficile à mettre en place et qu’avant de les analyser, il faut s’assurer qu’on a affaire à quelque chose de bien fait.
Ici, Prescrire parle d’études cas-témoins (ce que je viens de décrire). Il s’agit d’études rétrospectives donc réalisées après l’évènement (mort subite) ; et c’est normal parce que l’évènement est très très très très rare, et c’est donc inimaginable en prospectif (on suit des gens sous dompéridone pour voir s’ils vont faire ou non une mort subite — en plus, c’est pas très rassurant comme protocole d’étude « on regarde si vous allez mourir, signez là »). Le problème, c’est que contrairement aux études prospectives, ici on décide du nombre de morts et de pas-morts, et du coup on calcule un odd-ratio et pas un risque relatif… Je vais y revenir.
Dans les articles cités par Prescrire à propos des chiffres 1.6 et 3.7 :
- soit ils s’auto-citent (référence 3), et c’est relativement insupportable, comme je l’avais déjà dit…
- soit l’étude traite de tous les allongeurs de QTc et pas seulement du dompéridone (référence 8 qui avait un OR entre 1.2 et 3.5),
- soit l’étude ne traite que Dompéridone et l’OR est de 1.99, non significatif après ajustement (IC95% [0.8 – 4.96], dans la référence 9 dont le texte entier est ici).
- soit encore l’OR est de 1.59 (IC95% [1.28 – 1.98], dans la référence 10 – version complète ici – qui a un joli design de cas-témoin réalisé à partir d’une cohorte rétrospective – et pour ceux qui veulent en savoir plus, là je renvois vers mon topo sommaire de lecture critique d’articles)
Parlons de l’étude où l’OR est non significatif après ajustement… C’est dans cette étude que Prescrire a récupéré le 3.7 et je cite le résumé : « The matched unadjusted odds ratio of domperidone and SCD was 3.72 (95% CI 1.72, 8.08). »
UNADJUSTED. Ce qui pose quand même la question de savoir si les « rédacteurs communs » de Prescrire vont au-delà du résumé PubMed pour fouiller dans l’article, surtout quand, comme ici, le résumé est un putain de condensé de mauvaise foi s’attardant sur des sous-populations de gens assurés publiquement.
UNADJUSTED ici, ça veut dire que dans les cas par rapport aux témoins, il y a significativement plus d’antécédents de pathologies ischémiques (29.5% vs 14.2%), d’angor (22.5% vs 10.4%), d’AVC (3.9% vs 1.6%), de diabète (19.6% vs 8.6%), de BPCO (14% vs 8.3%), de mésusage d’alcool (1.8% vs 0.7%), de prise de digoxine (8.6% vs 2.1%), de diurétique (16.9% vs 6%)… MAIS QUE MALGRE CA, on va dire que c’est quand même le dompéridone le coupable (0.77% vs 0.2% – oh tiens, bizarrement, dans ce tableau, c’est à moi de calculer les pourcentages absolus ; cette étude serait-elle de mauvaise foi ?) Je vous montre les deux tableaux, pour comprendre (regardez les valeurs absolues que je vous ai indiquées et pas les OR : la différence entre 0.2% et 0.77% est-elle sérieusement la même qu’entre 8.6% et 2.1% pour la digoxine par exemple, intuitivement ? ;))
Du coup, je vais utiliser la dernière étude, parce qu’elle est plus belle et plus honnête, et que Prescrire utilise ces chiffres (le 1.6, hélas c’est le chiffre minimal…). Le design est très particulier : ils utilisent une cohorte Saskatchewan Health d’un million de personnes, sélectionnent 83 212 utilisateurs de dompéridone ou IPP sur la période 1990-2005 (ils forment une cohorte rétrospective), repèrent les 1608 cas de mort subite, et les apparient à 6428 témoins (pas mort subite) (ils font donc une étude cas-témoin).
L’appariement se limite à l’âge, le sexe, la date de première prise du médicament et le diabète… Pas le reste (mais c’est normal, c’est dur de faire une étude…). Du coup, chez les cas (mort suite), il y avait préalablement à cette mort 7 fois plus de cardiomyopathie, 4 fois plus de défaillance cardiaque, 3 fois plus d’ischémie cardiaque, 2 fois plus de pathologie hépatique ou pulmonaire, 2 fois plus de médicaments antihypertenseurs, 2 fois plus de médicaments antiarythmiques, 3 fois plus d’hospitalisations multiples (c’est un abus de langage honteux de ma part, en fait ce sont les OR qui étaient à 7, 4, etc. tout le monde le fait, et comme vous voyez, c’est facile de se tromper et de tromper tout le monde)… Je vous épargne le tableau, cette fois, mais il ressemble au premier ci-dessus, tout simplement.
Voici les résultats de l’étude (sans l’aimable autorisation, hélas, il est si tard…) – c’est la première ligne qui nous intéresse :
Pour information, l’odd-ratio se calcule ainsi au niveau de la première ligne avec P1 = 10.5% et P0 = 7.5% :
OR = [P1/(1-P1)] / [P0/(1-P0)] = 10.5/(100-10.5) / 7.5/(100-7.5) = 1.45 (de façon « non ajustée », qui n’apparait pas dans le tableau, car ils n’ont mis que les ajustés).
C’est un rapport de cotes et on ne peut pas dire que c’est 1,45 fois plus fréquent comme pour le risque relatif (P1/P0), parce qu’ici les proportions entre cas et témoins sont fictives et ne révèlent pas la prévalence de la mort subite (il y a ici 1 cas pour 4 témoins, et dans la vraie vie, il n’y a pas 20% de personnes qui meurent de mort subite). Toutefois, ce n’est qu’à moitié faux et c’est pour jouer les puristes : avec un P0 < 10%, l’OR va s’approcher du risque relatif… Mais quand même, on va voir qu’il y a une petite différence… En fait, il existe des méthodes pour déterminer un risque relatif ajusté à partir d’un odd-ratio. Le plus simple est la méthode de Zhang et Yu que vous pouvez utiliser à la maison pour épater vos amis :
RR = OR/[(1−P0)+(P0×OR)] (ça fonctionne aussi pour les intervalles de confiance en prenant ORmin et ORmax)
Ici, on a donc RRajusté = 1.59 / (0.925 + 0.075 x 1.59) = 1.52 [1.25 – 1.84]
Donc, pour résumer, si on veut le faire le plus honnêtement possible sur les références citées par Prescrire (en dehors de leur propre référence à eux-mêmes en 3, parce que j’y ai pas accès), on peut conclure que dans une étude cas-témoin, après ajustement sur les multiples variables de confusion et en supposant qu’on en ait fait le tour, les patients ayant présenté une mort subite prenaient 1.5 fois plus souvent (IC95% 1.3-1.8) du dompéridone au moment de leur mort que les patients témoins au même moment, soit 10.5% vs 7.5% (chiffres surévalués par rapport à l’étude précédente 0.77 vs 0.2% en raison du design particulier de l’étude – les patients étaient inclus selon leur prise de dompéridone).
Ce qui ne veut PAS dire que le dompéridone est responsable de quoi que ce soit. On OBSERVE qu’ils en prennent plus, mais il n’y a aucun lien de cause à effet démontré dans ces études. Peut-être qu’il faudrait aussi se poser la question de pourquoi ils prennent du dompéridone (gastro ou autre ?). En clair : dans les 37 jours précédant leur mort subite, les patients avaient plus tendance à prendre du dompéridone, un anti-nauséeux. En très clair : dans le mois avant leur mort, les patients étaient malades.
En vrai, je vous rassure, il y a des études pharmacodynamiques et des meurtres de lapins (que je ne cautionne pas) qui ont prouvé l’effet d’allongement du QT qui est à l’origine de troubles du rythme cardiaque mortel, comme pour tous les neuroleptiques connus, en fait. (Un jour, on parlera des hépatites sous paracétamol, et le lendemain on relancera avec les abcès dentaires sous AINS, juste comme ça, pour comparer le nombre de morts du dompéridone).
« En France, environ 7 % des adultes ont reçu au moins une dispensation de dompéridone, soit environ 3 millions de personnes. »
Ils se basent sur les données de l’échantillon généraliste de bénéficiaires de l’assurance maladie obligatoire pour conclure à 7.7% (6.4% si on exclue les enfants et les gens ayant un cancer). Par contre, avec 51.1 millions d’adulte en France en 2012, on est proche de 3,6 millions de personnes (3.3 millions si on compte 6.4%, mais dans ce cas la phrase est fausse). Vous allez me dire que je chipote avec 500 000 personnes…
Donc : en France, environ 7% de consommateurs par an soit environ 3.5 millions de personnes.
« En France, compte tenu de la fréquence de la mort subite, des hypothèses prudentes rendent vraisemblable qu’environ 25 à 120 morts prématurées aient été imputables à la dompéridone en 2012 »
Je lis ce qu’ils disent :
A. La mort subite : 29 personnes sur 100 000 en région parisienne
B. La mort subite est 1.6 fois plus fréquente sous dompéridone, voire 3.7 dans une autre étude (fausse, comme on a vu)
C. La prescription est en moyenne de 2 semaines de dompéridone par an en France (et GENRE les gens prennent 2 semaines, comme ça, sans broncher, à vomir tripes et boyaux… ? admettons…)
D. 3 millions de Français sont exposés au vilain médicament
Donc environ 25 à 120 morts sont causées par la dompéridone dans « une hypothèse prudente ».
Je ne comprends pas.
Mon hypothèse, c’est qu’ils se droguent et qu’ils font donc la réflexion suivante :
- Mort subite MINIMUM par dompéridone par an = nombre de consommateurs (3 000 000) x consommation par an (2/52) x nombre de mort subite imputées au dompéridone (29/10000 x 1.6) = 53.5 (au lieu de 25 mais bon…)
- Mort subite MAXIMUM par dompéridone par an = nombre de consommateurs (3 000 000) x consommation par an (2/52) x nombre de mort subite imputées au dompéridone (29/10000 x 3.7) = 123.8 (le résultat qu’ils donnent).
C’est évidemment des bullshits, on ne calcule pas ça comme ça vu que théoriquement dans les 29/100 000 il y a DEJA les morts subites dues au dompéridone… Et puis, dans ce cas il faut le fait pour tout : la digoxine c’est 8, les cardiomyopathies c’est 8, la schizophrénie c’est 6 et allez hop, on arrive déjà à 638/100 000. Avec un calcul de ce genre, si on prend tous les OR des deux études ci-dessus, je suis sûr qu’on arrive à 100 000 / 100 000. Tout le monde meurt de mort subite, et comme ça, on est tranquille.
Je pense qu’à un moment, il faut arrêter de mettre Prescrire au sommet de la science en Ange salvateur, et le dompéridone en démon diabolique des profondeurs de l’enfer du laboratoire qui tue les gens par arythmie volontairement.
Je ne dis pas qu’il faut prescrire du dompéridone à tout va. Il ne faut pas en prescrire en routine. Mais si c’est le seul anti-émétique qui soulage (maladies de Parkinson, mal de transports ou autre, même une femme enceinte), même si l’efficacité n’est pas prouvée dans des études, il ne faut pas hésiter à le prescrire, s’il est encore sur le marché… Le risque de décès existe (il n’y a pas que Prescrire qui le dit, il y a aussi une revue de la littérature récente par exemple) ; mais ce risque est exceptionnel, non quantifié ou quantifiable actuellement, et lié à une tendance au QT long – le dompéridone révèlera un trouble sous-jacent en fait.
C’est juste que tout cet abattage médiatique relayant des données mal utilisées par Prescrire… Voilà quoi.
Sur ce, bonne nuit.
Petite remise au propre du 20/2, notamment les liens.
Merci à @jdflaysakier d’avoir relayé cet article sur son blog santé ; à @DDupagne pour son relais sur Atoute.org ; à @Docteur_V qui a non seulement cité cet article mais est allé au-delà sur la prescription individuelle et collective et l’a mieux décrit que je ne l’aurais fait. Un grand merci également à tous ceux qui l’ont relayé, apprécié et/ou commenté sur Twitter 🙂
Merci également à Sciences & Avenir qui l’a relayé dans un article…
« – soit encore 1.59 (IC95% [1.28 – 1.98], référence 10 qui a un joli design de cohorte rétrospective : http://www.ncbi.nlm.nih.gov.doc-distant.univ-lille2.fr/pubmed/20652862 / http://onlinelibrary.wiley.com.doc-distant.univ-lille2.fr/doi/10.1002/pds.2016/full)
Du coup, je vais utiliser la dernière, parce qu’elle est belle et honnête, et que c’est des chiffres de Prescrire (le 1.6). »
Ouch ! Ça pique un peu 🙂 Comment est-ce qu’une étude cas-témoins pourrait avoir un design de cohorte rétrospective… même joli ?
Ça decridibilise un peu le post, bien intéressant au demeurant !
Mea culpa, j’ai écrit l’article d’une traite hier entre 23h et 2h du mat’ (j’ai modifié la date de parution pour pas me faire disputer :-D).
Je pense qu’il y a des coquilles ou erreurs comme celle relevée, sans compter un style d’écriture déplorable et des références mises à l’arrache dans le texte…
Mais je vais faire un petit tour de relecture.
Merci pour l’intérêt 🙂
Je taquinais hein : on voit bien que vous maîtrisez le sujet.
Au delà de ça, vous êtes allés à la source et avez osé défier Prescrire : merci ET respect !
Merci à vous 😉
J’ai modifié et ça m’a permis de revérifier sérieusement le design de l’étude. J’ai enlevé « jolie » parce qu’en fait c’est aussi un beau foutoir dans leurs explications : ils créent une cohorte rétrospective de consommateurs de dompéridone dans une cohorte d’étude suivie 15 ans, et sélectionnent dedans les cas (mort subite) qu’ils apparient assez simplement sur des témoins. Ils n’apparient pas sur au moins un gros évènement cardiovasculaire, et du coup les différences entre les groupes sont importantes. Et comme ils ont fait une cohorte de consommateurs de dompéridone, on peut se poser plusieurs questions :
– s’ils en consomment, ils en ont peut-être pris avant et la sélection naturelle a peut-être déjà fait son effet (ceux à risque de mort subite sont déjà morts) ;
– on augmente un peu artificiellement les pourcentages de consommation, ici 7.5% chez les témoins sur une période de 37 jours, c’est bien plus que la réalité (7% sur… 365 jours !) ; l’effet aurait moins de « gueule » avec 1.05% vs 0.75% que là avec 10.5% vs 7.5%
Ah ! C’est donc une cas-temoins nichée (dans une cohorte) : on s’y retrouve 🙂
Oui, c’est l’idée, un cas-témoin fait sur une cohorte rétrospective composée à partir d’une cohorte prospective. Ouf 😀
En reprenant vos chiffres, on peut évaluer le nombre de MSub attribuables à DOM,
Il y en aurait 20 sur les 53 et 90 sur les 123
Caramba, encore raté ! on ne retrouve pas les 25 et 125
Ces chiffres changent beaucoup en fonction du 2/52
Avec 2,5/52 je retrouve le 25 au lieu de 20 mais je n’ai que 112 au lieu de 90
En fait selon le tableau tiré de la cas-témoins rétrospective, tout le monde devrait prendre de la DOM pendant 2 semaines sous monitoring cardiaque ; après, le risque est inférieur à 1!
Merci de votre texte très intéressant
C’est ça, j’ai tourné les nombres dans tous les sens, mais jamais réussi à retrouver 25 et 125… Avec le 123 je pense avoir saisi leur façon de calculer.
Il me semble que dans le texte ils précisent que l’effet cardiaque est maximum dans les 3 à 5 premiers jours, d’où la non-significativité après 2 semaines.
Merci pour votre intérêt ! 🙂
Ping : Le petit monde de Dom Péridone | Jeunes ...
Super!
En neurologie, Prescrire n’aime pas le Tysabri (natalizumab) alors que c’est le médicament qui a completement modifié l’évolution de la sclérose en plaques, mais Prescrire modifié les chiffres pour leur faire dire n’importe quoi.
Le motilium, là c’est un coup en trop. Le seul médoc qu’on peut donner dans la maladie de Parkinson, merci de le rappeler!
Ah oui, ils en mettaient régulièrement du Tysabri quand je suis passé dans le service de SEP à Lille, et informaient du risque de LEMP. En même temps, c’était utilisé chez des patients ayant déjà une qualité de vie bien altérée, et ça serait dommage de s’en passer…
A l’occasion je regarderai l’article sur le Tysabri, j’aime bien analyser des articles ^^
Pour l’utilisation du MOTILIUM dans le Parkinson, c’est le palindromique @qffwffq (http://etunpeudeneurologie.blogspot.fr/) qui me l’a rappelé il me semble, l’an dernier sur Twitter !
Et moi, et moi : https://www.mimiryudo.com/blog/2013/10/ordonnance-gastronomique/
😀
Article relu avec attention.
Ah oui, c’était peut-être toi finalement en fait 😀 Merci en tout cas !
L’attitude de Prescrire sur Avonex est pas mal non plus.
Avonex, l’interféron préconisé par Prescrire (2004), validé par un seul essai au cours duquel les patients placebo qui vont bien et les patients Avonex qui vont mal sont éliminés des analyses.
Avertis à deux reprises par mes soins, ils considèrent que tout cela est normal !
http://www.la-press.com/redirect_file.php?fileId=4953&filename=Approved-Beta-Interferons-in-Relapsing-Remitting-Multiple-Sclerosis_Odd_One_Out3&fileType=pdf
La Cochrane ne pense pas comme eux : « The lack of convincing efficacy data shows that IFNß-1a (Avonex), intravenous immunoglobulins, cyclophosphamide and long-term steroids have an unfavourable benefit-risk balance in RRMS ». – See more at: http://summaries.cochrane.org/CD008933/comparative-efficacy-and-risk-benefit-balance-of-modulator-and-suppressant-drugs-of-the-immune-system-in-people-with-multiple-sclerosis-ms
J’attends avec impatience leur avis sur tecfidera : http://www.etudes-et-biais.com/je-viens-de-telecharger-les-analyses-de-la-fda-sur-bg-12-tecfidera/
Bonne journée
Je ne maîtrise pas du tout le sujet des interférons (vu leur faible utilisation en médecine générale !) mais effectivement, à la lecture de votre article, ça a l’air d’être une jolie histoire aussi (encore menée par M. Jacobs ?)
C’est étrange quand même que Prescrire maintienne son avis malgré l’analyse de Cochrane notamment…
Malheureusement Mr Jacobs est décédé
Mais il a des élèves…
Ping : L’empirisme contre attaque | Le blog du Docteur V.
Excellent! Merci bcp pour ces clarifications. Il me semblait un peu facile comme conclusion. L’article journalistique ne mention pas mais je comprends que des conclusions concernent uniquement du Dompéridone injecté, ou est ce que j’ai mal compris?
Bonjour et merci 🙂
Pour essayer d’être clair et synthétique :
– ça concerne le dompéridone sous toutes ses formes, orales comprises (surtout orales d’ailleurs),
– les études faites sont des cas-témoins qui ne permettent pas de dire « le dompéridone tue des gens » mais « le dompéridone a été pris avant le décès des gens » (peut-être parce qu’ils étaient nauséeux avant, hé !)
– MAIS le dompéridone est bien suspect de donner des morts subites, sur d’autres études expérimentales (les lapins, et puis c’est juste CONNU que TOUS les neuroleptiques donnent un allongement du QT) : ce n’est pas une invention de Prescrire ou quoi que ce soit,
– ce qui est très amusant à mon sens, c’est que le dompéridone en prend plein la fiole parce qu’il a été étudié, parce qu’il était prescrit… Le Vogalène n’a pas montré d’efficacité non plus, et c’est un neuroleptique (donc il allonge très certainement le QT). Comme nous allons tous reporter nos prescriptions de Dompéridone sur le Vogalène, on va pouvoir étudier cet autre anti-émétique (à moins qu’on suive l’avis de Prescrire d’opter principalement pour le Primperan qui donne régulièrement des torticolis sévères…)
– il ne faut donc pas donner du dompéridone devant ce risque et les effets bénéfiques rares… sauf dans des indications rares (c’est le seul anti-vomitif qu’on peut donner dans la maladie de Parkinson, parce qu’il ne l’aggrave pas, par exemple) ; il n’a pas d’indication reconnue et validée pour l’allaitement non plus, pour info, même s’il le favorise (il est antidopaminergique donc anti-inhibiteur de prolactine… donc favorise la montée laiteuse).
Voilà pour le dompéridone. Non, ce n’est tranché BLANC / NOIR, mais ça ne l’est jamais dans la vraie vie, contrairement à ce qu’on nous fait croire.
Pour Prescrire :
– c’est une revue de qualité, qui se trompe peu et propose des articles régulièrement innovateurs dans le bon sens,
– MAIS cette fois, ils font un article en prenant des chiffres comme des sagouins (le 3.7 c’est non ajusté, et ça montre à mon sens qu’ils ne sont pas allés au delà du résumé – ce qui est dommage quand on signe Prescrire(R) en disant que plein de gens y ont participé !), et en faisant des calculs incompréhensibles pour sortir de leur chapeau une marge de morts entre 25-125.
– quoiqu’ils en disent, on ne sait pas le nombre de morts subites causées par le dompéridone, c’est peut-être 10 par an, peut-être 1000 (sur 3,5 millions de prises).
– et last but not least, leur article a été reproduit dans toute la presse française, qui n’a pas parlé de cas-témoins ou autre, mais bien de « 25 à 125 morts annuels : il faut retirer le dompéridone ».
Le but de cet article était aussi et surtout de montrer qu’il faut essayer de rester critique et toujours revenir à la source. Ca serait le rêve s’il y avait des journalistes scientifiques dans les revues de vulgarisation, capables d’aller lire un article à la source et critiquer plutôt que répéter une info… Surtout s’ils veulent survivre, parce que pour répéter, il y a les retweets et les likes maintenant… 😉
Ping : Prescrire®et les « Prescririens », le Motilium®, les bananes et l’eau du bain | Journalisme et Santé Publique
Ping : De nouvelles batailles pour Prescrire ou quelques reflexions sur le kayexalate | PerrUche en Automne
Ping : Prescrire et dompéridone (suite et fin) | Le blog de MimiRyudo
Ping : | Le blog de MimiRyudo
Ping : Domperidone | Etudes & Biais