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[Avent 2024 – Ecrire sa thèse] – 6/24 – Utilisez un modèle de thèse pré-formaté

Il est probable que votre faculté propose un modèle de thèse un peu basique : par exemple pour Lille, il y a une maquette de 1ère et 4ème pages. Il faut bien sûr utiliser ces modèles à jour pour l’uniformité des thèses au sein de la faculté (avec un avertissement sur le fait que les opinions n’engagent pas la faculté, les conflits d’intérêt, parfois la liste des professeurs de l’université, les remerciements, etc.)…

Il est aussi pertinent pour gagner du temps d’avoir aussi une trame pré-formatée du contenu. Vous pouvez vous amuser à réinventer un modèle de thèse de zéro, ou en reprenant exemple sur des thèses déjà publiées…
Mais le plus simple, c’est vous procurer un modèle « prêt à remplir », proposé par votre directeur par exemple.
Sur le site Objectif Thèse, cité dans le premier billet, Emmanuel Chazard propose un « modèle de thèse en français » qui est très bien.
Dans ce billet du jour, je vous présente et vous propose mon modèle de thèse en libre téléchargement. Il est prévu pour des thèses quantitatives mais nous verrons plus bas que la trame est très similaire en qualitatif — sauf pour la section méthodes.

Quel logiciel utiliser ?

Par habitude, j’utilise la suite Microsoft (Word, Excel, PowerPoint…) et par expérience, c’est l’outil le plus utilisé par les internes que j’ai encadrés. Toutefois, vous pouvez tout à fait utiliser LibreOffice ou OpenOffice, ou ce que vous voulez (évitez des choses exotiques pour une thèse telles que Notes, LaTeX, Final Draft, Scrivener…).
Une autre possibilité est d’utiliser Google Docs ou OneDrive ou des pendants libres tels que LibreOffice Online ou Etherpad (vous pouvez trouver mon modèle Google Docs à enregistrer depuis ce lien).

Pour le choix entre une solution locale type Word (LibreOffice, etc.) et une solution en ligne (Google Docs, OneDrive, LibreOffice Online, Etherpad, etc.), il faut penser au partage avec votre directeur(rice) pour la relecture et les corrections… et à la sauvegarde car la thèse est de ces fichiers maudits qui finissent par être perdus quand la date butoir approche :

  • La solution en ligne permet d’éviter la perte et de partager en continu (évite le : « oh non ma clé USB a été mangée par mon chien et un train a roulé sur mon ordinateur, quelle mauvaise journée je passe ») ;
  • La solution locale permet de garder les données chez vous et de partager à certains moments opportuns (en sachant que le travail est un peu en stand-by pendant la phase de relecture).

Quelque soit votre choix (local ou en ligne), il faut idéalament le faire là, avant de débuter ! La raison principale est que le passage de l’un à l’autre a tendance à altérer un peu la mise en page… et surtout n’est pas toujours si simple avec le logiciel de gestion des références bibliographiques (Zotero).

L’ASTUCE « SPEEDRUNNER SA THÈSE »
Si votre but est d’aller vite, la solution « en ligne » est celle qui vous fera gagner le plus de temps.
Elle vous permet d’avoir un retour de votre directeur régulier si vous le souhaitez, tout en vous permettant de continuer à rédiger même lorsqu’il relit. Si c’est pertinent (rarement le cas), vous pouvez même organiser des sessions de réécriture/correction en commun sans avoir à vous déplacer : le temps que vous ne passez pas dans un transport est du temps que vous pouvez consacrer à votre thèse.

Trame d’une thèse

Bon, ça y est, vous avez téléchargé le fichier ? De nombreuses informations sont déjà à l’intérieur et on pourrait arrêter là pour aujourd’hui. Néanmoins, je développe ici rapidement le contenu. Vous verrez qu’introduction, résultats, discussion et conclusion comportent les mêmes sous-parties qu’on soit en qualitatif ou en quantitatif. Ce qui change principalement est la section méthodes (et bien sûr le contenu de la section résultats).

  • PAGE DE TITRE, AVERTISSEMENT, REMERCIEMENTS, DÉCLARATION DE LIENS D’INTÉRÊTS…
  • RÉSUMÉ (1 page)
  • INTRODUCTION (1-2 pages) : à penser en « entonnoir » du plus général à la question de recherche précise
    • Contexte : définitions (des mots de votre titre notamment !), historique… (faire une version courte et si besoin, détailler en annexes)
    • Ce qui est connu sur votre sujet précisément (en détaillant si c’est pertinent) :
      • Dans le monde
      • En Europe
      • En France
      • Dans la région / le département
    • Ce qui n’est pas connu (et pourquoi ça n’est pas connu)
    • Hypothèse(s)
    • Objectif(s) d’étude
  • METHODES (2 pages) : c’est la recette de cuisine, pour que quelqu’un qui veut reproduire vos résultats puisse le faire.
    • Type d’étude
      • Etude quantitative
        • Etude épidémiologique
          • descriptive (série de cas, transversale, longitudinale)
          • analytique (cas-témoin, cohorte, expérimentale)
        • OU étude diagnostique
        • OU étude thérapeutique (en intention de traiter, per protocole)
      • Etude qualitative
        • Bibliographie, étude de cas
        • Théorie ancrée
        • Ethnographie
        • Phénoménologie
      • Revue de littérature (narrative, systématique, systématique avec méta-analyse, parapluie)
      • Contexte
        • Lieux : monocentrique ou multicentrique
        • Dates : recrutement, exposition, suivi…
        • Prospective (choix des variables recueillies en amont) ou rétrospective (utilisation de bases déjà existantes)
      • Population :
        • Si quantitatif : vous allez chercher à être représentatif de la population :
          • Critères d’inclusion (population cible → population source → population incluse)
          • Critères d’exclusion
        • Si qualitatif : vous allez être en recherche de variation maximale (plus grande diversité d’avis)
      • Variables / recueil de données :
        • Quantitatif :
          • Variable à expliquer / critère de jugement principal
          • Critères de jugement secondaire le cas échéant
          • Variables explicatives (détaillées avec précision quant à leur unité, leur mode de recueil (traitements recueillis dans le dossier, antécédents recueillis oralement et codés selon la classification CIM-10…), mesures prises pour éviter les biais, etc.)
        • Qualitatif :
          • Entretiens (structurés, semi-structurés, approfondis, de focus groups)
          • Observation (directe participante, directe non participante, indirecte par analyse documentaire, indirecte par analyse de transcription)
          • Méthodes de consensus (groupe nominale, méthode Delphi)
      • Ethique et réglementation
      • Analyses des résultats :
        • Quantitatif : analyses statistiques
          • Gestion des données manquantes (imputation – rare dans une thèse…)
          • Tests utilisés (corrélation de Pearson, test t de Student, Chi2, ANOVA, régression linéaire, régression logistique, etc.)
          • Risque alpha à 5 % (classiquement)
          • Logiciel utilisé (Excel, R, SPSS, Jamovi, etc.)
        • Qualitatif :
          • Tests utilisés (théorie ancrée, phénoménologie interprétative, analyse du discours, ethnographie, etc.)
          • Logiciel utilisé (NVivo, etc.)
  • RESULTATS (2-3 pages) : tout l’art ici est d’être synthétique et les tableaux sont des aides précieuses en quantitatif.
    • Description de la population
      • En quantitatif, faire un flowchart (cible → source → inclus → analysés, en précisant le nombre et raisons d’exclusion à chaque étape)
      • Tableau 1 avec les caractéristiques de la poulation
    • Résultats principaux (objectif principal)
      • Si quantitatif : pensez aux intervalles de confiance à 95 % pour toute mesure concernant un échantillon (comme dit précédemment, préparer les tableaux attendus avant même d’analyser les résultats ça permet de ne pas se laisser influencer ou de se perdre dans une foultitude de données !)
    • Résultats secondaires (objectifs secondaires)
  • DISCUSSION (2-4 pages) : la trame est toujours la même avec résultats principaux, comparaison, forces et limites, perspectives
    • Résultats principaux (si vous avez 2 sous-études avec 2 grands types résultats, n’hésitez pas à faire un sous-titre par exemple « chez les médecins » / « chez les patientes » ; ensuite, utilisez les mêmes sous-titres dans les parties suivantes de comparaison à la littérature, forces et limites)
    • Comparaison des résultats à la littérature
      • Pensez à comparer les caractéristiques de votre population à la littérature ; si vous étudiez des médecins : l’Atlas démographique de l’Ordre (national ou région) et l’annuaire RPPS (https://annuaire.sante.fr/web/site-pro/extractions-publiques)
      • Si vous utilisez des données hospitalières : ScanSanté
    • Forces
      • Validité externe avec la littérature,
      • Validité interne avec la méthodologie
    • Limites (et comment vous les avez limitées)
      • Biais de sélection
      • Biais d’information
      • Biais de confusion
      • Etc.
    • Perspectives
  • CONCLUSION (1 page)
    • Ce qui est désormais connu (interprétation prudente et généralisation)
    • Ce qui change dans les pratiques

Comme dit précédemment, la thèse finale, du premier mot de l’introduction au dernier de la conclusion (sans le résumé, les références bibliographiques et les annexes donc) doit faire la taille d’un article soit environ 20 000 signes espaces comprises, soit environ 10-12 pages en interligne 1,5 notamment en quantitatif (un peu plus en qualitatif pour les résultats). S’il y a d’autres choses à ajouter (et il y en aura), ce sera pour les annexes.

Ce plan est une base un peu universelle. L’idée est de faire une sorte de « calage », comme dans les revues de presse, pour savoir ce que vous cherchez et où le mettre dans votre thèse-article. 

Enfin, comme dit précédemment, vous n’aurez pas à écrire ça de façon linéaire !

Dans le billet suivant, nous parlerons davantage de techniques, avec quelques connaissances à avoir sur Word pour ne pas tout casser, et savoir gérer les principales difficultés de mise en page que vous rencontrerez.

LE MOT POUR LE DIRECTEUR DE THÈSE
Mon meilleur conseil sur cette section est de vous faire VOTRE modèle de thèse personnalisé. Vous pouvez reprendre le mien (ou un autre), et le modifier à votre guise : glissez-y vos conseils, vos remarques, vos choix sur la longueur de telle ou telle section, etc.

Et bonne fête de Saint-Nicolas ! J’aurai sûrement un édito dans Egora ce jour ou dans le week-end.

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