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Affiches pour le cabinet (masque, qualité de l’air) et courrie

J’ai profité du 15 août pour mettre à jour mes affiches de 2019 et 2021 pour ma salle d’attente (modification des tarifications, ajout de l’information sur le DMP, horaires, etc.)

Dans la foulée, j’ai aussi prévu de quoi remplacer mon message au feutre disant « le masque est obligatoire comme il devrait l’être dans tous les lieux de soins. Merci. »

J’ai diffusé ces nouvelles affiches sur Twitter et certain(e)s souhaitent les reprendre en partie ou totalité, donc pour simplifier et éviter de recopier, les voici ci-dessous (c’est évidemment totalement libre, faites-en ce que vous voulez) :

Je vais aussi intégrer l’aéroscore de Nous Aérons (à retrouver sur cette page) ainsi que leur rappel de réglementation pour le code de l’environnement (à retrouver là).

A noter qu’en parallèle, j’ai envoyé un courriel au maire de ma ville. Si vous voulez faire de même, voici le modèle :

Monsieur / Madame le Maire,

J’aimerais échanger avec vous sur la qualité de l’air dans les écoles primaires (maternelle et élémentaire), à la charge de la commune.

La surveillance annuelle des moyens d’aération des bâtiments scolaires devient une obligation légale avant le 31 décembre 2024 selon le Code de l’environnement (articles R221-30 à D221-38), modifié par le décret n°2022-1689 du 27 décembre 2022 [1].

Cette surveillance se fait notamment par lecture directe du taux de CO2. Le seuil à viser est de rester inférieur à 800 ppm CO2 dans des locaux occupés, afin d’assurer un renouvellement d’air satisfaisant (arrêté du 27/12/2022) ; un taux supérieur à 1500 ppm implique des mesures de correction immédiates pour le renouvellement de l’air [2]. L’observatoire de la qualité de l’air intérieur a estimé en 2017 que 3 écoles sur 4 n’ont pas de système de ventilation spécifique [3]

Une fois le “diagnostic” de renouvellement de l’air posé par les capteurs CO2, il convient d’appliquer un “traitement” efficace.

Afin d’améliorer le renouvellement de l’air dans les écoles, plusieurs mesures peuvent être mises en œuvre dans les classes, salles d’activités motrices et réfectoires :

  • à long terme, des travaux sur les systèmes de ventilation (installation ou amélioration de VMC) ;
  • à court terme, l’aération manuelle guidée par des capteurs de CO2 et éventuellement le déploiement de purificateurs d’air.

Cet investissement est raisonnable à l’échelle de la commune, avec par exemple pour les capteurs CO2, 2 modèles portables bien connus, qui peuvent circuler entre les classes :

  • AURA CO2 (~200 € TTC), fabriqué en France, permettant un suivi sur place et éventuellement à distance (avec la connectivité LoRaWan)
  • ARANET4 Home (~200 € TTC), fabriqué en Europe, autre produit de référence.

Il existe aussi des alternatives murales pour une installation plus définitive. 

Investir dans ces solutions n’est pas seulement une question de conformité légale, c’est aussi et surtout une opportunité pour notre commune à différents niveaux : 

  • améliorer le bien-être des élèves et du personnel scolaire par un air plus sain, avec moins d’allergènes et produits volatils ; 
  • participer à l’éducation à la santé, à la qualité de l’air et à l’environnement dès le plus jeune âge ;
  • améliorer les performances scolaires : il est rappelé par Santé Publique France qu’un taux de CO2 plus élevé altère la concentration et les performances scolaires [4]
  • diminuer les absences des élèves et personnels à l’école, ainsi que des parents et proches (pour garde d’enfant ou maladie à leur tour) ; 
  • redonner du temps médical aux médecins généralistes en diminuant le nombre d’infections respiratoires et ainsi améliorer l’accès aux soins pour les administrés de la commune.

Je me tiens à votre disposition si vous le souhaitez pour discuter de ce sujet qui me tient particulièrement à cœur.

Veuillez agréer, Monsieur / Madame le Maire, l’expression de nos salutations distinguées, 

Signataire.

Références :

[1] https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006074220/LEGISCTA000024912670/ 

[2] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046830005 

[3] https://www.oqai.fr/fr/campagnes/campagne-nationale-ecoles-n01 

[4] https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/documents/enquetes-etudes/lien-entre-la-concentration-en-co2-dans-les-salles-de-classe-et-l-apprentissage-des-enfants

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[FMC] Protoxyde d’azote en tant que drogue récréative

Parlons du protoxyde d’azote et de ses dangers en tant que drogue récréative…

Le protoxyde d’azote : c’est quoi, et on en trouve où ?

Le protoxyde d’azote est l’oxyde nitreux (N2O, nitrous oxide en anglais), le « proto », le « gaz hilarant », les #Whippets ou #HippyCrack en anglais.

Le N2O est présent :

  • dans l’atmosphère (puissant gaz à effet de serre, favorisé par les engrais azotés)
  • dans les flacons de MEOPA pour anesthésie (notamment aux urgences pédiatriques)
  • dans certains moteurs à combustion (kits NOS)…

Il est également en vente libre en tant que gaz de compression pour les cartouches de siphon (chantilly !). Plein de marques : « cream deluxe », « infusionmax », « Fastgaz », « Smilewhip »… Ce sont ces cartouches de siphon qui sont utilisées à visée récréative (drogue).

Il existe plusieurs modes de vente :

  • capsule métallique de 8g (qui jonche les rues des grandes villes) : 50 cents €
  • cartouches, bonbonnes (environ 80-100 cartouches) voire obus / « tank » depuis peu.

On trouve ça en vente sur internet pour un prix assez faible…

Les consommateurs vident le gaz dans un ballon de baudruche, puis l’inhalent. Un ballon est réalisé avec 8g environ (1 capsule) mais il existe vraisemblablement une marge importante lors de la vente « au ballon »…

Depuis quand le N2O est utilisé à visée récréative ?

Le N2O a été découvert en 1772, utilisé dans les foires comme « gaz hilarant« , puis en dentisterie au XIXème siècle comme anesthésiant. En 1961, il est utilisé pour la 1ère fois en obstétrique. Le 1er cas d’abus mortel date de 1960 (femme de 19 ans).

Entre 1999 et milieu des années 2000, le dispositif TREND (@OFDT) observe des usages de protoxyde d’azote dans le milieu festif techno-alternatif en France (ballons à 1-2€). Il disparait puis refait son apparition vers 2017 à Lille, Bordeaux, Paris.

Evidemment, la France n’est pas la seule touchée. Le début des signalements à Lille vers 2017 n’est sans doute pas étranger à la proximité avec les Pays-Bas et le Royaume-Uni, où c’est également une pratique en augmentation.

Il est intéressant de voir que les tweets sur le sujet sont apparus vers 2011. L’un d’entre eux cite l’épisode de Nip/Tuck diffusé en 2011 où un perso « s’éclate » au protoxyde d’azote.

Apparition de la mode en 2011 sur Twitter
Déjà évoqué en 2009 dans un épisode de Nip/Tuck

Courant 2016, une revue de littérature a fait le point sur les nombreux cas signalés et les conséquences de ces consommations de protoxyde d’azote. Bien sûr, ce ne sont « que » les cas publiés.

Comment ont évolué les consommations en France récemment ?

Les centres d’addictovigilance et de pharmacovigilance (@Reseau_CRPV) ont rendu plusieurs rapports à @ansm dont le dernier en date était de novembre 2021. Ces rapports ont conduit à des synthèses de l’ANSM, du DGS…

Ces rapports donnent une idée de la consommation en France :

  • 47 cas en 2019, 254 en 2020 (évidemment sous-déclaré !)
  • 68 % hommes – médiane 21 ans (de 14 à 53 ans)
  • de + en + régulier (30 % usage quotidien)
  • de + en + important (34 cas prenant > 100 capsules/jour !)

En juin 2022, il y a eu un communiqué des centres d’addictovigilance qui appelaient à sensibiliser largement :

  • nombre de cas remontés x 10 depuis 2019
  • nombre d’atteintes neuro x 3 entre 2020 et 2021
  • de + en + d’usage pour anxiolyse/défonce

Cela a été rappelé en décembre 2022 par les CEIP sur leur bulletin commun… En janvier 2023, l’ANSM a proposé une nouvelle synthèse avec document d’aide au diagnostic pour les médecins. Les chiffres ont peu évolué : 22 ans, 58 % masculin…

Dernière synthèse ANSM en janvier 2023

Pour le suivi, on peut voir sur Google Trends un certain cycle dans les requêtes (juillet-août et décembre).

Tendance sur Google

Enfin, outre Twitter, Google Trends et les circuits classiques (addictovigilance et publications), l’analyse des forums peut aussi être une piste pour faire de la « cyberpharmacovigilance » ou « cyberaddictovigilance ». C’est ce qu’on a fait sur un forum de bodybuilder sur le dopage…

Mais… si c’est juste un gaz hilarant, pourquoi empêcher les gens de s’amuser ?

Parce que le protoxyde d’azote a de nombreux effets indésirables graves !

Et cette drogue a le mauvais goût d’être addictive. Comme dit plus haut, certains consomment beaucoup (jusqu’à 400 capsules par jour !). C’est un point discuté dans l’édito de la lettre de pharmacovigilance de Lille en mai 2022.

Les effets recherchés par les consommateurs sont :

  • euphorie, hilarité, distorsion des perceptions (« courses de moto / conduite automobile excitante »)
  • anxiolyse, défonce, planer, oublier (associé à alcool/cannabis)
  • antalgique (colopathie fonctionnelle…)

Cela s’explique par ses propriétés pharmacodynamiques et pharmacocinétiques qu’on peut résumer ici en 2 mots :

  • absorbé (en 5 min) et éliminé (en 30 min) par voie pulmonaire
  • ça passe dans le sang en 5 min (effets au niveau cérébral, sur les récepteurs morphiniques, dopaminergiques, etc.)
Pour en savoir plus…

Les risques immédiats sont :

  • asphyxie (oedème pulmonaire massif par irritation de voies aériennes)
  • perte de connaissance (surtout sur épilepsie apparemment, ou si polyconsommation)
  • accidents de la route
  • brûlures : doigts, bouche, cuisse si bonbonne (froid du gaz)
  • attaque de panique, délire, amnésie,
  • vertiges / sensation d’ébriété,
  • nausées, vomissements ; fausses routes (perte du réflexe de toux par le froid),
  • fatigue
  • troubles du rythme cardiaque, douleurs thoraciques
  • etc.

Il existe aussi des risques plus tardifs, dans le cadre d’un abus répété, dont :

  • perte de poids
  • fatigue persistante
  • insomnie
  • troubles de l’érection,
  • anémie, baisse des plaquettes et globules blancs
  • thromboses veineuses,
  • troubles neurologiques dont une perte de force et de sensibilité (picotements, engourdissements), un syndrome pyramidal (parésie spastique, comme après un AVC) et des troubles de l’équilibre Bref, un tableau de sclérose combinée de la moelle (combiné = pyramidal + cordonal postérieur)
Souvenirs de sémiologie neurologique

D’autres troubles neurologiques sont décrits : convulsions, tremblements… Pour visualiser, il y a ce récent témoignage via @afpfr ou celui-ci dans cet article du Point.

https://twitter.com/afpfr/status/1527756298036576260

Pourquoi le N2O entraîne ce genre de symptômes ?

  • le N2O oxyde les ions cobalt de la vitamine B12, qui devient inactive
  • la B12 transforme l’homocystéine en méthionine normalement… donc le N2O augmente l’homocystéine (prothrombotique) et diminue la méthionine, essentielle à la myéline (donc démyélinisation).

C’était un sujet détaillé dans la lettre de pharmacovigilance de Toulouse. La démyélinisation (périphérique et centrale) est responsable de polyneuropathie sensitivomotrice, myélite, ataxie proprioceptive, névrite optique

Quelle prise en charge ?

  • Si urgence, le 112 (ou 15)
  • Symptomatique : vitamine B12 +/- B9
  • Etiologique : aider à l’arrêt (MG, consultations jeunes consommateurs au CSAPA, @DroguesInfo au 0800231313)
  • Epidémiologique : déclaration en addictovigilance (http://signalement-sante.gouv.fr)
  • Sociétale : depuis le 1er juin 2021, la vente est interdite aux mineurs, dans les débits de boissons et de tabac en France. Dans les actions qui pourront être menées, les centres d’addictovigilance (et @ansm) incitent à poursuivre le recueil et le suivi, informer, limiter l’accès.

En résumé, pour le médecin généraliste…

Devant des troubles neuro chez un jeune (ataxie proprioceptive, paresthésies…), penser à interroger sur la consommation de protoxyde d’azote.

Penser à doser B12 et homocystéine (parfois B12 préservée mais inactive !)

PS : Image mise en avant par MJ Jin de Pixabay. Ce billet a été publié sous forme de fil Twitter en mai 2022 :

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Affiche pour salle d’attente à propos des masques en lieux clos après le 14 mars 2022

Pourquoi cette fiche ?

Le masque ne sera plus obligatoire dans les lieux clos à partir du 14 mars 2022. C’est une décision dont vous connaissez probablement mon avis, sinon il est disponible ici ou dans ce fil Twitter :

(En résumé : une décision de merde, histoire de couper l’herbe sous le pied de la plupart des autres candidats qui avaient tout misé sur « on va retirer le masque et le pass » et n’ont ainsi plus aucune idée à proposer sur la pandémie, parce que dire « on va remettre le masque » n’est pas assez populaire à leur goût).

Donc, pour informer les patients, je mettrai la fiche suivante en salle d’attente à partir de lundi. Il y a 1 page simple et 5 pages de questions/réponses fréquentes.

La fiche en question

Vous pouvez la télécharger au format DOCX ci-dessous (et la modifier, en faire ce que vous voulez).

Le contenu est reproduit ci-dessous :

A propos du masque en lieu clos

Au 14 mars 2022, le masque reste obligatoire dans les cabinets médicaux, en pharmacie et dans tous les établissements de santé (et les transports en commun).

En pratique, je vous recommande fortement de le conserver dans tous les lieux clos où il peut l’être (commerces, administrations, bureaux, travail…)

Le port du masque chirurgical (sur la bouche et le nez) en lieux clos est un geste altruiste qui nous permet de protéger les gens fragiles, immunodéprimés ou non vaccinés dans ce contexte de pandémie.

Limiter les contaminations par le port du masque en lieux clos, c’est aussi limiter les symptômes prolongés (fatigue, essoufflement, etc.), l’absentéisme à l’école ou au travail, la surcharge du système de santé en ville et à l’hôpital et les dépenses sociétales sur la pandémie.

En raison des messages divers (et parfois contraires) entendus sur la pandémie, je vous apporte quelques informations avec des sources que vous pouvez vérifier.

N’hésitez pas en cas de questions.

Réponse aux questions fréquentes sur la COVID-19

Est-ce que la pandémie est finie ?

Non.

Est-ce que l’épidémie régresse / progresse actuellement ?

QR Code vers le site du gouvernement (courbe de R)

Sur cette courbe, l’épidémie régresse si le taux de reproduction est inférieur à 1 (1 personne en infecte 0 à 1 en moyenne) et elle progresse si le taux est supérieur à 1.

Attention, ce taux veut rapidement fluctuer : par exemple, il a été au plus bas le 21 juin 2021 (0,54) avant de refranchir le seuil de 1 le 2 juillet 2021…

Combien y a t-il de cas / d’hospitalisations / de décès liés au COVID-19 actuellement en France ?

Vous pouvez par exemple retrouver ces données sur :

  • l’appli AntiCovid (section Infos > Autres chiffres clés > Epidémio)
  • ou en tapant « Covid France » sur Google (exemple page suivante)
  • ou sur le site du gouvernement
  • ou sur OurWorldInData (pour comparer entre pays)
QR Code du site du gouvernement
QR Code de OurWorldInData

Que signifie un taux d’incidence à 300 (par exemple) ?

Cela signifie : 300 personnes sur 100 000 ont été testées positif sur les 7 derniers jours (soit 3 personnes sur 1000).

En considérant une population de 70 millions d’habitants en France, cela représente donc environ 30 000 personnes positifs chaque jour (soit 4 patients positifs par semaine pour chacun des 50 000 médecins généralistes du pays).

Sur une population de 14 000 habitants (Outreau), un taux d’incidence à 300 implique donc 42 personnes positives sur les 7 derniers jours.

Au Danemark, ils ont tout retiré, et ça se passe bien, non ?

Non.

Malgré un taux de vaccination plus élevé qu’en France, la levée du masque les mène à leur plus fort taux de mortalité par COVID-19 depuis le début de la pandémie.

Est-ce qu’avec Omicron, c’est un rhume ou une grippe ?

Non.

Omicron est aussi virulent que la souche de mars 2020. Il est moins virulent que le variant delta.

En janvier-février 2022, la COVID-19 a tué 14 000 personnes, malgré les précautions (masque, incitation au télétravail, vaccination).

Sans ces précautions dans les années 2010-2019, la grippe tuait en moyenne 9 000 personnes par an selon Santé Publique France (en moyenne en France, 1 650 personnes décèdent chaque jour de toute cause, soit 600 000 par an).

Par ailleurs, la grippe est saisonnière (novembre à mars) ; pour la COVID-19, nous avons vécu des vagues de décès en mars-mai 2020 (30 000 décès), octobre 2020-juin 2021 (80 000 décès), novembre 2021 à mars 2022 (22 000 décès – en cours).

3 grandes vagues de décès liés à la COVID-19 depuis mars 2020

Est-ce que la vaccination est efficace ?

Le vaccin est très efficace pour diminuer les formes graves, et donc pour éviter le confinement de la population.

Début 2021, environ 15 000 cas par jour entraînaient 300 décès par jour. Grâce à la vaccination, ce nombre de 300 décès n’a plus été atteint qu’avec 300 000 cas par jour début 2022 (20 fois plus).

La majorité de la population est vaccinée : 93 % des adultes (ou 78 % de la population en comptant les enfants).

Pour illustrer l’efficacité, vous pouvez aller sur l’appli AntiCovid > section Infos > Autres chiffres clés > Vaccination > Comparer. Exemple de graphiques :

Le vaccin 2 doses réduit environ de 90 % les formes graves (courbe rouge à gauche) et le rappel augmente l’efficacité (courbe rouge à droite)

Est-ce que le vaccin diminue les contaminations ?

Oui. Il réduit d’environ 30-40 % le risque d’être positif et le risque de contaminer ensuite.

Les courbes rouges précédentes montraient l’efficacité sur les formes graves, mais vous pouvez également tester sur l’appli avec les tests positifs.

Est-ce qu’il y aura une 4ème dose ?

Probablement non pour les vaccins actuels, mais possiblement oui pour d’autres vaccins à venir…

La 3ème dose semble apporter une réponse immunitaire importante et durable. Des vaccins plus spécifiques sur certains variants devraient être commercialisés en 2022 et seront sans doute recommandés.

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Les non-vaccinés du 28 juin 2021 : une enquête sur Twitter

Nous parlons beaucoup en ce moment des indécis et des réfractaires à la vaccination. Hélas, nous manquons de données issues de la médecine générale pour en comprendre les raisons.

J’ai donc proposé un questionnaire simple, sans grande prétention, diffusé via Twitter sur la journée du 28 juin.

J’ai un peu traîné pour l’analyse, désolé, mais voici les résultats…

Description de la population

J’ai obtenu 123 réponses venant pour :

  • 91 de médecins généralistes
  • 13 d’IDE
  • 9 de patients
  • 5 de pharmaciens
  • 4 d’autres spécialistes (pneumologue, endocrinologue)
  • 1 de sage-femme

(ATTENTION : il ne s’agit pas de 91 médecins généralistes non vaccinés. Il s’agit bien de 123 patients, avec des questionnaires remplis par des médecins généralistes dans 91 cas, des IDE dans 13 cas, etc. Nous parlons bien de non-vaccinés en population générale, et pas de non-vaccination chez les soignants !)

Les répondeurs venaient d’un peu partout en France, avec une large prédominance pour le Nord-Pas-de-Calais (sur-représenté sur ma timeline Twitter ?)

Nombre de patients inclus par département

Les patients inclus étaient :

  • 70 femmes
  • 53 hommes

L’âge médian des patients était 44 ans [Q1 : 33 ans ; Q3 : 64 ans].

Age des patients inclus

Raisons de la non-vaccination

Les raisons de non-vaccination étaient cumulatives (un patient pouvait signaler refuser par « manque de temps » et « faible intérêt ressenti » par exemple).

Voici les raisons dans l’ordre décroissant, parmi cette population de non complètement vaccinés (j’insiste mais c’est important de bien se rappeler qu’on étudie ici uniquement ceux qui n’ont pas encore été vaccinés le 28 juin) :

  • Manque de recul à long terme : 42 (34 %)
  • N’en ressent pas l’utilité (faible bénéfice individuel, faible circulation virale, absence de comorbidités…) : 30 (24 %) – dont 13 après 50 ans
  • N’a pas pris le temps, mais va le faire : 29 (24 %) – dont 11 après 50 ans
  • Attente de sa 2ème dose de vaccin : 17 (14 %)
  • Attente d’un vaccin spécifique (français, etc.) : 8 (7 %) – 6 entre 30 et 50 ans
  • Veut être vacciné à domicile : 7 (6 %)
  • Discours anti-vaccin complotiste (Bigard, Lalanne, 5G, Nouvel Ordre Mondial, Bill Gates…) : 7 (6 %) – 3 avant 50 ans, 4 après 50 ans
  • Appréhension à cause d’un proche (qui refuse que la personne se fasse vacciner, la menace de couper les ponts, a eu un effet indésirable type myocardite, etc.) : 6 (5 %)
  • Veut être vacciné chez MG/pharmacien : 6 (5 %)
  • Crainte d’un effet sur fertilité : 6 (5 %) – uniquement des femmes
  • Attente 2-6 mois après infection : 5 (4 %)
  • A appelé mais pas trouvé de RDV : 5 (4 %)
  • Ne veut pas car n’a jamais fait de vaccin : 4 (3 %)
  • Pas au courant que sa situation lui permet de se faire vacciner (âge, AME, association avec consommation d’alcool…) : 3 (2 %)
  • Peur des piqûres : 1 (1 %)
  • Attente que des copines le fassent : 1 (1 %)

Si les professionnels avaient un vaccin ARNm sous le coude…

J’ai enfin posé la question aux professionnels de santé qui ont répondu : « Si vous aviez eu du Pfizer/Moderna accessible au cabinet aujourd’hui, auriez-vous pu vacciner ce patient ? »

  • Oui : 38 (31 %) – 16 femmes (23 % des 70 femmes), 22 hommes (42 % des 53 hommes)
  • Non : 48 (39 %)
  • Non concerné (COVID ou vaccin trop récent ou ne vaccine pas) : 24 (20 %)
  • Ne sait pas : 13 (11 %)

Limites de cette enquête

Evidemment, cette enquête a plusieurs limites et biais :

  • réponse de quelques professionnels de santé (20 à 30 ? – donnée non recueillie pour simplifier le questionnaire) répartis inégalement en France ;
  • chaque praticien a inclus plusieurs patients, pouvant donner un poids plus ou moins important à leur propre pratique dans le résultat final ;
  • les répondeurs sont probablement plus impliqués et intéressés par le sujet ; ils ont pu mener certaines actions par ailleurs (envoi de mails à leur patientèle, appels, aide à la prise de rendez-vous, etc.) ;
  • questionnaire diffusé uniquement via Twitter, par des gens qui me suivent principalement, avec une sorte de « biais de sympathie » sans doute ;
  • la consigne d’inclure des patients non entièrement vaccinés n’était sans doute pas très claire, pouvant donner un poids plus faible que réel à cette variable ;
  • il s’agit de questions adressées par le médecin à un patient à un temps t ; ces données peuvent évoluer (certains l’ont d’ailleurs signalé à 4 reprises : « en fin de consultation, le patient a changé d’avis et va se faire vacciner ») ;
  • le patient peut être enclin à ne pas révéler les raisons profondes de sa non-vaccination, notamment un certain « complotisme » auquel il serait critique.

Enfin, j’ai proposé ici une analyse très sommaire, parce qu’il me semble peu pertinent de croiser d’autres données sur une base de petite taille, avec ces limites.

Que conclure de cette enquête ?

Toutes ces limites mises de côté, il semble se dessiner 5 leviers d’intérêt pour promouvoir la vaccination :

  1. avoir des vaccins ARNm en ville :
    • cela peut aider à accélérer la vaccination auprès de patients (plutôt des hommes ?) – jusqu’à 31 % de non-vaccinés qui auraient pu l’être dans notre enquête !
  2. avoir la liste de nos patients non vaccinés… (* cf. ce tweet ou celui-ci ou ce défi du Hackathon ou le thread en fin de billet) :
    • ça va de pair avec le premier point et avec 2 commentaires que j’ai eu : si on « ouvre » un vaccin Moderna, il nous faut 10-12 candidats ; pour un Janssen il en faut 6…
    • j’arrive à suivre ma patientèle avec un fichier que j’alimente au quotidien : j’ai 90 % de vaccinés chez les 80+ ans, 90 % chez les 75-79 ans, 97 % chez les 70-74 ans… à force « d’aller chercher » ces gens, ce que je n’aurais pas pu faire sans ce suivi (j’attribue ma différence avec la moyenne départementale par ma liste de suivi…)
    • or, la CPAM dispose de cette liste pour aider les professionnels de santé, mais ne la livre pas. C’est stupide car elle est DÉJÀ accessible mais péniblement ; il ne s’agit pas d’avoir de nouvelles données mais d’avoir une simplification de leur accès.
  3. créer des lieux de vaccination sans RDV (dans les lieux de passage, de commerces, de vacances…) :
    • 1/4 des répondeurs n’avaient « pas pris le temps » alors qu’ils souhaitent le faire ;
    • c’est aussi un moyen de toucher les plus précaires, ceux qui ne consultent même pas leur médecin traitant (ou n’en ont pas), ceux qui ne savent pas utiliser Doctolib, etc.
    • évidemment pour faire ça, il ne faut plus être dans la situation de pénurie de vaccins (le « gap » entre vaccins livrés en France et vaccins effectués est faible : il y a peu de stock en réalité) ;
  4. informer sur l’intérêt du vaccin pour ceux qui pensent qu’il est faible au 28 juin :
    • la circulation virale va réaugmenter (réouverture des lieux clos sans masque – restaurants, bars, discothèques, salles de sport -, arrivée du variant delta… et les suivants qui, soumis à une pression de sélection, ne manqueront pas d’émerger)
    • même si la vaccination va protéger massivement contre les hospitalisations, réanimations et décès, la circulation du virus reste un problème à plusieurs niveaux : quelques décès ça reste gênant, COVID long, nécessité d’isolement (avec arrêt de travail, éviction scolaire et les conséquences que ça a dans les 2 cas), port du masque à maintenir en lieux clos (écoles à la rentrée), etc.
    • tout le monde aspire à retrouver une vie normale, sans limitation, sans pass, sans masque, ce qui ne sera possible que lorsque l’immunité collective sera atteinte… par la vaccination et/ou l’infection ;
  5. informer sur le recul à long terme qui est le premier frein pour les patients.

Pour ce dernier point, plusieurs arguments peuvent être utilisés :

  • mon premier et principal argument est qu’on n’a pas de recul à long terme sur le coronavirus SARS-CoV-2, donc à choisir je préfère un vaccin qu’on a créé plutôt qu’un virus qu’on découvre : il existe des cas d’infections virales pouvant donner des complications à long terme :
    • varicelle et zona,
    • HPV et cancer du col de l’utérus,
    • rougeole et panencéphalite sclérosante subaiguë,
    • EBV et lymphome,
    • et il y a aussi des études liant coronavirus OC-43 et sclérose en plaques (pas en tant que cause unique, soyons bien clairs, mais possible association)…
  • des vaccins à ARN, ça existe depuis longtemps : le vaccin ROR est un vaccin avec 3 virus à ARN (rougeole, oreillons, rubéole)… la différence ici est qu’il s’agit d’ARNm « artificiel » et pas « vivant atténué » (remarque de Steve Pascolo sur France Inter, pour rendre à César…)
  • les vaccins à ARNm « artificiel » sont évoqués depuis 1990, avec un début d’essais cliniques en 2002.
Xu S, Yang K, Li R, Zhang L. mRNA Vaccine Era-Mechanisms, Drug Platform and Clinical Prospection. Int J Mol Sci. 2020 Sep 9;21(18):6582. doi: 10.3390/ijms21186582. PMID: 32916818; PMCID: PMC7554980.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32916818/

Enfin, ce que « montre » (ou semble montrer, soyons humbles) cette enquête est que les anti-vaccins complotistes représentent 5-6 % des non-vaccinésc’est moins que les gens qui veulent pouvoir être vaccinés à domicile ! Pourtant la parole est régulièrement prise par les premiers, mais jamais aux seconds… Comme dit plus haut, il faut mieux aller vers les plus précaires plutôt que polariser les discours entre pro et anti-vaccins. Et pour ça, une première bonne piste serait de donner un accès facilité aux MG à la liste de leurs patients non vaccinés, comme ce qu’on réclame depuis mi-avril…

Merci à tous ceux qui ont pris le temps de répondre au questionnaire 🙂

Bonne vaccination et bonnes vacances à tous, le cas échéant !

(Image mise en avant par cromaconceptovisual de Pixabay)

EDIT du soir (bonsoir) : Pour les personnels intervenant dans les établissements de santé qui veulent donner leur avis sur la vaccination COVID-19 , il existe une cohorte de l’AP-HP nommée ESPERES.

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[Fiche] 2 fiches remises aux patients suspects ou contact COVID-19

La 2ème vague de COVID-19 étant face à nous, il faut être réactif pour gérer à la fois :

  • les consultations habituelles de renouvellement d’hypertension artérielle, diabète, hypothyroïdie, épilepsie, etc. (que j’espace autant que possible à 6 mois pour libérer un peu décembre…),
  • les consultations habituelles d’urgence non programmée (un hameçon dans le doigt en rangeant la canne à pêche, une entorse de cheville en trottinette, etc.)
  • les certificats qui ne s’arrêtent pas (pour le sport, pour une assurance, pour la MDPH, etc.)
  • et par-dessous tout ça, les appels pour toux fébrile, pour contact avec quelqu’un qui a eu une toux fébrile, pour contact COVID+ authentifié (dans des écoles primaires où le masque n’est pas encore recommandé), etc.

Ces derniers relevant à mon sens de « l’urgence (relative) », il serait idiot de les voir à J3-J4. Donc j’essaie de les gérer en plus de ma consultation habituelle. Et pour ça, j’ai besoin d’efficacité, donc de fiches toutes prêtes !

Il y a plusieurs fiches du gouvernement toutes faites ici (partie « Déconfinement, dépistage massif et cas contacts : fiches et affiches »). Ca m’a permis de construire ces fiches ci-dessous, sous forme de « modèles » dans mon logiciel (MediStory 4). Je les personnalise rapidement au fil de la (télé-)consultation et j’imprime (ou envoie par mail) les 2 fiches.

Comme toujours, vous en faites ce que vous voulez, elles sont libres de droit. Si vous avez des conseils / remarques, n’hésitez pas ! (Elles sont susceptibles d’évoluer, avec l’évolution des recommandations…)

FICHE 1 : PCR

Bilan biologique à faire au laboratoire d’analyse : 

– PCR COVID-19

Date de début des symptômes = 

Dernier contact COVID-19 connu =  

Où prendre RDV ? 

(Ci-dessous je mets les adresses postales + URL Doctolib pour la prise de RDV + numéros de téléphones de 3 sites).

(Ne pas hésiter à consulter plusieurs fois ces pages Doctolib, car des créneaux sont parfois libérés).

ATTENTION !!

(Localement, je recommande de ne pas faire les tests COVID PRESTO (AAZ) vendus sans remboursement en pharmacie, car leur validité scientifique est insuffisante – ce pourquoi ils ne sont pas remboursés, à 12-17€)

FICHE 2 : CONDUITE À TENIR

LIRE LA FICHE « J’ai été en contact avec une personne malade du COVID-19 » 

https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_personne_contact_12092020.pdf

PRENDRE RENDEZ-VOUS POUR LA PCR RAPIDEMENT 

– à faire dès aujourd’hui (si vous avez des symptômes, ou si vous vivez sous le même toit que quelqu’un ayant une PCR positive)

– à faire 7 jours après le dernier contact avec une personne ayant une PCR positive (quand je dis que je personnalise, je supprime ici l’un ou l’autre des tirets)

S’ISOLER AU MOINS JUSQU’À RÉALISATION DE LA PCR 

(idem pour les tirets suivants)

– Si la PCR est négative ET que vous n’avez pas été en contact avec une personne COVID + : reprise d’activité normale dès la fin de symptômes (pour éviter de transmettre cette infection)

– Si la PCR est négative ET que vous avez été en contact avec une personne COVID + hors de la maison : levée d’isolement après les résultats de la PCR faite 7 jours après le dernier contact

– Si la PCR est négative ET que vous avez été en contact avec une personne COVID + au sein de la maison : refaire la PCR 7 jours après la guérison (fin des symptômes) de la personne COVID +, rester isolé encore 7 jours après cette guérison 

– Si la PCR est positive : isolement au moins 7 jours (et jusqu’à 48h après la fin des symptômes si persistants plus de 7 jours).

TANT QU’IL N’Y A PAS UN CAS POSITIF DANS LA FAMILLE, IL N’Y A PAS D’OBLIGATION À CONFINER TOUT LE FOYER 

Néanmoins, si cela est possible, ça reste préférable pour limiter la dissémination hors du foyer.

PENDANT LE CONFINEMENT : 

– N’allez pas travailler (télétravail possible) 

– Ne sortez pas, n’allez pas faire les courses (privilégiez les Drive si besoin, en respectant les mesures barrières)

– Dormez seul si possible

– Ne rentrez pas en contact avec des personnes fragiles (> 50 ans, insuffisants respiratoires, insuffisants cardiaques, immunodéprimés, femmes enceintes, etc.)

– Il est déconseillé de recevoir de visites (sauf indispensables, comme les aidants à domiciles, en prévenant).

UTILISEZ LES MESURES BARRIÈRES POUR PROTÉGER VOTRE ENVIRONNEMENT : 

– Masque chirurgical systématique quand vous êtes en contact avec les autres, idéalement aussi à la maison pour diminuer la charge infectieuse virale (et pour toutes les sorties, qui sont à limiter au strict minimum)

– Aérer régulièrement, se laver les mains régulièrement, 

SURVEILLEZ VOTRE ÉTAT DE SANTÉ : 

– En cas de difficulté respiratoire, contactez votre médecin traitant rapidement pour une téléconsultation dans la demi-journée idéalement, ou à défaut appelez le 15. (Se méfier notamment d’une aggravation rapide et brutale entre J8 et J12).

– Autres signes devant vous alarmer et amener une consultation rapide ou un appel au 15 : altération de l’état général, somnolence, confusion, troubles de conscience.

– Ne vous rendez pas directement chez un médecin ou aux urgences sans un avis préalable du médecin ou du 15

– En cas de majoration des crachats sales chez un fumeur (exacerbation de BPCO) ou d’autres complications (sinusite unilatérale, otite…), prenez un rendez-vous avec votre médecin traitant en téléconsultation préférentiellement.

NE PRENEZ PAS D’ANTI-INFLAMMATOIRES EN CAS DE FIÈVRE (pas d’ibuprofène, pas d’advil, pas de spifen, pas de nurofen…)

LIMITEZ LES IRRITANTS (tabagisme actif ou passif)

Voilà ! On va commencer à le redire souvent, mais prenez bien soin de vous…

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