Fumer avant 17 ans, c’est prendre le risque…

Ce matin, François Hollande a annoncé le plan cancer 2014-2019 (oui, je linke TF1 LCI, mais je fais ça vite fait).

Dans le programme sont prévus :

  • une augmentation du prix du tabac avec (enfin ?) un reversement des nouvelles taxes pour la recherche anti-cancer
  • une aide téléphonique et financière renforcée à 150 euros par an de gommes, patchs, inhalateurs… (jusqu’à 30 ans, ou si bénéficiaire de la CMU ou en cas de cancer)
  • et une dissuasion à grande échelle avec un nouveau slogan, véritable hommage au nouveau film des Inconnus : « le tabac, c’est tabou, on en viendra tous à bout » « Fumer avant 17 ans, c’est prendre le risque de mourir avant 60 ans ».

Soyons clair : la lutte contre le tabagisme, je suis globalement pour (tant que ça ne devient pas non plus un crime), et les mesures proposées sont sûrement des progrès pertinents… mais ce slogan publicitaire, SERIEUSEMENT ?!

Ou plutôt "SRSLY", pour la jouer "in ze mood", contrairement au slogan ci-dessus.

Ou plutôt « SRSLY », pour la jouer « in ze mood », contrairement au slogan ci-dessus.

Qui est le publicitaire qui a pondu « Fumer avant 17 ans, c’est prendre le risque de mourir avant 60 ans »Sans déconner, c’est ça LE gros risque du tabac ? Mourir peut-être avant 60 ans si on commence avant 17 ans ? Ah bah, là, oui, évidemment, ça va être l’angoisse chez tous les jeunes fumeurs de 15 ans qui épargnent pour la retraite et se voient déjà en rocking-chair, m’enfin je suis pas sûr qu’on vise le bon public, là.

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Faites médecine qu’ils disaient (3/??) – Porte ouverte

« Bon, je suis à la bourre, mais j’ai presque fini. T’es là ? demandai-je.

— Évidemment, idiot, où veux-tu que je sois ? C’est toi qui m’a créé.

— Oh, ça va le nihilisme…

— Non, mais sans rire… Je vis dans ta tête !

— Ah oui, c’est vrai. Enfin, tu peux aussi vivre dans ma tête et être indisponible…

— Ah ? Et qu’est-ce que je pourrais bien faire ?

— J’en sais rien ! Glander dans mon épiphyse, jouer à la pétanque sous mon pont, twitter dans mon système glymphatique… Je ne tiens pas l’agenda des trucs dans ma tête.

— Bon, bon… De quoi tu vas me parler aujourd’hui ?

— De portes. Tu sais, la médecine, c’est plein de portes. Comme dans un vaudeville, ça doit être pour ça que j’ai choisi de f…

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Faites médecine qu’ils disaient (1/??) – Se raconter

« Ça fait longtemps que tu n’as pas raconté tes études de médecine sur ton blog, me faisait fort justement remarquer un ami, la semaine dernière, autour d’une bière.

— C’est vrai, répondis-je, le diabolo grenadine aux lèvres. Je ne suis plus inspiré : d’autres bloggueurs ont déjà tout dit et redit, souvent bien mieux qu’ici.

— Moi, ça m’amusait… Tu devrais en profiter, tu n’auras peut-être plus envie d’y revenir, vu que tu finis bientôt tes études.

— Plus que 9 mois 1/2 avant d’être vraiment médecin… répliquai-je machinalement, habitué à ce Point Temps Restant®.

— Une grosse grossesse, quoi.

— Ouais… Sans la prise de sang mensuelle pour la toxoplasmose, et sans prendre 10 kg… Enfin, j’espère, m’empressai-je d’ajouter en pinçant ma bedaine.

— Et après ça, tu vas continuer ?

— Non, ça m’étonnerait.

— Oh ! Tu pourrais raconter tes rapports avec les patients, comme le font ceux que tu as cité sur ta page de liens !

— C’est vrai, ils s’en sortent très bien, eux. Mais je n’y arriverai pas, moi : j’ai beaucoup de mal à écrire à propos de patients.

— Qu’est-ce que tu crains ? Qu’un patient tape ton nom sur Google, débarque ici avec son après-midi de libre, s’enquille tout ton blog, se reconnaisse (alors que tu auras changé l’âge, le nom et le sexe), et te fasse un procès parce que tu auras révélé publiquement et impudiquement que tu lui as prescrit du paracétamol ? Tu n’aurais pas viré un peu parano avec tes études ?

— Je n’ai pas peur. J’ai résisté — je crois — à la médico-légalophobie hospitalière. Et pour ta gouverne, le problème provient rarement des prescriptions…

— De toute façon, si ça se trouve, plus de personnes liront ton ordonnance à la pharmacie que sur ton blog !

— J’ai 100 lecteurs par jour, ça va bien, merci…

— Eh ben, alors pourquoi tu veux arrêter ? T’es fatigué de te replonger dans tes études ?

— Non, pas vraiment.

— Pense à tes lecteurs : tu vas briser le cœur à 80 bots russes.

— Les bots n’ont pas de cœur…

— Tu vas leur briser les bits, alors.

— C’est fin… Marrant, j’aurais dit les talons, moi.

— Carabin de pacotille ! On ne t’a rien appris à ton intégration ?

— Non. Ni au faluchage, d’ailleurs.

— Tiens, bah ça tu ne l’as pas raconté, ton faluchage.

— C’est vrai, je pourrais… Il n’y a pas grand-chose à dire, en même temps. De la farine, des oursons, du champagne en pagaille. De la couture aussi, beaucoup de couture. Remarque, au moins, il n’y a pas de patient…

— Mais qu’est-ce qui t’arrêtes avec les patients ?

— Ecrire sur un patient m’est pénible : je cherche à tout modifier, tout garder, être crédible dans ma réinvention… Quitte à faire ça, autant que je remplisse ma page de nouvelles, m’autopromouvai-je avec un joli lien URL dans la voix.

Jaddo le fait bien, elle, me rétorqua-t-il avec un œil pétillant, avant de commander une deuxième chope.

— Elle excelle, même. Pas moi.

— C’est pour ça que tu comptes fermer les portes ? D’autres font mieux… C’est un peu léger.

— Oh non, pas vraiment ! Mon site reste ouvert de toute façon… Je n’ai pas que la médecine dans la vie. Et puis mon blog, ce n’est pas que de la (quasi-)biographie.

— Ouf, tu me rassures.

— Je publierai toujours des articles en formation continue, comme ceux sur les antibiotiques ou la physiopathologie des poussées dentaires… Peut-être que je ferai encore des cas cliniques également — j’en ai une demie-douzaine encore à publier ! C’est juste que… je ne parlerai plus de mes études, ou des patients.

— Et donc, tu n’as vraiment plus rien de cocasse à dire sur tes années passées ?

— J’ai raconté des points amusants ces 2-3 dernières années. J’ai fait le tour de tout ce qui m’a marqué et dont je me souviens bien.

— Ah d’accord, c’est donc ça ! Je comprends mieux, tu as tout oublié en fait !

— Pas du tout…

— Tu as oublié ta vie d’étudiant. Tu dis que tu finis dans 10 mois, mais en fait, tu es déjà passé de l’autre côté, la fameuse « vie active », les salaires, les impôts, les frais réels, la paperasse…

— …

— Oubliés ton P1, ton P2, ton D1, ton externat, les ECN ! Encore un an ou deux, et tu expliqueras que le P1 n’était pas si dur, c’est ça ? Peut-être que tu le penses déjà depuis les ECN, non ?

— Non ! Enfin, c’est vrai que les ECN…

— Allez, ne dis pas de bêtise va. Et que raconteras-tu plus tard : que tu as travaillé d’arrache-pied tous les jours, que tu as été un étudiant modèle ou un fêtard invétéré ?

— Ni l’un ni l’autre…

— Quelles études t’inventeras-tu, Michaël ?

— Arrête, je n’inventerai rien ! Je sais à quoi j’ai passé mes dix dernières années, ça va ! J’y étais !

— Tu es sûr ? Tiens, tu te souviens de ta première suture ?

— Bien sûr ! J’avais suturé une vieille dame gentille ; ça avait été assez difficile, mais ça ne s’était pas si mal passé au final, il me semble… C’était cette garde horrible, où j’ai dormi sur la table de gynéco.

— Ce n’était pas plutôt la salle de plâtre ?

— Peut-être… Qu’est-ce que ça change ?

— Rien… C’était une question de principe à l’époque, mais ça ne change rien, tu as raison. Heureusement qu’il y a un article où tu parles de cette suture, ça t’évitera de dire dans 30 ans que tu l’avais reconstruite à l’imprimante 3D.

— Je n’oublierai pas ces premiers gestes…

— Je suis persuadé du contraire. Tu aimes bien écrire, inventer : tu vas tout réinventer. Peut-être même est-ce déjà ce que tu as fait ! Si ça se trouve, il n’y a jamais rien eu de vrai dans tout ce que tu nous as raconté… Les as-tu vraiment faites tes gardes ?

— Bien sûr, tu m’agaces à la fin !

— Je dis ça, moi… Il y a des externes qui les esquivent, tu ne serais pas le premier… Peut-être que tu n’allais ni en cours, ni en stage…

— J’y allais.

— Et si je te repose la question dans 10 ans, qu’est-ce que tu répondras ? Que tout ça, c’était « le bon vieux temps » à côté du travail, des impôts à payer, la famille à gérer, la vie, la mort…

— Non, je sais tempérer. Rien n’est tout blanc ou tout noir dans les études, comme ailleurs. Arrête de me prendre pour…

— Et tu me diras quoi, au juste ? Tes 20 articles là ? C’est tout ?

— Qu’est-ce que tu cherches ? Tu veux que je te racontes mes études en détail, c’est ça ? Tu veux que je te prouve que je n’ai pas tout oublié ? Que je te raconte comment je m’explosais la tronche sur la porte de la fac tous les matins à 7h15 pour aller dans le meilleur amphithéâtre en première année ? Tu veux que je te décrives les séances de dissections sur trois semaines et les odeurs qui vont avec, que je te parle de cette interne de dermato odieuse, de mon premier massage cardiaque réussi-raté, de mon mois d’aide soignant larbin en maison de retraite ? J’ai plein de souvenirs ! Quoi que tu en dises, j’ai fait tout ça, j’y étais. Au premier rang. Et si tu veux que je te le prouve, très bien, je vais tout te raconter.

— … très bien. Je sens que je vais m’amuser.

— Ça prendra du temps, il faudra que tu reviennes.

— Prends-le… Je serai là deux vendredis par mois. Ça me fera mes week-ends.

— Ok, alors on se revoit le vendredi 31 janvier. Je vais tout te raconter, en commençant par le début. Et crois-moi, tu ne seras pas déçu du voyage !

 

Et sur ces promesses,  mon ami imaginaire est retourné au fond de ma tête.

Hein ? Bah oui, imaginaire, bien sûr ! Que croyiez-vous ? Que j’ai des amis qui me parlent de mon blog dans la vraie vie ? 😀

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Cas n°13 — Le retour de la guerre des boutons

C’est bientôt Noël, il parait. Du coup, voici un cadeau pour les externes en DCEM3 ou 4, ou internes et médecins aimant les défis… 🙂

Pour la petite histoire, et pour comprendre un peu, il s’agit d’un cas clinique présenté au tour de printemps 2013 (11, 12 et 13 février), à la conférence Hippofac de Lille. Il fallait proposer 3 cas cliniques « intombables », et celui en faisait partie. Vous verrez… 😉 N’hésitez pas à apporter des retours sur le cas en commentaires.

Pour information, vous pouvez retrouver ce cas sur la page suivante → http://www.mimiryudo.com/cascliniques.php

Sur cette même page, j’ai également affiché un calendrier des publications en post-ECN 2014 (pas possible de les diffuser avant, car ça ferait perdre « l’avantage » local qu’ont eu les étudiants lillois d’Hippofac pour ces épreuves classantes nationales en assistant à mes conférences…)

Téléchargez le cas clinique n°13 en PDF, sous licence Creative Commons BY-NC-ND (11027 téléchargements )

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Faut-il traiter les diabétiques en pariant sur l’avenir ?

J’ai suivi via Twitter la présentation du congrès du CNGE sur les patients diabétiques, j’ai lu la revue narrative de la littérature par Jean-Pierre Lebeau dans Exercer la semaine dernière, et je découvre aujourd’hui (via Twitter encore) ce communiqué du CNGE qui redit que les anti-diabétiques n’ont aucune preuve d’efficacité clinique, et que la réduction de l’HbA1c (le marqueur du suivi du diabète, préconisé tous les 3 mois) n’est pas cliniquement pertinente. Et à chaque fois, j’ai les mêmes questions…

<disclaimer> Je la fais courte, je développerai si j’en ai l’occasion. C’est un brouillon. Je n’ai pas fait de longue recherche (pas encore eu le temps) ou quoi que ce soit. Je suis juste curieux et j’apprécie le travail qui a été fait, qui remet en question de grands fondements. C’est très bien, bravo, congrats, impressionné, toussa. </disclaimer>

Les traitements n’ont aucune efficacité au bout de combien de temps de suivi ?

Si on veut prouver l’efficacité en terme de morbimortalité de la METFORMINE dans le diabète de type 2 par exemple, ça implique d’avoir des diabétiques (merci) et de les mettre soit sous METFORMINE (médicament de référence) soit sous PLACEBO, puis d’observer et attendre que les uns ou les autres aient des complications de leur diabète (rétinopathie, néphropathie, neuropathie, infarctus, AVC, mort ; en gros).

Jusque là, ça va. Sauf qu’un diabète de type 2 se déclare entre 50 et 80 ans, en général, et que les complications mettent 10-20 ans à survenir dans ma faible expérience (très empirique) (z’avez lu le disclaimer ?). Du coup, ça implique d’avoir des études maousse costaud qui durent longtemps avec des patients qui prennent bien leurs traitements et rien d’autre…

De quelle réduction d’HbA1c parle-t-on : – 4% pendant 10 ans, est-ce que ce n’est pas cliniquement pertinent ? A-t-on pu analyser -4% pendant plusieurs années ?

Ca veut dire qu’un patient dans ce genre d’étude (donc qui accepte le suivi, et être dans une étude déjà), qui aurait une hémoglobine glyquée à 9,5 ou 10% (soit, en terme médical, « au plafond ») ne serait que sous METFORMINE… ou sous PLACEBO.

On découvre un diabète, on inclut dans une étude, son HbA1c grimpe comme un cycliste sous EPO en milieu alpin, et on laisse sous PLACEBO ?

Bon. Du coup, je suis curieux. Peut-être que je suis à côté de la plaque et qu’ils n’étudient pas ça comme ça.

 

Que dit le communiqué ? 

il faut prescrire des IEC et statines chez les diabétiques à haut risque. Ok. (…) approche éducative centrée sur le patient. Ok.

Dans ces (…), il y a ce qui m’interpelle.

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