Je poursuis sur mes « fiches » d’aides en pratique clinique (un jour je rangerai tout ça parce que c’est le bazar ici en fait ^^).
Celle-ci est à destination des patients consommant de façon chronique des hypnotiques. Je compte simplement intégrer ce paragraphe à chaque fois que je prescris du zopiclone ou du zolpidem (pour le zolpidem, je ferai une version imprimé + la version papier sur ordonnance sécurisée de façon minimaliste, je ne vais pas recopier tout ça à la main !)
Tout n’est pas prévu pour être conservé (ouf !) : il s’agit d’une base (qui peut d’ailleurs sembler un peu froide sans explication), qui me permettra surtout d’aborder tout ça avec le patient, pour au final ne conserver sur l’ordonnance que ce qui le concerne (par exemple un patient qui ne boit pas, ne fume pas et ne boit jamais de café n’a pas d’intérêt à avoir la ligne sur ces excitants dans son ordonnance). Et selon mes premiers retours, j’adapterai la fiche. Vous pouvez également l’utiliser chez vous – n’hésitez pas à la commenter selon votre expérience 🙂
Voilà. Et bonne année, et bonne santé au passage !
Prendre 1/2 comprimé au coucher.
Les hypnotiques (benzodiazépines) ne traitent pas l’insomnie chronique.
La durée de traitement ne devrait pas excéder 4 semaines. Au-delà, ils entraînent :
– une dépendance (« besoin » ressenti du médicament, symptômes de sevrage à l’arrêt),
– une tolérance (effet de moins en moins important avec le temps),
– et peuvent occasionner des effets indésirables : perte d’équilibre, chute et fracture de hanche notamment après 65 ans ; accidents de la route ; baisse de la concentration, altération de la mémoire et somnolence dans la journée.
Ainsi, au-delà de 4 semaines, les risques sont généralement supérieurs aux bénéfices (notamment avec le zopiclone).
Le sommeil sous hypnotique ne respecte pas totalement les cycles normaux (remplacement du sommeil lent profond et paradoxal par du sommeil lent léger) ; par ailleurs, l’impression d’un « meilleur sommeil » sous hypnotique est parfois due aux propriétés amnésiantes de la molécule (oubli des micro-éveils le lendemain matin).
Comme pour toute benzodiazépine, l’arrêt d’une prise chronique inadaptée (> 4 semaines) peut s’accompagner de signes de sevrage : agitation, anxiété, nervosité, irritabilité, étourdissement, faiblesse musculaire, manque de motivation, cauchemars… Un court « rebond » d’insomnie est également attendu, notamment lors des 1 ou 2 premières nuits après l’arrêt sous zolpidem ou zopiclone (ce rebond peut être plus long avec d’autres benzodiazépines). Ces symptômes ne justifient pas la reprise du traitement et disparaissent avec l’arrêt complet du traitement.
Si un premier essai d’arrêt du traitement s’est accompagné de symptômes de sevrage, il est possible d’essayer un nouvel arrêt, de façon progressive sur plusieurs mois en diminuant d’1/4 voire d’un 1/8ème de dose toutes les 2 à 4 semaines (par exemple en râpant le comprimé).
La durée et la qualité du sommeil ne sont pas les mêmes chez tout le monde. Les besoins de sommeil diminuent avec l’âge.
L’insomnie peut être secondaire à d’autres problèmes, qui doivent être traités : douleurs, problèmes respiratoires, reflux gastro-oesophagien, anxiété, syndrome des jambes sans repos, apnées du sommeil…
Afin de limiter les problèmes d’insomnie, privilégiez les approches « non pharmacologiques » :
– évitez les repas copieux ou l’alcool le soir (le sommeil qui suit est de mauvaise qualité, favorisant les micro-éveils),
– évitez de prendre un bain chaud avant le coucher (le réchauffement de l’organisme stimule l’éveil)
– évitez la consommation d’excitants dans les 6 heures précédant le repas : alcool, nicotine/tabac, caféine…
– évitez de regarder la télévision au lit ; activez le mode « nocturne » sur les écrans de smartphones, tablettes… (la luminosité des écrans diminue le pic de mélatonine naturel après le coucher de soleil, associé au sommeil)
– favorisez une activité physique en fin d’après-midi (sans faire d’effort trop important dans les 4 heures précédant le coucher)
– arrangez-vous pour que le lieu de sommeil soit calme, frais.
– mettez en place un rituel de préparation au sommeil (lumière tamisée, musique douce, tisane, lecture, etc.) ; des séances de yoga-sophrologie peuvent faire partie de ce rituel
– supprimez les horloges à proximité du lit (la vérification fréquente de l’heure favorise l’insomnie)
Enfin, d’autres traitements peuvent être utiles en relai : valériane-aubépine (TRANQUITAL), mélisse, voire mélatonine LP ; thérapie cognitivo-comportementale…
En cas de nécessité de prise prolongée d’un hypnotique au-delà de 3 mois, il est pertinent de prévoir une consultation en « Unité des Troubles de la Veille et du Sommeil » (CHRU de Lille, hôpital Salengro – Pr Derambure, Pr Monaca – 03 20 44 59 62)
Pour en savoir plus sur la problématique des hypnotiques au long cours, vous pouvez vous rapporter à la notice du produit et/ou consulter les articles suivants :
– Haute autorité de santé. Rapport d’élaboration – Arrêt des benzodiazépines et médicaments apparentés : démarche du médecin traitant en ambulatoire. Juin 2015.
– Donnelly K. et al. Benzodiazepines, Z-drugs and the risk of hip fracture: A systematic review and meta-analysis. PLoS One 2017.
– Gunja N. In the Zzz Zone: The Effects of Z-Drugs on Human Performance and Driving. J Med Toxicol 2013.
– MacFarlane J. et al. Hypnotics in Insomnia: The Experience of Zolpidem. Clin Therapeutics 2014.
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