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Fumer avant 17 ans, c’est prendre le risque…

Ce matin, François Hollande a annoncé le plan cancer 2014-2019 (oui, je linke TF1 LCI, mais je fais ça vite fait).

Dans le programme sont prévus :

  • une augmentation du prix du tabac avec (enfin ?) un reversement des nouvelles taxes pour la recherche anti-cancer
  • une aide téléphonique et financière renforcée à 150 euros par an de gommes, patchs, inhalateurs… (jusqu’à 30 ans, ou si bénéficiaire de la CMU ou en cas de cancer)
  • et une dissuasion à grande échelle avec un nouveau slogan, véritable hommage au nouveau film des Inconnus : « le tabac, c’est tabou, on en viendra tous à bout » « Fumer avant 17 ans, c’est prendre le risque de mourir avant 60 ans ».

Soyons clair : la lutte contre le tabagisme, je suis globalement pour (tant que ça ne devient pas non plus un crime), et les mesures proposées sont sûrement des progrès pertinents… mais ce slogan publicitaire, SERIEUSEMENT ?!

Ou plutôt "SRSLY", pour la jouer "in ze mood", contrairement au slogan ci-dessus.

Ou plutôt « SRSLY », pour la jouer « in ze mood », contrairement au slogan ci-dessus.

Qui est le publicitaire qui a pondu « Fumer avant 17 ans, c’est prendre le risque de mourir avant 60 ans »Sans déconner, c’est ça LE gros risque du tabac ? Mourir peut-être avant 60 ans si on commence avant 17 ans ? Ah bah, là, oui, évidemment, ça va être l’angoisse chez tous les jeunes fumeurs de 15 ans qui épargnent pour la retraite et se voient déjà en rocking-chair, m’enfin je suis pas sûr qu’on vise le bon public, là.

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Faut-il traiter les diabétiques en pariant sur l’avenir ?

J’ai suivi via Twitter la présentation du congrès du CNGE sur les patients diabétiques, j’ai lu la revue narrative de la littérature par Jean-Pierre Lebeau dans Exercer la semaine dernière, et je découvre aujourd’hui (via Twitter encore) ce communiqué du CNGE qui redit que les anti-diabétiques n’ont aucune preuve d’efficacité clinique, et que la réduction de l’HbA1c (le marqueur du suivi du diabète, préconisé tous les 3 mois) n’est pas cliniquement pertinente. Et à chaque fois, j’ai les mêmes questions…

<disclaimer> Je la fais courte, je développerai si j’en ai l’occasion. C’est un brouillon. Je n’ai pas fait de longue recherche (pas encore eu le temps) ou quoi que ce soit. Je suis juste curieux et j’apprécie le travail qui a été fait, qui remet en question de grands fondements. C’est très bien, bravo, congrats, impressionné, toussa. </disclaimer>

Les traitements n’ont aucune efficacité au bout de combien de temps de suivi ?

Si on veut prouver l’efficacité en terme de morbimortalité de la METFORMINE dans le diabète de type 2 par exemple, ça implique d’avoir des diabétiques (merci) et de les mettre soit sous METFORMINE (médicament de référence) soit sous PLACEBO, puis d’observer et attendre que les uns ou les autres aient des complications de leur diabète (rétinopathie, néphropathie, neuropathie, infarctus, AVC, mort ; en gros).

Jusque là, ça va. Sauf qu’un diabète de type 2 se déclare entre 50 et 80 ans, en général, et que les complications mettent 10-20 ans à survenir dans ma faible expérience (très empirique) (z’avez lu le disclaimer ?). Du coup, ça implique d’avoir des études maousse costaud qui durent longtemps avec des patients qui prennent bien leurs traitements et rien d’autre…

De quelle réduction d’HbA1c parle-t-on : – 4% pendant 10 ans, est-ce que ce n’est pas cliniquement pertinent ? A-t-on pu analyser -4% pendant plusieurs années ?

Ca veut dire qu’un patient dans ce genre d’étude (donc qui accepte le suivi, et être dans une étude déjà), qui aurait une hémoglobine glyquée à 9,5 ou 10% (soit, en terme médical, « au plafond ») ne serait que sous METFORMINE… ou sous PLACEBO.

On découvre un diabète, on inclut dans une étude, son HbA1c grimpe comme un cycliste sous EPO en milieu alpin, et on laisse sous PLACEBO ?

Bon. Du coup, je suis curieux. Peut-être que je suis à côté de la plaque et qu’ils n’étudient pas ça comme ça.

 

Que dit le communiqué ? 

il faut prescrire des IEC et statines chez les diabétiques à haut risque. Ok. (…) approche éducative centrée sur le patient. Ok.

Dans ces (…), il y a ce qui m’interpelle.

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Un poster pour le #Congrès2013 du CNGE

En fin de post, vous trouverez la version numérique « haute définition » de mon poster, présenté ces deux derniers jours au congrès du CNGE de Clermont-Ferrand. Avant, je souhaite vous raconter son histoire ; ça répondra à la moitié des commentaires…

Tout commence le dimanche 15 septembre. De retour de vacances en Espagne, après 25 heures de route (partagée entre 4 conducteurs), je me suis dit « tiens, et si j’écrivais un article pour le soumettre au congrès national des généralistes enseignants (CNGE), sachant que la deadline est le lendemain à minuit ?! »

Oui, après une longue route, la lumière n’illumine plus tous mes étages…

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Choisir son itinéraire pour les visites à domicile : une histoire de fourmis

J’ai débuté mon SASPAS, c’est-à-dire mon… attendez… (*2 bouffées de Ventoline, exercices d’expansion de la cavité thoracique, profonde inspiration*) mon Stage Ambulatoire en Soins Primaires en Autonomie Supervisée.

En résumé, je suis seul en consultation (c’est ça, l’autonomie supervisée)… et en visites.

Alors, bon, là je joue à domicile donc je connais plutôt bien les quartiers, les sens interdits et quelques noms de rue ; quand les gens tentent de m’expliquer par téléphone où ils habitent, parfois il m’arrive même de comprendre.

Sauf que j’ai quand même un problème avec les visites : je suis toujours embêté quand il faut aller rendre visite à M. A, Mme B, M. C, Mme D et M. E, en évitant de passer par le centre-ville à midi, en arrivant après 11h chez Mme D, sachant que la rue W est en travaux les jours pairs et que la femme du capitaine vient d’accoucher.

A l’heure des GPS, je ne vais pas avoir la joie d’arpenter les villes du coin avec une carte au 1/10 000ème… Par contre, j’aurai toujours plus de mal pour trouver l’ordre des visites…

C’était l’objet d’un tweet en ce bon jeudi 6 novembre, en petit-déjeunant (vi, je commence tôt à avoir des idées géniales – mais j’arrête souvent assez tôt également… :D) :

J’ai eu plusieurs avis enthousiaste et des retweets, montrant que je ne suis pas le seul à vivre dans l’angoisse permanente du PPCM et du PGCD (Plus Petit Chemin Merveilleux, Plus Grande Consommation D’essence).

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L’aventure des antibiotiques (3/3) — Les bases qu’il faut en avoir en médecine (ECN / iECN)

J’espère que vous avez pu replacer ces médicaments dans leur contexte médical et historique avec « les antibiotiques sont nos amis contre la vie » et « une brève histoire croisée de l’antibiothérapie ».

J’ai illustré le problème des résistances bactériennes avec le Staphylococcus aureus à la fin du précédent article ; j’insiste à nouveau sur l’intérêt d’une bonne connaissance des différentes classes et de leur utilisation, seul moyen actuel pour lutter contre ces résistances acquises.

Il existe des mécanismes de résistance pour tout antibiotique : modification de perméabilité membranaire, inactivation enzymatique, acquisition d’un plasmide ayant le mécanisme de résistance, modification de la cible, efflux de l’antibiotique hors du procaryote, mutation chromosomique… Les antibiotiques sont des médicaments révolutionnaires mais aussi très récents — leur utilité demain dépend de leur utilisation aujourd’hui.  Ca ne veut pas dire qu’il faut réserver ces antibiotiques en dernière intention, mais juste qu’il faut les connaître et les prescrire avec modération et réflexion…

Quelque soit votre discipline médicale (actuelle ou future), vous devez avoir les idées les idées claires sur les antibiotiques. Pour les (i)ECN, vous pouvez oublier le pivmécillinam* le chloramphénicol ou la polymyxine E (entre autres…) ; après aussi d’ailleurs — sauf pour les infectiologues.
(*c’était vrai en 2013, ça ne l’est plus en 2016 : il est devenu une alternative de premier plan dans les cystites aiguës – cf. commentaires).

Evidemment, il est plus facile de demander de retenir les classes d’antibiotiques que le faire. Les classes d’antibiotiques, c’est comme la taxinomie des plantes montagnardes : il y a beaucoup de noms qui ne veulent rien dire, et on n’est même pas sûr que ça puisse nous servir un jour. (Dans le doute, préférez tout de même les classes d’antibiotiques, si vous êtes étudiant en médecine). Pour les mémoriser, j’avais opté pour un regroupement par mode d’action, copié d’une plaquette d’information de laboratoire — oui, je sais, mais elle était vraiment bien faite ! Je l’ai complétée avec divers sites/livres de pharmacologie, cours, connaissances acquises un peu partout.

J’ai essayé de faire synthétique et de livrer des points-clés ou keynotes. Ça ne couvre pas toute l’infectiologie en un tableau, évidemment… J’ai essayé d’être clair et à jour, mais si vous relevez des erreurs, n’hésitez pas à me les signaler.

Bon courage !

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