(Extrait de mon RSCA n°9, écrit le vingt-trois dessembre de l’an de grâce deux mil quatorze).
Le rhume(1,2)
La rhinopharyngite ou rhume (« rheuma » = le flux marin, l’eau qui coule) est essentiellement due à :
- rhinovirus (100 sérotypes, immunisation locale courte, 40% des rhumes souvent avec toux),
- adénovirus (40 sérotypes, immunisation contre le type entérique vers 4 ans, conjonctivite et gastroentérite associées),
- VRS (bronchiolite avant 2 ans)
- virus influenza (grippe) ou parainfluenza (laryngotrachéite, bronchiolite…)
La période d’incubation est de 16 heures (fatigue, reniflement, mal de tête) et atteint un pic entre 2 et 4 jours (rhinite, toux). La guérison est spontanée entre 7 à 10 jours, parfois jusqu’à 21 jours (ou, selon la blague médicale classique, en « seulement 3 semaines avec un bon traitement »).
La toux dure en moyenne 18 jours voire plus en cas de toux post-virale (10% des cas chez l’enfant). Elle peut être compliquée d’une surinfection bactérienne (sinusite, pneumonie), d’une exacerbation d’asthme ou de BPCO.
Le rhume n’est pas causé par le froid et la pluie : mettre un pull chaud et bien se couvrir ne sert à rien pour éviter le rhume (parents, si vous nous lisez…) Bien sûr, c’est utile pour éviter de mourir de froid ou perdre des orteils non vascularisés (le froid entraîne une vasoconstriction ou fermeture des petites artères…) Ne mettez pas un nourrisson découvert pendant 3 heures dehors en hiver, surtout si vous vivez sous mes latitudes, parce que ça peut mal se passer. Mais… pour le rhume, ça ne changera rien ! Le rhume est un virus, qui est transmis à cause du confinement causé par le froid (transports en communs, restaurants en intérieur…) ; pour être honnête, il est favorisé par le fait que notre muqueuse nasale soit fragilisée par l’air sec hivernal, mais ça, à part un cache-nez…
Du coup, c’est très rigolo : depuis la nuit des temps (ou presque), les parents disent à leurs enfants de rester au chaud pour ne pas « attraper froid », et c’est finalement ce confinement qui est le plus à même de déclencher des « épidémies » de rhume. Je crois que c’est l’un des plus jolis biais d’interprétation que je connaisse 😉 (d’ailleurs, tous ceux qui courent en T-shirt et short l’hiver vous diront qu’ils ne sont jamais malades… et on leur attribuera volontiers un sacré système immunitaire pour leur « résistance au froid »).
Le traitement prophylactique consiste à éviter les personnes malades (transmission gouttelettes, contact et par vecteurs passifs ou fomites), bien se laver les mains voire porter un masque. En cas de récidives fréquentes, une adénoïdectomie peut être indiquée, bien que son efficacité soit discutée(3). La vaccination n’est pas possible en raison des nombreux sérotypes et de leur mutation rapide et fréquente.
Il ne faut pas oublier de traiter les causes de récidive : tabagisme, carence martiale, RGO, allergies…(4)
Le zinc a été évoqué comme un traitement utile pour limiter l’adhésion du virus (ICAM-1) en cas d’utilisation préventive ou dans les 48 premières heures ; la voie orale à plus de 75 mg/j permettrait de diminuer la durée des symptômes et diminuer les absences scolaires, en dépit d’un risque de nausées et de dysgueusie(5) ; la voie intranasale a une efficacité éphémère jusqu’à J3, et pourrait entraîner une anosmie permanente(6).
Le traitement est symptomatique. Aucun médicament n’a vraiment prouvé son efficacité (en dehors des vasoconstricteurs, dont les effets indésirables potentiels limitent l’usage).
L’irrigation nasale (DRP) n’a pas montré son efficacité dans les infections virales des voies respiratoires supérieures(7). La prévention semble avoir une efficacité, mais la compliance est difficile (8,9). Les corticoïdes intranasaux(10), antihistaminiques oraux(11), antiviraux(12), vitamines C(13), l’ail(14) n’ont pas montré leur efficacité pour la durée des symptômes (douteux pour la vitamine C).
D’après l’American Family Physician(15) seraient efficaces :
- en préventif chez l’enfant : probiotiques, Zinc sulfate, DRP, Chizukit (préparation phytothérapeutique) ;
- en curatif chez l’enfant : vapor rub, Zinc sulfate, Pelargonium sidoides (géranium), miel de sarrasin ;
- en curatif chez l’adulte : Zinc (acétate ou gluconate), ipratropium inhalé (ATROVENT) et les vasoconstricteurs, AINS, Echinacea purpurea (préparation phytothérapeutique) ;
Méthodes de désobstruction rhinopharyngée
Coût : 5-7€ les 20 pipettes en pharmacie (4 jours de soin), 2-3€ en grande surface
Il n’existe pas de références officielles sur les DRP. Les méthodes sont empiriques et se transmettent entre parents, médecins, kinésithérapeutes, puéricultrices, pharmaciens…
Avant la DRP chez l’enfant, il faut s’assurer de son état clinique (dyspnée, fatigue…), la perméabilité de ses fosses nasales, et bien se laver les mains avant et après le soin. Il ne faut pas faire de DRP après une tétée (risque de vomissement).
Il existe 4 méthodes de DRP, de la moins invasive à la plus invasive(16) :
- Mouchage avec un coton roulé imbibé de sérum physiologique (retrait de sécrétions sèches) : peu efficace
- Instillation : enfant sur le dos, 2-4 gouttes de sérum physiologique par narine au moment de l’inspiration ; redresser l’enfant pour récupérer les sécrétions dans le nez et la bouche.
- Volume (si insuffisant) : enfant sur le dos avec tête d’un côté, instiller la moitié de la dosette dans la narine supérieure. Contrairement à l’instillation, il s’agit d’un soin invasif pouvant provoquer un inconfort, un barotraumatisme (vertige, acouphènes), des sinusites et otites.
- Aspiration nasale (dosette vide ou mouche-bébé avec un filtre (4-55€)) : permet de récupérer des sécrétions déjà fluidifiées, avec un risque de traumatisme de la muqueuse nasale (non utilisé en médecine générale : la sonde d’aspiration).
La DRP est majoritairement réalisée avec 1/2 pipette (5 ml) de sérum physiologique par narine dans le Nord avec le bébé ayant la tête sur le côté (93%) ; de façon plus occasionnelle sont recommandés et utilisés des mouchoirs absorbants (51%), mouche-bébé (48%), flacon pressurisé (19%), poire (2,5%) (17)(18). Les soins sont recommandés au réveil, avant les repas, au coucher et si encombrement.
La DRP est suivie d’un mouchage complémentaire dans 75% des cas, et de la technique de la toux provoquée lorsqu’elle est réalisée par les kinésithérapeutes respiratoires.
Dans cette même étude, 78% des médecins éduquent à la DRP ; 15% des familles n’ont jamais été éduquées à la DRP (ni par le médecin, ni par le kiné, ni par les paramédicaux).
Solution pour pulvérisation nasale
Coût : 2,5€ en pharmacie pour le RHINOTROPHYL
Le RHINOTROPHYL® est une solution pour pulvérisation nasale à base de ténoate d’étanolamine, antiseptique et décongestionnant. En 2010 et 2011, puis en janvier 2014 (suite à une requête de fond du laboratoire Jolly-Jatel), la HAS a considéré que le service médical rendu était insuffisant pour obtenir un remboursement(19) ; le laboratoire a fait appel, et la HAS a confirmé son avis en février(20).
Les arguments du laboratoire pour l’appel ont porté sur le fait que 4,5 millions de RHINOTROPHYL sont prescrits chaque année et que le risque du déremboursement est le report de prescription vers des vasoconstricteurs. L’efficacité n’est pas prouvée. La tolérance est excellente.
En 2011, la HAS a également donné un avis défavorable au maintien du remboursement des vasoconstricteurs associés(21) : DERINOX (naphtazoline/prednisone), DETURGYLONE (oxymétazoline/prednisolone), RHINAMIDE (éphédrine/acide benzoïque), RHINOFLUIMUCIL (tuaminoheptane/N-Acétylcystéine/benzalkonium) par voie nasale, RHINADVIL et RHINUREFLEX (pseudoéphédrine/ibuprofène), RINUTAN (paracétamol/phnéylpropanolamine/phénytoloxamine) par voie orale. Ces médicaments n’ont pas montré leur efficacité face à un placebo ou un vasoconstricteur seul. De rares évènements cardiovasculaires ont restreint leur usage et rendu défavorable leur remboursement. A noter que le RHINOSULFURYL est également vasoconstricteur (éphédrine, comme le RHINAMIDE), mais non cité par la HAS.
Pour les corticoïdes par voie nasale, on préférera le NASONEX, dépourvu de vasoconstricteur.
Conclusion
Le rhume est une pathologie bénigne mais relativement pénible. Il est également connu sous l’appellation « bordel de saloperie de chiotte de rhume de merde ».
La prévention du rhume passe par le lavage des mains et le « déconfinement » en hiver (aérer, diminuer le chauffage qui assèche l’air dans les chambres, sortir avec ou sans pull…)
Le Zinc (per os) pourrait diminuer la fréquence des rhumes en préventif (ainsi que les irrigations nasales, l’ail et la vitamine C, avec des preuves moins importantes).
Aucun traitement curatif anti-viral n’est disponible actuellement.
Aucun traitement n’a montré d’efficacité. La DRP est recommandée sur des données empiriques plutôt que basées sur des preuves (on s’étonnera donc de la voir recommandée partout et par tous). Elle est souvent mal tolérée, surtout les DRP volumétriques (« envoyer la sauce dans le pif »). Revenir à un soin plus doux par instillation permettrait une meilleure adhérence des parents. La réalisation d’une brochure (ou d’une ordonnance-type) à distribuer aux parents pourrait déjà être une bonne amorce. Informer sur le coût inférieur peut aussi aider…
Les solutions à pulvérisations nasales sont mieux tolérées. Les vasoconstricteurs sont à déconseiller. Seul le RHINOTROPHYL présente un bon profil de tolérance ; toutefois, son efficacité n’est pas démontrée (vous me direz : la DRP non plus… sous réserve de ma recherche dans la littérature qui n’était pas exhaustive, bien sûr.)
Les bains de vapeur (eau chaude ou inhalations), les baies de sureau, le miel, la vitamine C, l’Echinacée, le ginseng et l’ail sont populaires et peuvent éventuellement être encouragés pour leur effet placebo. Une étude sur la supplémentation préventive en Zinc pourrait être intéressante en médecine générale ; le lien entre une bonne information sur l’histoire naturelle et les reconsultations mériterait également d’être étudié.
1. Rhume [Internet]. Wikipédia. 2014 [cited 2014 Feb 17]. Available from: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Rhume&oldid=101026321
2. Common cold [Internet]. Wikipedia, the free encyclopedia. 2014 [cited 2014 Feb 17]. Available from: http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Common_cold&oldid=594583075
3. Van den Aardweg MT, Schilder AG, Herkert E, Boonacker CW, Rovers MM. Adenoidectomy for recurrent or chronic nasal symptoms in children. In: The Cochrane Collaboration, van den Aardweg MT, editors. Cochrane Database of Systematic Reviews [Internet]. Chichester, UK: John Wiley & Sons, Ltd; 2010 [cited 2014 Feb 17]. Available from: http://www.cnge.fr/conseil_scientifique/productions_du_conseil_scientifique/adenoidectomie_janvier_2012/
4. Le Gac M.S., Delahaye L., Martins-Carvalho C., Marianowski R. Rhinopharyngites. Pédiatrie – Mal Infect 4-061–40 [Internet]. [cited 2014 Feb 17]; Available from: http://www.em-premium.com.doc-distant.univ-lille2.fr/article/224328/resultatrecherche/2
5. Singh M, Das RR. Zinc for the common cold. Cochrane Database of Systematic Reviews [Internet]. John Wiley & Sons, Ltd; 1996 [cited 2014 Feb 17]. Available from: http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/14651858.CD001364.pub4/abstract
6. D’Cruze H, Arroll B, Kenealy T. Is intranasal zinc effective and safe for the common cold? A systematic review and meta-analysis. J Prim Health Care. 2009 Jun;1(2):134–9.
7. Kassel JC, King D, Spurling GK. Saline nasal irrigation for acute upper respiratory tract infections. Cochrane Database of Systematic Reviews [Internet]. John Wiley & Sons, Ltd; 1996 [cited 2014 Feb 17]. Available from: http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/14651858.CD006821.pub2/abstract
8. Slapak I, Skoupá J, Strnad P, Horník P. Efficacy of isotonic nasal wash (seawater) in the treatment and prevention of rhinitis in children. Arch Otolaryngol Head Neck Surg. 2008 Jan;134(1):67–74.
9. Rabago D, Zgierska A. Saline nasal irrigation for upper respiratory conditions. Am Fam Physician. 2009 Nov 15;80(10):1117–9.
10. Hayward G, Thompson MJ, Perera R, Del Mar CB, Glasziou PP, Heneghan CJ. Corticosteroids for the common cold. Cochrane Database Syst Rev. 2012;8:CD008116.
11. De Sutter AIM, van Driel ML, Kumar AA, Lesslar O, Skrt A. Oral antihistamine-decongestant-analgesic combinations for the common cold. Cochrane Database Syst Rev. 2012;2:CD004976.
12. Jefferson TO, Tyrrell D. WITHDRAWN: Antivirals for the common cold. Cochrane Database Syst Rev. 2001;(3):CD002743.
13. Hemilä H, Chalker E. Vitamin C for preventing and treating the common cold. Cochrane Database Syst Rev. 2013;1:CD000980.
14. Lissiman E, Bhasale AL, Cohen M. Garlic for the common cold. Cochrane Database Syst Rev. 2012;3:CD006206.
15. Fashner J, Ericson K, Werner S. Treatment of the common cold in children and adults. Am Fam Physician. 2012 Jul 15;86(2):153–9.
16. Malafa-Pissarro. La désobstruction rhino-pharyngée [Internet]. EM-Consulte. [cited 2014 Feb 12]. Available from: http://www.em-consulte.com/article/177113/la-desobstruction-rhinohpharyngee
17. Hilaire JF, Lelievre M, Verbeke N, Goubet-Parsy N. La désobstruction rhinopharyngée du nourrisson : état des lieux des pratiques dans le département du Nord. Kinésithérapie Rev. 2013 février;13(134):25.
18. 5ème journée de recherche en kinésithérapie respiratoire [Internet]. [cited 2014 Feb 12]. Available from: http://www.splf.org/s/spip.php?action=acceder_document&arg=5318&cle=1b26bff8f9f6e399ec55129948a8e65f69e9453b&file=pdf%2FDRPnourrissonJRKR2012-ppt.pdf
19. Haute Autorité de Santé – RHINOTROPHYL [Internet]. [cited 2014 Feb 17]. Available from: http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1720509/fr/rhinotrophyl
20. Commission de transparence du 8 janvier 2014 RHINOTROPHYL [Internet]. [cited 2014 Feb 17]. Available from: http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2014-02/05_cr_ct_10022014.pdf
21. Synthèse d’avis de la commission de la transparence HAS : vasoconstricteurs en assocation (octobre 2011) [Internet]. [cited 2014 Feb 17]. Available from: http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-09/vasoconstricteurs_associes_synthese_05102011.pdf
Pour info, la référence 7 (méta-analyse) trouve que la DRP est effectivement utile pour diminuer de… 8 heures (1/3 de jour) la durée d’un rhume \o/
Mais sur le confort, pour le faire moi-même quand j’ai un rhume, je trouve que la DRP peut être utile… c’est juste difficile à chiffrer, et ça doit se faire dans de bonnes conditions.
(Si je voulais troller en cette période de rupture de stock de VOGALENE, je dirais qu’on a descendu le dompéridone sur des rares effets indésirables et son incapacité à montrer un effet, mais qu’on encense la DRP malgré des rares effets indésirables et son incapacité à montrer un effet :D)
Bonsoir,
Pour ma part, je trouve la DRP très utile pour limiter la toux du coucher/nuit de l’enfant, qui empêche très souvent ses parents de dormir. Evite le sirop antitussif…
– pas chère : chez nous, le phy c’est 6€90 les 120 dosettes 😉
– et le phy, ça sert à tout !
Empirique, sûrement. On lave bien les mains, pourquoi ne serait-ce pas utile de laver le filtre qu’est le nez ?
Bonjour 🙂
Comme je disais en commentaire : « Mais sur le confort, pour le faire moi-même quand j’ai un rhume, je trouve que la DRP peut être utile… c’est juste difficile à chiffrer, et ça doit se faire dans de bonnes conditions. » 😉 Mais quand on regarde les méta-analyses, la DRP ne sert à rien sur certains critères comme « diminuer la durée du rhume ».
Tout à fait d’accord avec toi : c’est utile pour dégager le nez, peut-être améliorer le sommeil… autant de choses difficiles à mesurer, chiffrer, affirmer. Empiriquement ça marche, et ça n’a pas l’air bien dangereux. Et donc tout le monde le recommande. Et je trouve ça amusant 🙂
C’est effectivement pas cher chez vous ; en moyenne ça semble plus coûteux et ça en est un vrai frein pour certains patients.
Alors, « amusant », tout est relatif….la DRP/prise de karaté sur enfant de 2 ans, c’est surtout sportif….;-)
Oui, c’est pour ça que je n’hésite pas à prescrire du Rhinotrophyl ou équivalent chez les petits « résistants ».
Franchement, depuis que j’ai découvert que la DRP n’était pas « scientifiquement » validée – tout comme le Rhinotrophyl bien sûr – je suis décomplexé et si les patients réclament les gouttes dans le nez plutôt, je n’hésite pas du tout…
Hello!
Super travail, j’avais trouvé à peu près les mêmes choses mais de bien moins bonne qualité… Comment trouves tu toutes ces références? Combien de temps as tu passé sur cette TA?
Ton blog est génial, toujours hyper bien référencé, je me demande chaque fois comment tu fais, alors cette fois je te demande. J’ai beau avoir suivi toutes les formations de biblio, je me trouve toujours aussi nulle!
À +
Docleeloo
Merci beaucoup 🙂
Je ne suis pas spécialement « doué » en biblio (je n’ai jamais tenté de revue de littérature type Cochrane par exemple, par manque d’accès à la littérature grise, mais j’aimerais bien m’y mettre ; et je n’ai pas l’expérience de Philippe Eveillard par exemple).
Mais vu ta question, je trouve que ça ferait un excellent sujet de billet, pour te répondre de façon assez exhaustive ! Donc si tu veux bien, je diffère ma réponse de quelques jours 😉
En attendant, les idées principales c’est : HeTop (trouver les mots-clés MeSH), un coup d’EM-Premium pour les synthèses françaises, PubMed avec les recherches MeSH, et puis ensuite j’adapte (Cochrane, Minerva sont mes amis, la Revue du Praticien, Exercer, Prescrire parfois, Google Scholar si j’ai rien trouvé sur PubMed, PDR, Reactions… J’ai fait une liste d’autoformation et aide à la décision ici, et je sais que Michel Arnould en a une très bien sur son site également !)
A très vite pour la suite plus détaillée 😉
JE LE SAVAIS !
J’avais déjà vu ces mêmes conclusions via Cochrane : utilité non prouvé de la DRP, mais utilité peut être du Zinc ou de l’Atrovent…
J’ai testé sur moi la DRP, histoire de pas conseiller mes patients sur un truc que je connais pas : honnêtement je ne vois aucune amélioration, ni au niveau de l’encombrement ni au niveau de l’écoulement ^^
Quant à ma fille qui enchaîne les bronchiolites, ou plutôt les « bordel de saloperie de chiotte de rhume de merde » qui sifflent, j’ai arrêté les DRP à outrance, malgré que l’on proclame que ce soit le seul traitement. Elle siffle encore plus après chaque lavage, par inhalation sûrement donc bon…
Les DRP chez les enfants, ça ne me semble pas si anodin en fait… Pas évident d’expliquer aux parents ou même de le faire soi-même. Si ça s’apparente à une forme de torture, je me demande l’intérêt – et 90% des parents disent bien que leurs enfants « ne se laissent plus faire » passé la première année…
Pour la DRP, il y a des cas où ça m’est bien utile, mais ce sont des sensations assez personnelles : obstrué quasiment totalement, sécrétions épaisses… Quand j’ai un rhume – et comme nous le disons parallèlement sur Twitter – je suis prêt à tout tenter au bout d’un moment (dans la limite du raisonnable, quand même).
Donc souvent je me mouche en cherchant des positions de mouchage qui marchent mieux, puis quand ça ne suffit plus, je tente une DRP… et quand ça ne change plus rien, je me fourre un bout de mouchoir en papier dans le nez pendant un petit moment. Comment expliquer ça aux patients : faites comme moi, faites n’importe quoi ?
Dans les pires situations, je tente de nouvelles choses : application d’un glaçon sur la racine du nez… J’entends parler du RhinoHorn là sur Twitter, du sèche-cheveu sur le sinus frontal, du Vicks par toi, du Perubore par des patients, du Zinc dans la littérature. Bon… J’attends le prochain rhume pour poursuivre mes recherches sur le sujet ^^
« Faites comme moi, faites n’importe quoi »: et pourquoi pas? Je leur dis: faites tout ce que vous voulez, tous les moyens sont bons dès lors que ça sort! Du coup, j’ai parfois des retours (le rhinohorn en est 1, et la course à pied aussi, ça fait bien excréter, « moi Dr je renifle un bon coup de l’eau dans mes mains tous les matins » hardcore…). A suivre, aussi.
En pratique, je dis un peu ça… « Le rhume va durer 2 à 3 semaines, la toux va durer 18 jours en moyenne… Il n’y a rien pour réduire la durée. Donc il faut traiter les symptômes : le rhume, la toux, le mal de gorge. Il faut bien vous moucher (+/- Rhinotrophyl s’ils en réclament, ou Sterimar selon le patient en face). Pour apaiser votre gorge, vous pouvez prendre des pastilles en pharmacie ou n’importe quoi qui vous fera saliver : la Vosgienne, bonbons au miel… (Et s’ils veulent un sirop, je mets un anti-tussif type Biocalyptol ou Tussidane en précisant que la codéine peut endormir et que c’est juste pour le soir). »
C’est parfois compliqué de prendre sérieusement en charge quelque chose de terriblement bénin comme un rhume sans tomber dans le « nan mais c’est rien, coco – moi j’prends rien quand j’ai ça » (alors qu’en vrai, au bout de 10 jours de rhume on ressemble à des junkies en manque, en train de faire les tiroirs de sa pharmacie perso pour voir si on n’aurait pas un truc génial qu’on pourrait tester…) Surtout quand pas loin il y a des médecins qui tombent dans l’excès inverse et balancent la sauce à chaque rhinopharyngite qu’ils voient passer en prenant ça très au sérieux : anti-bio, anti-tussif, anti-nauséeux, anti-tout…
Ah oui pour la course à pied, +1 : c’est franchement bien, surtout en début de rhume. Quand c’est bouché, tu cours 30 minutes, et après c’est bonheur ! Surtout quand tu vas courir et qu’il fait froid, ça te vasoconstricte les vaisseaux du nez de façon assez radicale *_*
Oui, il a fallu que je teste la DRP en vrai à la maison sur mes enfants pour me faire vraiment une idée… Les parents me disaient « oui mais il veut pas, z’avez pas autre chose ? » ça avait tendance à m’agacer.
Ma 1ère était hyper docile, dès la naissance, se mettait elle même sur le côté, jamais eu aucun souci…
Ma 2ème effectivement je pense que c’est pas anodin, dès toute petite elle se débattait ++ et outre les inhalations, je pense que j’ai été traumatique avec ma pipette plus d’une fois… Si encore j’observais une quelconque amélioration mais même pas.
La douche ou le bain, y’a rien de tel au final pour lui laver le nez.
Partageons nous la suite des recherches ! Personnellement, je pense tester RhinoHorn et Atrovent spray la prochaine fois (que je ne connaissais même pas avant de lire la revue Cochrane sur le sujet !) : vasoconstricteur local sans les effets secondaires des autres ?
Quant au célèbre « coup de froid », j’ai bien évidement renoncé à expliquer aux patients qu’ils ont chopé un virus qui n’a rien a voir avec la météo (« mais avec les temps qu’on a »)
Mon expérience du rhume:
En préventif: je porte un masque de chirurgien en collier au cabinet, et je le remonte tel un hooligan quand je dois regarder le fond d’une gorge (en plus c’est agaçant de se faire tousser dessus à si courte distance). DRP « vers l’arrière » au Sterimar dans la douche, quotidiennement.
En curatif: apprendre à se moucher le plus jeune possible, vers 2 ans1/2 c’est carrément faisable. Se moucher à l’eau, dans la douche, direct, ou au rhinohorn. Les remèdes « plantes »: vicks vaporub sur la poitrine, baume du tigre sur un mouchoir près de l’oreiller, inhalations aux plantes, eucalyptus dilué dans un bol sur le radiateur. Et d’autres pas encore essayés: bronchodermine, sinapismes Rigollots (disparus à ce jour, me dit-on), pérubore (en suppo! non mais!), macher du propolis (bof), et moults tisanes qui doivent plus soulager par la vapeur qu’elles dégagent.
Au max: nasonex au coucher, genre 2 jours. Et de l’aspirine, c’est fort l’aspirine en fait. Un bain de bouche avant de l’avaler, ton nez est déjà débouché.
Je… Whow quoi ! ^^
On voit tout de suite qu’on a affaire à une professionnelle du rhume (prévention au Stérimar quotidienne, quoi !)
Merci pour coup de l’aspirine et du Nasonex, je n’hésiterai pas à essayer sur moi-même l’hiver prochain 😉
L’aspirine, ça marche aussi en gargarismes, pour le mal de gorge.
Pour les bébés c’est toujours compliqué. Ma fille ne sait pas se moucher (1 an) donc comment faire pour lui dégager le nez ? On lui lave le nez le soir pour qu’elle ne tousse pas trop la nuit. Mais il est vrai que parfois j’ai l’impression qu’elle « racle » encore plus après …
Ping : Peut-on utiliser du DACRYOSERUM pour faire des désobstructions rhino-pharyngées ? | Le blog de MimiRyudo
salut et merci pour ce post ! sais tu si des gens ont testé les cx inhalés dans le contexte du rhume ?
Salut !
Les corticoïdes intranasaux ont été essayé sans efficacité démontrée ; pour les corticoïdes inhalés, ça n’a pas été testé à ma connaissance – et sous réserve d’une revue de littérature loin d’être exhaustives.
Ca pourrait s’étudier sur la durée de la toux je pense, mais de toute façon la balance bénéfice-risque sera toujours défavorable dans le cas du rhume… 🙁
Ping : Rechercher des références bibliographiques | Le blog de MimiRyudo
Bonjour je suis Martha je vous ecris a partir de L’Afrique du Sud,j’ai une question, ma fille a 3ans elle a eu le flu au mois de Janvier cette Annee qui a duree presque 3semaines et ca pris fin,et apres 2 semaines le flu est retourne ,la mainant s’est son nez qui est bloque ps d’ecoulement, ps de fievre,ps de toux ,suis alles voir son medecin qui lui a examinee pour n’est rien trouve,suis fatigue d’utilise le goutte nasal qui n sert a rien, je besoin de votre aide pour deboucher le nez de ma petite fille thanks for all the answers,
Bonjour Martha. A 3 ans, le flu est fréquent chez les enfants car ils ne sont pas bien protégés contre les virus.
Pour déboucher le nez, les lavages de nez au sérum physiologique sont ce qui fonctionne encore le mieux… ça et attendre que ça passe, souvent en 2-3 semaines. C’est long, et très pénible quand on a rhume, mais il n’y a a malheureusement pas de solution pour accélérer la guérison…
Elle risque d’avoir à nouveau un rhume dans les semaines qui suivent : c’est normal, elle est en train de rencontrer des tas de virus et de s’immuniser/se protéger contre eux.
Bon courage et désolé de ne pas pouvoir vous apporter de solution miracle…
Ping : Slmahler | Pearltrees
Bonjour, je rebondis sur la remarque de la DRP « vers l’arrière » : j’ai toujours eu l’habitude de sniffer vigoureusement le Sterimar et de chercher à désobstruer l’ensemble « vers l’arrière ». Sauf c’est quand même un peu la même chose que de renifler, ce qui est plutôt déconseillé si on ne veut pas que le virus envahisse trop les voies respiratoires non? (enfin je dis peut-être une grosse bêtise). Là je suis embêtée car ma fille de 5 ans a une otite séreuse qui traine depuis le mois de septembre et dès qu’elle attrape un rhume elle n’entend plus rien. En attendant le prochain RDV chez l’orl (et la la radio des végétations) je me demande s’il y a un risque de rebalancer de l’eau et tout plein de saletés dans la trompe d’eustache à l’occasion d’un pshit un peu vigoureux.
Merci d’avance
Bonjour !
A mon avis, renifler est déconseillé parce que c’est socialement dérangeant 😉 Dans l’absolu, quand on renifle, nos muscles au niveau du pharynx/larynx font ce qu’il faut pour que les sécrétions tombent dans l’oesophage et pas la trachée (sinon on tousserait après chaque reniflage, comme lorsqu’on « s’étouffe » en avalant de travers). Le risque est donc d’avoir un rhinovirus dans notre estomac, où il ne fera pas long feu et ne causera de toute façon rien de méchant.
Le seul but de la DRP/désobstruction rhinopharyngée est d’être moins gêné. Il y a plusieurs techniques que je connais, que je classe par ordre de pénibilité croissante (classement personnel) :
1/ se moucher
2/ nettoyer le nez avec un coton imbibé de sérum physiologique (ou le doigt, mais socialement encore une fois… :D)
3/ instillation d’eau salée sur le dos : mettre l’enfant sur le dos, instiller 3-4 gouttes dans la narine de l’enfant, et le redresser ensuite.
4/ instillation d’eau salée sur le côté : idem mais avec l’enfant sur le côté, les gouttes sont mises dans la narine du dessus et coulent par celle du dessous,
5/ lavage à l’eau : c’est le principe du Rhinohorn (pareil que la 4 mais avec une plus grande quantité d’eau salée – reconstitué avec un petit matériel, de l’eau et du sel…)
6/ aspiration par mouche-bébé (avec embout souple pour éviter de blesser la muqueuse) : je le place ici, mais je ne sais pas bien si c’est pénible ou pas… plus ou moins apprécié selon les enfants, disons.
7/ DRP volumétrique sur le côté : mettre l’enfant sur le côté, instiller une demie-pipette rapidement dans la narine du haut et ça coule en-dessous…
8/ DRP volumétrique à l’arrière : c’est plutôt la technique pour les adultes, tête bien penchée en arrière, on envoie la pipette et on a l’impression de se noyer pendant 2 secondes…
Les risques théoriques sont un « barotraumatisme » en cas d’injection d’eau trop violente et des lésions de la muqueuse nasale.
Le nettoyage (quel qu’il soit) doit théoriquement permettre de diminuer les virus qui trainent autour de la trompe d’Eustache, mais ça n’est même pas démontré à ma connaissance.
Vu la position de la trompe d’Eustache dans le nez (Orifice of auditory tube dans cette coupe : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7c/Gray994.png), il est peu probable de réussir à faire remonter l’eau par là jusqu’au tympan ; ceci étant, il faut tout de même faire attention à ne pas être trop « vigoureux » dans l’injection… 😉
Une technique qui est un bon compromis entre efficacité et pas-trop-désagréabilité est sans doute le lavage avec le Rhinohorn, très utilisé notamment dans les pays Nordiques. (En plus c’est économique car on reconstitue nous-même l’eau salée à la bonne température). Le mode d’emploi ressemble un peu à de l’Ikéa mais après 2-3 essais, on comprend le principe…
Enfin, voir un ORL est une très bonne chose dans cette situation d’otite séro-muqueuse à répétition.
Bon dimanche,
Michaël.
Bonjour,
Merci pour cette réponse super complète 🙂
J’ai rencontré plusieurs ORL ces derniers temps, mais en 10 minutes de consultation on a malheureusement ni le temps ni la présence d’esprit de poser ce genre de questions de base. On ressort avec un traitement, une ordonnance pour une radio, et un RDV dans 2 mois… et c’est à la maison qu’on fait la liste des trucs qu’on a pas bien compris 🙂
Si ce n’est pas un problème de végétations, je testerai la rééducation tubaire avant de faire poser des yoyos. Mais pas pendant les périodes de rhume 😉
Merci pour toutes es infos sur le rhume et les petites gouttes qui m’ont été prescrites parfois sans que je ne demande rien.
Bonne semaine,
Emmanuelle
Bonsoir Emmanuelle,
Merci pour les remarques, et avec plaisir pour les renseignements 😉
Ca semble une idée raisonnable de tester la rééducation tubaire.
A bientôt,
Michaël.
Bonjour,
Merci pour cette étude. Les premières lignes m’interpellent. Bien sûr, la promiscuité ainsi que les pièces non ventilées augmentent l’exposition et favorisent la contagion. Mais ne pensez-vous pas que le froid – qui est finalement un stress-, puisse contribuer à augmenter la fatigue d’un sujet et à le rendre davantage sensible à un agent pathogène ?
Bonjour,
J’avais noté « pour être honnête, il est favorisé par le fait que notre muqueuse nasale soit fragilisée par l’air sec hivernal, mais ça, à part un cache-nez… »
Pour développer un peu :
– quand il fait froid, notre corps s’adapte… Notre nez s’arrange pour réchauffer l’air froid qui y entre, avec un liquide chaud (mucus). Cette sécrétion assèche le mucus (qui est utilisé pour réchauffer l’air), et in fine, favorise la pénétration des virus ;
– le froid diminue le métabolisme cellulaire : il altère le fonctionnement des cils (sur certaines cellules, qui nettoient les bronches en dégageant les micro-organismes), il altère notre système immunitaire en le rendant un peu plus faiblard… Ceci étant, l’hiver n’est pas un « choc thermique », les températures varient relativement progressivement ;
– certains virus (rhinovirus) survivent mieux dans le froid, sans UV…
Donc vous avez effectivement raison, mais ça semble bien moins important que le fait de diminuer le confinement (et donc diminuer cette « peur d’avoir froid »). En parallèle de l’exposition (en intérieur) avec des virus, le confinement hivernal « provoque » des variations thermiques importantes, diminue l’activité physique… soit d’autres facteurs diminuant notre réponse immunitaire.
Bonsoir,
Mes deux fils souffrant d’une rhino, je tombe avec délectation sur ce post et tous les commentaires des médecins m’ont bien fait marrer (vous avez l’air si sûrs de vous en consultation!)…bref…
A la lecture du post, je me demande avec désespoir si ce n’est pas moi qui ai provoqué les otites (moyenne aiguës) quasi-mensuel dont mon fils a souffert depuis 8 ans, ayant vigoureusement nettoyé son nez au Prorinhel depuis qu’il est bébé (pression forte sur la dosette couché sur le coté puis mouche-bébé),
Et moi qui pensais bien faire…que de séances de catch que j’aurais pu éviter!
J’aimerais bien ne pas reproduire les mêmes erreurs avec mon deuxième qui a 11 mois !
Me conseillez-vous plus l’instillation?
Merci de vos conseils,
Audrey
PS: en tant que maman, je vous confirme que la DRP est bien utile pour soulager un enfant qui ne sait pas se moucher même si elle ne réduit la durée du rhume.
Bonjour,
Je suis désolé pour cette réponse tardive…
Il est peu probable que vous ayez déclenché des otites à répétition avec le PRORHINEL 😉
Merci pour la confirmation du rôle de DRP ^^ L’instillation est un bon compromis pour éviter les séances de catch. Ca semble souvent un peu moins efficace, mais bon, il faut trouver le juste milieu. Quand l’enfant est plus grand, les RHINO-HORN sont très bien (y compris pour les adultes), car ils permettent un lavage à un rythme doux et plus agréable (eau tiède salée).
Bonne journée,
Michaël.
L omeprazole est dangereux il doit être interdit le syndrome de sevrage dure plus 15 jour après deux mois de ce traitement avec un faux diagnostic de mon médecin
Au contraire, l’oméprazole est très bien toléré, très peu dangereux, très utile. C’est ce qui fait son juste succès.
L’effet rebond dépend des gens et de la durée de traitement.
Bonne journée,
Michaël.