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[Avent 2024 – Ecrire sa thèse] – 3/24 – L’impossible quête d’un sujet original ou révolutionnaire

Depuis la réforme de 2017, la thèse doit être « dans la discipline ». Le caractère « dans la discipline » / « pas dans la discipline » est évalué par une fiche de déclaration de thèse et une ou plusieurs personnes au sein du département de médecine générale. Ainsi, depuis 2017, la « fiche de déclaration de thèse » est devenue un passage obligatoire.

Avant, vous pouviez être en médecine générale et parler de l’apport de l’IRM sur le diagnostic de démence précoce chez des souris transgéniques si ça vous chantait… La logique était de séparer le mémoire pour l’obtention d’un diplôme de « docteur en médecine » (toute spécialité) et le diplôme d’études spécialisées (DES) de la discipline (obtenu après avoir validé les stages de la maquette, les ED et le mémoire/portfolio adaptés). Il était aussi possible d’être hors format IMRaD (par exemple cette thèse de 1975 sous forme de BD).

Etait-ce mieux avant ? En tout cas, ça permettait de corriger la sous-dotation en universitaires de la médecine générale par des encadrants d’autres spécialités… Parce que la recherche d’un directeur de thèse est une autre source de blocage (en plus de celles liées à la méconnaissance de la thèse, de la longueur et la durée, évoquées hier).
Le directeur est celui qui donne le feu vert pour valider le sujet et la fiche de déclaration de thèse ; c’est lui qui valide le début du recueil de données, qui relit, corrige et valide la thèse et autorise la constitution d’un jury et la soutenance. Il est indispensable à toutes les étapes… et vous devez bien vous entendre avec ! Je ne détaillerai pas beaucoup plus sur le choix de directeur ou sur les aspects administratifs de la fiche de déclaration, parce que c’est très variable selon les départements de médecine générale… notons juste ici qu’il y a 3 grandes façons d’avoir un directeur :

  • soit il est venu vers vous avec un sujet (il faut savoir refuser s’il ne vous intéresse pas…) ;
  • soit vous êtes venu vers lui avec un sujet (… qu’il aura refusé s’il ne l’intéresse pas) ;
  • soit vous avez réfléchi ensemble à un sujet qui vous plaira à tous les deux.

L’idéal pour vous, en général, ça reste la deuxième situation : avoir trouvé un sujet, et trouver quelqu’un qui vous guidera pour mener à bien votre projet ! C’est pour ça que nous allons maintenant parler de choisir son sujet, avec ou sans directeur. Gardez à l’esprit que le plus important est un sujet qui vous plaise (tout en restant ouverts aux remarques probablement pertinentes de votre directeur sur la faisabilité et la pertinence, bien entendu) !

Le choix de sujet est une autre source importante de blocage, avec notamment 3 grands profils faciles à identifier (potentiellement cumulables) :

  • On ne passe qu’une thèse : il me faut donc un sujet qui révolutionnera la médecine et laissera à jamais mon empreinte dans le domaine de la santé pour les siècles à venir ;
  • Tout a déjà été écrit : il m’est impossible de trouver un sujet original, tout ce à quoi je pense a déjà été fait par d’autre (la preuve, il y a plus d’un million d’articles par an sur MEDLINE) ;
  • Tout m’intéresse, je suis perdu : je ne sais pas où chercher des idées, ou ce à quoi peut correspondre un sujet de thèse.

Détaillons ces situations.

Le révolutionnaire déçu

Il faut malheureusement faire le deuil de la volonté de la thèse révolutionnaire. Sauf cas exceptionnel, vous ne pourrez pas faire d’essai clinique pour votre thèse d’exercice. Vous pourrez faire :

  • une revue de littérature, pour synthétiser un sujet
  • une étude qualitative, pour comprendre des phénomènes sociaux (comportements, besoins, opinions…)
  • une étude quantitative descriptive ou analytique, pour mesurer un effet ou déterminer s’il est lié à un autre.

En général, dans ces cas, l’idée initiale de la thèse commence par « bon, je vais enfin régler ce problème de maladie d’Alzheimer qui nous enquiquine tous » et se termine par « 31 % de notre échantillon de médecins généralistes de l’Audomarois a déjà contacté l’équipe spécialisée Alzheimer à domicile (descriptif) ; exercer en milieu urbain était plus fréquemment associé à cette prise de contact, p = 0,01 (analytique) ».

Cela peut sembler décevant parfois. Mais ce qui compte dans la thèse est de s’initier à la recherche — aussi jolies devaient-elles être, ce n’est pas pour ses premières poésies griffonnées sur un cahier de classe que Victor Hugo est connu. Si vous souhaitez mener des essais cliniques auprès de grosses équipes, le monde de la recherche vous accueillera peut-être au décours. Au risque de vous décevoir toutefois, la médecine générale n’est pas propice à publier tous les 4 matins dans le New England Journal of Medicine et les Prix Nobel sont plus réservés à la génétique, l’immunologie, la biologie cellulaire ou moléculaire qu’à ceux qui proposent de se mettre de l’eau salé dans le nez pour soulager un rhume, ou de limiter les mouvements répétés pour atténuer des douleurs musculo-squelettiques.

Attention, ce paragraphe sur « le révolutionnaire déçu » ne signifie pas pour autant qu’il faut renoncer à toute ambition pour votre thèse, ou qu’il faut accepter n’importe quel sujet !

Le sujet doit vous plaire (si possible viscéralement) et/ou répondre à une question simple et claire. N’hésitez pas non plus à vous questionner : est-ce que vous voulez que le sujet soit mémorable pour la médecine, pour la discipline, ou juste pour vos proches et amis qui assisteront à votre soutenance ? Si la réponse est le dernier point, finalement peut-être que le sujet a juste besoin de… vous ressembler ? On en reparle demain !

Enfin, nous verrons bien plus loin (en fin de calendrier si je le tiens !) qu’il est aussi possible de valoriser son travail — en publication, en congrès, mais aussi en participant à des prix.

La quête de l’originalité

Faisons simple : l‘originalité n’existe pas. Il y a plus d’un million d’articles par an sur MEDLINE effectivement, 4000 thèses de médecine générale par an… Il est impossible d’imaginer que toi soit totalement original !

Etre original, ça implique de faire un sujet qui n’a pas été déjà réalisé (on ne reproduit pas le même travail en boucle). Mais c’est tout ce que ça veut dire. Une crainte des étudiants est « si ça a déjà été fait… ? » : en réalité, pour une thèse de médecine générale, c’est hautement improbable. Prenons par exemple 2 sujets :

  • consommation d’AINS chez les coureurs à pied des Hauts-de-France en 2024
  • consommation d’AINS chez les coureurs à pied de l’ultra-trail du Mont-Blanc en 2024.

Même s’ils sont effectivement très proches, ils ne sont pas réalisés dans la même région (rien que cette condition suffirait), et ça n’est pas le même profil de coureur… Ce serait donc bel et bien 2 sujets différents, et deux recherches « originales ».
Pour faire la même thèse, il faudrait que vous étudiiez les mêmes courses, avec un questionnaire très similaire ; vous devriez rapidement vous en rendre compte…

La quête de l’originalité ne doit pas vous bloquer. Votre travail ne sera pas « très original », ça c’est une quasi-certitude : mais ça n’est pas grave, car l’originalité pour tous est inaccessible. Pour illustrer, il y a d’un côté 250 films produits par an en France, avec des équipes de professionnels (scénaristes, réalisateurs, techniciens, acteurs…) ; de l’autre, 4000 thèses de médecine générale par an, réalisées le plus souvent par des amateurs de la recherche et sans financement. Avec tout le respect que j’ai pour le cinéma français, il n’y a pas 250 films « originaux » ; donc pas de raison d’avoir une folle originalité sur les 4000 thèses.

On peut même aller plus loin dans le parallèle et se dire que de toute façon… tout a déjà été écrit ! C’est aussi vrai dans l’écriture d’articles scientifiques qu’en fiction : un exemple célèbre est cette histoire d’anneau forgé dans l’or et qui rend invisible, qui a été volé, convoité par des êtres fantastiques et un héros armé d’une épée risée et reforgée, dans un monde de nains, sorciers et dragons… Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien possède ces éléments, tout comme les 4 opéras Der Ring des Nibelungen de Richard Wagner (même si Tolkien réfutait cette influence) ou encore avant eux, quelques mythes nordiques ou scandinaves. Cette « originalité impossible » a d’ailleurs donné lieu à des théories en narratologie, telles que :

  • les 36 situations dramatiques : selon Georges Polti, en 1895, toute histoire se base sur l’une des 36 situations dramatiques (implorer, sauver, venger un crime, venger un proche, être traqué, etc.) ; évidemment personne n’est d’accord : Maxime de Riemer en a proposé 105 pour sa part, Christopher Booker en a retenu 7…
  • le monomythe ou voyage du héros : dans son livre Le héros aux mille et un visages paru en 1949, Joseph Campbell propose des traits communs à différents mythes à travers le monde. On retrouve la structure dans Star Wars, Harry Potter, le Seigneur des Anneaux, Matrix, beaucoup de jeux vidéo, etc.

En musique, c’est un peu le même sujet : la musique de Star Wars est inspirée de musiques classiques (Gustav Holst, Stravinsky… il existe même une playslist sur les influences !) ; et beaucoup de chansons actuelles utilisent la même progression d’accords (I-V-vi-IV).

Bref, l’originalité « pure » n’existe pas. Pour autant, les auteurs et compositeurs n’arrêtent pas d’écrire sous prétexte qu’ils n’arriveront pas à produire quelque chose d’original. Comme dans le cinéma, vous allez faire votre possible pour délivrer un message personnel et novateur, et peut-être vous démarquer du lot ! Pour cela, il faut un sujet qui vous passionne…

Même si l’originalité pure n’existe pas… ça restera votre travail, mené avec votre regard, sur votre échantillon, discuté avec votre réflexion et votre vécu, rédigé à votre manière — et c’est tout ça qui sera original.

L’ASTUCE « SPEEDRUNNER SA THÈSE »
Pour l’interne qui souhaite avoir une thèse « rapide », une grande question (pragmatique) à se poser est celle de la disponibilité des données. Une base de données déjà constituée vous permet de sauter plusieurs étapes : justification du travail, préparation d’un questionnaire, demande d’autorisation pour la diffusion, recueil de données, mise en forme des données, etc.
Evidemment, le temps gagné sera réutilisé en partie ailleurs, à comprendre et savoir utiliser ce qui est souvent une grande base de données (big data).
Au fil des années, il existe de plus en plus de bases de données, petites (de précédentes études locales) ou grandes (par exemple les données en open data de l’Assurance Maladie pour OpenMedic, OpenLPP, Medic’AM, etc.).
Attention toutefois, comme nous l’évoquerons plus tard, certains départements de médecine générale refusent un sujet de thèse qui ne fait « que » l’exploitation de ces données en open data — un choix discutable.
Enfin, même si vous avez une grande base de données, n’oubliez pas que plus la question de recherche sera précise, mieux ce sera à toutes les étapes… on en parlera plus loin !

Celui qui n’a vraiment pas de sujet et ne sait pas où chercher

Enfin, lorsque vous n’avez pas (encore) de sujet, il y a 3 situations qui peuvent se présenter :

  1. La sérendipité : vous ne cherchez pas de sujet, mais il s’impose spontanément à vous. Une situation clinique, relationnelle, professionnelle, voire personnelle vous interroge et vous amène à faire des recherches… Un jour, une patiente viendra vous voir avec un problème qui deviendra votre question de recherche ; à moins que ça ne soit en discutant avec des amis (comme dans les films où l’enquêteur comprend toute l’affaire lorsque quelqu’un lui dit une banalité), en lisant Télé Poche ou en vous perdant dans l’immensité d’internet (alors que vous cherchiez une recette de gâteau à la framboise).
  2. Le sujet tout prêt : ce n’est pas vous qui cherchez le sujet, c’est le sujet qui vous cherche. Il arrive que des enseignants-chercheurs / directeurs de thèse aient un sujet à traiter et cherchent des internes. Ca peut être votre maître de stage (dans le cadre de sa MSP, sa CPTS…), un enseignant que vous connaissez, un travail de l’équipe du département de médecine générale, etc. Il y en a général une page sur ça, soit sur le site du collège des enseignants de médecine générale local, soit sur un autre site du département (par exemple à Lille, c’est sur le site DMG Director).
  3. La quête d’un sujet. Vous partez avec votre bâton de pèlerin à la recherche du Graal…

Pour ce dernier point, nous proposerons demain une liste (non exhaustive) d’idées pour trouver un sujet. Après ces deux premiers billets de généralités, ça sera l’occasion d’entrer rapidement dans le vif du sujet !

LE MOT POUR LE DIRECTEUR DE THÈSE
En général, pour une carrière universitaire (ou d’associé), il est préférable d’avoir une grande thématique de recherche : santé des adolescents, santé des femmes, accès aux soins, prévention en soins primaires, etc. Cela simplifie grandement votre dossier, vous permet éventuellement de valider une thèse d’université « sur articles » (monothématiques) et d’avoir une habilitation à diriger des recherches (HDR) de la même façon.
Si vous n’avez pas de carrière qui vous attend, vous pouvez accepter tout ce qui vous plait : c’est aussi un moyen de « sortir de votre zone de confort » (comme on dit sur LinkedIn), et de (re)découvrir d’autres pans de la pratique… Dans ce cas, je conseille fortement d’inciter l’interne à trouver un sujet qui l’intéresse réellement.

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[Avent 2024 – Ecrire sa thèse] – 2/24 – Surmonter les blocages : identifier le rôle, la longueur et la durée d’une thèse

La thèse de médecine générale (ou autre spécialité, ou pharmacie, ou mémoire d’autres professions de santé dont IPA, etc.) est un passage obligatoire pour exercer — que ce soit en libéral, salariat, hospitalier…

Avec la 4ème année de médecine pour la promotion de novembre 2023, il faudra désormais la soutenir en 3 ans afin d’avoir le droit de… passer en 4ème année et finir l’internat (avant, on pouvait aller jusqu’à 6 ans après le début de l’internat !). Même si nous pouvons émettre des critiques sur la 4ème année, il faut être honnête et dire ici que soutenir la thèse après la fin de l’internat n’a jamais vraiment été une bonne solution : pendant les études, nous avons un peu de temps dédié à la recherche, une émulation avec les co-internes, des contacts avec des chefs de clinique et autres enseignants…

Par expérience, attendre de remplacer est un mauvais calcul : les remplacements s’enchaînent (et c’est difficile de s’arrêter totalement avec les prélèvements en année N+1 de l’URSSAF et la CARMF), il n’y a plus de contact avec la faculté, des difficultés pour trouver un directeur, la motivation, etc. En général, nous occupons notre temps libre à autre chose qu’à faire une recherche bibliographique, définir un objectif de thèse, recueillir des données : ça ne change pas subitement à la fin de l’internat !

La thèse est aussi un « symbole » : celui de la fin de vos études de médecine, avec le serment d’Hippocrate. C’est l’occasion d’amener sa famille, ses proches, ses amis à la faculté de médecine ; reculer la date de soutenance, c’est aussi s’exposer à des aléas de vie (déménagements, décès, pandémie…) qui pourraient vous faire regretter de ne pas l’avoir passée plus tôt.

Pourtant, même s’il s’agit d’une obligation avec une date limite claire, d’un symbole de fin d’études, il est fréquent que les internes débutent leur thèse tardivement, voire se retrouvent en situation de demander des dérogations auprès du Doyen pour allonger leur délai (au-delà de 6 ans après leur début d’internat).

L’une des raisons est que la thèse est parfois sacralisée et/ou peut faire peur… et nous allons donc commencer ici par clarifier quelques points sur le rôle d’une thèse, sa longueur et sa durée.

Le rôle : une thèse sert à s’initier à la recherche

La thèse de médecine générale est généralement un premier travail de recherche au format IMRaD (Introduction – Matériels et méthodes – Résultats – Discussion – conclusion). Le modèle est : « j’ai une question en lien avec la médecine générale, j’applique une méthode, j’ai un résultat, je le discute et on conclue ».

La thèse permet aux internes de se rendre compte que la science c’est complexe et ingrat !
Après avoir réalisé une thèse, le médecin sait normalement que chercher des informations dans la littérature demande un peu d’esprit critique, que recueillir des données c’est parfois long et difficile, que synthétiser les résultats pour les rendre accessibles est nécessaire (texte, tableau ou figure ?), qu’il y a toujours des limites aux études et qu’il faut donc être humble dans les conclusions qu’on en tire — y compris pour un travail mené avec le plus grand sérieux les soirs et week-ends, pendant quelques mois d’internat.

La longueur : une thèse est un article, elle tient en 12 pages (interligne 1,5)

Si vous vous demandez « de quoi vais-avoir l’air avec ma thèse de 10-15 pages alors que mes amis ont fait 150 pages ? », la réponse est « d’une personne synthétique ».

Depuis une dizaine d’années, quasiment toutes les facultés veulent des « thèses articles » pour les thèses d’exercice (c’est évidemment différent pour les thèses d’université). Consultez des articles publiés en français : c’est exactement ce que vous devez faire.

La raison est simple et tient en un point : la taille est fixée par des universitaires qui sont souvent membres de jury et qui préfèrent lire et commenter un texte de 15 pages plutôt qu’un document de 300 pages ! En prime, une thèse article a des chances d’être publiée ensuite, ce qui est utile pour l’éventuelle carrière universitaire de ceux qui seront dans les co-auteurs (thésard, directeur et éventuellement membres du jury).

L’autre avantage d’être synthétique est le suivant : « moins j’en dis, moins je dis de conneries« . En vous attribuant le grade de docteur en médecine, le jury valide la qualité de votre travail : il le fera d’autant plus facilement s’il est d’accord avec tout ce que vous aurez écrit (de façon sourcée !)
Votre jury comportera probablement au moins une personne experte ou bien informée sur votre sujet… si vous écrivez 10 pages d’introduction, il est probable que vous fassiez des erreurs, approximations, ou que vous touchiez à des sujets de controverses difficiles à présenter succinctement.

L’ASTUCE « SPEEDRUNNER SA THÈSE »
Rapidement dans votre travail, identifiez une revue qui a publié quelques articles proches du vôtre (qu’on appellera ici BelleRevueQueVousVisez), et considérez que vous allez publier dans celle-ci à la fin de votre travail.
Vous pourrez télécharger les « recommandations aux auteurs » et la suivre à la lettre, tant sur la typographie, la mise en forme des références bibliographiques (sauf exotisme incompatible avec les exigences de votre faculté), la taille (en général 20 000 à 30 000 signes espaces comprises), etc.
En parallèle de ces recommandations, vous pouvez télécharger 1 ou 2 articles récents (pas de 1987 donc) sur un sujet similaire au vôtre dans BelleRevueQueVousVisez : cela vous permettra de vous rassurer sur la longueur de votre texte en vous guidant sur le rythme d’écriture à adopter (taille de l’introduction, sous-sections en « matériels et méthodes », nombre de tableaux et figures). Il ne s’agit bien entendu pas de plagier ici, mais d’avoir un modèle !

Pour le formuler très clairement, un article fait en général 20 000 à 30 000 signes (espaces comprises). Du premier mot de l’introduction au dernier de la conclusion (sans annexe donc), cela représente environ 10 à 12 pages en interligne 1,5 avec des marges classiques à 2,5.

Si vous voulez en rajouter, pour montrer que vous avez bien lu plein de documents sur le sujet (et je vous le conseille), c’est dans les annexes : en général, j’aime bien y lire une partie « historique » (voire une section « médecine évolutionniste »), une perspective internationale, des graphiques ou cartes, le questionnaire ou la grille utilisée, etc.
Par exemple, si votre travail porte sur l’hypothyroïdie, les annexes peuvent être le lieu pour évoquer en 1 ou 2 pages des questions telles que « pourquoi l’hypothyroïdie existe encore et n’a pas été un trait supprimé par la sélection naturelle ? » ; « en quelle année a été inventée la lévothyroxine, comment, par qui, et qu’est-ce que ça a changé ? » ; « est-ce que la prévalence de l’hypothyroïdie est la même dans tous les pays ? est-ce que les traitements utilisés sont partout les mêmes ? » etc. Cela apporte une jolie mise en perspective de votre travail, sans « polluer » votre recherche : tout cela est aussi facultatif et ne sera traité qu’en fonction de vos envies et de votre temps.

Au total, rassurez-vous : votre document papier (avec les remerciements, les références, les annexes, et en imprimant sur les rectos uniquement) fera probablement une cinquantaine de pages… et vous permettra ainsi de pour pouvoir imprimer sur la tranche et mieux ranger votre travail dans les bibliothèques ! Merci les annexes 😀

La durée : « on m’a dit qu’une thèse, ça prend 18 mois »

Et bien, ce n’est pas ni tout à fait faux… ni tout à fait vrai !

Sur les 68 thèses que j’ai encadré seul et qui ont été soutenues, entre la date où j’ai dit (par mail) « OK, je te dirige » et le jour de soutenance, il s’est passé en moyenne 567 jours (écart-type : 293 jours)… soit 18 mois ! Et la médiane est proche, à 539 jours (Q1 : 359 jours ; Q3 : 640 jours). Toutefois, j’ai des extrêmes de 119 jours (3 mois) à… 1619 jours (4 ans et 5 mois) !

Ca ne dépend donc que de vous (et votre sujet).

Figure 1 : Délai entre début de la direction et soutenance (en jours).
Par convention, le titre d’une figure s’écrit en-dessous (et ne doit pas s’accompagner du titre au-dessus en grisé comme ici – c’est une faute que je fais juste pour illustrer).

Au total… comment trouver la motivation ?

Une thèse c’est court en taille… mais ça nécessite de synthétiser suffisamment de données pour être intéressant, et donc probablement quelques mois de travail (de soirs et week-ends en général, en parallèle des stages, des enseignements facultaires, de la vie de famille / couple / amis, etc.)

Si vous êtes quelqu’un de rigoureux, vous pouvez d’emblée établir un rétro-planning sur 12 à 18 mois avec une régularité. Par contre, si votre passion dans la vie est de vous dépasser les deadlines que vous vous fixez, ce n’est peut-être pas la peine de vous infliger un rétroplanning qui vous culpabilisera et vous bloquera… Bref, faites comme vous avez l’habitude et comme cela vous a réussi dans la vingtaine d’années qui vient de s’écouler : à n’en pas douter, ça sera très bien !

Pour vous motiver, vous pouvez penser :

  1. A la science : vous allez la servir, et c’est votre joie (©le discipline de Léonard). C’est rarement suffisant, soyons honnêtes.
  2. A vos collègues : votre travail va peut-être leur servir et c’est une fierté de partager. C’est plus fréquent, notamment avec les sites d’aides à la décision médicale ! (Je suis ravi que BioMG.fr ou certificats-absurdes.fr servent aux consoeurs et confrères, j’ai l’impression que le temps consacré est « rentabilisé » en temps pour les autres).
  3. A vos proches : ils seront fiers de vous lorsque vous lèverez la main droite pour réciter le serment d’Hippocrate (et même si vous bafouillez sur « opprobre », personne ne vous le fera remarquer parce que l’émotion l’emportera).
  4. A vous… Si vous êtes passionné de littérature et que votre thèse vous impose de lire des livres, ce sera un chouette moment et vous n’aurez pas à chercher bien loin la motivation !

Et ce sera l’objet d’un prochain billet : trouver un sujet de thèse (qui vous plait) !

LE MOT POUR LE DIRECTEUR DE THÈSE
Si j’acte une direction ce jour, je crée un dossier intitulé « 2024-12-02 – Nom Prénom du thésard – Thème de la thèse » dans mon dossier « Thèses » sur mon ordinateur (y compris si on décide de travailler sur Google Docs). Une fois la thèse soutenue, je renomme avec un numéro avant (par exemple 75 – 2024-12-02 – Nom Prénom du thésard – Titre de thèse).
Cela me permet d’avoir une visibilité d’ensemble sur les thèses soutenues, sur les thèses en cours, sur le délai depuis le début de la thèse… et de temps en temps de faire une relance par mail, voire essayer d’identifier les sources de blocage (en évitant les injonctions un peu culpabilisantes du style « il faut écrire tous les jours », parce que ça n’est pas un conseil personnalisé — en pratique, si l’étudiant préfère écrire de 23h à 2h du matin un week-end par mois, peu importe tant que ça fonctionne).
Peu importe votre fonctionnement : il est quand même important de savoir identifier qui vous encadrez et depuis quand !

Et aujourd’hui, ça fait 10 ans pile que je suis officiellement en exercice (avec mes feuilles de soins papier à mon nom : j’ai débuté ça le 2 décembre 2014, après 1 mois de remplacement…)

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[Avent 2024 – Ecrire sa thèse] – 1/24 – Avant-propos

Il existe des calendriers de l’avent sur tout : avec des chocolats, avec des jouets, des livres, des vins, du fromage, des fictions sonores… Mais il n’existait pas encore (je crois) de calendrier de l’avent sur comment écrire une thèse de médecine générale ?

J’ai commencé à être directeur de thèse en novembre 2014, dès les premiers jours de mon clinicat de médecine générale, 6 mois après ma propre soutenance. En janvier 2015, conscient qu’il fallait donner des informations et les répéter pour chaque thésard, j’ai créé un premier document « aide pour les thésards » avec le projet d’en « faire quelque chose »…

Finalement, 10 ans se sont écoulés… et je n’en ai jamais rien fait. Lors de l’accompagnement pour les 70 thèses et 5 mémoires de master 2 dirigés et soutenus fin 2024, je n’aurai eu de cesse de répéter, personnaliser, réinventer mes exemples pour chaque interne encadré. D’aucun dirait que « c’est dommage de laisser perdre ces informations qui pourraient servir à d’autres » ; d’autres répondraient « à quoi bon, vu qu’il existe déjà des dizaines d’offres, que les directeurs sont formés ? »

C’est parfaitement exact : personne n’attend ce travail, et si je n’ai jamais eu le temps de le mener à bien en 10 ans, il est totalement illusoire de vouloir faire ça en 1 mois. C’est pourquoi j’ai trouvé tentant de me mettre un défi irréaliste de tenir 24 jours à raison d’un billet de blog par jour, pour aller de « j’ai une vague idée » à « je viens de publier l’article de ma thèse que j’ai présentée en congrès ».

Comme dit plus haut, il existe déjà de nombreuses ressources : citons juste pour l’exemple Initiation à la recherche (de Paul Frappé), Initiation à la recherche qualitative en santé (sous la direction de Jean-Pierre Lebeau), La rédaction pour la recherche en santé (d’Hervé Maisonneuve, Marie-Eve Rougé-Bugat et Evelyne Decullier), le guide pratique du thésard (d’Hervé Maisonneuve) le site LEPCAM Lire, Ecrire, Publier et Communiquer des Articles Médicaux (de Nicolas de Chanaud), les recommandations listées sur Equator Network, ou encore le site Objectif Thèse (d’Emmanuel Chazard) qui présente des outils et vidéos explicatives claires, etc.

Il s’agira dans cette série de billets d’ajouter « ma voix » : parler de l’originalité des sujets, donner mes habitudes pour la rédaction (parler de techniques et faire des parallèles avec l’écriture de fictions) et essayer d’être pragmatique autant que possible. Il y a parfois des compromis à faire pour avoir une thèse faisable, qui peut être rédigée dans un délai relativement court en parallèle d’une activité d’interne ou de remplaçant : ces points seront abordés. Nous parlerons aussi de techniques et stratégies pour gagner du temps dans la rédaction tout en limitant les blocages.

Cette série de billets s’adressera essentiellement aux internes de médecine générale et à leurs directeurs intéressés. D’autres étudiants pourront y trouver leur compte — internes d’autres spécialités médicales ; étudiants en pharmacie ; infirmiers de pratique avancée pour leur mémoire de master 2, etc.

Il y aura des partis pris, une faible part sur la méthodologie (ce seront davantage des billets orientés sur la partie motivation / rédaction), ça ne sera absolument pas exhaustif, et sans doute y aura-t-il des erreurs que je prendrai grand plaisir à corriger avec votre aide pour progresser également ! N’hésitez donc pas : les commentaires sont ouverts. Et si jamais cette série vous a été utile pour trouver la motivation, surmonter des blocages, améliorer votre méthode de rédaction… je serais tout aussi ravi de le savoir !

A demain pour le premier billet ! (Et comme je ne sais pas encore bien où on va, le sommaire sera disponible à la fin :D)

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Le meilleur article de tous les temps

Je vais vous parler dans ce billet du meilleur article de tous les temps, dont je suis un des co-auteurs. Ce billet a longtemps failli s’appeler « est-ce que Violaine Guérin et Martine Wonner ont publié leur article dans une revue qui accepte n’importe quoi, n’importe comment ?« , mais ç’aurait été réducteur face à la fabuleuse aventure que nous avons vécue…

Je vous conseille de lire d’abord l’article, et vous lirez l’historique après !

Il est publié ici : https://www.journalajmah.com/index.php/AJMAH/article/view/30232

Au cas où, pour la postérité, je vous laisse le lien PDF ici…

Oui, oui, on a réellement réussi à publier ça 😎
(Pour les non-anglophones, un de nos lecteurs a produit une traduction à J1 de la parution !)

(Edit du 27 septembre : Et même une V2 de la traduction française avec quelques corrections, toujours par Robin !)

Avant tout, je vais redonner du contexte au « POURQUOI », puis nous parlerons de « QUI » et de « COMMENT ».

Pourquoi ?

Tout commence le 29 mars… Suite aux « révélations » du Pr Raoult, le Dr Violaine Guérin réclame la possibilité de s’auto-prescrire de l’hydroxychloroquine. Tout cela est contre l’avis des autorités et de la pharmacovigilance, mais elle s’en fiche : pour elle, « laissons les médecins prescrire », c’est son dogme, et le nom du collectif qu’elle fonde. Tout un programme.

Le Dr Guérin s’entoure rapidement de collègues médiatiques dès le 1er avril (…) : Dr Martine Wonner, psychiatre et députée de la majorité à l’époque (depuis membre soutenue d’Ecologie Démocratie Solidarité*) ou encore le Dr Thierry Lardenois, président de la Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France (embarqué là-dedans pour une raison que j’ignore, mais s’il gère nos retraites avec la même acuité qu’il gère ses recherches médicales, je conseille aux médecins de débuter leur stock de coquillettes).

(* Soit ils soutiennent, soit ils sont malpolis).

Le 1er mai, cette jolie équipe de « chercheurs-trouveurs » diffuse ce qu’ils nomment « un article », hébergé par Le Quotidien du Médecin (qui devrait sans doute songer à le retirer…)

Tout cela est donc relayé dans la presse (RTL, France Info, L’Express, France 3, France Soir, etc.). A l’heure de la rédaction, début août (quand nous savons que l’article a passé – avec stupéfaction – les révisions), on peut par exemple compter 220 occurrences de « Laissons les médecins prescrire » dans Google Actualités. (Pour comparaison avec ce que je connais, avec « Stop Postillons« , nous sommes à 190 occurrences au même moment, pour un collectif lancé un peu avant, et pour lequel je considère qu’on a eu une couverture médiatique large, tout à fait inattendue).

Bon, évidemment, les scientifiques sérieux et raisonnables ont vite critiqué ce « rapport d’expérience » et cette « étude rétrospective » ; la rapide chronologie des faits rapportés ici vous en dira long sur ce que les auteurs entendent par « rétrospectif ». J’ai retrouvé mon avis de l’époque, mais nous sommes des dizaines à avoir donné quelque chose de similaire…

Pour faire simple : c’est vraiment très mauvais et c’est franchement à la limite de légalité cette histoire de médecins cobayes d’essai clinique (prospectif) sans avis d’un comité d’éthique. Par ailleurs, c’est malhonnête de le diffuser grâce à un appui médiatique large, aidé par des responsabilités parlementaires.

Bon, tout ça se tassait un peu, surtout que l’hydroxychloroquine commençait à battre de l’aile au fil des publications (un résumé ici)…

… quand soudain…

Les pieds nickelés sortent leur publication !

Le collectif « Laissons les Médecins Prescrire » venait donc de publier officiellement, le 20 juillet, 3 mois après, leur article initial, dans une revue…

« Petit » problème : ils le publient dans l’Asian Journal of Medicine and Health, une revue inconnue et probablement « prédatrice » (cf. cet excellent billet d’Hervé Maisonneuve sur le sujet).

Le Dr Violaine Guérin s’explique sur France Info : « Nous avons soumis l’article à plusieurs revues (mais il y a) un blocage systématique des publications sur l’hydroxychloroquine en phase précoce. J’ai proposé à mes coauteurs de soumettre à une revue asiatique ». La députée Martine Wonner, elle, affirme d’ailleurs « avoir autant confiance dans cette revue que dans le Lancet« .

Voilà. Bon. Là, c’est peut-être un peu excessif.

Comparer un article accepté dans le Lancet et un article accepté dans Asian Journal of Medicine and Health, c’est un peu comme comparer un monospace et le dernier modèle de chez Majorette « pour partir en vacances en famille dedans, mais attention faut pas être grand, non non ça n’est pas une arnaque, signez ici, elle est à vous ».

Par ailleurs, grâce à la demande du journaliste de France Info, la revue a mis en ligne le reviewing, qui est assez drôle (et détaillé dans ce fil du 14 août ci-dessous).

Si vous voulez aller plus loin et comprendre comment fonctionne une soumission d’article (soumission, relecture par des reviewers indépendants, correction, acceptation, etc.), et ce qui différencie une revue prédatrice d’une « vraie » revue, vous pouvez suivre ce thread clair et didactique.

Le journaliste de France Info, Fabien Magnenou, a consciencieusement fait le boulot et contacté la revue choisie, Asian Journal of Medicine and Health, qui répondait : « Nous pouvons affirmer avec confiance que notre qualité ne peut pas nous valoir l’appellation ‘revue prédatrice’. Avec des moyens limités, nous combattons nous aussi ces journaux.« 

Ce qui est un peu problématique par ailleurs est le silence assourdissant des membres du groupe parlementaire de Martine Wonner… parmi lesquels on trouve Cédric Villani.

Entre temps, nous étions en train d’essayer d’éclaircir tout ça… et de répondre à cette question :

Est-ce que ce collectif médiatique soutenu par une députée de la majorité et le président de la CARMF a soumis son article dans une revue qui accepte absolument n’importe quoi ?

Collectif « Laissons les Vendeurs de Trottinette Prescrire », 20 juillet 2020.

Avant de dire que « la question, elle est vite répondue », nous avons voulu jouer !

Et donc, maintenant que nous avons le « POURQUOI », détaillons le « QUI »…

Qui ?

Nous sommes le collectif « Laissons les vendeurs de trottinette prescrire », et nous nous sommes regroupés sous ce tweet de @NicoKluger…

L’équipe est principalement constituée de :

  • @Damkyan_Omega (qui a déjà une idée de pseudo, qu’il va garder !), chargé de communiquer avec la revue ;
  • @Scintigraphiste, @CovaFlorian et moi (@mimiryudo) pour la team davantage axée sur la rédaction,
  • @RadioactiveJib et @DrJohnFa qui ont suivi l’histoire d’un peu plus loin, mais en nous soutenant dans nos délires.
Un recrutement sauvage, multipliant les compétences (médecine, biochimie, imagerie médicale, philosophie…). On notera que le titre est déjà trouvé et ne changera plus… ainsi que le pseudo de Mathieu !

Comment ?

Maintenant que nous avons vu le Pourquoi, le Qui, voyons le Comment...

Dès le « Quand vous voulez » de @Scintigraphiste, je crée le groupe MP et un Google Doc sur mon téléphone… comme nous le révélons dans nos (incroyables) contributions aux auteurs ! Parce que oui « a créé un groupe MP Twitter », ça a été validé comme devant figurer dans la contribution (si je voulais être mauvaise langue, je dirais que certains chercheurs figurent dans des articles pour moins que ça, remarquez).

Il ne faut pas imaginer qu’on a mené cette opération « sérieusement ». Non, pour vous planter un peu plus précisément le contexte à ce moment là (et montrer le côté « potache » / « fait par-dessus la jambe »), nous sommes le 20 juillet, je suis sur la route vers Étretat, à côté de ma fille de 8 mois endormie, conduits par la maman… Je prends des notes sur le Google Doc avec le téléphone, fais une capture d’écran d’un graphique que j’avais twitté il y a 6 semaines : ça sera la partie la plus scientifique de notre étude… Je fais exprès de faire une capture avec les icônes RT et FAV de Twitter, c’est dégueulasse et ça nous fait rire.

Une figure c’est peu, on se dit qu’il en faut d’autres, j’en cherche une autre sur Google Images… C’est @Scintigraphiste qui la trouve ; pas grave, j’ajoute quand même « Courtesy of Google Images ». Pendant qu’on écrit ailleurs, @Scintigraphiste – toujours lui – nous sort une imagerie (on ne se refait pas) qui n’a aucun sens, pour l’étude 3. Voilà pour les figures.

Notre objectif est simple : tout doit être ridicule, du titre aux références, en passant par les références et la moindre phrase de l’article. Si nous réussissons à publier un tel « article », nous aurons répondu à notre question initiale : est-ce que cette revue publie n’importe quoi ?

Nous créons de faux auteurs : W. Oodendijk (le faux-nez de @Damkyan_Omega donc), Didier Lembrouille, Sylvano Trottinetta, Ötter F. Hantome, Nemo Macron (ils ont une députée, nous avons le chien de l’Elysée) et Manis Javanica (alias le Pangolin javanais). Les affiliations sont à l’avenant, ainsi que les contributions ou les remerciements. C’est simple : il n’y a rien qui va !

Le titre initial annonce la couleur : « SARS-CoV-2 was unexpectedly deadlier than push-scooters ». Nous écrivons et ajoutons de plus en plus d’absurdités.

Le 24 juillet (eh ouais, ça ne chôme pas dans la recherche française), @Damkyan_Omega soumet l’article. C’est lui qui est chargé de soumettre et communiquer avec la revue, sous son pseudo « Wooden Dick » (le nom du fromage Oudendijk modifié en Oodendijk et Willard pour FCD Willard, le chat auteur de publications)… Un travail de magicien là aussi, puisque ses échanges avec les rédacteurs sont également un délice ^^

Dans la plus pure tradition des mauvais auteurs, voici le lien Google Doc vers la première version cet article en pre-print. Ne vous précipitez pas dessus tout de suite, il y a mieux par la suite… (c’est histoire de vous montrer que nous n’avons fait qu’ajouter des bêtises au fil des relectures, mais que c’était déjà pas mal frappé à la V1 !). Car oui, les relectures vont nous permettre d’ajouter bien d’autres bêtises encore ! C’est la version que nous avons soumise, mais pas encore celle acceptée : l’ajout de « la solution unique » sur le titre, Montcuq, Ikea, Jean-Claude Dusse sont autant d’idioties ajoutées grâce au reviewing, qu’on ne remerciera jamais assez !

Le 28 juillet, on reçoit la demande de paiement (77€ bien dépensés). Je règle ça entre 2 commandes de pizzas (le plus long est de changer mon mot de passe Paypal jamais utilisé depuis 2004).

Le 30, la revue annonce que le peer-reviewing va débuter. Ils nous demandent avant ça de… traduire les figures en français ! Oui, c’est pour ça que j’ai détaillé plus haut : aucune des 3 figures n’a de sens, mais il faut les traduire ! @Scintigraphiste se charge alors d’une traduction volontairement dégueulasse sur Paint, avec un sens du détail dans le mauvais effaçage, la traduction et l’alignement ratés. Un travail d’orfèvre : forcément, ça passe… Finalement, notre article « gagne » encore en « qualité », si on peut dire !

Le lundi 3 août, le reviewing est fini, et nous sommes en révisions mineures… Et là ça devient carrément lunaire ! Le reviewer 1 n’en a rien à cirer, il balance un paragraphe tout fait sur l’hydroxychloroquine. Mais le pire ce sont les reviewers 2 et 3 qui ont visiblement lu (traduit ?) des passages, et font des remarques complètement hors sol (un exemple parmi 1000 : « wikipedia n’est pas une source validée » mais Picsou Magazine, YouTube ou Dropbox, ça passe). Je me charge des corrections avec @Scintigraphiste ; @Damyan_Omega soumet le soir même… et le mardi 4 août, nous sommes en « évaluation finale ».

Là où c’est incroyable, c’est que par exemple sur l’hilarante section 3.2., ces reviewings ont permis d’aller encore plus loin (le « manque de précision » a incité à ajouter le paragraphe sur la tentative infructueuse de profanation de tombe par les auteurs, par exemple…). Ailleurs, dans le résumé, le manque de précision sur « la chaise des auteurs » nous incite à préciser qu’il s’agit d’un modèle Ikea, et que nous avons également travaillé à Montcuq, hommage évident au sketch de Daniel Prévost.

Le jeudi 6 août, c’est maintenant le rédacteur-en-chef qui jette un oeil, et fait quelques remarques (par exemple, il nous dit « les auteurs ont dit que le comité d’éthique étaient eux-même »). Oui, c’est normalement le genre de problème UN PEU rédhibitoire (sachant qu’on parle quand même d’une étude où les auteurs ont tué des gens, et ont tenté d’aller les déterrer sans autorisation pour valider leur hypothèse farfelue).

Rapides réponses, et hop, @Damyan_Omega soumet le tout entre deux coups de pioches sur sa terrasse.

Le samedi 8 août, le rédacteur-en-chef insiste sur un point : « I am president of an ethics committee and never one author can evaluate the ethics from his/her research« . Bon, nous changeons ce point en disant que « en fait, nous n’avons pas participé à la décision de notre comité concernant notre étude, nous sommes sortis à ce moment-là ».

Là encore, dans la pure tradition Guérino-Raoultienne, nous vous partageons ici un Google Doc avec le verbatim lunaire de ces échanges avec les reviewers… Vous pouvez également retrouver tous les échanges sur le site de la revue (à noter que la note d’Editeur 2, le seul à avoir dit de ne pas publier, ne nous est jamais parvenue…)

Enfin, le mercredi 12 août (19 jours après notre soumission initiale), l’article est définitivement accepté. Il ne s’agit plus que de « valider nos noms et affiliations » (qui n’ont jamais changé). Le lendemain, nous recevons les épreuves, le 14 il faut encore valider le nom des auteurs… (Toutes ces étapes de vérification, c’est vraiment un travail de précision !)

Et l’article est enfin diffusé ce samedi 15 août ! L’assomption de la science vers des sommets inégalés !

Le meilleur article de tous les temps

Après ce long teasing, n’hésitez pas à relire notre « article » publié dans l’Asian Journal of Medicine and Health. Et comme nous avons toujours du mal à croire que tout ça a été possible, voici une capture d’écran de l’article en ligne (au cas où l’article viendrait à être supprimé – pas de panique, j’ai le PDF ici et sur ResearchGate, avec sa traduction française).

Nous l’avons publié dans cette revue auto-proclamée de qualité.

Ils ont pour objectif de publier des articles de grande qualité.
On les a bien aidé dans cet objectif, je pense.
Ouf, on tombe en plein dans les soldes ! – 89 % ! Quelle aubaine ! (En plus, aucun frais de soumission, on ne paie que si nous sommes acceptés, même s’ils demandent ça avant le reviewing pour éviter de s’encombrer dans des options comme le refus).
Juste dingue.

Voilà. Nous espérons (humblement) que ça sera une petite leçon pour scientifiques crédules ou malhonnêtes et journalistes non habitués au principe des revues prédatrices…

Ces revues acceptent et publient n’importe quoi.

Un article publié n’est pas un gage de vérité.

Violaine Guérin, Martine Wonner et leur bande ont fait preuve soit de naïveté (avec d’autres publications acceptées par le passé, c’est une option peu crédible), soit de malhonnêteté. La question est ouverte.

En conclusion : ne laissons pas les auteurs malhonnêtes raconter n’importe quoi, n’importe où.

Post-scriptum et autres addendums

[ADDENDUM Dimanche 16 août – 18h]

Notre article vient juste d’être rétracté par la revue ! Avec un peu de chance (et nous comptons sur vous qui l’avez lu), cela va provoquer un bel effet Streisand dont nous n’avions même pas vraiment besoin, tant le succès a été incroyable sur les réseaux sociaux (et ici) !

Trente heures plus tard… #RendsLargent

Pour rappel, cet article « à ne pas diffuser » peut se trouver actuellement, soit en tête du billet de blog, soit sur nos pages ResearchGate :

[ADDENDUM Lundi 17 août – 22h]

Bon, la diffusion dépasse un peu nos attentes les plus folles ^^ Dans les commentaires, vous trouverez d’autres blogs qui en parlent (dont le très beau billet de @pioletat, ou celui d’Elisabeth Bik, de RetractionWatch (qui nous a classé en 3ème position des rétractations d’articles de 2020 !), de Zen Faulkes, de Sylvestre Huet du Monde, sur MedScape…). Hervé Maisonneuve, parmi les remerciements, en a évidemment fait un billet. La société française d’ophtalmologie en a parlé en novembre.

Nous sommes désormais cités en exemple dans la page wikipedia des revues prédatrices (parmi d’autres exemples célèbres, ou encore Georges Perec)… et de Nemo Macron !

Voici également quelques relais de notre article où nous avons été interviewés, en France, Suisse et Belgique :

Et les multiples reprises à travers le monde :

C’est beau d’être apprécié du Canard Enchaîné jusqu’à Causeur en passant par Libération et Le Figaro…

(Nous avons décliné RT France et France Soir… que Florian a rickrollé, ce qui les a apparemment agacé à au moins 2 reprises ^^’ Ils nous ont quand même cité, ainsi que Sputnik).

De façon assez cocasse, la plupart des versions différent un peu selon les journaux : tantôt ce sont « des médecins français », parfois « un suisse », « une équipe suisse », parfois 1, 2 ou 3 auteurs sont cités, tantôt on a payé 55$, 85$ ou 85€… ^^

Nous avons également été utilisés dans des groupes de travail ou de réflexion :

Nous avons été cités dans le MOOC « intégrité scientifique dans les métiers de la recherche » de l’université de Bordeaux (2022).

Aux 14ème journées du cancéropôle Nord-Ouest de Deauville en mai 2022, nous étions également cités.

Image
Source : ce tweet !

Nous avons été cité dans la littérature scientifique :

Nous avons été cité dans d’autres ouvrages :

Et évidemment, je ne serai jamais exhaustif puisque l’audience a été très large et que nous avons été repris sur les réseaux sociaux, sur YouTube (Mr. Sam), en Podcast (La Confiture du 9 octobre), la pièce de théâtre de l’Ethique du Chercheur, Moteur de recherche (27 octobre 2022 – vers 26 min), par le Dr Hervé Maisonneuve dans le Quotidien du Médecin (décembre 2022), Pr Michel Dauzat dans Medvasc (la preuve par l’absurde, décembre 2022), etc.

Valentin en a fait un article pour Afis Science en décembre 2020.

J’ai été filmé en octobre 2021 pour Le Blob.

[ADDENDUM dimanche 23 août]

Avec 71,263 vues en version anglaise et 48,210 en version française sur ResearchGate, sans compter les téléchargements sur le site AJMH le week-end dernier, ni les transferts par mail du PDF entre chercheurs… nous avons là un article incroyablement partagé ! Merci à vous pour vos relais ! 🙂

[ADDENDUM samedi 19 septembre]

Un peu plus d’un mois plus tard, avec les mêmes réserves ci-dessus, nous sommes à 96 675 lectures en anglais et 58 173 en français !

De façon cocasse, j’ai été amené à faire… du reviewing pour une autre revue de Science Domain International (sans doute qu’ils sélectionnent leurs reviewers parmi les auteurs qui se sont fait avoir par une revue prédatrice…). Je raconte ça brièvement en quelques tweets, à dérouler ci-dessous :

[Addendum 10 octobre 2021…]

Tous les lundis depuis août 2020, je reçois un mail de ResearchGate pour dire que je suis l’auteur le plus lu de l’université de Lille. Nous sommes tous les 4 dans cette même situation.

L’article continue de diffuser : la semaine dernière, j’ai appris qu’il avait été évoqué en cours aux étudiants de 4ème année de Lille… Pour certains, c’est devenu un document de démonstration pour parler de fiabilité des sources !

https://twitter.com/SchopferCeline/status/1445638217898754048?s=20

Nous avons aussi écrit une lettre à la rédaction dans Thérapie, publiée en novembre 2021 : Raising public awareness about the misuse of predatory journals: One year after the “hydroxychloroquine and push-scooters accidents” hoax

Je présente un sujet sur les revues prédatrices au congrès du CNGE début décembre 2021 à Lille…

[Addendum 2 décembre 2021…]

… et à la demande des collègues de Poitou-Charentes et de Louvain, voici la présentation – à laquelle j’ai intégrée le son du congrès (en lecture automatique).

Et si vous voulez le récupérer en vidéo toute prête, c’est là >> https://mimiryudo.com/blog/wp-content/uploads/2021/12/CNGE21_Rochoy_predateur4_present.mp4

[Addendum 13 février 2022]

Il y aura encore 2 présentations similaires : globalement la même qu’au CNGE pour le congrès de médecine générale de France à Paris (CMGF, 26 mars 2022) et une autre en septembre, en plénière d’ouverture du congrès d’automne de la Société Suisse de Médecine Interne Générale à Davos (22 septembre 2022).

[Addendum 8 mai 2022]

Nous avons aussi été cités dans l’ouvrage Le mauvais air de Jean-Marc Cavaillon (pages 396-397) !

Le mauvais air - Jean-Marc Cavaillon - EDP Sciences

[Addendum du 16 novembre 2022]

La présentation en Suisse a été un très chouette moment ! Je vous en reparlerai sur un billet dédié

[Addendum 12 octobre 2024]

On continue à parler de nous… Ici à 26’30 dans l’épisode Fraudes en médecine de 36,9° sur RTS

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Valoriser sa thèse de médecine générale : les prix

Une thèse qui reste sur une étagère est une thèse qui meurt un peu… Ca n’est plus aussi vrai qu’avant, parce que chaque faculté les met maintenant à disposition (pour Lille, c’est sur Pepite), avec un référencement Google qui peut aider à la diffusion (exemple d’un thésard qui a travaillé sur la « médecine dans le Boulonnais pendant la seconde Guerre Mondiale », et qui reçoit encore plusieurs fois par an des appels de passionnés d’histoire locale qui sont tombés sur le PDF de sa thèse en accès libre en cherchant un nom, un évènement…)

En dehors de cette mise en ligne donc, il existe plusieurs autres moyens de valoriser sa thèse de médecine (générale) :

  • les informations / publications locales : dans des revues locales (par exemple auprès de l’ARS, d’un réseau de soin…), sous forme d’article du mois (FAYR-GP le fait pour Exercer)
  • les congrès : présentations orales ou posters (on en a déjà parlé : cf. ce billet sur le CMGF2019 par exemple, ou celui-ci sur le CNGE 2018)
  • les publications dans des revues : nationales ou internationales, référencées ou non… (on en a déjà parlé ici du parcours « de la thèse à la publication » puis dans l’itinéraire d’un article publié partie 1 et partie 2).
  • et les prix…

Le billet du jour est sur ces prix, avec une liste non exhaustive (n’hésitez pas si vous en connaissez d’autres !). Ils méritent qu’on s’y intéresse, parce qu’ils demandent souvent peu d’investissement (la plupart du temps, ça prend 5 minutes à 1 heure de travail) et ça peut rapporter de l’argent ! (Tout l’inverse des articles : beaucoup d’investissement qui ne rapportera jamais rien financièrement). 

Tout directeur de thèse peut donc rappeler à ses thésards les prix suivants, classés par date limite de soumission : (Légende : N = année en cours).

  • Prix de thèse de la faculté de médecine : ça, ça n’est pas dépendant de vous, mais de votre jury de thèse, qui peut soumettre au jury annuel de la faculté… Ce prix peut donner accès à la mention « lauréat de la faculté de médecine ».
  • Prix de thèse du département / du collège local : là, à part vous renseignez localement… Par exemple à Grenoble, ils ont le prix du collège interalpin des généralistes enseignants.
  • Prix de thèse de l’URPS : là encore, renseignez-vous localement… Pour l’URPS des Hauts-de-France :
    • thèmes : Prévention/dépistage, Organisation des soins, Amélioration des pratiques médicales en médecine libérale
    • thèse de l’année N-1
    • soumise avant fin janvier N (à noter qu’on peut soumettre à tout moment de l’année, sans date de début, donc y compris le lendemain de la soutenance de thèse…)
    • par mail, à récupérer sur le site de l’URPS (prix-these@urpsml-hdf.fr), avec 1 CV, la thèse en PDF, une version article courte en 6000 signes (résumé élargi donc), 1 copie du diplôme, le règlement signé
    • (à noter qu’il existe une grille en 30 points sur laquelle est jugé ce travail ; la grille n’est pas rendue publique, ce qui est dommage, et favorise probablement ceux qui pourraient la connaître – les lauréats étant régulièrement des thésards des membres du jury…)
    • remise lors de la journée d’installation en avril-mai N (prix 2000€ – 1500€ – 1000€ pour les 3 lauréats)
  • Prix Alexandre Varney de l’ISNAR-IMG : 
    • Thème : tout ce qui peut concerner notre futur métier de médecin généraliste et la manière dont nous y sommes préparés, la formation, son contenu, mais aussi tous les à-côtés d’une vie d’interne, les différentes façons d’y faire face, etc…
    • thèse de l’année N-1 ou N (ou mémoire, article, vidéo, BD)
    • soumise avant janvier N
    • par courrier en 4 exemplaires au siège social de l’ISNAR-IMG (cf. règlement ici)
    • remise lors du congrès de l’ISNAR en février N (prix 1000€, trophée et présentation)
  • Prix de l’Académie de Médecine (nombreux prix, certains tous les ans, d’autres tous les deux ans, certains créés, d’autres disparus ou regroupés…) : en général, plutôt pour des gens en thèse de science, ou qui ont déjà quelques publications à leur actif quand même : 
    • Thèmes : très variés, notamment :
      • Prix généraux « pour travaux jugés dignes par l’Académie » : prix de l’Académie nationale de médecine, prix Achard-Médecine, prix Jansen, prix de la société des eaux minérales d’Evian-les-Bains, prix Eloi Collery, prix Léon Baratz Docteur Darolles…
      • Prix du ministère de la jeunesse et des sports (biologie appliquée aux sports) ; prix Albert Creff (recherche fondamentale ou pratique concernant la nutrition et l’hygiène de vie appliquées à l’activité physique et au sport)
      • Prix Albert Sézary (jeune médecin ou chercheur digne d’intérêt)-
      • Prix Drieu-Cholet (travaux sur le cancer ou les maladies vasculaires)
      • Prix Maurice-Louis Girard (biochimie ou immunologie clinique)
      • Prix Elisabeth Taub (recherche toxicologique, risques toxiques des produits qui nous entourent) ; prix Edouard Bonnefous (travaux sur l’environnement et les conséquences sur la santé)
      • Prix Janine Rouane-Crépeaux (jeune médecin/chercheur, santé des femmes et gynécologie-obstétrique) ; prix Jacques Salat-Baroux (reproduction humaine)
      • Prix alimentation nutrition (études originales sur l’alimentation et la nutrition humaine et animale)
      • Prix Charpak-Dubousset (prix franco-chinois pour l’innovation collaborative dans le domaine de la santé)
      • Prix Etienne Chabrol (insuffisance hépatique de l’enfance)
      • Prix de cardiologie Lian-Escalles, Jean Di Matteo (maladie du coeur ou des vaisseaux)
      • Prix Auguste Secrétan (étudiant en médecine jusqu’à interne, ayant fait un travail pouvant aider au soulagement de la douleur)
      • Prix Joseph-Antoine Maury (soulager ou atténuer la souffrance physique humaine)
      • Prix Léon Lanoy (pharmocodynamie, ou pathologie exotique) (rigolo, ça n’a juste pas de rapport, on dirait un candidat Fort Boyaux ^^)
      • Prix Deschiens (maladies infectieuses ou parasitaires)
      • Prix de neurologie Victor et Clara Soriano, Henri Baruk (neurologie)-
      • Prix Aimée et Raymond Mande (maladie de Parkinson ou leucémie chronique)
      • Prix lutte contre l’alcoolisme (préventif et curatif, compréhension des désordre induits par l’alcool)
      • Prix lutte contre le tabagisme (préventif et curatif)
      • Prix Jacques Mirouze-Servier (diabète) ; prix Léon Perlemuter (endocrinologie ou diabétologie, avant 50 ans) ; prix André Lichtwitz (jeune médecin ou chercheur, endocrinologie générale ou équilibre phosphocalcique) ; prix Gilberte et Jacques Tacussel (mécanismes conduisant au diabétique, amélioration des traitements anti-diabétiques, outils physiques ou numériques facilitant l’adaptation du traitement ; les moyens peuvent financer des dépenses de fonctionnement, d’achats d’équipements ou d’un post-doctorant…)
      • Prix de chirurgies… Prix Belgrand-Chevassu (jeune chirurgien chercheur en anatomopathologie) ; Prix Henri Mondor (urgences chirurgicales) ; Prix Emile Delannoy-Robbe (jeune chirurgien sur la chirurgie expérimentale ou clinique) ; Prix d’urologie (ça parle tout seul)
      • Prix d’ophtalmologie : Prix Raymonde Destreicher (médecine des yeux) ; Prix Prospère Veil (étudiant en ophtalmologie ou médecin chercheur digne d’intérêt…)
      • Prix Jean-François Ginestié (jeune chercheur, imagerie médicale du système vasculaire ou de l’appareil ostéo-articulaire)
      • Prix de cancérologie : Prix Prince Albert 1er de Monaco (diagnostic ou traitement des cancers) ; Prix Paul Mathieu (recherches, ouvrages ou organismes ayant pour but la lutte contre les tumeurs malignes) ; Prix Amélie Marcel (traitement des leucémies) ; Prix Berthe Péan, Antoine et Claude Béclère (cancérogenèse et traitements des cancers) ; Prix Henry et Mary-Jane Mitjavile (lutte contre le cancer… puis quand le cancer sera jugulé, on passera à un autre fléau !) ; Prix Gallet et Breton (progrès techniques ou thérapeutiques relatifs à la cancérologie) ; prix cancer (travaux dans le domaine du cancer)
      • Prix Michel Noury (pour celui qui mettra au point un traitement guérissant clinique la rage chez l’Homme !)
      • A noter 2 prix littéraires : Prix Jean Bernard (oeuvre littéraire sur la médecine) et Prix d’histoire de la médecine de la société d’histoire de la médecine et de l’académie nationale de médecine (récompense un ouvrage)
    • il est intéressant d’aller voir les lauréats des précédentes années pour juger du niveau et de la pertinence d’une soumission ou non quand même…
    • soumis entre le 15 novembre N-1 et le 15 février N 
    • par courrier en 2 exemplaires avec candidature, CV et tirés à part + version électronique à administration@academie-medecine.fr (cf. règlement ici)
    • annonce en juin-juillet N (prix de 325€ à 40 000€…)
  • Prix « Grands prix du Généraliste » : 
    • Thème : organisation des soins (mode d’exercice innovant), première expérience professionnelle (en adéquation avec les besoins), formation-recherche, meilleure initiative numérique en santé (site ou autre projet numérique utile aux confrères), 
    • soumis entre février N et avril N
    • par mail sur le site dédié
    • remise en juin N lors d’une cérémonie dédiée (prix 1000€)
  • Prix « Groupe Pasteur Mutualité » : 
    • Thème : thérapeutique, prévention médicale, innovation en santé
    • soumis avant novembre N
    • par mail sur leur site (prix 1500€ chacun pour les 6 lauréats)
  • Prix de thèse du CNGE + prix de la MSA :
    • thèse de juillet N-1 à juin N,
    • soumis entre mars et septembre N,
    • par mail sur le site du congrès du CNGE
    • remise en novembre N lors du congrès annuel (prix 1500€ et présentation lors de la cérémonie de clôture)
  • Prix de thèse d’histoire de la médecine Georges Robert : 
    • thèse d’octobre N-2 à octobre N
    • soumis avant le 31 décembre N
    • par voie postale à la BIU de Paris 6 (cf. règlement)
    • remise ensuite (prix 500€ et une médaille de la société)

Il existe également des prix « spécifiques », dont voici quelques exemples en gériatrie (le site de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie en liste quelques-uns)  :

  • Prix Fondation de France / Médéric Alzheimer : 
  • Prix Joël Ménard : 
    • Thème : recherche clinique et translationnelle, recherche en sciences humaines et sociales, recherche fondamentale
    • soumis avant mai N
    • candidature sur le site dédié
  • Prix Edouard et Louis Chaffoteaux : 
    • Thème : la recherche biologique en vieillissement et sénescence ; la recherche clinique en gériatrie ; les sciences humaines et sociales concernant les problématiques liées au vieillissement et à la prise en charge des patients âgés.
    • Prix occasionnel (tous les 3-4 ans)

Généralement, les congrès proposent également des prix pour les thèses (par exemple la société française d’accompagnement et de soins palliatifs, le congrès national de médecine et santé au travail, la Société française de pharmacologie et thérapeutique…). En dehors de la médecine générale, c’est aussi le cas de certaines associations ou sociétés savantes, souvent pour les internes/jeunes médecins de la spécialité (ANOFEL pour la parasitologie et mycologie, SFC pour la cardiologie…)

Enfin, il est tout à fait possible d’imaginer que la thèse consiste à diffuser un livre ressource pour professeurs contribuant à l’enseignement de la médecine pour une tranche d’âge bien définie… et rentrer dans les critères du prix du livre d’enseignement scientifique de l’Académie des Sciences par exemple. L’Académie des Sciences propose d’autres prix (notamment Jean-Pierre Lecocq et grand prix de cancérologie de la fondation Simone et Cino Del Duca), qui ne sont pas vraiment accessibles pour des thèses d’exercice 😉

Comme dit plus haut, si vous connaissez d’autres prix pour lesquels il peut être intéressant de se pencher après une thèse de médecine (plutôt générale), n’hésitez pas à me le signaler ! 

EDIT du 27/1/2021 : Il y a également des prix de littérature médicale :

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