Après la colopathie fonctionnelle la semaine dernière, voici ma fiche « constipation » (finie pour vous à 23h20 hier… au lieu de faire mes présentations du CMGF ><). Les problèmes de caca et de ventre sont quand même assez importants, c’est bien d’avoir un plan à peu près clair et c’est bien pour ça que j’ai (enfin) fini par me faire des fiches !
Celle-ci est personnelle, avec des conseils pour ne pas oublier certains points, et éviter d’aller trop vite aux « autres laxatifs » (lubrifiants, etc.) qui sont à mon sens banalisés chez les personnes âgées. Comme toujours, la fiche est libre, vous pouvez la réutiliser comme bon vous semble, dans votre logiciel ou ailleurs ; elle est très inspirée par les Vidal Recos, les RCP des laxatifs, mes habitudes personnelles, et la fiche conseil du CREGG à nouveau. Il n’y a pas un gros boulot de recherche personnelle sur ces 2 fiches, c’est vraiment de la mise en forme pour faire des prescriptions personnalisées (en supprimant beaucoup de lignes à chaque fois que je l’utilise !)
Il s’agit d’une fiche sur la constipation : il faut évidemment penser à exclure les diagnostics différentiels et y repenser régulièrement (les pathologies digestives d’installation progressive commencent souvent comme des constipations).
Je suis preneur de tout commentaire pour amélioration ou tout retour d’utilisation 🙂
DIAGNOSTIC :
– Constipation = « insatisfaction » = « trop rare, trop peu, trop difficile, trop dur… »
– Constipation chronique (Rome II) : 2 critères (< 3 selles/semaine, selle dures avec évacuation incomplète, effort excessif, nécessité de manipulation difficile) x 12 semaines/an
– Dyschésie (constipation distale) : difficultés à vider l’ampoule rectale (lésions anales ou troubles fonctionnels, nécessitant un avis spécialisé, pour manométrie, défécographie, EMG…)
PENSER À :
– Arrêt des facteurs déclenchants non médicamenteux :
— immobilisation, voyage,
— réduction de l’alimentation,
— changement des conditions (partage de WC, etc.),
– Arrêt des facteurs déclenchants médicamenteux :
— opioïdes et dérivés (anti-tussifs à la codéine, ralentisseurs du transit type lopéramide…)
— anticholinergiques (contre l’hyperactivité vésicale, anti-H1, amitryptiline…)
– Fécalome (fausses diarrhées, notamment chez les personnes âgées) : arrêt des anti-diarrhées, intérêt des laxatifs osmotiques voire de contact (macrogol, voire EDUCTYL)
– Si présent dès l’enfance : innervation colique (maladie de Hirchsprung), morphologie (atrésie / sténose / mégadolichocôlon)
– Si ancien : penser à dépendance aux laxatifs (stimulants), voire maladie des laxatifs
– Trouble endocrino-métabolique : K+, calcémie et albuminémie, TSH
– Affections rectocoliques ou péritonéales : NFS (saignement occulte) + poids + test immunologique fécal ;
– Rectosigmoïdoscopie/coloscopie si > 45 ans, polypes ou CCR au 1er degré, anémie, amaigrissement, rectorragies ou modification récente
– Affections neurologiques : atteinte médullaire, SEP, maladie de Parkinson
CONSEILS :
– Pratiquer une activité physique régulière
– Horaire régulière pour aller à la selle ; ne pas attendre en cas de sensation de besoin ; respecter une durée suffisante ; surélever les pieds lors de la défécation à l’aide d’un petit tabouret.
– Boire suffisamment (au moins 1,5 litre d’eau, potage, etc. par jour) ; varier les eaux de boisson, mais favoriser régulièrement une eau riche en magnésium (Contrex ou Badoit = 85 mg/l ; Quézac = 95 mg/l ; Hépar = 120 mg/l ; Rozana = 160 mg/l)
– Augmenter les fibres, de façon progressive (pour éviter un ballonnement lié à la fermentation), pour atteindre 30 g par jour environ : céréales complètes, fruits secs, légumes secs ; fruits et légumes frais (pruneaux), ou compléments alimentaires (psyllium) ; en cas de ballonnement lié à l’augmentation des fibres, bien boire et privilégier des fibres solubles (psyllium).
– Si insuffisant : introduire du son d’avoine dans l’alimentation, de façon répartie en 2-3 prises par jour et en augmentant de façon progressive sur 10 jours (pour limiter les ballonnements) : par exemple, pain Jac Son ou Turner Son ou Spécial complet (jusqu’à 6 tranches par jour), All Bran’s de Kellogs (jusqu’à 40 g/jour), son en paillette type « Cereal » (jusqu’à 20 g/jour) ou pain frais au son d’avoine (le son de blé est assez irritant et souvent moins bien toléré)
SI PERSISTANCE MALGRÉ LES CONSEILS, ENVISAGER UN LAXATIF DE LEST :
– Fibres alimentaires : cf. supra (conseils alimentaires)
– Mucilages : psyllium (graine), sterculia (NORMACOL gomme)
NB : psyllium à préférer à ispaghul SPAGULAX qui est à risque de bézoard
PSYLLIUM IPHYM GRAINE ENTIERE 100G
1 cuillère à café par jour pendant 3 jours (dans un verre d’eau, de jus, une soupe, compote, etc.)
puis 1 cuillère à café 2 fois par jour pendant 3 jours
puis 1 cuillère à café 3 fois par jour pendant 3 jours
puis 1 cuillère à soupe 1 fois par jour pendant 3 jours
puis 1 cuillère à soupe 2 fois par jour pendant 3 jours
puis 1 cuillère à soupe 3 fois par jour ensuite.
Arrêter la progression en cas d’efficacité complète obtenue avant.
En cas de ballonnement, diminuer la dose ou ralentir la progression (cf. fiche colopathie)
OU
Sterculia gomme 62 g/100 g granulé en vrac ( NORMACOL )
1 cuillère-mesure par jour pendant 3 jours après le repas,
puis 1 cuillère-mesure 2 fois par jour pendant 3 jours
puis 1 cuillère-mesure 3 fois par jour ensuite.
Arrêter la progression en cas d’efficacité complète obtenue avant.
En cas de ballonnement, diminuer la dose ou ralentir la progression.
SI PERSISTANCE, ENVISAGER UN LAXATIF OSMOTIQUE (APPEL D’EAU) :
– Macrogol : macrogol (FORLAX), macrogol + bicarbonate de sodium, potassium, sodium (MOVICOL)
NB : macrogol à préférer aux polyols (fermentation et réabsorption = ballonnements, flatulences, apport calorique, et efficacité < macrogol) : lactulose (DUPHALAC), lactulose + paraffine/vaseline (MELAXOSE),
Macrogol 4000 10 g sachet ( MACROGOL 4 000 )
1 à 2 sachets le matin à dissoudre dans un verre d’eau, en cas de constipation malgré :
– augmentation des fibres (son, pain complet, céréales), fruits, légumes, crudités
– eau riche en magnésium (Hépar…)
– activité physique
SI PERSISTANCE, ENVISAGER UN AUTRE LAXATIF SELON LA CLINIQUE (DE FAÇON COURTE, OCCASIONNELLE, APRÈS ÉCHEC DES PRÉCÉDENTS…) :
LAXATIFS DE CONTACT (stimule la muqueuse rectale… risque de dépendance) :
– bicarbonate de sodium et tartrate acide (EDUCTYL suppo), suppositoire à la glycérine, bisacodyl (DULCOLAX suppo)
(attention à ne pas confondre NORMACOL lavement et NORMACOL gomme…)
Potassium tartrate + bicarbonate de sodium 1,15 g/0,7 g suppositoire ( EDUCTYL Adulte )
1 suppositoire quelques mn avant l’heure choisie de l’exonération.
OU LAXATIFS LUBRIFIANTS (lubrifie… CI si trouble de déglutition ou mobilité oesogastrique, avec risque de pneumopathie lipoïde) :
– paraffine (LANSOYL), paraffine + lactulose (MELAXOSE)
Paraffine huile 78,23% gel oral ( LANSOYL FRAMBOISE )
1 cuillère à soupe 1 à 3 fois par jour à distance des repas pendant 1 à 15 jours.
Ne pas s’aliter dans les 2 heures suivant la prise.
SI PERSISTANCE, ENVISAGER UN LAXATIF STIMULANT (contre-indiqué si insuffisance cardiaque, doit être court car risque de maladie des laxatifs) :
– bisaocdyl (DULCOLAX cp), bourdaine + cascara + fucus (dragées Fuca)…
SI PERSISTANCE, REVOIR LE DIAGNOSTIC DE CONSTIPATION (CF. SUPRA)
Hors AMM, sont parfois utilisés les laxatifs de préparation aux examens coliques : COLOPEG (mauvais goût), XPREP (au caramel ; 1/2 sachet), CITRAFLEET…
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