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[Avent 2024 – Ecrire sa thèse] – 8/24 – Scientifique et stylé…

Après les billets sur « estimer la longueur d’une thèse« , « se rassurer sur l’originalité« , « trouver un sujet« , « écrire directement sans brouillon« , « utiliser un modèle pré-formaté avec un plan générique » et « connaître les bases pour la typographie et les fonctions utiles sur Word« , nous allons aujourd’hui nous terminer cette première grande partie sur la rédaction par le caractère scientifique… tout en maintenant un certain style agréable à lire ! Votre but est de produire un document clair (sans ambiguïté), facile à lire et à comprendre.

Attention, tout ce qui sera dit ici ne sera pas consensuel ! C’est impossible de l’être parce qu’il y a quasiment autant de règles que de revues… Pour illustrer, je vous listerai en fin de billet quelques personnes (ou organismes) qui ont déjà proposé des guides.

Rendre votre texte scientifique

La rédaction scientifique n’est pas de la grande littérature… néanmoins, vous avez le droit de rendre un travail agréable à lire.

Même si c’est vrai, on évitera une phrase telle que « Il est à déplorer malheureusement que tant de personnes sont atteintes de démence de nos jours » mais plutôt : « En France, 1,2 millions de personnes seraient atteintes de troubles neurocognitifs en 2019 [1]« .

Voici quelques règles simples pour rendre votre texte « scientifique » :

  • Répétez le même mot (ou concept) plusieurs fois dans le même paragraphe s’il le faut, plutôt que de lui trouver des synonymes ; privilégiez des constructions symétriques lorsque ça s’y prête (même si cela entraîne des répétitions qui ne sont pas très littéraires) ;
  • Précisez : limitez les approximations, précisez les dates (années) plutôt que dire « actuellement », privilégiez des chiffres précis (avec leur indicateur de dispersion – écart-type, quartiles, intervalles de confiance…)
  • Sourcez… : soyez scientifique en sourçant tout ce que vous affirmez ! Un modèle idéal c’est un « article de qualité » sur Wikipedia : toute affirmation est sourcée (avec en plus pour vous l’exigence que cette source soit autant que possible un article publié dans une revue scientifique).
  • … en utilisant la bonne source : votre thèse-article étant courte, tout doit être de qualité.

L’EXERCICE D’ILLUSTRATION : À LA RECHERCHE DE LA SOURCE PERDUE
Sur ce dernier point, je vous propose un exercice amusant : déterminer le nombre d’angines en France.
Si vous cherchez sur Google, vous trouverez sur Santé Publique France, sur Santé.fr, sur Assurance Maladie qu’il y a 9 millions d’angines par an en France (et que les médecins ne font que 1,5 millions de TROD, dénonce le directeur de l’Assurance Maladie, car ahlala ces généralistes, je vous jure, on a les chiffres hein).
Mais que valent ces chiffres ? Si vous cherchez un peu, vous finirez par retrouver un article de 1997 qui vous mènera à une conférence de 1991 (par l’Association pour la Formation Continue en Pathologie Infectieuse) affirmant que « plus de 8 millions d’angines sont survenus en France en 1990″… sans source ! Ils évoquent simplement que 1,3 séances médecins/100 leur étaient consacrées en 1981 (… ce qui est très peu et n’expliquerait absolument pas les 8 millions !) A priori, il était recommandé de traiter chaque angine par antibiotique, ils ont donc considéré qu’à l’époque 100 % des angines étaient bien diagnostiquées et traitées…
Donc en 2024, toutes les plus grandes institutions françaises sur la santé reprennent un chiffre de 1981 sans source, et basent leur prise en charge dessus
(on se souviendra que Gabriel Attal annonçait qu’il libérerait 15 millions de consultations par an, notamment avec les TROD délégués aux pharmaciens chez les personnes de plus de 10 ans). Apparemment, 55,4M d’habitants (1981), 58M (1991) ou 68M (2024), ça ne change rien sur la prévalence des angines. En pratique, feu l’observatoire de médecine générale de la SFMG indiquait en 2009 que 3175 des 68188 patients inclus consultaient pour angine… soit 4,66 % (quand je vous disais que 1,3 % au-dessus c’était très peu !). En extrapolant aux 51,6M de « consommants » des soins en 2006, on serait donc plutôt à 2,4M d’angines selon les médecins généralistes (notons d’ailleurs que si on utilise le chiffre plus haut de « 1,3 séances médecins/100 pour angine en 1981,. C’est aussi un chiffre imparfait, mais qui se rapprocherait davantage du nombre de TROD utilisés.
Cherchez la source et n’hésitez pas à tout remettre en question !
Et évidemment, si vous demandez à une IA, elle vous sortira 9 millions avec les principales sources Google… et beaucoup d’aplomb face auquel vous devrez garder votre esprit critique.

Garder une certaine exigence littéraire

Bien que l’écriture scientifique ne permette pas de faire du Proust ou du Zola, vous pouvez tout de même viser un texte final de qualité, simple, clair et agréable à lire.
Je parle ici du texte final : comme dit avant, vous pouvez écrire « au kilomètre » pour un premier jet moche, ce n’est pas grave, c’est normal et c’est même très bien… comment atteindre la perfection si on ne part pas de la « non-perfection » ? 😉
C’est la réécriture qui permettra d’améliorer… mais pour réécrire, il faut déjà avoir écrit ! Si vous bloquez au stade de l’écriture, je vous renvois aux premiers billets sur le choix de sujet, sur la structure et longueur de la thèse, etc.

Lors de la réécriture, voici quelques grandes idées pour que le texte soit agréable à lire :

  • Epurez : préférez les phrases courtes, limitez les adverbes, les double négations et les phrases creuses et mots vagues (« il a été noté que », « il y avait », « généralement »…) ;
  • Simplifiez : utilisez des mots simples, mettez les mots clés (dont verbes) en début (ou fin) de phrase, optez pour des constructions simples (sujet-verbe-complément) autant que possible ; exprimez les choses simplement pour que ça soit facile à comprendre — votre but n’est pas de fatiguer le lecteur mais qu’il trouve votre travail intéressant ;
  • Construisez votre propos de façon logique : enchaînez vos idées de façon évidente d’un point de vue temporel (les causes puis les effets, etc.)
  • Organisez pour clarifier : la clarté viendra de votre organisation préalable comme évoqué les jours précédents (écrire le squelette de votre thèse, aller chercher les informations utiles puis écrire — appelez ça « feuille de route », « squelette », « modèle détaillé », « synopsis », peu importe). Cela peut se rapprocher de la méthode d’écriture itérative du « flocon de neige » (vous partez d’une phrase en 15 mots, secondairement détaillée en un paragraphe résumé, qui sera lui-même détaillé phrase par phrase en paragraphes plus détaillés, à l’image des ramifications d’un flocon lorsqu’on zoome dessus) ;
  • Ecrivez rapidement les idées clés (take-home messages et autres lignes mémorables) : comme en fiction, c’est souvent plus facile d’écrire en connaissant la fin, ce qui permet de tout rédiger pour amener vers cette fin… ;
  • Rédigez un paragraphe pour chaque sujet : un paragraphe = une idée… qui doit arriver rapidement et simplement ;
  • Privilégiez la voix active (ce qui implique d’avoir recours à des « nous » en français — ce qui n’est pas consensuel) ; par exemple, « nous avons inclus 150 patients » plutôt que « 150 patients ont été inclus » ;
  • Limitez les négations : « il n’est pas autorisé de conduire à gauche » est moins bien que « il est interdit de conduire à gauche » ;
  • Supprimez les mots inutiles — notamment des adverbes ou des phrases creuses (« il a été noté que », « il est notoire que », etc.) ;
  • Evitez les abréviations, sauf si elles sont connues (MG pour médecin généraliste, ça passe ; MGL / MGS pour médecin généraliste libéral / salarié, ça complique la lecture pour ne faire gagner que du temps de rédaction — ce dont se fiche le lecteur !). Dans tous les cas, la première occurrence de l’abréviation doit être en toutes lettres suivi de celle-ci entre parenthèses.
  • Exprimez les idées coordonnées dans une forme similaire (on revient sur l’idée de phrases symétriques évoquée plus haut : « j’ai appris la trompette ; j’apprends maintenant le piano » est plus simple à lire que « j’ai appris la trompette, et maintenant le piano m’est enseigné »… ou encore cette présente « liste de grandes idées » qui commence systématiquement par un verbe)
  • Traquez les verbes « faibles » (avoir, être, etc.) et utilisez les noms ou adverbes prévus lors du premier jet rapide pour en faire des verbes « forts ». Une façon pertinente de se relire est de ne lire… que ses verbes !
    • Par exemple : « le taux de 20 % en 2020 est passé à 30 % en 2024″ -> « le taux a augmenté de 20 à 30 % entre 2020 et 2024″
    • Ou : « Il y avait (ou notre travail montre) une amélioration des douleurs à J7 sous paracétamol » -> « le paracétamol a amélioré les douleurs à J7″.
    • Ou encore : « Un débat sur les retraites a eu lieu hier à l’Assemblée, dans une session que les parlementaires ont pris la décision d’écourter » -> « Les parlementaires de l’Assemblée ont débattu hier sur les retraites, dans une session qu’ils ont décidé d’écourter »
  • Débutez fort : le lecteur retiendra surtout le début et la fin de l’article, soignez les. C’est la même chose dans chaque sous-section, et mêmes dans chaque phrase : mettez le verbe tôt dans la phrase, proche du nom, pour faciliter la compréhension.
  • Osez ! Vous avez le droit de trouver quelques « punchlines » dans votre thèse, de proposer des éléments controversé (tant que c’est sourcé !)

Lorsque vous aurez relu plusieurs fois votre thèse, et que vous en aurez marre, vous pouvez la lire à voix haute (pour démasquer d’autres problèmes — voire vous la faire lire, éventuellement par une IA si vous ne trouvez personne pour ça)… Si le temps le permet, vous pouvez aussi laisser reposer quelques jours/semaines afin de pouvoir la redécouvrir d’un oeil plus neuf.

Je le redis : ces propos ne sont pas tous consensuel, et un relecteur pourra vous rétorquer que la revue limite le recours à « nous » et préfère la forme passive. Ce sont aussi des habitudes éditoriales à respecter pour une publication… mais pour la thèse, c’est vous le responsable éditorial !

Quelques questions (et réponses non consensuelles)

A quel temps écrire : passé, présent ou futur ?

On considère (à tort, comme dit avant !) que la rédaction a lieu après avoir fini l’étude, pour en relater les résultats. Le temps d’écriture est donc le passé (passé simple, passé composé, imparfait) dans toutes les sections, de l’introduction à la conclusion. Bien sûr, il y a quelques moments où il est logique de recourir au présent ou au futur :

  • Le présent est utilisé pour les généralités, notamment en introduction et discussion : « L’incidence du diabète de type 2 augmente avec l’âge » (au passé ou futur, ce serait bizarre).
  • Le futur est utilisé dans la section discussion > perspectives : « Dans notre étude, le délai moyen entre une infection COVID et un décès était de 21 jours en 2020. Nous réaliserons une nouvelle étude sur les données de 2022 et 2024″.

Faut-il privilégier les formes actives ou passives ?

A choisir, la forme active est plus agréable à lire ! La voix passive est plus lourde, crée du mystère en évinçant potentiellement le COI, inverse les causes et effets dans la lecture… et déresponsabilise les auteurs ! Le passif peut être intéressant toutefois en section « méthodes » pour éviter de débuter chaque phrase par « nous avons… »

Par contre, certaines revues préfèrent éviter le « nous »… et donc privilégient une forme passive et neutre : « xxx patients ont été inclus », « l’objectif de cette étude », etc. C’est un choix éditorial, et tout est possible.

Peut-on utiliser « je » ou « nous » ?

De manière générale, on n’utilise pas « je » (même dans sa thèse) mais « nous ». Même si vous êtes seul (avec votre directeur quand même !)
Une anecdote célèbre est celle de Jack Hetherington qui a écrit un article seul en 1975… mais pour ne pas retaper son papier en remplaçant « nous » par « je », il a intégré en co-auteur F.D.C. Willard… son chat (Felix domesticus Chester, fils de Willard). Ce n’est pas le seul animal qui a co-écrit des articles : citons Galadriel Mirkwood en 1978 (raconté ici), Bruce Le Catt en 1982 (avec un erratum en 2017), Grandmother Liboiron en 2017 ou encore… Nemo Macron en 2020 dans un article canular que j’ai largement raconté ici !
Comme dit juste au-dessus, certaines revues n’aiment pas le « nous » ; d’autres s’en fichent (par exemple, l’article de Nature en 1953 par Watson & Crick — et Rosalind Franklin non citée — débute par « We wish to suggest a structure for the salt of DNA »)

Puis-je faire des copier-coller de cet article / cette recommandation ?

Je déconseille fortement.
D’une part, vous vous exposez à des problèmes (improbables) avec le contrôle anti-plagiat.
D’autre part, il n’est pas agréable lors de la lecture de sentir un changement de style d’écriture, et de se dire qu’on lit une recommandation que l’auteur de la thèse a peut-être lu moins attentivement que nous… Vraiment, écrivez avec vos propres mots, et sourcez tout ce que vous dites : personne ne vous critiquera d’avoir essayé de comprendre et de faire comprendre…

Y’a-t-il un ordre pour écrire ?

Dans un billet de 2010-2011, l’ADML (ex-AACC) propose de faire : tables et figures / résultats / méthodes / introduction / discussion / abstract.
Je ne suis pas d’accord avec ça, parce que ça implique de n’écrire qu’une fois les tables, figures et résultats disponibles. Pour moi, la « méthode du flocon » évoquée au-dessus est meilleure : vous écrivez les titres de sous-section de l’introduction, méthodes, résultats, discussion, conclusion ; vous insérez quelques idées clés dans chacune de ces sous-sections ; vous détaillez progressivement selon vos envies du jour et les données à votre disposition.

De la lecture…

Comme évoqué en début de billet, voici quelques organismes qui ont proposé des guides… parfois discordants les uns avec les autres sur les avis :

  • J’avais beaucoup aimé en novembre 2013 le MOOC Writing in Sciences de Kristin Sainani (Coursera / Stanford), qui connait chaque année de nouvelles éditions, et dure environ 30 heures ;
  • Elle appuyait notamment son exposé sur le livre de 1918 « The Elements of Style » de William Strunk, Jr. ou encore « On Writing Well: The Classic Guide to Writing Nonfiction » de William Zinsser
  • Le CNGE Formation propose une formation « Rédiger pour publier », à destination des généralistes enseignants principalement (animé régulièrement par Jean-Pierre Lebeau, rédacteur-en-chef d’Exercer) ;
  • L’ADML (Association for Diagnostics and Laboratory Medicine – anciennement AACC) a publié en 2010-2011 son Clinical Chemistry Guide to Scientific Writing en 14 parties (incluant aussi le rôle de reviewer, etc.) ;
  • L’International Committee of Medical Journal Editors (ICMJE) propose des recommandations en ligne, traduites en français ; la plupart des revues incitent à les suivre dans leurs « recommandations aux auteurs » (par exemple Exercer) ;
  • l’International Society of Medical Publication Professionnals (ISMPP) a publié les Good Publication Practice 3 disponibles en anglais ici ;
  • si vous vous passionnez pour l’écriture scientifique, sachez que l’European Medical Writers Association publie le journal Medical Writing ;
  • J’ai également cité dans le 1er billet (avant-propos) quelques sources utiles, dont « La rédaction pour la recherche en santé » ;
  • Enfin, il existe de nombreux ouvrages (et sites, blogs, podcasts, etc.) sur l’écriture de manière générale, dont certains éléments (mais pas tous !) peuvent être réutilisés en rédaction scientifique.

LE MOT POUR LE DIRECTEUR
En tant que premier relecteur du travail, j’ai 3-4 obsessions : tout doit être (bien) sourcé – tout doit être clair, sans ambiguïté – le style doit être fluide (suppression des mots inutiles, verbes forts, formes actives, etc.)
Il est souvent difficile de couper son propre texte pour des raisons diverses (notamment si on a passé beaucoup de temps à relire et réécrire déjà)… mais c’est beaucoup plus simple en tant que directeur, dépourvu de ce type de sentiments, d’épurer et de supprimer ce qui est inutile.
A titre personnel, je supprime aisément des mots, parfois paragraphes redondants (notamment dans les résultats). J’ai plus de difficultés à supprimer toute une section qui aurait été bien rédigée et construire, même si elle n’apporte rien à l’article prévu (en dehors de l’objectif). Dans ce cas, je propose de résumer cet hors-sujet en une phrase et de mettre le reste en annexe (ex. « La physiopathologie de la Schtroumpfose reste controversée (Annexe 1) »).

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[Avent 2024 – Ecrire sa thèse] – 7/24 – Quelques bases sur Word : mise en page, typographie et corrections

Si vous arrivez ici sans avoir lu ce qui précède, je vous renvoie tout de suite au billet précédent où est mis à disposition mon modèle de thèse.
A l’intérieur de ce modèle, plusieurs éléments de mise en page et de typographie sont déjà largement précisés. Néanmoins, nous allons en reparler ici dans ce billet.
Encore une fois, j’ai pris le parti d’utiliser Word, parce que par expérience c’est celui le plus utilisé par tout le monde ; d’autres options existent en local (LibreOffice, OpenOffice) ou en ligne (Google Docs, OneDrive, LibreOffice Online, etc.). Dans l’absolu, vous pouvez même utiliser des logiciels plus « exotiques » tels que Notes, Scrivener, Dokuwiki, Markdown, etc. mais ils ne seront pas compatibles avec Zotero et seront probablement méconnus de votre directeur qui n’y aura pas ses habitudes de relecteur… Mettez-vous d’accord d’emblée avec votre directeur, qui devra relire et corriger votre thèse !

« Au secours, je ne comprends rien à la mise en page »

Le fichier est déjà pré-formaté et le principal risque est que vous cassiez tout. Ne cassez pas tout. S’il vous plait, pensez à la santé mentale de votre directeur — surtout s’il est un peu obsessionnel… Voici quelques trucs et astuces pratiques que je vous recommande de mettre en pratique pendant la lecture.

Pour vous repérer dans votre document, vous pouvez activer le volet de navigation (Affichage > cliquer sur volet de navigation). A gauche du document s’affiche votre table des matières avec les titres et sous-titres.

La table des matières est également présente dans votre document (si besoin, elle peut être facilement reconstruite dans Références > Table des matières). A la toute fin de la thèse, pensez bien à mettre à jour votre table des matières (clic droit > Mettre à jour les champs > Mettre à jour toute la table).

Pour intégrer de nouveaux titres dans la table des matières (et le volet de navigation), il faut bien utiliser les styles (vous pouvez cliquer sur Accueil > Volet Styles pour avoir un volet à droite). Outre le caractère indispensable pour faire une table des matières, cela vous permettra de faire une mise à jour de tous les « Titre 3 » si vous le souhaitez (pour les mettre en italique par exemple), et vous évitera une architecture incompréhensible !

Pour comprendre la mise en page, je vous conseille d‘afficher les marques de mise en forme (en cliquant sur le symbole « pied-de-mouche » ¶). J’ai longtemps pensé que ceux qui activaient cette option étaient des extraterrestres en cours d’invasion, mais j’avais tort : ces marques permettent de révéler les erreurs invisibles dans votre mise en page (tels que de multiples espaces inutiles en lieu et place de tabulations, sauts de pages ou de section, etc.)

Lorsque vous voulez passer à la page suivante, faites un saut de page (Mise en page > Saut de page > Page). C’est utile notamment lorsque vous voulez mettre un tableau en entier sur une seule page.

Lorsque vous voulez séparer votre document pour avoir des en-têtes différents (par exemple avoir « Introduction », « Matériels et méthodes », « Résultats », « Discussion » et « Conclusion » en haut) ou pour avoir une page au format paysage au milieu de votre document en portrait, il faut utiliser des sauts de section (Mise en page > Saut de page > Saut de section en Page suivante).
Par exemple, pour avoir une section (une ou plusieurs pages) en Paysage, vous faites un saut de section juste avant et un à la toute fin de la section en Paysage ; sur la partie entre ces 2 sauts de section, vous cliquez sur Mise en page > Orientation > Paysage… et voilà.

Enfin, de façon facultative pour la thèse, vous pouvez utiliser les légendes (pour appeler les Figures et Tableaux), les renvois (pour y renvoyer) et les index de tableaux et figures (pour faire une liste des figures et tableaux du document). Ces trois éléments sont dans l’onglet Insérer. Je ne l’ai pas fait dans le modèle pour rester simple et efficace.

L’ASTUCE « SPEEDRUNNER SA THÈSE »
Pour éviter de vous perdre dans « introduction », vous pouvez créer des sous-titres temporaires (voués à disparaître) que vous compléterez au fur et à mesure de vos recherches et de votre motivation. Grâce à l’affichage du volet de navigation, vous aurez un aperçu très détaillé de votre plan mais aussi du déroulé de votre pensée logique au sein de chaque partie.
Par exemple, si vous étudiez la prévalence de la Schtroumpfose chronique dans les cabinets de médecine générale de votre territoire, vous pouvez prévoir le plan :
– Introduction (Titre 1)
— Définition de la Schtroumpfose (Titre 2)
— Aiguë (Titre 3)
— Chronique
— Prévalence de la Schtroumpfose
— Dans le monde
— En Europe
— En France / dans la région / la CPTS…
— Modalités de repérage en médecine générale
— Mode de dépistage dans le monde
— Mode de dépistage en France
— Questionnaires validés
— Facteurs associés à la Schtroumpfose
— Prévalence dans ces facteurs dans le territoire X (définir le territoire)
— Hypothèse quant à la prévalence de la Schtroumpfose dans le territoire X
— Objectifs
En créant un plan de ce type, vous savez où vous allez, vous savez ce que vous cherchez, et ça évite de vous perdre dans la littérature et dans votre introduction !

Suivi des modifications

Pour bien suivre les modifications/corrections, votre directeur de thèse peut être amené à utiliser le suivi des modifications. Attention, vous ne devez PAS refaire les modifications une à une, il suffit de les accepter (rien n’est plus pénible que faire 2 fois le même travail de relecture !)

En pratique, il y a quelques astuces sur Word, dans l’onglet Révision :

  • Suivi des modifications : active ou désactive le fait que les modifications vont apparaître d’une couleur différente,
  • Suivi > Toutes les marques : vous pouvez choisir « Final » pour voir à quoi ressemblera le document fini… ça permet notamment d’éviter les double espaces ou espaces manquant lors des révisions (ça, c’est plutôt pour votre directeur en fait),
  • Accepter / Refuser : normalement, vous pouvez presque toujours faire « accepter toutes les modifications ».

Là encore, il y a des tutoriels sur le site de Microsoft… et vous pouvez trouver facilement des tutoriels sur internet si vous voulez (ici par exemple).

Tableaux, figures et chiffres

Par convention, la légende s’écrit au-dessus pour un tableau (Tableau 1 : Caractéristiques de la population, suivi du tableau)… et en-dessous pour une figure (figure, suivie de Figure 1 : Diagramme de flux). Au passage, pour une thèse en français, on privilégiera des expressions françaises telles que diagramme de flux à flowchart.

Si vous hésitez entre un tableau et une figure, le tableau est probablement préférable. Il permet de synthétiser le maximum d’informations en un minimum de place : c’est un outil redoutable pour votre thèse-article ! L’intérêt d’une figure est surtout d’illustrer des données un peu longues à expliquer.

Un tableau doit être rempli comme sur Excel par exemple, avec une case correspondant à une information au croisement d’une ligne et d’une colonne. Attention à ne SURTOUT pas mettre tout dans une seule case. Autrement dit, ne faites pas ça :

Nombre de thésés (%)
Hommes
Femmes
64 (61,5 %)

40 (38,5 %)
Etudiant en deuxième cycle (externe) (N = 300)
Etudiant en troisième cycle (interne) (N = 200)
4 (1,3 %)
100 (33,3 %)

Mais faites ça :

Nombre de thésés (%)
SexeMasculin64 (61,5 %)
Féminin40 (38,5 %)
Niveau d’étudesDeuxième cycle (N = 300)4 (1,3 %)
Troisième cycle (N = 200)100 (33,3 %)

Pendant la rédaction, je vous conseille de laisser les traits sur les tableaux. A la fin, pour la mise en page finale, vous pourrez faire de plus jolis tableaux épurés, avec juste le trait haut, le trait sous la première ligne, et le trait sous la dernière ligne (comme montré dans le « modèle de thèse »).

A propos des chiffres, vous noterez que j’ai utilisé ici des nombres en valeur absolue puis pourcentage (ne présentez pas que des pourcentages !). Le nombre de décimales est minimal pour faciliter la lecture sans perdre d’information par rapport à 61,54 % – 38,46 % – 1,33 % – 33,33 % qui sont déjà plus lourds à lire. Enfin, lorsqu’ils sont une part d’un tout, la somme des pourcentages fait 100 % (ici, 61,5 + 38,5 % pour sexe « homme » – « femme »).

Règles typographiques de base en français

Il y a quelques règles typographiques de base à connaître :

  • Une phrase commence par une majuscule et se termine par un point… sans dans les légendes de tableaux et figures où on omettra le point ;
  • En France, il y a 2 types de ponctuation :
    • les ponctuations avec 1 élément (point et virgule) : il n’y a pas d’espace avant, mais il y a une espace après… (au passage, espace est masculin, sauf en typographie où on dit « une espace » — mais je fais souvent l’erreur, vous le verrez peut-être au masculin !)
    • les ponctuations avec 2 éléments (deux points, point-virgule, point d’interrogation, point d’exclamation, « double » tiret – semi-cadratin ou — cadratin) : il y a une espace avant et une espace après. Voyez ? Comme ça !
    • Mais comme la langue française est riche en exceptions… pour les parenthèses (1 seule élément), il y a un espace avant et un espace après (comme ceci donc) !

Une autre règle importante est celle sur les espaces insécables (Ctrl+Maj+Espace sur PC et Mac), qui peuvent être mis systématiquement dans :

  • une suite de chiffres (1 234 567) ou une équation (7 + 11 = 18)
  • un chiffre suivi d’un symbole (20 €, 8 %, p < 0,05, 25 janvier 2008, XXIe siècle…)
  • les éléments d’une expression ou d’un titre honorifique ou de civilité ou des initiales (Dr M. Blanc)

Toutefois, vous pouvez opter pour 2 solutions alternatives et pragmatiques :

  • mettre des espaces partout MAIS lorsque la composition pose problème avec des « veuves et orphelins », savoir utiliser ces espaces insécables !
  • utiliser un correcteur automatisé de typographie… dont on parle ci-dessous !

Savoir se corriger (qu’on fasse un peu ou beaucoup de fautes)

Que vous ayez été lauréat aux Dicos d’or ou que vous fassiez 4 fautes par phrase, à un moment il faudra rendre un manuscrit propre à votre directeur de thèse puis au jury.

Je vous conseille donc d’utiliser l’option native de Word « Vérifier l’orthographe et la grammaire » en cochant toutes les options (sur mac : Word > Préférences > Grammaire et orthographe ; sur PC : Fichier > Options > Grammaire et orthographe — vous pouvez de toute façon toujours trouver les tutoriels facilement sur le support Microsoft)

Vous pouvez également acheter Antidote (Druide), qui existait en local ; depuis la version 2024, il est désormais en abonnement à 60€ par an (avec 30 jours gratuits). Dans ce cas, attention à ne pas tout accepter en correction : il faut tout voir un à un (pour éviter la francisation d’anglicismes voulus, les corrections typographiques indues dans vos références bibliographiques, etc.). C’est par contre redoutablement efficace pour corriger toutes les petites erreurs de typographies tels que les double espaces, les espaces avant/après ponctuation, les espaces insécables ou non, etc.
Il existe des alternatives à Antidote : Scribes, MerciApp, LanguageTool, etc.

Pour une correction « automatisée », vous pouvez également faire appel à l’intelligence artificielle (ChatGPT, etc.) : comme déjà évoqué lors du choix du thème, ou ci-dessus avec Antidote, il faut rester prudent avec les corrections proposées et ne pas tout prendre pour argent comptant.

Enfin, outre ces 3 options de corrections automatisées, vous pouvez également faire appel à un correcteur extérieur — parmi vos proches ou votre famille en général (il existe sinon des professionnels).

Et comme ça fait déjà pas mal d’informations, arrêtons là ! Demain, nous parlerons du style et d’écriture scientifique.

LE MOT POUR LE DIRECTEUR DE THÈSE
Les quelques règles évoquées dans ce billet sont capitales : si elles sont bien suivies, ce sera un gain de temps précieux pour vous éviter des corrections de forme… Ca vous permettra de vous concentrer sur le fond, plutôt que de corriger des fautes d’alignement dans des tableaux ou une orthographe hasardeuse. Pensez à faire ce rappel avant le début de rédaction !

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[Avent 2024 – Ecrire sa thèse] – 6/24 – Utilisez un modèle de thèse pré-formaté

Il est probable que votre faculté propose un modèle de thèse un peu basique : par exemple pour Lille, il y a une maquette de 1ère et 4ème pages. Il faut bien sûr utiliser ces modèles à jour pour l’uniformité des thèses au sein de la faculté (avec un avertissement sur le fait que les opinions n’engagent pas la faculté, les conflits d’intérêt, parfois la liste des professeurs de l’université, les remerciements, etc.)…

Il est aussi pertinent pour gagner du temps d’avoir aussi une trame pré-formatée du contenu. Vous pouvez vous amuser à réinventer un modèle de thèse de zéro, ou en reprenant exemple sur des thèses déjà publiées…
Mais le plus simple, c’est vous procurer un modèle « prêt à remplir », proposé par votre directeur par exemple.
Sur le site Objectif Thèse, cité dans le premier billet, Emmanuel Chazard propose un « modèle de thèse en français » qui est très bien.
Dans ce billet du jour, je vous présente et vous propose mon modèle de thèse en libre téléchargement. Il est prévu pour des thèses quantitatives mais nous verrons plus bas que la trame est très similaire en qualitatif — sauf pour la section méthodes.

Quel logiciel utiliser ?

Par habitude, j’utilise la suite Microsoft (Word, Excel, PowerPoint…) et par expérience, c’est l’outil le plus utilisé par les internes que j’ai encadrés. Toutefois, vous pouvez tout à fait utiliser LibreOffice ou OpenOffice, ou ce que vous voulez (évitez des choses exotiques pour une thèse telles que Notes, LaTeX, Final Draft, Scrivener…).
Une autre possibilité est d’utiliser Google Docs ou OneDrive ou des pendants libres tels que LibreOffice Online ou Etherpad (vous pouvez trouver mon modèle Google Docs à enregistrer depuis ce lien).

Pour le choix entre une solution locale type Word (LibreOffice, etc.) et une solution en ligne (Google Docs, OneDrive, LibreOffice Online, Etherpad, etc.), il faut penser au partage avec votre directeur(rice) pour la relecture et les corrections… et à la sauvegarde car la thèse est de ces fichiers maudits qui finissent par être perdus quand la date butoir approche :

  • La solution en ligne permet d’éviter la perte et de partager en continu (évite le : « oh non ma clé USB a été mangée par mon chien et un train a roulé sur mon ordinateur, quelle mauvaise journée je passe ») ;
  • La solution locale permet de garder les données chez vous et de partager à certains moments opportuns (en sachant que le travail est un peu en stand-by pendant la phase de relecture).

Quelque soit votre choix (local ou en ligne), il faut idéalament le faire là, avant de débuter ! La raison principale est que le passage de l’un à l’autre a tendance à altérer un peu la mise en page… et surtout n’est pas toujours si simple avec le logiciel de gestion des références bibliographiques (Zotero).

L’ASTUCE « SPEEDRUNNER SA THÈSE »
Si votre but est d’aller vite, la solution « en ligne » est celle qui vous fera gagner le plus de temps.
Elle vous permet d’avoir un retour de votre directeur régulier si vous le souhaitez, tout en vous permettant de continuer à rédiger même lorsqu’il relit. Si c’est pertinent (rarement le cas), vous pouvez même organiser des sessions de réécriture/correction en commun sans avoir à vous déplacer : le temps que vous ne passez pas dans un transport est du temps que vous pouvez consacrer à votre thèse.

Trame d’une thèse

Bon, ça y est, vous avez téléchargé le fichier ? De nombreuses informations sont déjà à l’intérieur et on pourrait arrêter là pour aujourd’hui. Néanmoins, je développe ici rapidement le contenu. Vous verrez qu’introduction, résultats, discussion et conclusion comportent les mêmes sous-parties qu’on soit en qualitatif ou en quantitatif. Ce qui change principalement est la section méthodes (et bien sûr le contenu de la section résultats).

  • PAGE DE TITRE, AVERTISSEMENT, REMERCIEMENTS, DÉCLARATION DE LIENS D’INTÉRÊTS…
  • RÉSUMÉ (1 page)
  • INTRODUCTION (1-2 pages) : à penser en « entonnoir » du plus général à la question de recherche précise
    • Contexte : définitions (des mots de votre titre notamment !), historique… (faire une version courte et si besoin, détailler en annexes)
    • Ce qui est connu sur votre sujet précisément (en détaillant si c’est pertinent) :
      • Dans le monde
      • En Europe
      • En France
      • Dans la région / le département
    • Ce qui n’est pas connu (et pourquoi ça n’est pas connu)
    • Hypothèse(s)
    • Objectif(s) d’étude
  • METHODES (2 pages) : c’est la recette de cuisine, pour que quelqu’un qui veut reproduire vos résultats puisse le faire.
    • Type d’étude
      • Etude quantitative
        • Etude épidémiologique
          • descriptive (série de cas, transversale, longitudinale)
          • analytique (cas-témoin, cohorte, expérimentale)
        • OU étude diagnostique
        • OU étude thérapeutique (en intention de traiter, per protocole)
      • Etude qualitative
        • Bibliographie, étude de cas
        • Théorie ancrée
        • Ethnographie
        • Phénoménologie
      • Revue de littérature (narrative, systématique, systématique avec méta-analyse, parapluie)
      • Contexte
        • Lieux : monocentrique ou multicentrique
        • Dates : recrutement, exposition, suivi…
        • Prospective (choix des variables recueillies en amont) ou rétrospective (utilisation de bases déjà existantes)
      • Population :
        • Si quantitatif : vous allez chercher à être représentatif de la population :
          • Critères d’inclusion (population cible → population source → population incluse)
          • Critères d’exclusion
        • Si qualitatif : vous allez être en recherche de variation maximale (plus grande diversité d’avis)
      • Variables / recueil de données :
        • Quantitatif :
          • Variable à expliquer / critère de jugement principal
          • Critères de jugement secondaire le cas échéant
          • Variables explicatives (détaillées avec précision quant à leur unité, leur mode de recueil (traitements recueillis dans le dossier, antécédents recueillis oralement et codés selon la classification CIM-10…), mesures prises pour éviter les biais, etc.)
        • Qualitatif :
          • Entretiens (structurés, semi-structurés, approfondis, de focus groups)
          • Observation (directe participante, directe non participante, indirecte par analyse documentaire, indirecte par analyse de transcription)
          • Méthodes de consensus (groupe nominale, méthode Delphi)
      • Ethique et réglementation
      • Analyses des résultats :
        • Quantitatif : analyses statistiques
          • Gestion des données manquantes (imputation – rare dans une thèse…)
          • Tests utilisés (corrélation de Pearson, test t de Student, Chi2, ANOVA, régression linéaire, régression logistique, etc.)
          • Risque alpha à 5 % (classiquement)
          • Logiciel utilisé (Excel, R, SPSS, Jamovi, etc.)
        • Qualitatif :
          • Tests utilisés (théorie ancrée, phénoménologie interprétative, analyse du discours, ethnographie, etc.)
          • Logiciel utilisé (NVivo, etc.)
  • RESULTATS (2-3 pages) : tout l’art ici est d’être synthétique et les tableaux sont des aides précieuses en quantitatif.
    • Description de la population
      • En quantitatif, faire un flowchart (cible → source → inclus → analysés, en précisant le nombre et raisons d’exclusion à chaque étape)
      • Tableau 1 avec les caractéristiques de la poulation
    • Résultats principaux (objectif principal)
      • Si quantitatif : pensez aux intervalles de confiance à 95 % pour toute mesure concernant un échantillon (comme dit précédemment, préparer les tableaux attendus avant même d’analyser les résultats ça permet de ne pas se laisser influencer ou de se perdre dans une foultitude de données !)
    • Résultats secondaires (objectifs secondaires)
  • DISCUSSION (2-4 pages) : la trame est toujours la même avec résultats principaux, comparaison, forces et limites, perspectives
    • Résultats principaux (si vous avez 2 sous-études avec 2 grands types résultats, n’hésitez pas à faire un sous-titre par exemple « chez les médecins » / « chez les patientes » ; ensuite, utilisez les mêmes sous-titres dans les parties suivantes de comparaison à la littérature, forces et limites)
    • Comparaison des résultats à la littérature
      • Pensez à comparer les caractéristiques de votre population à la littérature ; si vous étudiez des médecins : l’Atlas démographique de l’Ordre (national ou région) et l’annuaire RPPS (https://annuaire.sante.fr/web/site-pro/extractions-publiques)
      • Si vous utilisez des données hospitalières : ScanSanté
    • Forces
      • Validité externe avec la littérature,
      • Validité interne avec la méthodologie
    • Limites (et comment vous les avez limitées)
      • Biais de sélection
      • Biais d’information
      • Biais de confusion
      • Etc.
    • Perspectives
  • CONCLUSION (1 page)
    • Ce qui est désormais connu (interprétation prudente et généralisation)
    • Ce qui change dans les pratiques

Comme dit précédemment, la thèse finale, du premier mot de l’introduction au dernier de la conclusion (sans le résumé, les références bibliographiques et les annexes donc) doit faire la taille d’un article soit environ 20 000 signes espaces comprises, soit environ 10-12 pages en interligne 1,5 notamment en quantitatif (un peu plus en qualitatif pour les résultats). S’il y a d’autres choses à ajouter (et il y en aura), ce sera pour les annexes.

Ce plan est une base un peu universelle. L’idée est de faire une sorte de « calage », comme dans les revues de presse, pour savoir ce que vous cherchez et où le mettre dans votre thèse-article. 

Enfin, comme dit précédemment, vous n’aurez pas à écrire ça de façon linéaire !

Dans le billet suivant, nous parlerons davantage de techniques, avec quelques connaissances à avoir sur Word pour ne pas tout casser, et savoir gérer les principales difficultés de mise en page que vous rencontrerez.

LE MOT POUR LE DIRECTEUR DE THÈSE
Mon meilleur conseil sur cette section est de vous faire VOTRE modèle de thèse personnalisé. Vous pouvez reprendre le mien (ou un autre), et le modifier à votre guise : glissez-y vos conseils, vos remarques, vos choix sur la longueur de telle ou telle section, etc.

Et bonne fête de Saint-Nicolas ! J’aurai sûrement un édito dans Egora ce jour ou dans le week-end.

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[Avent 2024 – Ecrire sa thèse malgré une motion de censure] – 5/24 – Commencez à rédiger… et sautez le brouillon !

Dans les 4 premiers billets, nous avons de comment trouver : la motivation – l’intérêt – le sujet…

A ce stade, normalement vous avez une idée un peu vague qui commence à se dessiner (voire une question de recherche — on y reviendra plus loin). Admettons pour ce billet que vous vous intéressez au vécu de l’alopécie androgénique chez les internes en médecine générale de moins de 30 ans.
Vous allez donc commencer à lire des articles, des résumés, puis tomber sur des rapports d’instituts, d’agences, de sociétés savantes, de conseils scientifiques, de hautes autorités, de haut conseil ou d’autres organismes plus ou moins théodule dont nous avons le secret en France…
Rapidement, vous allez avoir des informations sur la prévalence (16 % des 18-29 ans), la pathogenèse (avec le dihydrotestostérone et la 5-alpha-réductase), la génétique (80 % de la variance est liée à la génétique dans des études chez des jumeaux), le diagnostic avec les scores (Hamilton-Norwood), les traitements en 2024, etc.
Va donc se poser la question suivante…

Dans quoi dois-je prendre des notes ?

Il y a plusieurs écoles, qu’on peut aussi rapprocher de modes d’écritures (de fiction) :

  • ceux qui vont tout lire et rien noter (tout découvrir sur le sujet, avant de le traiter, la « méthode papillon ») : le risque c’est rapidement d’oublier, et ensuite s’arracher les cheveux (ahah) pour retrouver cet article qui disait que la prévalence de l’alopécie était moindre chez les Esquimaux ;
  • ceux qui vont tout lire et TOUT noter sur un brouillon (carnet papier, Notes de téléphone portable, fichier txt/doc, Google Doc ou équivalent, mindmap…) pour ne rien oublier : le risque… c’est de ne jamais commencer la thèse ! C’est un peu l’équivalent de ceux qui rédigent un univers pour leur fiction pendant 10 ans (détaillant la géopolitique, l’histoire, les évènements de vie de chaque personnage…) et oublient d’écrire leur histoire dans ce si joli cocon qu’ils ont préparé ;
  • ceux qui écrivent directement et vont chercher essentiellement ce dont ils ont besoin : en narratologie, je rapprocherais ça de « l’arène de récit » ou storyworld (chère à John Truby dans l’Anatomie du scénario), c’est-à-dire le cadre qui va être montré au lecteur, spectateur de l’arène (cadre spatial, temporel, culturel, physique, historique, social…)

Il n’y a pas une seule bonne méthode, soyons clair ! Mais ici, il s’agit de mes conseils donc je vous livre ma préférence (qu’on appellera ici modestement « la méthode Michaël pour réussir sa thèse ») : arrêtez de lire des articles sur le sujet, sautez le brouillon et commencez à rédiger votre thèse d’emblée ! Votre objectif est d’écrire une thèse (pas un brouillon) donc… écrivez une thèse !

Comment commencer à rédiger sa thèse à ce stade précoce (et indifférencié) ?

Je vous conseille d’écrire directement sur un fichier de thèse UNIQUE et déjà formaté (on en parle demain et je vous en présente un !), en cherchant dans la littérature des réponses à des questions précises : quelle est la prévalence, comment poser un diagnostic…
Afin d’éviter de passer à côté d’informations essentielles, je vous conseille quand même de lire au moins un article très générique sur le sujet (ça peut être la page wikipedia français/anglais, une page d’encyclopédie médicale — UpToDate, ClinicalKeys, EMC Akos, etc. — ou l’article « androgenetic alopecia » NEJM ou Lancet ou JAMA ou BMJ, etc.)

Le but est (comme en fiction !) d’écrire rapidement un premier jet. Il ne s’agit pas de passer 5 heures à écrire et réécrire à l’infini les 5 premières phrases pour qu’elles soient parfaites, mais d’écrire rapidement tout ce qui vous vient, et d’y revenir après. Au pire, si c’est la première phrase qui vous bloque, commencez par la deuxième… 😉

Aussi, ne vous forcez pas à écrire de façon linéaire : au contraire, vous pouvez écrire un peu d’introduction, préparer la comparaison à la littérature en section discussion, anticiper les résultats, réviser la méthode à partir des tableaux de résultats attendus, rédiger les limites en discussion, modifier la méthode pour diminuer les limites de votre travail… Ecrivez vos forces et limites avant d’avoir envoyé votre questionnaire : c’est en les connaissant que vous les éviterez (et c’est mieux que les découvrir a posteriori). Toutes ces parties se nourrissent et vous avez même appris en Lecture Critique d’Articles (LCA) à ne pas lire de façon linéaire, donc sentez-vous libre de rédiger en papillonnant d’une partie à l’autre !

L’ASTUCE « SPEEDRUNNER SA THÈSE »
Pour aller encore plus vite, vous pouvez même faire un premier jet de votre thèse avec de faux chiffres (que vous corrigerez, bien évidemment !), histoire d’avoir directement la structure du texte (et pas seulement « insérer ici la prévalence »…) !
Par exemple : « L’alopécie touche xxx % des hommes de moins de 30 ans en France (réf) et xxx % des femmes de moins de 30 ans (réf). Les principaux facteurs de risque identifiés sont : la génétique (réf), blablabla. Les conséquences principales de l’alopécie sont des troubles psychologiques (réf), blablabla. Il existe des différences de vécu entre les hommes et les femmes (réf). Les internes de médecine générale sont exposés au public ; leur vécu de l’alopécie n’a pas été étudié à notre connaissance. Notre objectif principal était… »
Vous pourrez ensuite chercher une à une les réponses que vous vous posez à chacune des questions, puis développer à partir de cette petite trame.
Ce travail peut être fait pour toutes les sections : introduction – matériels et méthodes – résultats (avec des tableaux de non-chiffres en xx %) – discussion – conclusion.

L’intérêt est également de vous ouvrir la porte à une autre tâche : la relecture et la qualité du texte (diminuer les répétitions, améliorer les choix de verbes, etc.)

Votre écriture sera plus efficace en étant itérative : au lieu de passer 5 jours à réécrire une introduction jugée (à tort) parfaite avant d’arriver à la section méthodes, vous devriez plutôt écrire votre thèse en 1 jour en la pensant (à tort) nulle… Ce sera moche et on s’en fout.
C’est une application du principe de Pareto (ou loi des 80-20), qui dit que 80 % des effets sont le produit de 20 % des causes... c’est assez réaliste de penser que 80 % de votre thèse sera du remplissage et des généralités qui finalement prendront seulement 20 % de votre temps (et aussi que 80 % de votre temps sera consacré à seulement 20 % de votre thèse… pouvant donner l’impression fausse de ne pas avancer).

Deux mots sur vos rituels d’écriture…

J’ai déjà parlé de ça dans les jours précédents, mais la pédagogie c’est la répétition disaient Saint-Exupéry, Churchill et Mark Twain (enfin, ils ont sans doute déjà dit ces mots dans leur vie, peut-être pas exactement dans cet ordre. Au pire, ils ne sont plus à une citation apocryphe près).

Primo, ne culpabilisez pas avec votre mode d’écriture. On s’en fiche que vous consacriez 1h par jour le matin, 1h par jour le soir, 8h le week-end, 1 semaine temps plein tous les 3 mois… Faites comme vous le sentez, comme vous le pouvez avec votre vie personnelle et professionnelle. N’oubliez juste pas que vous avez une thèse et une deadline à respecter.
Si vous avez besoin de déculpabiliser à propos de ça, il y a le livre de Mason Currey sur « Tics et tocs des grands génies » qui a inspiré des infographies amusantes sur les routines quotidiennes des gens créatifs.

Deuxio, puisqu’on parle de routine d’écriture… là aussi, faites comme vous le sentez. Si vous avez envie d’écrire votre thèse exclusivement dans votre lit, dans votre canapé avec un plaid et un chocolat chaud, sur votre bureau avec une tasse de thé, dans un train… ça vous regarde !
Sachez juste identifier vos besoins et les freins :

  • est-ce que vous avez besoin d’un calme que vous peinez à trouver à la maison ? (Dans ce cas, planifiez des séances de travail au calme).
  • est-ce que vous êtes accroc aux réseaux sociaux ou jeux vidéo ou à différentes sources de notifications ? (Dans ce cas, passez en mode Avion, ou utilisez Word en mode Affichage > Focus, ou commandez-vous un Freetype TypeWriter à 500€ (gloups) : les solutions ne manquent pas)
  • est-ce que vous n’arrivez pas à écrire tant que vous n’êtes pas dans votre « flow » (ou état de grâce) qui nécessite de quelques dizaines de minutes avant d’arriver ? (Dans ce cas, planifiez plutôt quelques séances longues et épargnez-vous des tentatives sur des temps courts qui ne feront que vous donnez un sentiment d’échec inutile).

Enfin, faites juste attention si vous intégrez exclusivement du thé vert à votre routine, à ne pas finir anémié par carence martiale !

C’est tout pour aujourd’hui… demain, je vous donnerai et présenterai mon « modèle de thèse » !

LE MOT POUR LE DIRECTEUR DE THÈSE
Mon directeur de thèse et un assesseur de jury (puis directeur de master 2 et de thèse d’université et président d’université !) m’avaient dit en 2014 qu’il fallait « raconter une histoire ». J’avais compris l’idée générale, mais c’est assez récemment (environ 10 ans plus tard) que j’ai vraiment saisi l’importance que ce conseil peut avoir sur la rédaction.
En conseillant cette méthode de « l’autoroute de la thèse » ou « du premier jet en un jour », ou « de l’écriture au kilomètre » ou toute appellation de votre choix, vous inciterez à écrire une histoire globale, débarrassée de tout le superflu. Lors des réécritures itératives, l’histoire s’affinera et on aura une thèse « organique » (à la façon d’une intrigue organique) où tous les éléments feront partie d’un même organisme, tenant tous ensemble… idéalement la thèse doit perdre quelque chose d’important si vous supprimez une phrase !

« Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retrancher » (Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, 1939).

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[Avent 2024 – Ecrire sa thèse] – 4/24 – Où trouver un sujet ?

Si vous êtes un trentenaire, il est probable que vous ayez une première réponse qui vous vient en tête à la lecture de cette question, avec une étonnante précision géographico-anatomique… mais nous allons explorer ensemble quelques autres voies.

Voie N°1 : réfléchir à vos centres d’intérêt hors médecine

Comme nous l’avons dit précédemment, il est important que vous aimiez votre thèse.

N’hésitez pas à vous poser la question suivante : « qu’est-ce qui m’intéresse dans la vie ? » Vous usez les salles de cinéma ? Vous vous intéressez à l’histoire locale ? Vous êtes amateur de sagas MP3 ou fictions sonores ? Vous pratiquez la course à pieds ? Vous sillonnez les grandes randonnées ? Vous dévorez des bandes dessinées ? Vous pratiquez du piano, de la trompette ?

Cherchez des sujets qui lient vos passions avec la médecine générale : vous n’aurez plus à chercher de motivation pour écrire, ce sera un bon moment de préparer et rédiger votre thèse !

Des exemples ? En 2017, Geoffroy Leleu a soutenu sa thèse sur la médecine générale et l’organisation des soins dans le Boulonnais pendant la seconde Guerre Mondiale, passant de longues heures aux archives municipales et auprès d’historiens locaux.
En août 2020, Marine Gilles (bibliovore) a dû lire et annoter 26 romans pour sa thèse analysant les épidémies de transmission respiratoire dans la littérature.
D’autres travaux plus « classiques » ont étudié des populations de coureurs, de randonneurs… chez des étudiants qui pratiquaient ces sports. Ce sont souvent des travaux qui se déroulent très facilement parce que l’intérêt pour le sujet existe avant la thèse !

Voie N°1 bis : regarder comment ces centres d’intérêt ont déjà été traités

Une fois l’idée générale dégagée (« tiens, et si je faisais un sujet médical sur la pratique de la tormpette ? »), vous pouvez creuser un peu pour voir ce qui existe, ce qui est faisable… Ici, vous pouvez simplement « trompette » en français dans LiSSa (0 résultat pertinent) puis « trumpet » en anglais dans PubMed !
(Evidemment, notez que ça fonctionne moins bien si votre passion dans la vie est le diabète de type 2).
Vous découvrirez page 1 qu’il y a des case reports sur le risque de glaucome (par pression) – un essai clinique sur l’absence d’effet de la pratique de trompette sur la spirométrie… Au passage, vous vous rendrez compte que le mot clé n’est pas terrible, puisqu’il retrouve des articles qui vont des sons des cachalots mâles méditerranéens à l’ornithophilie des fleurs bignones… En regardant les « similar articles » (sous les résumés d’intérêt), vous noterez que des mots-clés tels que « trumpet player » ou « wind instrument player » pourraient être plus pertinents pour recentrer votre requête ; nous verrons plus tard comment faire une recherche avec les mots-clés MeSH, mais c’est ici une première approche rapide pour illustrer comment commencer à réfléchir à son sujet même sans la moindre technique !

On peut reproduire l’exemple avec d’autres thèmes, dans une démarche d’exploration si vous avez plusieurs centres d’intérêts.
Par exemple, si vous cherchez « jeux vidéo » sur LiSSa, vous trouvez plus de 300 ressources avec leur intérêt en pédiatrie, gériatrie, rééducation, psychiatrie, neurologie ; leur impact sur les performances cognitives, sur le sommeil ; les risques d’addiction ; les pratiques des médecins généralistes…
Sur le même moteur de recherche, vous avez près de 70 références avec « bande dessinée » concernant son intérêt dans l’enseignement aux médecins, la place du médicament dans Tintin, l’intérêt de BD pour informer sur une pathologie ou un suivi, etc.
Ces recherches peuvent vous amener vers d’autres pans de recherches méconnus, tels que la « bibliothérapie » pour la littérature en tant que thérapie.
Concernant le terme « cinéma », vous trouverez également des références sur « la thérapie par le film », à côté d’articles sur la représentation de la psychiatrie, des addictions, des transplantations à travers les écrans, etc.

Bien sûr, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : ça n’est pas parce que ça n’est pas « votre passion » que vous ne devez pas choisir un sujet ! (Je ne voudrais pas être responsable d’une vague de sujets sur « Netflix et médecine générale »). Vous pouvez aussi préférer répondre à une question médicale qui vous intéresse. Ce qui compte, c’est que ça vous plaise.

L’ASTUCE « SPEEDRUNNER SA THÈSE »
Là où c’est intéressant de prendre un sujet « hors médecine », c’est qu’il sera probablement peu traité… et qui dit littérature pauvre dit introduction et discussion facilitées !
Vous aurez donc un sujet rapide à rédiger… qui en plus vous passionne : rien ne pourra vous arrêter sur l’autoroute en direction de la soutenance.

Et avec l’IA ? Depuis l’avènement de ChatGPT en 2022 (puis Claude, Gemini, etc.), l’IA est facilement accessible à tous : vous pouvez très simplement lancer un prompt du style « trouve-moi 10 sujets potentiels de thèse de médecine générale en lien avec la pratique de la trompette ». Comme toujours avec l’IA (et le reste), gardez un esprit critique sur les propositions qui en résulteront.

Voie N°2 : l’actualité

Vous pouvez acheter (ou consulter sur Cafeyn ou ailleurs) un journal de presse (La Voix du Nord, Ouest-France, Le Parisien, Libération, etc.), et imaginer la place du médecin généraliste dans la plupart des titres que vous voyez.

C’est un exercice intéressant parce que la presse quotidien régionale balaie souvent beaucoup de thématiques à des échelles locales, régionales, nationales et internationales : actualités, faits divers, politique, sport, économie, écologie, société, cinéma, littérature, et même des pages de paris sportifs et turf…

Voie N°3 : les dernières études publiées

Survolez les titres de revues parmi les plus prestigieuses — par exemple le British Medical Journal (BMJ), le New England Journal of Medicine (NEJM), le Lancet, le Journal of the American Medical Association (JAMA). Vous pouvez sélectionner un numéro au hasard : le dernier en date, celui du mois de votre anniversaire, etc.

Si vous voulez quelqu’un qui vous fait un Reader’s Digest de tout ça, n’oubliez pas de vous abonner à l’excellent DragiWebdo, qui peut aussi vous apporter des idées de thèse chaque semaine à partir de sa compilation des dernières études portant sur la médecine générale. @Dr_Agibus vous parlera également des communiqués d’agences biomédicales qui peuvent être des sources intéressantes (les sujets « à la une » de l’ANSM, les actualités de l’InCA, etc.)

La revue Exercer est également une mine à idées, puisqu’il s’agit très souvent de thèses de médecine générale publiées (après révision par les pairs et correction).

Enfin, il existe également des revues d’hypothèses, telles que Medical Hypotheses (ou feu Journal of Medical Hypotheses and Ideas) C’est difficilement exploitable en médecine générale, mais c’est amusant de savoir que ça existe !

Voie N°4 : les congrès (et même sans y aller !)

Voici quelques congrès de médecine générale :

  • le CMGF (Congrès de Médecine Générale France, du Collège de Médecine Générale) et la pré-conférence FAYR-GP
  • le CNGE (Collège Nationale des Généralistes Enseignants)
  • le SSMIG (Société Savante Médecine Interne Générale, en Suisse)
  • le MGOI (Médecine Générale Océan Indien),
  • la WONCA déclinée en plusieurs régions du monde (World Organization of National Colleges, Academies and Academic Associations of General Practitioners/Family Physicians)

J’ajouterais volontiers le congrès EMOIS (Information médicale)… et vous pouvez y ajouter ceux des spécialités qui vous branchent le plus (pédiatrie, maladies infectieuses, dermatologie, etc.). La liste est évidemment non exhaustive !

Vous pouvez aller à ces congrès pour baigner dans l’ambiance (je vous le recommande — dans ce cas, mettez un masque FFP2 quand vous irez, pour revenir avec plus de connaissances que de viroses). Toutefois, pour notre objectif ici de trouver un sujet de thèse, vous pouvez aussi lire les programmes depuis votre canapé, dans les transports en commun ou dans votre lit avant de dormir.

La plupart de ces congrès ont des applications (mises à jour annuellement) qui vous permettent :

  • de découvrir les programmes ;
  • d’identifier les coups de coeur du conseil scientifique et/ou du public ;
  • de lire les résumés ;
  • de regarder et lire les posters (communications affichées).

Certains congrès mettent à disposition un livre de résumé (ou « Abstract Book ») : il suffit de taper « WONCA abstract book » sur Google pour mettre la main sur quelques-uns.

Voie N°5 : les thèses et mémoires

Je termine exprès par les thèses. Il y a une cohérence qu’on retrouvera plus loin ici, qui consiste à privilégier les études publiées dans les meilleures revues, les revues indexées (validées par les pairs) puis les congrès (validés par un comité scientifique), et enfin les thèses (validés par un jury de thèse). Ce sera la même chose pour vos références bibliographiques !

Pour trouver des thèses, le plus simple est d’utiliser SUDOC (Système Universitaire de DOCumentation), le catalogue collectif national répertoriant les collections des bibliothèques universitaires françaises et autres établissements d’enseignement supérieur. Il y a donc les livres, revues et thèses hébergées dans les BU. Notez qu’avec HAL-DUMAS (Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance), vous pouvez également avoir accès à des mémoires de masters validés par jury dans toutes les disciplines.

Si vous êtes chauvin et ne voulez trouver que des thèses de votre université (en cas ouvert grâce à une identification préalable), vous pouvez chercher avec les moteurs de recherche locaux, par exemple :

Mais je le redis, utiliser SUDOC est préférable en premier car multi-université !

Normalement, une fois cette étape franchie, vous devriez avoir une idée du sujet qui va vous intéresser… et peut-être même votre question de recherche précise ! Que ce soit dans un article ou dans une thèse qui vous plait, je vous conseille de jeter un oeil à la section « Discussion > Perspectives » qui contient généralement des idées de nouveaux travaux à mener

Dans tous les cas, il va falloir commencer à creuser votre thème, et donc commencer rapidement à rédiger… Le prochain billet parlera « brouillon » et sera totalement disruptif 😀

LE MOT POUR LE DIRECTEUR DE THÈSE
Il est fréquent qu’un étudiant arrive avec une idée vague de sujet (« j’aime bien l’infectiologie ») : ça vaut toujours le coup de vérifier si la « voie N°1 » sur les centres de l’intérêt de l’étudiant hors médecine a été explorée en amont… Beaucoup pensent qu’il faut un sujet proche des sujets dont ils ont entendu parler, ce qui tend à réduire le champ des possibles.
J’insiste beaucoup là-dessus, mais préparer et soutenir une thèse sur un sujet-passion c’est tellement agréable pour tout le monde (thésard, directeur, proches, jury…) que ça vaut le coup d’y passer du temps au début.
Dans ces phases initiales, le rôle du directeur est donc de montrer l’étendue des possibilités, tout en gardant un oeil sur la faisabilité et le réalisme.

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