Dans la continuité de mon billet sur Une semaine en médecine générale (repris d’ailleurs dans le Généraliste), je me suis concentré sur les arrêts de travail cette fois (du 5 au 10 mars). Donc les mêmes limites que la fois dernière : ce sont des petites stats uniquement sur mon activité, et le but c’est juste essayer d’apporter un point de vue « en situation réelle » des arrêts de travail.
Sur 100 consultations (tout pile !), j’ai vu 33 personnes susceptibles de travailler (hors enfants, hors étudiants, hors retraités donc).
Parmi ces 33 personnes, 7 étaient au chômage, 1 était en congé maternité, 2 en vacances et 23 travaillaient.
Parmi les 7 au chômage, une était agent de services hospitaliers et a été licenciée pour inaptitude pour troubles musculosquelettiques.
Parmi les 23 travailleurs, 1 était en temps partiel thérapeutique pour lombocruralgie chronique (prolongé de 30 jours, en augmentant de 50 % à 60 %). Un arrêt n’était pas justifié pour 2 autres (vaccination et suivi).
Parmi les 20 travailleurs ayant une pathologie pouvant prétendre à un arrêt complet de travail…
– 11 hommes, 7 femmes
– âge médian de 35 ans (25 % ont moins de 30 ans, 25 % entre 30 et 35 ans, 25 % entre 35 et 42 ans, 25 % entre 42 et 56 ans)
– arrêt médian de 3,5 jours (25 % ont eu moins de 1 jour, 25 % entre 1 et 3 jours, 25 % entre 3 et 6,5 jours, et 25 % entre 6,5 et 22 jours)
– 3 ont eu 0 jour d’arrêt de travail car ils l’ont refusé : sinusite chez une aide-soignante de 50 ans en centre hospitalier, torticolis et migraine chez une secrétaire de direction de 30 ans en grande surface, douleur digestive chez un travailleur manuel de 50 ans.
– 1 femme a pris un congé enfant malade de 1 jour « maximum, parce qu’en tant qu’interim, elle n’est pas payée si absente ». Un autre porte une meuleuse de 6 kg et a une hydarthrose… mais il ne veut pas prendre plus d’un jour d’arrêt. On rappelle au passage que les arrêts de moins de 2 jours ne coûtent rien à l’assurance maladie (délai de carence) ; cela concerne 4 de mes 16 arrêts.
… donc parmi les 11 arrêts qui coûtent quelque chose à l’assurance maladie (indemnités journalières) :
– 1 patient a 3 semaines d’arrêt après une fracture de 3 doigts, chez un travailleur manuel (je ne détaille pas pour des raisons d’anonymat mais je vous assure qu’il ne peut pas faire son travail…),
– 4 arrêts sont dus à une gastroentérite aiguë : 4 jours d’arrêt en moyenne (parce qu’un a un lumbago en plus en fait).
– 2 arrêts sont dus à un problème infectieux pulmonaire (bronchite, exacerbation d’asthme) : 6 jours d’arrêt en moyenne (dont un pour exposition importante à la poussière)
– 1 a une paraphlébite : 5 jours d’arrêt
– 3 ont une lombalgie ou lombosciatique : 8 jours d’arrêt en moyenne… Leur travail ?
- Récupération/tri de déchets (« traîne des charges de 120 kg »),
- Travailleur manuel dans les marées (« porte des coffres de 45 kg seul… » : l’accident de travail a été refusé car non déclaré le jour même),
- Informaticien dans une communauté d’agglomération (« lumbago depuis 3 jours, mais rester dans la même position au travail ça devient trop difficile… je prends l’arrêt MAIS je vais travailler bénévolement depuis chez moi en télé-travail pour ne pas prendre de retard »).
Voilà, c’était le petit billet stats du week-end.