Le calendrier vaccinal 2014 a été présenté cette semaine par le Ministère des Affaires Sociales et de la Santé.
Le calendrier en 55 pages ne fascinera pas tout le monde, mais les pages 30 à 53 seront très précieuses pour les questions pointues en vaccinations (quels vaccins dans un syndrome de Wiskott-Aldrich, un déficit en IgA, chez les égoutiers, quels vaccins sont vivants atténués…). Pour les vaccinations du voyageur, la référence reste bien sûr l’institut Pasteur — qui délivre également des conseils variés selon le pays de destination.
Pour les non-médecins qui lisent ce blog, je vous invite à déterrer votre carnet de vaccination rose ou votre carnet de santé pour faire le point sur les vaccins. Deux outils : le calendrier simplifié en 2 pages, ainsi que la page 49 du calendrier en 55 pages qui fait correspondre les noms commerciaux des vaccins et les valences vaccinales (ce contre quoi ils protègent). Je vous mets les deux éléments en fin d’article.
Qu’y a-t-il de nouveau dans ces calendriers ?
Le calendrier 2014 révolutionne moins notre système que l’an dernier. En 2013, le calendrier a été bien simplifié : le rappel DTP n’a plus lieu tous les 10 mais 20 ans, certains vaccins chez l’enfant ont disparu (1 DTP entre 16-18 ans notamment) ou ont été réorganisé (l’hexavalent de 3 mois est passé à 11 mois).
Pour la coqueluche, les pédiatres réclament les vaccinations cocooning depuis plusieurs années, et ça devient effectif (même si ça n’apparait pas clairement dans le calendrier simplifié) : un vaccination comportant une valence coquelucheuse acellulaire (ca – en pratique, le dTcaPolio ou REPEVAX) est recommandée chez les adultes à 25 ans (à 5 ans au moins d’un vaccin anti-coquelucheux et 10 ans d’une coqueluche documentée). Si ça n’a pas été fait à 25 ans, un rappel est possible jusqu’à 39 ans, chez les adultes ayant un projet parental, chez les personnes susceptibles d’être en contact de façon prolongée avec un nourrisson dans ses 6 premiers mois de vie (grands-parents, nourrices, baby-sitters…) La coqueluche tue les nourrissons qui ne sont pas encore vaccinés et le « vaccin cocooning » est la meilleure protection !
La vaccination anti-HPV a été avancée à 11-14 ans en 2013 et jusqu’à 19 ans révolus (au lieu de 24 ans). Cette année, la dose de 1 ou 2 mois (selon le vaccin utilisé) tombe à l’eau, et il ne reste plus que 2 doses (0, 6 mois) entre 11 et 14 ans… Mais attention, entre 14 et 19 ans, c’est encore 3 doses (0, 1 ou 2 mois, 6 mois). Quelque soient les polémiques actuelles, le vaccin reste recommandé chez les filles pour le Haut Conseil de Santé Publique. De façon Nostradamique, je pense qu’à l’avenir il sera également recommandé chez les garçons, avec de plus en plus de valences (il ne protègerait « que » contre certains virus générateurs du cancer du col utérin).
Ce calendrier 2014 donne une conduite à tenir en cas d’épidémie de rougeole ou oreillons dans une communauté (ROR dans les 72h après un contact avec une rougeole, 3ème ROR en cas d’épidémie d’oreillons si la seconde administration date de plus de 10 ans). Actuellement, il y a un plan d’éradication de la rougeole en cours (pour rappel, les maladies éradiquées grâce aux vaccinations sont la variole (1977) et la peste bovine (2011) ; la dracunculose devrait être éradiquée en 2015 grâce à l’éducation des populations à risque et les mesures d’hygiène).
Enfin, ce calendrier résout également un des problèmes posés par l’espacement des vaccinations tétanos : que faire pour les gens présentant une plaie majeure à 5, 10 ou 15 ans après le vaccin ? Réponse : rien (page 53 du calendrier en 55 pages).
Voilà. Et n’oubliez pas de ressortir et checker votre petit carnet rose 😉
Bonjour.
Je vais peut-être dire une bêtise, mais il me semble avoir lu que la variole n’a pas été éradiquée par la vaccination :
http://www.alis-france.com/download/variole.pdf
Comme je ne suis pas un professionnel de la santé, je suis intéressé par votre avis scientifique sur ce document.
Donc, d’après vos dires, une seule maladie aurait été éradiquée par vaccination (peste bovine, sujet que je ne connais pas vraiment).
D’autre part, je trouve votre formulation » La coqueluche tue les nourrissons qui ne sont pas encore vaccinés » alarmiste et peu fondée scientifiquement pour justifier la vaccination.
Attention, je ne suis pas en train de tenir un discours anti-vaccination. La vaccination peut être utile dans certains cas (l’étude du rapport bénéfice/risque devrait être la règle, sauf qu’elle n’est pas très respectée, avec les changements à répétition des composants de certains vaccins ces dernières années).
En l’occurrence, quand je vois le graphique « Taux de mortalité par coqueluche pour 100000 Français de 1925 à 1999 » ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Coqueluche — ok, wikipédia n’est peut-être pas la meilleure source, mais la référence (INED) me paraît digne de foi), et l’introduction du vaccin en France en 1959, j’ai tendance à penser que le progrès de l’hygiène est le premier facteur de diminution de la mortalité par la coqueluche.
Pour revenir à votre formulation, oui la coqueluche PEUT s’avérer mortelle, mais ce n’est pas à 100%, et cela ne justifie pas automatiquement le passage par la vaccination, à mon sens en tout cas. Surtout que plein d’autres choses sont mortelles, et on ne peut pas vacciner contre tout.
En tout cas, j’espère que vous ne prendrez pas mon intervention pour une énième attaque puérile contre les vaccins. J’ai attendu un peu de temps pour que cet article ne soit plus en tête dans votre blog, car je souhaite avoir une discussion posée et surtout basée sur la logique, pas une polémique stérile.
J’avoue être dubitatif sur l’utilité de la plupart des vaccins actuels, mais pour des raisons que j’ose croire rationnelles :
– on s’oriente vers une sur-vaccination (problème aigu aux USA, par exemple, avec un nombre d’injections pouvant dépasser les 60) : par exemple, est-ce que le total des différents éléments composants les différentes injections de chaque vaccin a-t-il été calculé, avec les effets cumulatifs sur l’organisme, et les interactions possibles entre chaque élément ? Je n’ai pas trouvé de réponse à cette question, mais peut-être avez-vous accès à de meilleures bases de données et sauriez-vous m’orienter vers des études sur le sujet ?
– la faiblesse inhérente du caractère humain. Que ce soit la corruption (l’actualité de ces dernières années montre qu’il y a une très grande proximité entre les industries pharmaceutiques et les décisionnaires politiques en charge des validations des médicaments et des programmes de vaccination) ou l’âpreté au gain (une entreprise privée n’est pas là pour faire progresser l’humanité, mais pour maximiser ses bénéfices, ou même plutôt pour reverser un maximum de dividendes à ses actionnaires, et les principaux producteurs de vaccins sont des entreprises privées), tout cela ne peut qu’aboutir à des scandales de santé publique. J’ai quand même l’impression que la population sert souvent de cobaye involontaire pour beaucoup de vaccins (tests de conformité raccourcis au maximum pour les cas « d’urgence », pour ne donner qu’un exemple).
– on transforme dans l’imaginaire collectif la portée de certaines maladies, engendrant des peurs exagérées dans certains cas. Personnellement, j’ai longtemps cru que le tétanos était une maladie de fin du monde, et que le vaccin était tout simplement une évidence, le seul moyen d’en réchapper. Or il apparait que c’est le tétanos néo-natal (conditions hygiéniques de l’accouchement déplorables) qui engendre la majorité des cas mortels, et que l’apprentissage des soins de base à apporter à une blessure ainsi que l’accès facilité à des produits désinfectants fassent la différence bien plus que la vaccination.
Quand je regarde les graphiques des maladies pour lesquelles on vaccine, je remarque dans tous les cas une remontée de la mortalité pendant et juste après la deuxième guerre mondiale, où les conditions d’hygiènes se sont fortement dégradées en France.
En gros, on conditionne la population à croire que le vaccin est le remède miracle, en négligeant l’enseignement des notions de base sur l’hygiène et les maladies (j’ai une formation scientifique, et je suis toujours halluciné par les questions que posent une majorité des gens sur ces sujets, alors que je ne suis même pas médecin).
– vous remarquerez que je ne mets en aucun cas l’efficacité d’un vaccin en question. J’ose croire, pour l’instant, que les commissions de validation vérifient au moins ce point de manière sourcilleuse. Et scientifiquement, il ne fait aucun doute à mon sens que le principe est valable. C’est donc plus la mise en oeuvre dans le cadre d’une politique de santé publique qui me pose question.
En espérant ne pas vous avoir ennuyé avec ce sujet,
Un fan de mathématiques qui ne s’est pas orienté en médecine après le lycée… 😉
Ps :
http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1087/publi_pdf1_doctravail_74.pdf
Document sur le rôle des vaccins dans la baisse de la mortalité
Il montre que, en Europe, pour la tuberculose, la diphtérie et la rougeole, le vaccin n’est pas franchement une avancée. mais que c’est le cas pour la polio, une maladie qui au contraire des autres précitées n’est pas très répandue, et surtout pour la grippe (!!!), maladie pour laquelle je n’ai jamais été vacciné, ni personne dans mon entourage, à part des personnes âgées ces dernières années, car c’est là que la mortalité baisse le plus.
P.12-13, il y a une théorie forte intéressante sur le lien entre la mortalité de la rougeole et le confinement, un peu comme ce que vous exposiez sur le rhume.
Par contre, je ne partage pas l’avis des auteurs sur la variole, qu’ils ne justifient pas d’ailleurs.
http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1498/publi_pdf1_popetsoc_463.pdf
Dernière page :
« Certains vaccins comme celui contre la rougeole ou le BCG ont
des effets bénéfiques non spécifiques : en stimulant l’immunité, ils
diminuent aussi la mortalité due aux autres maladies – diarrhée,
paludisme – contre lesquelles les enfants ne peuvent pas être
vaccinés pour l’instant faute de vaccins [6]. D’autres en revanche,
comme le DTC (vaccin combiné contre la diphtérie, le tétanos et la
coqueluche) ou le vaccin contre l’hépatite B, ont des effets négatifs
non spécifiques, notamment chez les filles [7], [8]. Ils sont efficaces
au sens où ils empêchent bien les enfants vaccinés d’attraper ces
maladies. Mais dans les régions où la mortalité est encore élevée et
où les maladies qu’ils préviennent (coqueluche, tétanos, hépatite B)
ne causent que peu de décès chez les enfants, ils augmentent la mor-
talité des filles pour des raisons encore inconnues sans doute liées là
aussi au système immunitaire. »
Pour des raisons encore inconnues….
Vacciner à tout va, sans recul, n’est donc pas la meilleure solution.
Bonjour !
1/ La variole n’a pas été éradiquée par la vaccination.
Faux.
La variole a été éradiquée par deux choses : la vaccination et la « surveillance – endiguement » (containment).
L’un sans l’autre n’aurait pas pu fonctionner. En fait, les premiers signent apparaissent 10 à 14 jours après la contamination, ce qui rend les gens contagieux avant leur diagnostic. Donc sans la vaccination de Jenner, nous serions encore confrontés à la variole, à courir après les malades pour les isoler…
Il fallait donc à la fois isoler les malades (surveillance-endiguement) et vacciner en foyer autour d’un cas… C’était la « ring vaccination » et c’est d’ailleurs ce qui reste prévu en cas de nouvel épidémie en France – notamment en cas de bioterrorisme.
Par ailleurs, j’ai regardé 2-3 articles sur Alis-France et ils sont clairement anti-vaccination.
Donc 2 maladies éradiquées par la vaccination : variole (smallpox) et peste bovine (rinderpest). Nous sommes d’accord que l’isolement et l’hygiène sont également pour beaucoup dans ces éradications.
2/ La coqueluche tue les nourrissons qui ne sont pas encore vaccinés.
Globalement vrai (même si la formulation est alarmiste si on la sort du reste du billet, et tout à fait d’accord sur le fait que la mortalité est très loin d’être de 100%… n’empêche que toute mortalité est de trop si on a des moyens de lutte ;-)).
J’aime beaucoup Wikipedia, et je l’ai montré récemment 😉
Actuellement, « la coqueluche tue les nourrissons non vaccinés », c’est l’hypothèse qui prévaut dans la communauté scientifique. La coqueluche est une des principales causes de décès par infection bactérienne chez les nourrissons ; elle tue peu les adultes.
Il y a des études épidémiologiques qui ont été réalisées aux USA. Sur ces schémas, on voit que l’incidence est de 70/100 000 coqueluches la 1ère année, et 10/100 000 ensuite (après vaccination).
Par ailleurs, on constate également que l’introduction du vaccin a diminué le nombre de cas de 150 000 par an à 10 000 (avec une réascension récente depuis le vaccin acellulaire). Le schéma que vous montrez concerne la mortalité de la coqueluche. Là-dessus, l’hygiène et les antibiotiques ont joué un rôle prépondérant. Par contre, pour lutter contre la « contraction de la maladie », le vaccin est le plus efficace. D’ailleurs, la coqueluche a quasiment disparu chez les 6 mois – 10 ans (dixit Wikipedia, à côté du graphe) pour apparaître plus tardivement, chez ceux dont l’immunité vaccinale n’est plus efficace. Ces statistiques sont reprises un peu partout (Canada : http://www.phac-aspc.gc.ca/im/vs-sv/vs-faq02-fra.php)
Nous verrons ce que donnera le nouveau schéma vaccinal et le renforcement de la vaccination cocooning. J’ose croire, avec les autres, que ça diminuera la transmission aux nourrissons et la mortalité au sein de ces derniers.
3/ Les changements à répétition des composants de certains vaccins (…)
A ce jour, aucune preuve n’a été apportée pour suspecter un effet nocif des composants des vaccins.
Prenons le GARDASIL, sous les feux de la rampe…
Le GARDASIL® contient 225 µg d’aluminium, ce qui est équivalent à sa présence dans certains laits infantiles et largement moins que les 7000 – 9000 µg ingérés quotidiennement dans l’alimentation.
Le GARDASIL® contient 50 µg de polysorbate 80. La consommation quotidienne de cet additif dans l’alimentation est de 12 000 à 111 000 µg par jour en Europe et en Amérique.
Le GARDASIL® contient 0,78 mg de L-histidine. Les besoins moyens de l’organisme sont de 720 mg par jour chez un adulte de 60 kg.
Les vaccins avec et sans squalène ont été comparés dans une méta-analyse de 14 000 patients : il n’y avait pas plus d’effets indésirables avec ou sans cet adjuvant. L’OMS rapporte que 22 millions de vaccins contenant du squalène ont été délivrés depuis 1997 sans effet indésirable significatif.
Enfin, le borate de sodium est en quantité infime (35 µg) par rapport à celle contenue dans une pipette de 5 ml de DACRYOSERUM® pour lavage ophtalmique (90 000 µg).
4/ La coqueluche PEUT s’avérer mortelle, mais ce n’est pas à 100%, et cela ne justifie pas automatiquement le passage par la vaccination, à mon sens en tout cas. Surtout que plein d’autres choses sont mortelles, et on ne peut pas vacciner contre tout.
Rien n’est mortel à 100%. Même la variole ne tuait qu’à 30%. Le SIDA est loin d’être mortel à 100% depuis l’arrivée des traitements anti-rétroviraux…
A ce rythme là, il ne faudrait plus jamais vacciner.
Et ça serait dommage de mourir paralysé du tétanos, d’être handicapé par la poliomyélite, ou de de chopper une encéphalopathie à cause d’une rougeole non prévenue.
5/ En tout cas, j’espère que vous ne prendrez pas mon intervention pour une énième attaque puérile contre les vaccins.
Non, je comprends tout à fait. On nous vend facilement de l’efficacité, juste sur le « c’est un vaccin donc ça marche ». En fait, les études sur les vaccins sont difficiles à réaliser, puisqu’elles sont sensés prévenir un évènement plus ou moins fréquent de survenir. Elles utilisent donc des critères immunologiques tout à fait sérieux mais qui semblent austères : « Pour ce qui est de la coqueluche, un à deux mois après avoir reçu les trois doses de primovaccination, plus de 87 % des nourrissons avaient multiplié par 4 leur titre d’anticorps anti-PT et anti-FHA. » Il y a aussi des études qui prouvent l’efficacité, mais elles sont difficiles à trouver et à lire (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16061582)
Il faut globalement faire confiance, ce qui peut être difficile quand pullulent beaucoup de sites anti-vaccins, qui eux vendent des histoires alarmantes.
La plupart des médecins remarquent quand même que les rougeoles apparaissent chez les jeunes adultes que les parents n’ont pas voulu vacciner dans leur enfance, à cause d’une polémique sur l’autisme. Mais ces cas cliniques isolées ne parlent à personne et sont finalement peu rapportés au public, qui préfère entendre qu’une fille jeune a développé une sclérose en plaques (comme 1400 personnes par an) quelques mois après un vaccin (sur ces 1400, on peut supposer que 140 ont eu un vaccin dans l’année qui précédait, et 12 un vaccin dans le mois précédent…)
6/ On s’oriente vers une sur-vaccination (problème aigu aux USA, par exemple, avec un nombre d’injections pouvant dépasser les 60) : par exemple, est-ce que le total des différents éléments composants les différentes injections de chaque vaccin a-t-il été calculé, avec les effets cumulatifs sur l’organisme, et les interactions possibles entre chaque élément ? Je n’ai pas trouvé de réponse à cette question, mais peut-être avez-vous accès à de meilleures bases de données et sauriez-vous m’orienter vers des études sur le sujet ?
Les USA vaccinent comme nous AVEC en plus la varicelle, l’hépatite A et la grippe annuelle. Donc le nombre d’injections dépasse largement 60 si on compte 1 vaccin anti-grippal par an (http://www.cdc.gov/mmwr/pdf/other/su6201.pdf via https://www.mesvaccins.net/web/news/3845-le-calendrier-des-vaccinations-et-les-nouvelles-recommandations-vaccinales-2013-aux-usa)
Je n’ai pas accès à de meilleures bases de données là-dessus. Toutefois, pour les « éléments associés », ils ne sont pas originaux : on en mange tous les jours en quantité bien supérieure (cf. ci-dessus). Alors bien sûr, manger quelque chose n’est pas exactement la même chose qu’en recevoir en infime quantité sous la peau…
7/ la faiblesse inhérente du caractère humain. Que ce soit la corruption (…) ou l’âpreté au gain (…), tout cela ne peut qu’aboutir à des scandales de santé publique. J’ai quand même l’impression que la population sert souvent de cobaye involontaire pour beaucoup de vaccins (tests de conformité raccourcis au maximum pour les cas « d’urgence », pour ne donner qu’un exemple).
Globalement, les agences de santé du monde entier ne sont pas dirigées par Voldemort, Sauron et Dark Vador : une catastrophe sanitaire n’est jamais leur souhait – même à M. Servier, j’en suis sûr. Evidemment, on peut imaginer que les laboratoires minimisent les effets indésirables de leurs produits, mais avec les mille et une démarches actuelles, la population sert de moins en moins de cobaye. En fait, elle ne sert plus du tout.
Là où je bosse actuellement, ils sont sur un projet de chélation du fer chez les patients atteints de maladie de Parkinson. C’est un traitement qui serait assez peu coûteux et efficace. Ils bossent dessus depuis 4 ans : preuve d’intérêt chez les rats, preuve de bonne tolérance sur une vingtaine de personnes… avant enfin de pouvoir lancer un essai de grande envergure. 4 ans. Des tas de papiers, d’agences, de rencontres… C’est un vrai parcours du combattant qui amènera peut-être à une nouvelle indication dans quelques années.
Je trouve au contraire que nous sommes tombés dans l’excès inverse à celui des années pré-1960 (amendement Kefauver-Harris de la FDA) où tout pouvait être commercialisé sans problème. A l’heure actuelle, un « bébé-éprouvette » ne serait probablement plus envisageable comme dans les années 70, alors qu’on a maintenant un recul pour dire que les fécondations in vitro rendent des services…
8/ en gros, on conditionne la population à croire que le vaccin est le remède miracle, en négligeant l’enseignement des notions de base sur l’hygiène et les maladies (j’ai une formation scientifique, et je suis toujours halluciné par les questions que posent une majorité des gens sur ces sujets, alors que je ne suis même pas médecin).
Effectivement, l’hygiène a apporté énormément. Les antibiotiques sont apparus également au décours de la deuxième guerre mondiale, à peu près à la même période que la plupart des vaccins encore utilisés.
Il y a encore des décès par tétanos – néonatal principalement (bah oui, ils ne sont pas encore vaccinés ;-))
Dans le BEH du 26 avril 2012, 36 cas de tétanos sont rapportés en France entre 2008 et 2011, dont 11 décès. Sur ces 36 cas, le statut vaccinal était inconnu pour 21, nul pour 14, et complet pour 1 seul qui n’avait toutefois pas fait de rappel depuis 35 ans (recommandation à l’époque de 10 ans, et 20 ans depuis 2013). 36 cas, ça reste très peu par rapport au nombre de non/mal-vaccinés (le rôle de l’hygiène !) mais si le vaccin n’était pas efficace, il devrait y avoir une répartition différente.
9/ vous remarquerez que je ne mets en aucun cas l’efficacité d’un vaccin en question. J’ose croire, pour l’instant, que les commissions de validation vérifient au moins ce point de manière sourcilleuse. Et scientifiquement, il ne fait aucun doute à mon sens que le principe est valable. C’est donc plus la mise en oeuvre dans le cadre d’une politique de santé publique qui me pose question.
J’espère avoir essayé de répondre dans ce sens. Pour l’efficacité des vaccins, même si ça n’est pas scientifique, je trouve le roman « Peste & Choléra » très intéressant, sur la vie d’Alexandre Yersin (par Patrick Deville).
Pour la politique de santé publique, ça me dépasse… Globalement, pour moi, plus nous sommes vaccinés, mieux c’est. Pour le reste, c’est de la négociation entre ce qui est scientifiquement possible/disponible, et ce qui économiquement réalisable.
Les vaccins remboursés sont ceux qui permettront d’éviter des hospitalisations, des soins coûteux, des traitements chers, des décès précoces.
Et nous sommes tout à fait d’accord sur l’importance de l’hygiène dans la prévention des maladies infectieuses. Mais les vaccins sont clairement un énorme plus, sans lesquels la variole sévirait toujours, et où le tétanos tuerait bien plus que 11 personnes par an (entre autres…)
J’étais fan de mathématiques aussi, et je me suis orienté vers la médecine… mais je ne sais toujours pas pourquoi 😀
10/ http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1087/publi_pdf1_doctravail_74.pdf
Document sur le rôle des vaccins dans la baisse de la mortalité. Il montre que, en Europe, pour la tuberculose, la diphtérie et la rougeole, le vaccin n’est pas franchement une avancée. mais que c’est le cas pour la polio, une maladie qui au contraire des autres précitées n’est pas très répandue, et surtout pour la grippe (!!!)
J’ai survolé le fichier mais il a l’air très intéressant. Merci ! Les courbes sont parlantes.
En pratique, ce sont des taux de mortalité qui ne s’intéressent pas à la « morbidité » (être malade, avoir une chirurgie, un phlegmon amygdalien sur une diphtérie…)
Aujourd’hui, nous ne voyons plus (ou presque ?) de diphtérie en France – et la mise réelle en place du vaccin date des années 1950, avec les antibiotiques. Les antibiotiques évitent la mortalité, le vaccin la maladie…
Le BCG n’est pas un bon vaccin pour la tuberculose. Il marche sur les méningites tuberculeuses surtout. Ca n’arrive jamais, sauf récemment près de Boulogne-sur-mer, 2 ans après le retrait de la vaccination obligatoire (mais là encore, c’est un rapport de cas…)
11/ http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1498/publi_pdf1_popetsoc_463.pdf
Dernière page : Dans les régions où la mortalité est encore élevée et où les maladies qu’ils préviennent (coqueluche, tétanos, hépatite B) ne causent que peu de décès chez les enfants, ils augmentent la mortalité des filles pour des raisons encore inconnues.
J’essaierai d’analyser cette étude à l’occasion (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264410X06003355). Globalement, je pense que c’est un résultat surtout statistique : ils étudient 6 sous-groupes de type de vaccinations, sur 4 périodes de vie, sur garçon et fille, soit 48 résultats. Avec un risque d’erreur de 5%, ils ont toutes les chances du monde d’avoir au moins 1 ou 2 résultats statistiquement significatif avec ce seuil de 5%. Mais c’est une lecture assez critique de cette étude, je n’ai pas du tout les clés en main pour répondre avec assurance. Juste une autre hypothèse que « ah, on a montré que c’est dangereux dans une sous-classe de filles en Guinée » 😉
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