Si vous arrivez ici sans avoir lu ce qui précède, je vous renvoie tout de suite au billet précédent où est mis à disposition mon modèle de thèse.
A l’intérieur de ce modèle, plusieurs éléments de mise en page et de typographie sont déjà largement précisés. Néanmoins, nous allons en reparler ici dans ce billet.
Encore une fois, j’ai pris le parti d’utiliser Word, parce que par expérience c’est celui le plus utilisé par tout le monde ; d’autres options existent en local (LibreOffice, OpenOffice) ou en ligne (Google Docs, OneDrive, LibreOffice Online, etc.). Dans l’absolu, vous pouvez même utiliser des logiciels plus « exotiques » tels que Notes, Scrivener, Dokuwiki, Markdown, etc. mais ils ne seront pas compatibles avec Zotero et seront probablement méconnus de votre directeur qui n’y aura pas ses habitudes de relecteur… Mettez-vous d’accord d’emblée avec votre directeur, qui devra relire et corriger votre thèse !
« Au secours, je ne comprends rien à la mise en page »
Le fichier est déjà pré-formaté et le principal risque est que vous cassiez tout. Ne cassez pas tout. S’il vous plait, pensez à la santé mentale de votre directeur — surtout s’il est un peu obsessionnel… Voici quelques trucs et astuces pratiques que je vous recommande de mettre en pratique pendant la lecture.
Pour vous repérer dans votre document, vous pouvez activer le volet de navigation (Affichage > cliquer sur volet de navigation). A gauche du document s’affiche votre table des matières avec les titres et sous-titres.
La table des matières est également présente dans votre document (si besoin, elle peut être facilement reconstruite dans Références > Table des matières). A la toute fin de la thèse, pensez bien à mettre à jour votre table des matières (clic droit > Mettre à jour les champs > Mettre à jour toute la table).
Pour intégrer de nouveaux titres dans la table des matières (et le volet de navigation), il faut bien utiliser les styles (vous pouvez cliquer sur Accueil > Volet Styles pour avoir un volet à droite). Outre le caractère indispensable pour faire une table des matières, cela vous permettra de faire une mise à jour de tous les « Titre 3 » si vous le souhaitez (pour les mettre en italique par exemple), et vous évitera une architecture incompréhensible !
Pour comprendre la mise en page, je vous conseille d‘afficher les marques de mise en forme (en cliquant sur le symbole « pied-de-mouche » ¶). J’ai longtemps pensé que ceux qui activaient cette option étaient des extraterrestres en cours d’invasion, mais j’avais tort : ces marques permettent de révéler les erreurs invisibles dans votre mise en page (tels que de multiples espaces inutiles en lieu et place de tabulations, sauts de pages ou de section, etc.)
Lorsque vous voulez passer à la page suivante, faites un saut de page (Mise en page > Saut de page > Page). C’est utile notamment lorsque vous voulez mettre un tableau en entier sur une seule page.
Lorsque vous voulez séparer votre document pour avoir des en-têtes différents (par exemple avoir « Introduction », « Matériels et méthodes », « Résultats », « Discussion » et « Conclusion » en haut) ou pour avoir une page au format paysage au milieu de votre document en portrait, il faut utiliser des sauts de section (Mise en page > Saut de page > Saut de section en Page suivante).
Par exemple, pour avoir une section (une ou plusieurs pages) en Paysage, vous faites un saut de section juste avant et un à la toute fin de la section en Paysage ; sur la partie entre ces 2 sauts de section, vous cliquez sur Mise en page > Orientation > Paysage… et voilà.
Enfin, de façon facultative pour la thèse, vous pouvez utiliser les légendes (pour appeler les Figures et Tableaux), les renvois (pour y renvoyer) et les index de tableaux et figures (pour faire une liste des figures et tableaux du document). Ces trois éléments sont dans l’onglet Insérer. Je ne l’ai pas fait dans le modèle pour rester simple et efficace.
L’ASTUCE « SPEEDRUNNER SA THÈSE »
Pour éviter de vous perdre dans « introduction », vous pouvez créer des sous-titres temporaires (voués à disparaître) que vous compléterez au fur et à mesure de vos recherches et de votre motivation. Grâce à l’affichage du volet de navigation, vous aurez un aperçu très détaillé de votre plan mais aussi du déroulé de votre pensée logique au sein de chaque partie.
Par exemple, si vous étudiez la prévalence de la Schtroumpfose chronique dans les cabinets de médecine générale de votre territoire, vous pouvez prévoir le plan :
– Introduction (Titre 1)
— Définition de la Schtroumpfose (Titre 2)
— Aiguë (Titre 3)
— Chronique
— Prévalence de la Schtroumpfose
— Dans le monde
— En Europe
— En France / dans la région / la CPTS…
— Modalités de repérage en médecine générale
— Mode de dépistage dans le monde
— Mode de dépistage en France
— Questionnaires validés
— Facteurs associés à la Schtroumpfose
— Prévalence dans ces facteurs dans le territoire X (définir le territoire)
— Hypothèse quant à la prévalence de la Schtroumpfose dans le territoire X
— Objectifs
En créant un plan de ce type, vous savez où vous allez, vous savez ce que vous cherchez, et ça évite de vous perdre dans la littérature et dans votre introduction !
Suivi des modifications
Pour bien suivre les modifications/corrections, votre directeur de thèse peut être amené à utiliser le suivi des modifications. Attention, vous ne devez PAS refaire les modifications une à une, il suffit de les accepter (rien n’est plus pénible que faire 2 fois le même travail de relecture !)
En pratique, il y a quelques astuces sur Word, dans l’onglet Révision :
- Suivi des modifications : active ou désactive le fait que les modifications vont apparaître d’une couleur différente,
- Suivi > Toutes les marques : vous pouvez choisir « Final » pour voir à quoi ressemblera le document fini… ça permet notamment d’éviter les double espaces ou espaces manquant lors des révisions (ça, c’est plutôt pour votre directeur en fait),
- Accepter / Refuser : normalement, vous pouvez presque toujours faire « accepter toutes les modifications ».
Là encore, il y a des tutoriels sur le site de Microsoft… et vous pouvez trouver facilement des tutoriels sur internet si vous voulez (ici par exemple).
Tableaux, figures et chiffres
Par convention, la légende s’écrit au-dessus pour un tableau (Tableau 1 : Caractéristiques de la population, suivi du tableau)… et en-dessous pour une figure (figure, suivie de Figure 1 : Diagramme de flux). Au passage, pour une thèse en français, on privilégiera des expressions françaises telles que diagramme de flux à flowchart.
Si vous hésitez entre un tableau et une figure, le tableau est probablement préférable. Il permet de synthétiser le maximum d’informations en un minimum de place : c’est un outil redoutable pour votre thèse-article ! L’intérêt d’une figure est surtout d’illustrer des données un peu longues à expliquer.
Un tableau doit être rempli comme sur Excel par exemple, avec une case correspondant à une information au croisement d’une ligne et d’une colonne. Attention à ne SURTOUT pas mettre tout dans une seule case. Autrement dit, ne faites pas ça :
Nombre de thésés (%) | |
Hommes Femmes | 64 (61,5 %) 40 (38,5 %) |
Etudiant en deuxième cycle (externe) (N = 300) Etudiant en troisième cycle (interne) (N = 200) | 4 (1,3 %) 100 (33,3 %) |
Mais faites ça :
Nombre de thésés (%) | ||
Sexe | Masculin | 64 (61,5 %) |
Féminin | 40 (38,5 %) | |
Niveau d’études | Deuxième cycle (N = 300) | 4 (1,3 %) |
Troisième cycle (N = 200) | 100 (33,3 %) |
Pendant la rédaction, je vous conseille de laisser les traits sur les tableaux. A la fin, pour la mise en page finale, vous pourrez faire de plus jolis tableaux épurés, avec juste le trait haut, le trait sous la première ligne, et le trait sous la dernière ligne (comme montré dans le « modèle de thèse »).
A propos des chiffres, vous noterez que j’ai utilisé ici des nombres en valeur absolue puis pourcentage (ne présentez pas que des pourcentages !). Le nombre de décimales est minimal pour faciliter la lecture sans perdre d’information par rapport à 61,54 % – 38,46 % – 1,33 % – 33,33 % qui sont déjà plus lourds à lire. Enfin, lorsqu’ils sont une part d’un tout, la somme des pourcentages fait 100 % (ici, 61,5 + 38,5 % pour sexe « homme » – « femme »).
Règles typographiques de base en français
Il y a quelques règles typographiques de base à connaître :
- Une phrase commence par une majuscule et se termine par un point… sans dans les légendes de tableaux et figures où on omettra le point ;
- En France, il y a 2 types de ponctuation :
- les ponctuations avec 1 élément (point et virgule) : il n’y a pas d’espace avant, mais il y a une espace après… (au passage, espace est masculin, sauf en typographie où on dit « une espace » — mais je fais souvent l’erreur, vous le verrez peut-être au masculin !)
- les ponctuations avec 2 éléments (deux points, point-virgule, point d’interrogation, point d’exclamation, « double » tiret – semi-cadratin ou — cadratin) : il y a une espace avant et une espace après. Voyez ? Comme ça !
- Mais comme la langue française est riche en exceptions… pour les parenthèses (1 seule élément), il y a un espace avant et un espace après (comme ceci donc) !
Une autre règle importante est celle sur les espaces insécables (Ctrl+Maj+Espace sur PC et Mac), qui peuvent être mis systématiquement dans :
- une suite de chiffres (1 234 567) ou une équation (7 + 11 = 18)
- un chiffre suivi d’un symbole (20 €, 8 %, p < 0,05, 25 janvier 2008, XXIe siècle…)
- les éléments d’une expression ou d’un titre honorifique ou de civilité ou des initiales (Dr M. Blanc)
Toutefois, vous pouvez opter pour 2 solutions alternatives et pragmatiques :
- mettre des espaces partout MAIS lorsque la composition pose problème avec des « veuves et orphelins », savoir utiliser ces espaces insécables !
- utiliser un correcteur automatisé de typographie… dont on parle ci-dessous !
Savoir se corriger (qu’on fasse un peu ou beaucoup de fautes)
Que vous ayez été lauréat aux Dicos d’or ou que vous fassiez 4 fautes par phrase, à un moment il faudra rendre un manuscrit propre à votre directeur de thèse puis au jury.
Je vous conseille donc d’utiliser l’option native de Word « Vérifier l’orthographe et la grammaire » en cochant toutes les options (sur mac : Word > Préférences > Grammaire et orthographe ; sur PC : Fichier > Options > Grammaire et orthographe — vous pouvez de toute façon toujours trouver les tutoriels facilement sur le support Microsoft)
Vous pouvez également acheter Antidote (Druide), qui existait en local ; depuis la version 2024, il est désormais en abonnement à 60€ par an (avec 30 jours gratuits). Dans ce cas, attention à ne pas tout accepter en correction : il faut tout voir un à un (pour éviter la francisation d’anglicismes voulus, les corrections typographiques indues dans vos références bibliographiques, etc.). C’est par contre redoutablement efficace pour corriger toutes les petites erreurs de typographies tels que les double espaces, les espaces avant/après ponctuation, les espaces insécables ou non, etc.
Il existe des alternatives à Antidote : Scribes, MerciApp, LanguageTool, etc.
Pour une correction « automatisée », vous pouvez également faire appel à l’intelligence artificielle (ChatGPT, etc.) : comme déjà évoqué lors du choix du thème, ou ci-dessus avec Antidote, il faut rester prudent avec les corrections proposées et ne pas tout prendre pour argent comptant.
Enfin, outre ces 3 options de corrections automatisées, vous pouvez également faire appel à un correcteur extérieur — parmi vos proches ou votre famille en général (il existe sinon des professionnels).
Et comme ça fait déjà pas mal d’informations, arrêtons là ! Demain, nous parlerons du style et d’écriture scientifique.
LE MOT POUR LE DIRECTEUR DE THÈSE
Les quelques règles évoquées dans ce billet sont capitales : si elles sont bien suivies, ce sera un gain de temps précieux pour vous éviter des corrections de forme… Ca vous permettra de vous concentrer sur le fond, plutôt que de corriger des fautes d’alignement dans des tableaux ou une orthographe hasardeuse. Pensez à faire ce rappel avant le début de rédaction !