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Et si c’était un infarctus sur un embol septique intra-coronarien post-endocardite sur une toxicomanie masquée révélant un Münchhausen par procuration ?

Cas clinique. Les non-médecins ont le droit de jouer, c’est même plus drôle.

Jeannette a 7 ans. Elle va bien. Sa soeur va bien. Son frère va bien. Ses parents vont bien. Le seul être vivant malade à proximité est le chien du voisin, avec lequel elle ne partage finalement que peu de « matériel génétique ».

Pour Jeannette, depuis cet été, les lundis, c’est piscine. Elle y va avec son cousin et sa tante, elle commence à savoir nager en battant frénétiquement de ses deux bras allumettes dans l’eau. Aujourd’hui, elle y arrive un peu fatiguée, après avoir repris l’école et le sport scolaire. En sortant, vers 19h, elle déclare avoir faim – ce qui semble plutôt un signe de bon fonctionnement de son hypothalamus. Dans la voiture, enchaînant les virages à vive allure, elle dit « ne pas se sentir bien », et la maman constate en effet une pâleur et des sueurs. Jeannette bâille beaucoup, se sent nauséeuse, a mal à la tête… Tout ça passe dès que Jeannette met le pied hors de la voiture…

Le lendemain, elle présente un épisode tout à fait similaire, dans des circonstances différentes. En effet, revenant de son heure et demie d’équitation, à nouveau bringuebalée dans la voiture, Jeannette dit avoir faim, est pâle, a des sueurs froides.

Petite décharge d'adrénaline et sueurs froides

Ca fait froid dans le dos d’être en stress, hein, James ?

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Saharassemblée de #PrivésDeMG

Profitez de la double lecture du titre car ceci n’est pas un post très drôle. Mais je me rattraperai…

Nous sommes en 2017, vous habitez une petite ville sympathique, qu’on pourrait qualifier de rurale. Votre enfant de 2 ans fait de la fièvre à 39°C et tousse.

Vous êtes content car vous n’avez plus à avancer le prix de la consultation des médecins généralistes (c’est toujours la Sécu et votre mutuelle qui paient bien sûr). Seul problème, il n’y a pas de médecin généraliste à moins de 10 km, le dernier étant parti à la retraite (le creux du nombre de médecin arrive dans la décennie et nous n’y pouvons rien, la faute revenant à un numerus clausus trop bas, remonté trop tard). Les candidats à la Présidence de la République 2017 font de cette désertification un point important de leurs promesses, mais en attendant, votre enfant n’est pas bien et il faut faire quelque chose.

Cinq options s’offrent à vous (nous sommes très portés sur le QCM en médecine) :

A – A 10 km, la Maison Médicale vous attend les bras ouverts, avec une équipe de médecins, d’autres spécialistes et de para-médicaux. Il y a des universitaires, la maison accueille des internes, qui font également quelques remplacements. Un créneau horaire sera possible dans la journée pour votre enfant.

B – Le médecin accepte de vous recevoir aujourd’hui. Vous serez la 42ème consultation de l’après-midi, et vous savez que ça durera quatre minutes au maximum. Tant pis, pourvu que Dingo fasse bien son job (c’est son surnom, en double hommage à l’animal du désert et celui de Walt Disney). Vous parlerez des vaccins lors de la prochaine consultation avec le pédiatre qui exerce à 40 km de là.

C – Le médecin exerce avec un collègue, mais ils sont débordés pour les 2 jours à venir. « Vous pouvez passer mercredi à 19h ; si ça ne va pas avant, allez à l’hôpital ou appelez le 15 » vous dit la secrétaire.

D – Le médecin ne prend plus de nouveaux patients depuis deux ans. Comme pour tous les autres problèmes de santé de votre enfant, vous passez aux urgences pédiatriques, à l’hôpital à 40 km de chez vous. Oh, vous savez bien que ça coûte 26€ de plus que le prix normal de la consultation (majoré à 24€ en 2016), et que vous creusez le trou de la Sécu à grands coups de pelle, mais qu’y pouvez-vous, à la fin ?

E – Le médecin, vous ne le connaissez pas. C’est le huitième à avoir repris le cabinet en deux ans. A chaque fois, ce sont des jeunes forcés à s’installer ici, qui finissent par en avoir ras-le-bol de n’avoir ni cinéma, ni école, ni boulangerie à proximité, et dévissent alors leurs plaques. Ils partent exercer à l’hôpital ou en clinique, afin d’échapper aux deux années d’Obligation d’Installation en Milieu Médicalement Désertifié. Pas étonnant que le « désert » médical s’étende encore et encore…

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S’initier ou être #PrivésDeMG

La médecine, c’est un peu long… Le strict minimum c’est 9 ans d’études, marquées par deux concours, une thèse et un mémoire.

La médecine, c’est bien mal payé pendant les études (après, ça va mieux)… Je sais que certains pensent « ouiiiiiiii mais on paie les études des médecins, c’est un scandaaaaaaale qu’ils refusent de se déplacer la nuit dans nos campagnes comme en 1952 ». Très clairement, il s’agit de ce qu’on appelle dans le jargon scientifique des bullshits. Si vous lisez ce blog, vous savez que l’externat est souvent ingrat, avec un salaire de 100-220€/mois pour un mi-temps à 10-33 heures par semaine (33, c’est le service de gynécologie à Roubaix, et je parle bien de mi-temps). Vous savez aussi peut-être que les internes sont payés entre 1300 et 1800€ par mois environ pour du 30-60 heures par semaine (hors formation), avec des gardes rémunérées 119€ (brut) pour 15 heures entre 18h et 9h en général (soit 1,50€ de moins que le SMIC horaire brut pour des heures de nuit quand même).

Si on ne le vit pas, on ne peut le savoir. Parce que la médecine, c’est trop varié pour savoir vraiment de quoi on parle. Les généralistes ne connaissent rien à l’hôpital. Les hospitaliers ne comprennent rien à la médecine générale. Le problème, c’est que parfois les politiques parlent de la « médecine » voire, pire, de la santé.

Tenez, juste pour l’exemple, regardez le rapport d’Alain Cordier, paru récemment : http://fr.scribd.com/doc/154124539/Rapport-Cordier

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« Twittorat » : Twitter comme outil d’aide diagnostique

Petit article privé sur Twitter… J’en reparlerai à l’occasion ; je vous laisse en débattre si ça vous chante 😉

 

Thème : Recherche et compétence réflexive (apprendre, soigner, réfléchir, se questionner, chercher)

CONTEXTE. Twitter est un outil de microblogging apparu en 2006, utilisé comme réseau social par 200 millions de personnes. Plus de 600 médecins francophones de différentes spécialités y partagent leurs expériences ; certains s’interrogent mutuellement avec le mot-dièse #DocsTocToc.

OBJECTIF. Evaluer la pertinence des échanges sur Twitter entre médecins français.

METHODE. Etude épidémiologique descriptive prospective sur trois semaines, entre le 15 juillet et le 4 août 2013 inclus. Tous les tweets utilisant le hashtag #DocsTocToc ont été inclus. Le type de question et l’auteur ont été relevés. La réponse pouvait être absente, non consensuelle ou consensuelle entre les intervenants. Une réponse était consensuelle si elle comportait une référence ou était partagée par deux intervenants sans avis opposé.

RESULTATS. Trente-quatre médecins ont publié 63 tweets avec le mot-dièse #DocsTocToc (maximum : 8 tweets) : 20 (31,7%) ont concerné un avis thérapeutique, 19 (30,3%) un avis diagnostique, 12 (19%) un avis administratif, 6 (9,5%) une recherche de source bibliographique, 6 (9,5%) des sondages et annonces. Les médecins ont proposé une réponse consensuelle pour 35 tweets (55,6%), non consensuelle pour 21 (33,3%) ; ils n’ont pas répondu à 5 questions (8%).

CONCLUSION. Sur Twitter, les médecins s’entraident : leurs questions ont trouvé une réponse dans 92% des cas. Les forces et faiblesses de cet outil pourraient servir à construire une télémédecine efficace.

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Faites médecine générale dans le Nord

Bon, voilà. Je devais avancer ma thèse. M’épanouir dans diverses activités. Et puis j’ai lu le communiqué de presse de l’AIMGL du jour.

Dedans, j’y lis que l’Association des Internes de Médecine Générale de Lille « ne peut plus décemment recommander aux étudiants ayant passé les ECN de venir faire leur internat (de médecine générale) à Lille ».

Hein ?

Il faut y lire quoi dans cette phrase ?

Que nous sommes malheureux, opprimés ? Mon internat se passe très bien, je vous remercie. Je considère l’internat de médecine générale comme l’un des plus intéressants qui soit. J’ai survécu à mon stage d’urgences, j’ai aimé mon stage au CHU, j’ai adoré mon stage chez le praticien, j’apprécie mon stage de gynéco-pédiatrie. Deux années au poil. J’ai rencontré des patients, des médecins, des internes, des externes et des équipes médico-paramédicales géniaux (sans faire de démago, vraiment, j’ai plutôt de bons souvenirs de mon internat en cours). J’ai pu co-publier un article, j’ai donné des conférences auprès de la fac : on a fait pire, comme interne opprimé.

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