Les gens bien portants…

Un jour, en janvier 2012, un médecin est appelé chez M. Râleur, un patient de 80 ans. Le contact passe bien, il devient son nouveau médecin traitant.

M. Râleur est suivi et traité pour un diabète (insuline LANTUS), une hypertension artérielle (NISIS, ATENOLOL), une incontinence urinaire (OXYBUTININE), des douleurs abdominales (SPASFON, GAVISCON), de l’arthrose, une ostéoporose (DAFALGAN CODEINE, OROCALD3) et une démence avec parfois une certaine agressivité (ARICEPT, TEMESTA). Le nouveau médecin renouvelle le traitement en préparant les prochaines consultations (suivi du diabète, etc.) Il évoque la possibilité d’arrêter l’ARICEPT, puisqu’il lit Prescrire qui le déconseille (troubles cardiaques, faible efficacité), et sait que l’efficacité à 6 mois n’est pas flagrante (« une approche individualisée, en concertation avec la famille et le patient est recommandée, avec évaluation des avantages et des inconvénients des médicaments. La durée d’essai du traitement (…) est de 6 mois », Minerva et méta-analyse de P. Raina).

En juin, M. Râleur va à son rendez-vous programmé chez le Docteur Lewy — un neurologue dont la sensibilité pour la démence à corps de Lewy avoisine les 100%, avec une spécificité à 13% (blagounette pour les amateurs de stats). Le spécialiste remarque que M. Râleur est toujours aussi désorienté, et décide donc d’augmenter les doses d’ARICEPT. C’est là que tout commence…

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Faites médecine qu’ils disaient (5/??) – Ca commence !

UNE FOIS !

DEUX FOIS !

Trois fois, quatre fois, cinq fois, six fois… Cette fois, je sens bien qu’tu m’l’as mise touloutoutou, ce n’est plus ton p’tit doigt qui m’chatouilleeeuh, je sens ton nombril contre le mieeeeeen… et la chaleur de tes grosses cSTOOOO…

— …OOOP !

Quoi ? Pourquoi tu t’incrustes dans ma mémoire comme ça ?

— Mais qu’est-ce qui te prend à être aussi vulgaire, t’es devenu maboul ?

Mais non ! J’ai dit que j’allais commencer à raconter ma P1.

— J’vois pas le rapport…

Ben justement, tu devrais. Ça, c’est une des chansons du patrimoine : une paillarde qu’on chantait tous les jours, une à plusieurs fois par jour, tous ensemble en amphi 2 (celui du prof) en tapant sur les tables et le sol… Enfin, quand je dis « on », c’est surtout les carrés (ceux qui ont redoublé la première année), parce qu’il m’a bien fallu 4 mois avant de comprendre et enregistrer les paroles… Tiens, si tu veux te rappeler à ces souvenirs, il y a plusieurs vidéos sur DailyMotion, qui ont été prises à Lille…

 

— Mon Dieu… Vous n’aviez que ça à faire ?

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Les vitamines : intérêts (ou non), conseils

Ceci est une partie de RSCA… Je mets tout à l’indicatif mais je n’ai pas relu toutes les études sources, trop nombreuses… on va se fier aux revues de littérature !

Conseils à propos des vitamines disponibles en pharmacie officinale(1)

Vitamines : présentation

Il existe 13 vitamines, qui jouent des rôles différents : co-enzymatique (vitamines B), anti-oxydatif (A, C, E — sans effet sur la mortalité…), hormonal (vitamine D).

Les anti-oxydants n’ont pas montré leur efficacité pour diminuer la mortalité ; la vitamine C n’a pas montré son efficacité pour diminuer les états grippaux hivernaux (sauf chez les marathoniens ou skieurs de fond) ; les vitamines B n’ont pas montré leur efficacité pour diminuer le risque cardiovasculaire.

La vitamine B9 a bien montré son effet en pré-conceptionnel et pourrait être protecteur pour la maladie d’Alzheimer, certains cancers et pathologies cardiovasculaires ; la vitamine D est efficace pour prévenir l’ostéoporose, et pourrait protéger contre certaines pathologiques (Parkinson, HTA, PR, diabète de type 2, dépression, cancer colique…)

Trois sont partiellement synthétisées par l’organisme : D (peau), PP ou B3 (protéines animales dégradées), K (bactéries intestinales). L’organisme stocke cinq vitamines seulement (A, D, E, B9, B12). Pour les autres (B1, B2, B5, B6, B8, C), l’apport alimentaire doit être renouvelé régulièrement, car elles sont rapidement éliminées dans les urines.

L’intestin absorbe les vitamines (le côlon pour la vitamine K), le rein les élimine (vitamines hydrosolubles). Ces vitamines se retrouvent essentiellement dans les viandes, poissons, œufs (A, D, B1, B2, B3/PP, B5, B6, B12), les produits laitiers (A, D, B1, B2, B5, B6, B8, B12), les céréales dont le pain (B1, B3/PP, B5, B6, B8, B9), les fruits et légumes (A, K, B9, C), les matières grasses (A, D, E). Elles sont sensibles à la chaleur, la lumière, l’oxygène ; les légumes cuits à la vapeur ou avec peu d’eau conservent mieux leurs vitamines(1) (ou la soupe / potage).

Les carences en vitamines, oligoéléments existent et sont partiellement connues dans certaines disciplines (B1, B6, B12 et neurologie ; B9, B12 et hématologie ; Zinc, PP et dermatologie…) ; leur faible prévalence a priori n’en fait pas des diagnostics classiques de médecine générale.

Inversement, les excès en vitamines A, D, E, B6 peuvent être toxiques à hautes doses : neuropathie, troubles digestifs, malformations fœtales (vitamine A), hypercalcémie (vitamine D), cancer de prostate (vitamine E), cancer du poumon (bêta-carotène ou pré-vitamine A), paresthésies, crampes, fatigue (vitamine B6).

A noter que certaines « vitamines » ne sont plus classées comme telles : B4 (adénine), B7 (inositol), B10 (acide paraaminobenzoÏque), B11 (carnitine), B13 (acide orotique), B15 (acide pangamique), B16 (diméthylglycine), B17 (amygdaline), ainsi que la vitamine F (oméga-3).

 

Faut-il dépister des carences vitaminiques en France ?

Non… mais il faut y penser dans certaines situations :

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Le petit monde de Dom Péridone

Et voilà, c’est le bordel.

Suite aux premiers émois sur le dompéridone l’an dernier, j’avais fait une recherche et parlé dans ces pages des anti-émétiques en médecine générale.

Je concluais que pour une gastro-entérite, le mieux était rien, suivi par le VOGALENE. Je n’avais pas parlé des autres causes de vomissements (mal de transports, maladie de Parkinson, chimiothérapies…), mais comme je le disais alors, les effets indésirables mortels sont exceptionnels et si le MOTILIUM est indiqué (le seul anti-émétique dans la maladie de Parkinson par exemple), il ne faut pas s’en priver. A l’époque, je concluais ainsi : « il me semble raisonnable de contre-indiquer les prokinétiques pour tout patient sous neuroleptique ou présentant un antécédent de QT long ». C’était pas si mal.

Et puis aujourd’hui, patratra, dompéridone revient sur le devant de la scène avec son costume de démon taillé par l’Ange Prescrire dans cet article. Et comme je vous ai dit que j’aime bien les maths, eh bien je vais examiner ce papier et discuter avec vous les phrases du résumé de la première page (vous pourrez lire l’article en entier ou me faire confiance, à vous de voir…)

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Faites médecine qu’ils disaient (4/??) – Entrée agitée

« SPROTCH ».

Sprotch, ce n’est pas le doux bruit d’un bisou de Saint-Valentin.

Sprotch, c’est le bruit de ma joue droite sur la porte vitrée de la faculté.

Sprotch.

J’ai souvent fait Sprotch.

Il faut dire qu’à l’époque, à la faculté de Lille, nous n’avions pas de places prédéfinies, comme c’est le cas depuis 2008 ou 2009 (6 phrases, et j’arrive déjà au point « je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » !)

En 2004, pour avoir une place dans le meilleur amphithéâtre, nous devions arriver tôt, courir, monter des escaliers, repérer un rang stratégique, s’y installer, lancer son manteau, son sac et sa trousse pour réserver le plus de places possibles pour les amis (ça se rapproche du biathlon, remarquez). Nous étions environ 400 le matin à réserver avec difficultés des places dans l’amphithéâtre 2, capable d’accueillir 600 personnes… Sans réservations, il n’y aurait pas eu de combat quotidien ; sans réservations, il n’y aurait pas eu le même folklore ; et en même temps, tous ceux qui ont essayé d’empêcher le système de réservations se sont cassés les dents — plus ou moins littéralement.

Nous bataillions pour entrer dans l’amphithéâtre 2, ou amphi « prof » — celui où le prof était physiquement présent, où on avait une vue permanente sur tout le tableau, où il n’y avait pas de problèmes techniques isolées (plus de son, plus d’image, comme dans les amphis « vidéo » où le cours était retransmis sur écran géant). Et face à nous, il y avait un homme, seul, face à son destin… Parfois, je repense à ce gardien qui, chaque matin à 7h15, devait ouvrir les portes de la faculté… Chaque matin, en tournant la clé, il croisait le regard décidé de 400 P1 prêts à rejouer la chevauchée des Walkyries. Chaque matin, à 7h16, sa vie risquait de s’achever sous les piétinements sans concession de centaines de P1 enragés…

This is Sparta.

Tous en amphi deuuuuuuuuuuuux !

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