Dans le billet précédent, je dis qu’il faut tout sourcer et revenir autant que possible aux « sources » des informations (et pas un chiffre repris en 2024 par les autorités sur la base d’une étude de 1981)…
Mais souvent, les principaux moteurs de recherche (notamment PubMed — ou Google Scholar, JSTOR ou autre) ne vous donneront accès qu’aux références et à l’abstract. Un lien permet d’accéder à l’article via le site de l’éditeur ou votre bibliothèque… mais pas toujours.
Faisons le point sur les situations existantes et tentons de répondre à la question : « comment récupérer les textes complets » ?
Accès libre ou accès payant
Le nombre de l’édition scientifique est partagé entre absurdité et scandale. J’en ai parlé dans ce billet sur les revues prédatrices. Pour faire court, les chercheurs ont deux possibilités :
- payer pour lire des articles en accès payant que des chercheurs ont financé, écrit, et corrigé sur l’avis formulé bénévolement par d’autres chercheurs ;
- ou payer pour que leur article écrit, corrigé sur l’avis formulé par d’autres chercheurs… soit mis en accès libre pour les autres chercheurs.
Dans les deux cas, l’éditeur est le grand gagnant… en prenant l’argent des chercheurs, ou plus largement de la population (sur les fonds de la recherche).
Si l’accès est libre (Open Access), le chercheur a payé quelques milliers d’euros/dollars pour que tout le monde puisse lire le fruit de son travail : pas de problème pour vous, lecteur, donc ! Sur PubMed, à droite, dans « Full Text Links », vous trouverez l’accès.
Mais si l’accès est payant… et bien ça va vous coûter 30-50€ par article, et c’est un budget. Nous pouvons donc chercher d’autres moyens d’y accéder.
Accès via des abonnements de bibliothèque
Les universités s’abonnent généralement à quelques revues : avec vos identifiants de l’université, vous pourrez avoir quelques accès supplémentaires. Là encore sur PubMed, à droite, dans « Full Text Links », vous trouverez l’accès.
Petit aparté : rappelons à nouveau ici que les sites des bibliothèques sont riches en ressources (par exemple ici celle de l’université de Lille). Le format papier existe toujours au sein de la bibliothèque et peut être emprunté ou photocopié… ça demande toutefois du temps, et semble un peu désuet à l’heure du tout numérisé sur internet ! Ca reste néanmoins une option à considérer : votre bibliothèque peut aussi emprunter des documents dans d’autres (prêt-entre-bibliothèques).
La Bibliothèque Nationale de France (BNF) permet aussi des accès à des ressources (vous pouvez souscrire à un pass à un prix modeste, qui vous donne un large accès à la presse !). Pour simplifier la navigation, vous pouvez aussi utiliser le site non affilié easybnf.fr.
Si vous n’avez pas accès par ce biais légal, ça se complique…
« On m’a parlé de Sci-hub » ?
Oulà, je vous arrête tout de suite, vil personnage : Sci-Hub est une bibliothèque « clandestine » : un site web qui un accès libre à plus de 80 millions d’articles publiés avant 2022 ! Sci-Hub a été fondé en 2011 par Alexandra Elbakyan, la « Robin des Bois » de la science moderne, volant les articles scientifiques aux éditeurs pour rendre au public. Elle décrit ses motivations sur son site, à l’onglet « Elbakyan » ; le Monde a comparé son site au « Pirate Bay » de la recherche scientifique.
Le site a régulièrement été désactivé, mais a été repris avec d’autres extensions de domaine, mises à jour sur la page wikipedia de Sci-Hub (on lit par exemple que sci-hub.se, .st et .ru fonctionnent actuellement, mais plus .cc, .bz, .ac, .tw, etc.).
Devant cette course à l’échalote du blocage d’extension, en France, les fournisseurs d’accès internet ont été obligé de bloquer ce site. Ainsi, vous n’aurez pas de possibilité d’accéder à sci-hub.se, si vous n’êtes pas dans l’une des 3 situations suivantes :
- vous utilisez le navigateur gratuit Tor Browser
- vous utilisez un VPN
- ou vous utilisez Google Chrome et dans Réglages > Confidentialité et sécurité > Sécurité > Paramètres avancés, vous avez activé « utiliser un DNS sécurisé » avec par exemple pour fournisseur DNS « Google (public DNS) » (ou tous les autres, ou en modifiant votre DNS en CloudFlare DNS 1.1.1.1.).
Pour récupérer un article par ce biais, il suffit de récupérer le DOI ou le PMID sur PubMed (ou sur le site de l’article…), et le copier :
- soit le DOI ou le PMID dans la barre de recherche sur sci-hub
- soit le DOI à la suite de l’URL (sci-hub.se/xxxxxxxx où xxxxxxxx est le doi évidemment).
Je n’ai bien sûr jamais eu recours à ce type de piratage ; d’ailleurs, si j’ai cité Alexandra Elbakyan dans mes remerciements de thèse d’université, c’est uniquement pour saluer le courage de cette scientifique, qui a accepté de mettre la moralité devant la légalité.
Pour information, LibGen (Library Genesis) est une autre bibliothèque clandestine dont l’URL change régulièrement, mais peut être retrouvée sur sa page Wikipedia. Elle est plus difficile d’accès sans VPN…
Je n’ai trouvé l’article nulle part…
Hum humm, je vois. Il existe d’autres solutions, plus aléatoires :
- Essayer sur Google Scholar, qui retrouve parfois le PDF ailleurs ;
- Chercher directement sur le site de la revue (notamment pour un vieil article qui a peut-être été mis en ligne sans le lien sur PubMed) ;
- Installer l’extension PaperPanda sur Google Chrome (mais ça ne fonctionne pas aussi souvent que Sci-hub) ;
- Lancer une bouteille à la mer avec le hashtag #ICanHazPDF sur Twitter, ou sur /r/Scholar sur Reddit ;
- Chercher l’article sur ResearchGate, un réseau de chercheurs, et demander à l’un des auteurs de vous le fournir par message privé ;
- Demander à l’auteur correspondant par mail (chaque article à un auteur correspondant, dont les coordonnées sont accessibles notamment sur PubMed).
Et si vraiment rien de tout ça ne fonctionne… cherchez une autre référence !