[Avent 2024 – Ecrire sa thèse] – 19/24 – Présenter les résultats : textes, tableaux ou figures…

Si vous lisez rapidement un article, vous allez lire le titre, le résumé… et les tableaux et figures (ensuite éventuellement la dernière phrase d’introduction pour avoir l’objectif clairement en tête, puis la première phrase de discussion pour avoir les résultats principaux).

Les figures et tableaux doivent suffire pour « raconter l’histoire » toute entière, sans avoir à se référer au texte… et pourtant, il faut en utiliser le moins possible, et n’utiliser que ceux qui sont nécessaires !

Nous allons parler dans ce billet de la section résultats — que vous n’hésiterez pas à scinder en sous-section (caractéristiques ; résultats principaux ; résultats secondaires par exemple).

Il faut se détendre avec les décimales. Clairement, si vous avez étudié 103 personnes, et que 80 ont répondu non à une question, quelle information vous semble suffisante de précision :

  • environ 80 %
  • 78 %
  • 77,7 %
  • 77,67 %
  • 77,670 %
  • 77,6699 %

Le premier est correct parce que c’est ça l’information à retenir… mais il y aurait beaucoup de « environ » dans la thèse, et l’arrondi à 5 % peut être discutable ! A choisir, il faut mieux utiliser le premier (0 décimale) ou le deuxième (1 décimale). Au-delà, le gain de précision est inutile et surcharge la lecture.

Non ! Vous ne devez pas avoir de redondance dans vos résultats (le minimum possible en tout cas). Il ne faut surtout pas faire un tableau récapitulatif PUIS une description de chaque variable où vous mettez les valeurs absolues, relatives et un graphique…

Le message est simple : peu de figures, mais que des figures pertinentes et utiles !

Les résultats doivent tenir sur 2-3 pages, et le principal est synthétisé dans votre tableau 1 pour une étude descriptive (caractéristiques de la population)… avec éventuellement un tableau 2-3 pour les études analytiques.

Oui, toutefois méfiez-vous d’avoir ce que vous voulez : est-ce que vous avez la dispersion (écart-type), est-ce que vous voulez des histogrammes pour des échelles de Likert (ou peut-être des boîtes à moustaches), etc. Si vous refaites d’autres graphiques ensuite, aurez-vous le même design tout au long de votre thèse ou est-ce qu’il y en aura depuis un questionnaire en ligne, d’autres sur Excel, d’autres sur R ? Gardez une homogénéité dans la thèse.

Et dans tous les cas, préférez un tableau 1 qui résume toutes les informations que vous cherchiez au moment de la rédaction de votre objectif et de votre méthode en quelques lignes. Ca sera le billet de demain ça !

Comment choisir entre figure et tableau ?

La figure va permettre un impact visuel pour un résultat particulier ; elle va montrer des tendances (« trends and patterns »), raconter une histoire courte…

Le tableau va permettre de donner des valeurs précises pour beaucoup de variables.

Si vous hésitez entre les deux : le tableau est une valeur sûre !

A propos des tableaux…

Le titre d’un tableau identifie le point spécifique : il faut utiliser les mêmes mots clés dans le titre, les colonnes et le texte… et être aussi bref que possible sans perdre en précision ! Par convention, le titre est au-dessus du tableau (et en-dessous de la figure).

Le format du tableau est simple : la plupart du temps, il y a 3 lignes horizontales (au-dessus et en-dessous de la première ligne, et une tout en bas sous les données). C’est un modèle classique, à privilégier dans la thèse. En général, il ne faut pas laisser des lignes partout (ça ne fait pas professionnel, ça surcharge le tableau…) ; dans un tableau un peu complexe, vous pouvez toutefois en mettre entre certaines parties si ça aide à la lecture. Et bien sûr, dans le cadre d’une publication, vérifiez bien sûr ce qui est demandé par l’éditeur ! Enfin, comme présenté dans le billet précédent, il faut bien tout aligner, utiliser une information par case…

Les colonnes ne doivent pas être multipliées, il faut se focaliser sur le point principal : caractéristiques – groupe 1 – groupe 2. Vous pouvez même, si vous faites des comparaisons, ne pas faire une colonne p-value et la remplacer par une astérisque explicitée en légende (ex : * p < 0,05, T-test ou test exact de Fisher, selon la situation)

Dans les lignes, vous pouvez rappeler : l’unité et le nombre de données recueillies (pour identifier les données manquantes). Par exemple : poids (kg) (N = 82) ; taille (cm) (N = 81). Evidemment, si vous avez recueilli le même nombre de données pour toutes les variables, il ne faut pas le mettre à chaque ligne : gardez à l’esprit qu’il faut épurer tout ce que vous pouvez…

La légende (footnote) d’une tableau utilise des symboles superscripts (variable selon le journal visé : *, , etc.) ; c’est l’endroit où vous pourrez expliquer la signification statistique (p-value…), des détails de définitions et abréviations, etc. Notez que si vous utilisez un terme déjà abrégé dans le texte… il faut le réexpliciter dans le tableau, qui doit pouvoir se lire indépendamment !

A propos des figures

Il existe 3 types de figures :

  • la preuve primaire (radiographie, photographie, planche d’anatomopathologie, etc.) : voir, c’est croire !
  • le graphique :
    • linéaire (Y en fonction de X : montre la tendance au fil du temps, de la posologie, de l’âge…) ;
    • bargraphe (comparer les groupes à un temps t : mettre les n au sommet, préciser les groupes sous l’abscisse) ; il existe aussi avec des valeurs individuelles
    • nuage de points (montrer une corrélation linéaire – ou autre relation – entre deux variables, à travers des points individuels… attention à ne pas tracer une droite entre 3 points par contre, pour « montrer » une relation linéaire abusive) ;
    • histogrammes
    • boîtes à moustaches (très bien pour illustrer une médiane, l’intervalle interquartile…)
    • courbes de survie
    • etc.
  • le diagramme :

Le titre est en-dessous de la figure (et au-dessus du tableau, pour rappel !)

La légende comporte donc un titre bref (attention à ne pas le mettre AUSSI sur la figure…), les détails expérimentaux principaux, les définitions des symboles, l’explication des groupes (A, B, C, D…), les informations statistiques (tests, p-value…), les abréviations… Comme pour les tableaux, la figure doit pouvoir se lire seule !

Les graphiques doivent raconter une histoire visuelle rapide : rester simple… sinon il faut peut-être utiliser un tableau !

Quelques règles d’écriture…

Utilisez la voix active ici et réfléchissaient aux verbes utilisés pour éviter les seuls « être » et « avoir ».

Pour le choix du temps, comme d’habitude :

  • ça sera au passé pour vos résultats (« les femmes étaient plus âgées que les hommes »…)
  • … sauf pour ce qui est toujours vrai (« la figure 1 montre que » et non pas « a montré que »)

On ne répète pas dans un texte ce qu’il y a dans un tableau et une figure ; le texte l’introduit ou le substitue. Par exemple « les films d’action comportaient en moyenne plus de combats que les comédies romantiques (Tableau 1) ». Il n’est pas utile de dire :

  • « Le tableau 1 résume les caractéristiques » / « les caractéristiques sont résumées dans le tableau 1 » : gardez votre encre ;
  • « Les films d’action comportaient 22 minutes (écart-type : 6 minutes) de combat contre seulement 3 minutes (écart-type : 2 minutes) pour les comédies romantiques (p < 0,05) (Tableau 1). » : ces données sont déjà présentes dans le tableau.

Le texte de la section résultats doit résumer ce que les données montrent : il va pointer des relations simples, décrire les grandes tendances et citer/annoncer les figures et tableaux. Il apporte des informations complémentaires (par exemple une différence entre 2 pourcentages présentés dans un tableau), ou insiste sur queqlues nombres parmi les plus importants de votre travail.

N’oubliez pas de parler des résultats négatifs !

Si une différence est « significative », votre lecteur comprendra « statistiquement significatif au seuil retenu (5 % en général) ». Ne l’utilisez jamais dans le sens « ohlala, c’est pas mal quand même, hein »… De manière générale, évitez toute « discussion » dans vos résultats, qui doivent être dépourvus d’émotions. Le « seulement 3 minutes » proposé ci-dessus pour les combats dans les comédies romantiques aurait pu vous faire tiquer : ce seulement est un jugement de valeur et une interprétation qui n’a pas sa place dans les résultats.

Comme vous ne mettrez pas de discussion dans les résultats, gardez-vous d’y (re)mettre de la méthode : vous ne discutez pas comment ou pourquoi vous avez fait ça, mais ce que vous avez trouvé !

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