Avis commenté sur les voeux du Président aux soignants

Le 6 janvier 2023, le Président Emmanuel Macron a présenté de façon unilatérale ses voeux pour la santé en France. En voici une petite lecture rapide avec des extraits choisis.

  • « Après deux années de Covid, après une série d’épidémies qui se sont accumulées ces dernières semaines, vous continuez de tenir bon » : en rendant le masque obligatoire dans les transports et les lieux clos, il était possible d’amortir l’impact de ces épidémies fin 2022 et début 2023 pour celles à venir… Y’a un côté pompier pyromane dans cette intro.
Thread sourcé sur pourquoi il fallait remettre le masque en lieu clos
  • « …de passer d’une crise à l’autre, et alors qu’on venait même de sortir du Covid, de réaffronter des crises à nouveau et de ne jamais sortir en quelque sorte de ce jour de crise sans fin… » : la crise du COVID n’est évidemment pas terminée ; le problème est JUSTEMENT le manque de perspective, c’est-à-dire le manque de seuils (à partir de quand on remet les masques ? à partir de quand on réincite au télétravail ? etc.)
  •  » Et je pense que les 35 h ont profondément perturbé l’hôpital » : toujours le même discours répété depuis des années, déjà débunké ici (un rapport de 2007 avait par exemple montré que 40 % des établissements n’avaient pas changé, et que les autres avaient restreint à 37h30, avec des RTT non pris et stockés sur des compte épargne-temps…). D’ailleurs, le PR débunke lui-même ensuite : « le système ne marche que par des heures supp qui sont allouées de manière complètement hétérogène selon les services. Cela ne crée pas une bonne collaboration entre les services et cela a créé aussi beaucoup d’hétérogénéité selon les territoires, les spécialités, les services parce qu’il y a des heures supp qui sont vraiment payées, il y a des heures supp qu’on met sur des comptes qui ne sont pas payées tout de suite, qui créent beaucoup de différences malgré toutes les revalorisations et le Ségur qu’on a fait, aux heures payées, à la contrainte demandée« .
  • « on a un cloisonnement ville-hôpital qui s’est installé, qui vient de très loin, qui est culturel, mais qui est là avec insuffisamment de coopération » : faudra un jour arrêter avec ce mythe… Le lien ville-hôpital est une thématique de recherche pour toujours améliorer notre collaboration, mais en pratique cette collaboration étroite existe déjà ! S’il y a quelques soucis mineurs qui nous font râler, dans l’ensemble pour les patients ça fonctionne très bien… Parler de « cloisonnement », faut quand même être sacrément déconnecté (en même temps, Emmanuel Macron n’est pas lui-même usager du système de santé traditionnel…)
  • « que ce soit le médecin de ville ou de campagne s’en va à la retraite, celui qui lui succède n’a pas envie d’avoir le même rythme, et on ne remplace pas un pour un » : c’est une généralité, pas toujours vraie et qui stigmatise comme toujours les jeunes médecins face au « bon vieux médecin des campagnes »… Il y a des médecins de 60 ans qui sont à 800 patients en médecin traitant et des gens de 35 ans qui sont à 1500. Parfois on remplace un pour un, parfois non… (Par ailleurs, avec le vieillissement de la population, nous avons de plus en plus de consultations complexes par jour, comme le souligne justement le PR : « En parallèle de cette évolution que je décris là à la cavalcade, il se trouve que nous sommes un pays qui vieillit, c’est une chance »)
  • « Alors une fois que j’ai dit ça, le grand problème, c’est que la réponse n’est pas simplement plus de moyens. » : euh, si. Et plus de moyens, ça passe aussi par plus de temps libéré par une action politique. Ca tombe bien, c’est le sujet de notre tribune publiée dans l’Express le 5 janvier et d’une précédente en janvier 2022 dans Le Figaro…
Tribune dans l’Express (janvier 2023)
Tribune dans le Figaro (janvier 2022)
(Et on peut remonter en 2020… toujours les mêmes idées)
  • « Et donc, il n’y a pas de recette miracle qui va dire : en un seul coup, on va vous créer une offre de santé formidable pour répondre à ce qu’on a, aux erreurs du passé ou à la mauvaise programmation et à cette société qui change. » : si, il y a des recettes miracles, mais c’est plus pratique de faire croire que non évidemment, quand on est Président de la République :
    • Libérer du temps aux médecins par de simples modifications législatives (notamment disparition des certificats absence enfant malade et arrêts de travail de moins de 3 jours au profit d’auto-déclarations par les patients),
    • Faire de la pédagogie médicale à large échelle (les viroses, les troubles musculosquelettiques dont lombalgie, épicondylite sont parmi nos consultations les plus fréquentes),
    • Faire de la délégation de tâches,
    • Former de nouveaux professionnels de santé (aide-soignants, auxiliaires de vie, IDE, IPA, kiné… pas seulement médecins) ET recruter des enseignants pour former ces professionnels et donner des moyens aux universités…
    • Passer à la Grande Sécu (comme recommandé dans le scénario 3 du Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie en janvier 2022), afin d’améliorer l’accès aux soins des personnes les plus précaires, faire des économies permettant de financer d’autres actions de prévention (remboursement des diététiciens, psychologues, de l’activité physique adaptée…)
    • … Ca fait 6 ans que ça aurait pu être commencé pour de vrai… Les solutions proposées aujourd’hui sont : « on va demander aux médecins surchargés d’animer des CPTS mais on ne fera pas de pédagogie médicale à large échelle, pas de libération de temps médical… »
  • « Pour la première fois, vous avez un ministre de la Prévention et de la Santé. » : oui, sauf que François Braun a toujours eu la main qui tremblait lorsqu’il s’agissait de PRÉVENIR les viroses respiratoires, préférant se déplacer avec sa faux sur l’épaule d’hôpital en hôpital pour constater les effets de son inaction sur la saturation des hôpitaux par des viroses respiratoires. On n’est pas là pour faire du marketing mais pour améliorer la santé des gens, merci de rester focus sur l’objectif.
  • « On a investi 19 milliards d’euros dans notre système de santé avec le Ségur et en particulier sur l’hôpital, pour des très bonnes raisons, parce que c’est vers l’hôpital que refluent toutes les difficultés, ce qui est encore le cas et ce que vous vivez. » : oui, le fameux Ségur qui fait qu’un jeune praticien de 2019 sera mieux payé toute sa carrière qu’un praticien arrivé en 2015… Belle réussite.
Le Ségur de la Santé : petit scandale passé inaperçu.
  • « Et puis, on a mis fin au numerus clausus dans ces années dernières. Depuis 20 ans, je le disais, on ne formait pas assez de soignants et on a mis fin parce que je veux ici rappeler les chiffres (…) Je le dis juste, mais malgré l’ouverture du numerus clausus, ce qu’on a fait ces dernières années, on n’en verra pas le résultat dans les 5/8 ans qui viennent. » : c’est vrai, le numerus clausus a été supprimé… et c’est inutile. Le numerus clausus a été remplacé par un numerus apertus, parce qu’il n’y a pas eu d’enseignants recrutés, pas de facultés créées… De toute façon, le numerus clausus est un outil, pas un obstacle : si vous voulez former 15 000 médecins au lieu de 8000, bah vous portez le numerus clausus à 15 000… Si vous le supprimez, vous ne faites qu’une seule chose : vous défaussez de toute responsabilité en disant « les régions se démerdent ». Encore du marketing. J’en avais parlé ici et là également
  • « On a perdu ces dernières années environ 6 000 médecins généralistes. On est à un peu moins de 100 000 médecins généralistes aujourd’hui. Le problème, c’est que nous aurons environ 80 000 médecins généralistes en 2025 si tous ceux qui doivent partir à la retraite partent. » : c’est vrai et faux… Vous pouvez jouer avec les chiffres de la DREES vous-mêmes ici : Il y a bien 99 941 médecins généralistes en France MAIS 57 000 libéraux exclusifs ; pour le reste, il y a 19 000 hospitaliers (qui ne font pas de la médecine générale), 16 000 autres salariés et 8 000 mixtes (la plupart ne font pas de la médecine générale ou pas à temps plein). J’avoue que ça m’inquiète un peu que le Président de la République pense qu’il y a 100 000 médecins généralistes au lieu de 57 000 en exercice aujourd’hui…

Voilà pour le diagnostic (de qualité moyenne), passons à la partie « traitement »…

  • « Premier objectif pour moi en ce début d’année, pour nous, c’est d’en quelque sorte, gagner du temps médical. » : comme dit plus haut, c’est un dada pour moi… et on a fait des propositions. On en fait depuis des années. Sauf que ce n’est pas du tout ce genre d’actions simples et « gratuites » qui sont proposées en premier lieu ! La première vision du Président repose sur l’embauche d’assistants médicaux : le concept n’est donc pas en premier de supprimer l’inutile, mais d’embaucher des gens pour aider à faire des tâches inutiles… Ubuesque.
  • « Nous allons à cet égard accélérer le recrutement des assistants médicaux pour les médecins. On a aujourd’hui près de 4 000 assistants médicaux qui ont déjà signé un contrat et ce qui est un des vrais succès (…) on en a près de 4 000, on doit arriver à 10 000 d’ici la fin de l’année prochaine et ça, c’est faisable. Je souhaite qu’on les généralise. On va continuer et donc, on va accroître les financements pour le faire » : au maximum, un assistant médical a permis de faire gagner 4 % de temps de travail par médecin (soit 1 consultation pour 25 par jour). Si on supprime les arrêts de travail court, on fait au moins aussi bien pour les 50 000 médecins du pays… Less is more 😉 Les assistants aident peut-être à améliorer la qualité des soins (ça reste à démontrer en France), mais pour la quantité pas vraiment…
  • « On a commencé à augmenter fortement les places ouvertes pour les infirmiers-infirmières, plus 20 % en 3 ans (…) quand on dit on en forme 100, on en a en réalité 55 qui arrivent sur le terrain, et puis en plus, on a le problème de certains qui se réorientent et vont dire à la fin de leurs études : finalement, je ne vais pas y aller, c’est trop dur ; et d’autres vont faire tout de suite de l’intérim. » : oui, bah faut avoir des postes attractifs en fait…
  • « on doit réorganiser des soins à l’hôpital pour retrouver une échelle humaine (…) en remettant en quelque sorte notre organisation collective à l’échelle humaine [car] un des ressorts du désenchantement c’est une organisation des équipes qui, à force de rationalité, a perdu en prévisibilité, en humanité. Ce n’est la faute de personne. » : gouverner c’est prévoir ; quand on perd en prévisibilité, c’est qu’on a une gouvernance foireuse. Le fautif principal se cache donc derrière ce mot « gouvernement »… surtout quand la phrase suivante est celle-ci, proprement hallucinante : « C’est la faute de plein de bonnes volontés qui voulaient faire des économies, mieux organiser les choses or, à un moment, le système s’est crispé.« 
Une image vaut mille mots. Surtout s’il y a des mots dessus. Image par Pete Linforth de Pixabay
  • « Chaque service doit pouvoir se saisir de cette liberté de s’organiser en autonomie et en responsabilité avec le maximum de liberté dans la construction des plannings sous la conduite des cadres, des chefs de services. » : je ne vois pas bien la différence avec aujourd’hui. Ceci étant, je devine derrière ça la même volonté que « j’ai supprimé le numerus clausus » (sans donner aucun autre moyen, ça ne changera rien par rapport à une augmentation de ce numerus clausus, juste je me défausse, c’est plus ma faute, hop, merci). De manière générale, toute cette partie est franchement confuse, pour conclure par une banalité du genre : « Il faut retrouver cette possibilité d’organiser les choses de la manière la plus adaptée. » Merci Monseigneur, jusqu’alors on essayait d’organiser les choses de la manière la plus désadaptée, quel réenchantement de vous lire / vous écouter.
  • « On doit sortir de la tarification à l’activité dès le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, pour aller vers un nouveau financement qu’on doit rebâtir sur la base d’un travail en profondeur et d’une concertation qui repose sur une rémunération basée sur des objectifs de santé publique (…) Pour l’hôpital public, les établissements privés, les professionnels de santé dans le libéral, il faut qu’il y ait une part structurante de la rémunération qui repose sur des objectifs de santé publique qu’on négocie à l’échelle d’un territoire. Comment on prend en charge la population qui nous est donnée ? » Alors la rémunération sur objectifs de santé publique, on l’a déjà en ville et globalement c’est mal fichu.
    Adapter la ROSP à la population serait une idée intéressante (parce que les personnes les plus précaires se font moins dépister par exemple, donc il y a une « prime » à exercer dans les milieux les plus aisés aujourd’hui ^^). Mais avoir des « objectifs de santé publique » à l’échelle d’un hôpital (qui n’a pas une liste de patients suivis), je vois difficilement comment ça peut donner quelque chose d’intéressant pour la population. D’ailleurs, le « pay for performance » (P4P) existe depuis de nombreuses années ailleurs et au Royaume-Uni par exemple ça ne réduit pas la mortalité. Enfin, si on veut jouer à parler de « performance », est-ce qu’on doit aussi évaluer le gouvernement sur sa « performance » à améliorer la santé de la population ?
Alors que nos voisins ont réduit leur taux de tabagisme, le taux de tabagisme est stable depuis les années 2000 en France à 33 %… Graphique depuis la page OurWorldInData
  • « Ce n’est pas simplement à l’hôpital qu’il faut mettre les moyens. Il faut reresponsabiliser et inciter à avoir une permanence des soins en ville. Les Français doivent trouver facilement un médecin de garde. Alors, je sais qu’il existe beaucoup d’initiatives. » : aaaargh mais la seule fois où il parle de médecine générale dans son « traitement » c’est pour dire qu’il faut « reresponsabiliser », quel manque de respect total.
  • « Donc il faut mieux rémunérer en quelque sorte celles et ceux qui vont être prêts à former des jeunes et prendre des internes auprès d’eux, à prendre de nouveaux patients, à aider au coup de chauffe quand il existe, à participer à une offre de soins sur le territoire. » : banco, strike – c’est déjà le cas pour tout… c’est vraiment de l’esbrouffe de faire croire qu’on va valoriser ce qui l’est déjà :
    • il y a des sous dans le forfait structure pour l’accueil d’internes… en plus, on est payé pour accueillir des internes, les actes réalisés par l’interne sont pour le maître de stage et il y aussi des aides par la CNAM ou l’ARS (COSCOM ou CRME)…
    • il y a un forfait qui s’appelle « forfait patientèle médecin traitant » : plus on accepte de patients, plus ce forfait (et la ROSP) sont élevés ;
    • les gardes ne sont pas bénévoles (150€ la garde et 50-70€ par patient selon l’heure et le jour de week-end)
  • « Vous voyez que c’est très cohérent avec la généralisation de nos fameux CPTS que nous voulons voir se faire développer. Comme on leur a mis des assistants médicaux, c’est sur les professionnels qui sont prêts à s’organiser sur un territoire avec d’autres et assurer la permanence des soins qu’on va mettre plus de moyens, c’est plus juste. Et donc on va faire avec eux exactement comme on va faire avec l’hôpital, c’est-à-dire on sort d’un financement à l’acte pour être sur un financement à la mission, à la réponse en termes de santé pour une population. » : il y a déjà des financements sur les CPTS ; ce qui est en jeu là, c’est la proportion de notre rémunération… Mais prenons 2 minutes pour discuter de ça avec 3 situations extrêmes :
    • 100 % paiement à l’acte, 0 % « objectif de santé publique » personnel (ROSP), 0 % amélioration de santé sur le territoire (CPTS) : c’est une incitation à faire plein d’actes… et in fine, c’est le meilleur accès aux soins possible ;
    • 0 % paiement à l’acte, 100 % ROSP, 0 % CPTS : c’est une incitation à avoir des patients qui respectent bien les consignes, et donc l’exclusion de « mauvais patients » (les anglais parlent de gaming sur comment améliorer sa ROSP) ; on veut des patients diabétiques oui, mais uniquement des gens qui font du sport, mangent équilibré, prennent bien leur traitement et avec des bons taux d’HbA1c… les autres trouveront un médecin ailleurs, merci.
    • 0 % paiement à l’acte, 0 % ROSP, 100 % CPTS : on passe son temps en réunion à créer des protocoles pour toucher plein d’argent. Voir des patients ? Franchement ma chère, c’est le cadet de mes soucis.
    • Or, que veut la population aujourd’hui ? Plus de protocole ? Plus d’exclusion ? Ou un accès facilité aux soins ?
    • A titre personnel (pour ce que ça vaut), je suis pour la rémunération mixte par actes ET forfaits, mais ils sont souvent mal pensés, sans aucune liberté (les MG d’une CPTS n’ont juste aucun pouvoir, on peut essayer de faire bouger de quelques millimètres les lignes, mais ça n’a rien à voir avec des campagnes d’information nationale de qualité qui nous manquent cruellement)… et le timing est juste catastrophique là avec la démographie médicale en berne pour dire « on va sortir du paiement à l’acte ».
  • « Il faut bâtir un nouveau pacte avec la médecine libérale, un pacte de droits et de devoirs. » : je respecte la fonction présidentielle, je respecte la fonction présidentielle, je respecte la fonction présidentielle, je n’insulte pas le Président, je n’insulte pas le Président, je n’ins…
  • « Pour les médecins spécialistes, il s’agit par exemple de réaliser des consultations avancées dans les zones sous denses ; pour des généralistes, de participer à la prise en charge des soins programmés, d’accueillir des internes en stage, comme je le disais. » : bordel mais en fait, il ne comprend rien ?! Déjà, les généralistes SONT des spécialistes de médecine générale depuis 2004, s’agirait de se tenir au jus (on a un diplôme d’études spécialisées en médecine générale). Ensuite, les soins programmés, c’est le suivi de nos patients… bien sûr qu’on le fait ! Il veut parler là de « soins non programmés » – et là aussi on assume trèèèèèès largement notre part, avec 2 millions de consultations par jour en moyenne, on n’enfile pas des perles.
  • « D’ici à la fin de cette année, que chaque citoyen, puisse avoir accès dans son bassin de vie, à une offre de soins. Alors appelons ça un réseau territorial (…) On a besoin que quand on habite dans un endroit, on puisse avoir quelqu’un en référence. C’est un médecin ou quelqu’un qui travaille avec lui dans ce réseau, qui peut être un paramédical, selon les besoins et de ce qu’on a fléché, qui va être un spécialiste, qui va être à la ville ou à l’hôpital. Et donc on veut créer à l’échelle d’un territoire, en fait, une solution de santé en incitant les acteurs de santé sur un territoire à coopérer entre eux. Donc, vous l’avez compris, dans le financement de l’hôpital, le financement de la ville, c’est là-dessus qu’on va mettre les moyens. » : le risque c’est de ne plus être payé pour voir des patients, mais d’être payé collectivement pour se refiler les patients comme des patates chaudes entre nous… On ne peut pas remplacer un suivi de médecin généraliste par un suivi d’une autre spécialité parce que 1/ ce n’est pas le même métier, 2/ il n’y a pas des professionnels de santé qui sont aujourd’hui en train de se tourner les pouces et qui vont soudain pouvoir assumer un suivi de médecin généraliste.
    Une consultation de médecine générale, c’est un patient de 60 ans diabétique et hypertendu qui a des oedèmes des membres inférieurs depuis son changement de traitement et qui s’est fait mal à l’épaule droite en déménageant, à qui il faut proposer un renouvellement de son vaccin COVID, en 15 minutes s’il vous plait. Ouais, c’est un peu un métier ; c’est pas le plus dur du monde, mais ça ne se remplace pas « d’ici la fin de l’année »…
  • « Je veux aussi qu’on puisse continuer à supprimer toutes les tâches inutiles, comme certains certificats, qu’on puisse développer la télé-expertise, la télésurveillance, qui est une bonne chose. Et à cet égard, je le dis très clairement, le seuil de 20 % de téléconsultation qui a été mis n’est pas une bonne idée. » : aaaaah alors c’est rigolo ça, la « suppression des tâches inutiles comme certains certificats » ici ! Ce n’était pas dans le diagnostic, ça arrive tardivement alors que c’est la base : supprimer l’inutile et voir comment optimiser le temps ensuite…
  • « Nous permettrons aux Français d’avoir recours à d’autres professionnels de santé pour des renouvellements d’ordonnance pour les maladies chroniques, pour la vaccination, pour le dépistage, pour l’éducation thérapeutique qui doivent pouvoir être réalisés par des pharmaciens, par des sages-femmes, par des infirmiers et des infirmières. » : oui, la délégation de tâches. Notons juste qu’on fait plutôt un « suivi », une « réévaluation » qu’un simple « renouvellement » normalement.
  • « Et je le dis, trop de temps médical est gaspillé par un excès d’imprévoyance, de la désinvolture, avec en particulier des rendez-vous non honorés. Pour supprimer cette perte sèche de temps médical, là aussi, un travail sera engagé avec l’assurance maladie pour responsabiliser les patients lorsqu’un rendez-vous ou plusieurs ne sont pas honorés ou lorsqu’il y a des recours abusifs à des soins non programmés. » : moi j’ai une idée : les patients qui sont dans ces situations sont désormais obligés de contacter au préalable l’Assurance Maladie pour prendre un rendez-vous, où il y a quelqu’un qui prendra l’initiative de faire la régulation médicale… Non ? Ah non, on va leur prendre de l’argent ; z’avez qu’à être moins anxieux là, au lieu d’abuser des soins non programmés.
  • « Enfin, je le disais, le médecin traitant doit être la porte d’entrée, mais pas le verrou de notre système. Je veux en effet que dans ce contexte, on puisse à la fois clarifier sur le territoire l’organisation et la simplifier (…) je veux que ces patients chroniques aient accès à ce que j’appellerais une équipe traitante, c’est-à-dire qu’ils puissent avoir sur ces réseaux, ces coalitions d’acteurs qu’on aura identifiées et structurées à l’échelle d’un territoire et d’une équipe (…). Et la logique, c’est que beaucoup de nos médecins généralistes devraient déléguer deux ou 3 renouvellements d’ordonnance par an à l’infirmier de référence, au pharmacien de référence pour n’avoir que des rendez-vous réguliers. » : mais enfin, on fait DÉJÀ des suivis tous les 3 ou 6 mois. Il y a 2 ou 4 renouvellements d’ordonnance par an ET ces consultations ne sont pas un simple suivi la plupart du temps. C’est LE problème d’ailleurs des IPA qui vont faire du suivi de pathologie chronique stabilisée : ça ne marche pas si la pathologie n’est pas stabilisée, et si le patient a une demande aiguë (mal à l’épaule, mal au ventre, etc.), il devra passer par la case médecin. Les IPA n’ont pas vocation à remplacer les médecins généralistes mais surtout à améliorer la qualité d’un suivi chez des patients stabilisés…
  • « Et donc, on aura ainsi des médecins qui accueilleront ces patients ayant recours à ces fameux services d’accès aux soins pour les consultations non programmées. Et là encore, ça va permettre à des libéraux, à des structures privées de s’engager et ça va permettre de décharger l’hôpital de nombreux soins non programmés. C’est comme ça dans beaucoup de territoires qu’on a réussi à tenir l’été dernier. » : lol quelle blague ! Le SAS c’est 6 400 actes en juillet et 16 200 actes en août. C’est 21 000 actes en 2 mois (330 par jour donc…), soit pour 57 000 médecins généralistes en exercice libéral, L’INCROYABLE TAUX DE 0,37 CONSULTATION PAR MÉDECIN GÉNÉRALISTE SUR 2 MOIS ! A titre d’exemple, j’ai fait 1144 actes en juillet-août 2022 (5 % des actes du SAS sur les 2 mois :D)… et sur les dernières années, on a fait 17 millions d’actes en juillet et 13 millions en août : le SAS, c’est donc 0,07 % de ça. Je ne sais pas comment le tourner au mieux, pour qu’on se rende compte que dire « c’est comme ça qu’on a réussi à tenir l’été dernier !« , c’est une aventure au-delà de l’audace, là où seul règne le ridicule…

Voilà… il a également évoqué les 600 000 patients en ALD sans médecin traitant, mais ça mérite un billet dédié. Je vais donc m’arrêter là… je vous épargne la fin traditionnelle sur « je serai à côté de toutes celles et ceux qui soignent », « il y aura, je le sais, l’engagement du ministre et de la ministre déléguée » et « comptez sur mon engagement personnel ». Ca aurait plus de gueule avec « je serai toujours opposé à celles et ceux qui soignent ; sachez que je me désengage totalement de la santé, à l’instar du ministre et de la ministre déléguée« , mais bon, si Monsieur n’aime pas disrupter…

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Mes ritournelles au cabinet…

Mon congé paternité s’est achevé, j’ai repris les visites hier et les consultations ce jour…

« Bonjour, vous pouvez entrer… Installez-vous. Qu’est-ce qui vous amène ? »

Au cabinet, j’accueille tous mes patients ainsi. C’est devenu une phrase qui rythme mes journées depuis (bientôt) 9 ans. Quand j’arrive en visite au domicile d’un patient, il m’arrive régulièrement d’en prononcer une partie par automatisme.

Je ne sais pas quand j’ai adopté cette ritournelle. Peut-être pendant mes stages d’interne en médecine générale, entre 2012 et 2014 — ou peut-être juste après, en 2015. Vous savez comment c’est : on s’installe seul et paf, on commence à radoter !

« Qu’est-ce qui vous amène ? »

Un suivi de maladie chronique, avec la réévaluation, l’adaptation ou le renouvellement éventuels du traitement. Une addiction à prendre en charge.

Une maladie aiguë. Une infection à COVID-19, une autre infection respiratoire, ORL, digestive, cutanée… Un traumatisme, une entorse, une possible fracture. Un problème de vaisseaux, de nerfs, de ligaments, de peau, de tendons…  

Des soucis psychologiques, un problème social, une énigme administrative à résoudre. Un parcours de soin à coordonner. Un document à remplir pour un assureur qui ne devrait pas le réclamer mais qui bénéficie d’une belle tolérance ordinale pour attenter au secret médical de tous les patients du pays.

Le suivi d’un nouveau-né, d’un bébé, d’un enfant. Des vaccins. De la prévention, du dépistage. Un implant à poser ou à retirer. Une grossesse à prévoir, annoncer ou suivre.

Parfois un seul de ces motifs, parfois deux, parfois tous à la fois.

« Qu’est-ce qui vous amène ? »

Ce n’est évidemment pas la seule option d’approche. On peut tenter un « ça va ? », mais il risque d’aboutir à un « oui » laconique ou un « non » logique (en France, on va rarement voir son médecin quand ça va)… Il existe bien d’autres questions, ouvertes cette fois, comme « que puis-je faire pour vous ? », « de quoi souhaitez-vous me parler aujourd’hui ? » ou autre phrase d’accroche. Peu importe celle qui est choisie : elle deviendra sans doute une ritournelle au fil des ans…

« Qu’est-ce qui vous amène ? »

Je pose cette question puis je me tais. J’essaie en tout cas… 30 secondes, 1 minute parfois… Je me tais pour plusieurs raisons : déjà, parce qu’en fait je cherche à ouvrir le dossier médical, à la date du jour ; ensuite parce qu’il faut que le patient puisse exprimer avec ses mots le(s) premier(s) motif(s) de sa venue sans être interrompu toutes les 15 secondes. J’en note les idées principales, je sépare les motifs en autant de paragraphes que nécessaire… J’écris beaucoup, mais je tape assez vite, ça compense. Parfois, quand je me souviens pourquoi le patient a pris rendez-vous, je le guide ; ce n’est pas l’idéal, mais personne n’a jamais prétendu faire des consultations idéales et parfaites.

Ensuite, j’enchaîne avec ma deuxième ritournelle : « est-ce qu’il y a autre chose qui vous amène ? »

Très souvent, il y a autre chose. Un bouton dans le dos, qui ne fait pas mal et auquel on ne pense plus. Un certificat médical pour un sport à haute intensité comme les échecs. Un renouvellement annuel de pilule, qui mérite qu’on s’y attarde si on veut prendre le temps de bien faire les choses.
Tous ces motifs annexes — ou parfois principaux — que le patient oublie sur le chemin, en salle d’attente ou devant le bureau du médecin, et qui finiraient au service des motifs oubliés, s’il existait.  

Parfois, le patient lit un papier ; parfois il récite la liste des motifs en les comptabilisant sur ses doigts pour ne pas en oublier… parfois encore, il improvise parce qu’il n’a pas anticipé qu’on pourrait parler d’autre chose que de son motif principal. Peu importe : l’essentiel est qu’à la fin, les problèmes relevant de mes compétences soient pris en charge.

« Est-ce qu’il y a autre chose ? »

Encore un motif. Un nouveau paragraphe.

« D’accord, on va en reparler. Est-ce qu’il y a autre chose ? »

Non, cette fois, nous avons fait le tour. Très bien, alors revenons maintenant sur chaque motif évoqué, et essayons de les développer…

Cette discussion que nous avons, pour recueillir et préciser les symptômes fait partie de l’examen clinique. C’en est la première partie ; la deuxième, c’est l’examen physique, qui sera ciblé sur les symptômes : inspection, palpation, percussion et auscultation, selon les besoins du moment. J’essaie d’éviter la ritournelle gestuelle par contre, et de ne pas ausculter et prendre systématiquement la tension si ça n’est pas pertinent… évidemment, il m’arrive de le faire, parfois pour de bonnes raisons, parfois par habitude, parfois parce que ça s’apparente à un folklore nécessaire et réclamé sans lequel la consultation, eût-elle pu durer 30 minutes, n’aurait pas eu lieu.

L’examen clinique s’achève… Nous tenons une ou plusieurs hypothèses diagnostiques. Parfois, nous complétons avec un autre examen au cabinet : un test antigénique pour la COVID-19, un test streptococcique pour l’angine, une analyse d’urine, une spirométrie, un ECG, un test de mémoire, etc. Tout ça va renforcer ou minorer nos hypothèses…

Certains examens peuvent être réalisés ailleurs auprès d’un autre confrère (biologiste au laboratoire d’analyse, radiologue en cabinet d’imagerie, autre spécialiste en libéral, à l’hôpital ou en clinique privée) ; il faudra que le médecin et le patient se mettent d’accord sur cette prise en charge (inutile de prescrire un examen que le patient n’ira pas réaliser), puis il faudra coordonner le tout avec un courrier, voire une prescription médicale de transport, puisque cette aberration existe toujours (nous contrôlons ici que les ambulanciers ne facturent pas des transports inexistants ou non pertinents).

Et puis quand tous les motifs ont été transformés en hypothèses diagnostiques (ou en diagnostics certains parfois), qu’une conduite à tenir a été proposée et acceptée pour les principales, que l’ordonnance (éventuelle mais fréquente) est prête à imprimer, je repose la question…

« Est-ce qu’il y a encore autre chose ? »

Parce que parfois on oublie… Oui, finalement, il y avait autre chose. Alors, on recommence ce qui n’a pas été fait, avant de conclure la consultation.

« Vous réglez comment ? En espèces, en chèque ? En totalité, en tiers payant ? »

C’est ma dernière ritournelle… Même si avec les années, je finis par savoir qui règle comment…

Pendant que le patient range ses affaires et prépare le règlement, je profite parfois de cette petite minute pour jeter un œil à un courrier reçu ou un bilan biologique qui arrive au compte-goutte tout l’après-midi… Je glisse un courrier dans le scanner pour le numériser. Ca passe inaperçu, mais il faut rentabiliser le temps médical.

Il y a quelques jours, à Davos (pour présenter entre autres cet article canular de 2020), j’ai découvert avec amusement que les médecins Suisses étaient rémunérés au temps médical, en présence ou absence du patient (incluant donc le temps de lecture des courriers, les appels téléphoniques ou e-mails pour ajustement de traitement par exemple). Ce n’est pas du tout le modèle français ; les deux ont évidemment leurs avantages et leurs inconvénients… En France, le système tient en partie grâce aux actes « gratuits » réalisés par les professionnels de santé.

Il est temps de raccompagner le patient jusqu’à la porte de sortie et lui souhaiter « bonne journée »… Je jette un œil en salle d’attente : il reste des masques à disposition des patients (il est obligatoire au cabinet), du « sérum hydroalcoolique » (le nectar des solutés, pas un qui colle ou qui reste 3h !), la radio diffuse une musique sympa… et je n’ai pas de retard.

Le patient est sorti. J’enchaîne avec le suivant.

« Bonjour, vous pouvez entrer… Installez-vous. Qu’est-ce qui vous amène ? »

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Affiche pour salle d’attente à propos des masques en lieux clos après le 14 mars 2022

Pourquoi cette fiche ?

Le masque ne sera plus obligatoire dans les lieux clos à partir du 14 mars 2022. C’est une décision dont vous connaissez probablement mon avis, sinon il est disponible ici ou dans ce fil Twitter :

(En résumé : une décision de merde, histoire de couper l’herbe sous le pied de la plupart des autres candidats qui avaient tout misé sur « on va retirer le masque et le pass » et n’ont ainsi plus aucune idée à proposer sur la pandémie, parce que dire « on va remettre le masque » n’est pas assez populaire à leur goût).

Donc, pour informer les patients, je mettrai la fiche suivante en salle d’attente à partir de lundi. Il y a 1 page simple et 5 pages de questions/réponses fréquentes.

La fiche en question

Vous pouvez la télécharger au format DOCX ci-dessous (et la modifier, en faire ce que vous voulez).

Le contenu est reproduit ci-dessous :

A propos du masque en lieu clos

Au 14 mars 2022, le masque reste obligatoire dans les cabinets médicaux, en pharmacie et dans tous les établissements de santé (et les transports en commun).

En pratique, je vous recommande fortement de le conserver dans tous les lieux clos où il peut l’être (commerces, administrations, bureaux, travail…)

Le port du masque chirurgical (sur la bouche et le nez) en lieux clos est un geste altruiste qui nous permet de protéger les gens fragiles, immunodéprimés ou non vaccinés dans ce contexte de pandémie.

Limiter les contaminations par le port du masque en lieux clos, c’est aussi limiter les symptômes prolongés (fatigue, essoufflement, etc.), l’absentéisme à l’école ou au travail, la surcharge du système de santé en ville et à l’hôpital et les dépenses sociétales sur la pandémie.

En raison des messages divers (et parfois contraires) entendus sur la pandémie, je vous apporte quelques informations avec des sources que vous pouvez vérifier.

N’hésitez pas en cas de questions.

Réponse aux questions fréquentes sur la COVID-19

Est-ce que la pandémie est finie ?

Non.

Est-ce que l’épidémie régresse / progresse actuellement ?

QR Code vers le site du gouvernement (courbe de R)

Sur cette courbe, l’épidémie régresse si le taux de reproduction est inférieur à 1 (1 personne en infecte 0 à 1 en moyenne) et elle progresse si le taux est supérieur à 1.

Attention, ce taux veut rapidement fluctuer : par exemple, il a été au plus bas le 21 juin 2021 (0,54) avant de refranchir le seuil de 1 le 2 juillet 2021…

Combien y a t-il de cas / d’hospitalisations / de décès liés au COVID-19 actuellement en France ?

Vous pouvez par exemple retrouver ces données sur :

  • l’appli AntiCovid (section Infos > Autres chiffres clés > Epidémio)
  • ou en tapant « Covid France » sur Google (exemple page suivante)
  • ou sur le site du gouvernement
  • ou sur OurWorldInData (pour comparer entre pays)
QR Code du site du gouvernement
QR Code de OurWorldInData

Que signifie un taux d’incidence à 300 (par exemple) ?

Cela signifie : 300 personnes sur 100 000 ont été testées positif sur les 7 derniers jours (soit 3 personnes sur 1000).

En considérant une population de 70 millions d’habitants en France, cela représente donc environ 30 000 personnes positifs chaque jour (soit 4 patients positifs par semaine pour chacun des 50 000 médecins généralistes du pays).

Sur une population de 14 000 habitants (Outreau), un taux d’incidence à 300 implique donc 42 personnes positives sur les 7 derniers jours.

Au Danemark, ils ont tout retiré, et ça se passe bien, non ?

Non.

Malgré un taux de vaccination plus élevé qu’en France, la levée du masque les mène à leur plus fort taux de mortalité par COVID-19 depuis le début de la pandémie.

Est-ce qu’avec Omicron, c’est un rhume ou une grippe ?

Non.

Omicron est aussi virulent que la souche de mars 2020. Il est moins virulent que le variant delta.

En janvier-février 2022, la COVID-19 a tué 14 000 personnes, malgré les précautions (masque, incitation au télétravail, vaccination).

Sans ces précautions dans les années 2010-2019, la grippe tuait en moyenne 9 000 personnes par an selon Santé Publique France (en moyenne en France, 1 650 personnes décèdent chaque jour de toute cause, soit 600 000 par an).

Par ailleurs, la grippe est saisonnière (novembre à mars) ; pour la COVID-19, nous avons vécu des vagues de décès en mars-mai 2020 (30 000 décès), octobre 2020-juin 2021 (80 000 décès), novembre 2021 à mars 2022 (22 000 décès – en cours).

3 grandes vagues de décès liés à la COVID-19 depuis mars 2020

Est-ce que la vaccination est efficace ?

Le vaccin est très efficace pour diminuer les formes graves, et donc pour éviter le confinement de la population.

Début 2021, environ 15 000 cas par jour entraînaient 300 décès par jour. Grâce à la vaccination, ce nombre de 300 décès n’a plus été atteint qu’avec 300 000 cas par jour début 2022 (20 fois plus).

La majorité de la population est vaccinée : 93 % des adultes (ou 78 % de la population en comptant les enfants).

Pour illustrer l’efficacité, vous pouvez aller sur l’appli AntiCovid > section Infos > Autres chiffres clés > Vaccination > Comparer. Exemple de graphiques :

Le vaccin 2 doses réduit environ de 90 % les formes graves (courbe rouge à gauche) et le rappel augmente l’efficacité (courbe rouge à droite)

Est-ce que le vaccin diminue les contaminations ?

Oui. Il réduit d’environ 30-40 % le risque d’être positif et le risque de contaminer ensuite.

Les courbes rouges précédentes montraient l’efficacité sur les formes graves, mais vous pouvez également tester sur l’appli avec les tests positifs.

Est-ce qu’il y aura une 4ème dose ?

Probablement non pour les vaccins actuels, mais possiblement oui pour d’autres vaccins à venir…

La 3ème dose semble apporter une réponse immunitaire importante et durable. Des vaccins plus spécifiques sur certains variants devraient être commercialisés en 2022 et seront sans doute recommandés.

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Actes gratuits : bilan de janvier 2022

Mi-octobre, j’ai écrit une tribune sur « comment redonner du temps médical aux médecins » (c’était des idées déjà développées en partie dans ce billet de juillet 2020). Elle a été publiée début janvier 2022 dans le Figaro (pour les abonnés) et vous pouvez la lire ici en entier, sous forme de fil Twitter à dérouler.

Cette tribune rappelle que nous sommes en situation de pénurie de temps médical, et propose des alternatives au classique, démagogique, populiste et inutile « y’a qu’à obliger les médecins à venir dans les déserts » (parce qu’il est impossible de forcer des gens à faire ce qu’ils ne veulent pas, alors qu’ils croulent sous les offres d’emploi à côté…)

Parmi les 10 idées évoquées, il y a surtout la notion de ne plus utiliser les médecins généralistes comme des contrôleurs (que les patients ne fraudent pas avec les congés enfants malades ou leurs assurances, que les pharmaciens ne fraudent pas en prescrivant des substituts nicotiniques, que les infirmiers ne fraudent pas en cotant des toilettes chez des personnes âgées dépendantes, que les kinésithérapeutes ne fraudent pas, que les ambulanciers ne fraudent pas, etc.)

Afin d’illustrer les propos de ma tribune, j’ai souhaité fournir des chiffres. Pour ça, depuis le 1er janvier 2022, je tiens un tableur de ce que j’appelle des « actes gratuits ».

Définition et précisions.

J’entends par « acte gratuit » les demandes par téléphone, sms, mail de patients (ou collègues de travail) nécessitant un avis médical, une ordonnance, un document administratif, etc. et ne relevant donc pas de la compétence seule d’une secrétaire (hors formation spécifique).

Détaillons les deux termes : « actes », puis « gratuits ».

Les vrais « actes gratuits » nécessitant normalement une consultation — mais l’avènement de la téléconsultation et surtout le remboursement des téléconsultations téléphoniques quelques mois en 2020 ont un peu reposé la question de « qu’est-ce qu’une consultation / un acte ? »

Malgré ce terme de « gratuit » dans cette appellation, j’insiste sur le fait qu’il n’y a aucune réclamation financière dans la tribune sus-mentionnée et dans ce billet de blog (et dans le blog ou dans ma tête en fait…). Il s’agit d’améliorer la qualité de travail, de redonner du temps aux médecins pour qu’ils puissent faciliter l’accès aux soins de leurs patients et leur éviter une surcharge mentale permanente (et souvent inutile).

Par souci de transparence, rappelons (ou apprenons) que chaque patient dont nous sommes « médecin traitant » nous « rapporte » de l’argent chaque année, à travers le « forfait patientèle médecin traitant ».

Par exemple avec ma répartition des 1400 patients décrite plus loin, cela implique un « forfait patientèle médecin traitant » de 26 000€ (super-bruts) par an, qu’on peut considérer comme une groooosse rémunération des « actes gratuits ». Je répète donc qu’il ne s’agit nullement de réclamation financière pour ma part mais de pouvoir regagner du temps.

Forces de cette analyse.

C’est un sujet important, parce que la pénurie de médecins va encore s’aggraver et tout ce qui occupe les soignants limite l’accès aux soins (quand on crée des CPTS, qu’on fait des projets, ça peut avoir une vertu positive à long terme — et c’est pourquoi on le fait — mais à court terme, c’est du temps qui n’est pas utilisé pour soigner…)

De plus, il n’y a pas de données dessus à ma connaissance, et évidemment ce sont des informations qui n’existent pas pour l’Assurance Maladie et encore moins pour les parlementaires (députés et sénateurs) prompts à dire « yakadéplacélémédecin » sans comprendre qu’ils ont de multiples leviers d’action à disposition mais qui leur demanderait un peu plus de travail que recopier des conversations de bistro en faisant passer ça pour un « rapport ».

Je cote autant que possible au fil de l’eau ou le soir, limitant les biais de mémorisation.

Je suis mon propre secrétaire : je prends tous les appels ou messages vocaux laissés par les patients (à de rares exceptions où j’ai un télésecrétariat mais par exemple, pas utilisé en janvier). En pratique, lorsque j’ai le télésecrétariat actif, j’ai l’impression autant de « notes » correspondant à ces « actes gratuits ». Il n’y a donc que moi qui classe en « acte gratuit », donc a priori pas d’erreur de « codage » malgré une notion un peu floue comme on le verra au paragraphe suivant.

Limites de cette analyse.

Il s’agit d’un avis personnel sur ma situation, avec mon exercice, en 2022. Janvier a été un mois EXCEPTIONNEL, notamment en raison d’une circulation très importante du SARS-CoV-2 (en raison d’une inaction du gouvernement de patates qui est le nôtre).

Je travaille dans une ville indice 5/5 de « défavorisation » (EDI) ; en pratique, c’est la 167ème ville métropolitaine de +1000 hab la plus pauvre de France, limitrophe de Boulogne-sur-mer, 15ème du classement.

Mon exercice a aussi beaucoup changé à cause de la pandémie : par exemple il y a 2 ans, très peu de patients avaient mon adresse mail, mais la nécessité de communiquer rapidement des informations claires aux patients a impliqué que tout le monde l’a désormais… Globalement, ça a bien altéré « l’éducation à la santé » des patients, qui ont aussi découvert qu’on pouvait faire du dégradé (appels téléphoniques, téléconsultations, mails en pharmacie…) et ce n’est pas si simple pour les 1440 patients de s’en défaire totalement…

Enfin, « avis gratuit » n’est pas très codifié. Il y a une zone grise entre la simple demande de RDV et la demande complète d’un avis sans RDV… En effet, il peut s’agir :

  • d’une demande de RDV et d’avis concomitant,
  • d’une demande d’avis qui se transforme en RDV
  • d’une demande de RDV qui se transforme en avis…

Mais comme dit plus haut, je réponds tout le temps, et donc il y a une homogénéité dans ma classification.

J’ai coté aussi en « acte gratuit » 2 appels de confrères… mais finalement, la classification des courriers (et bilans biologiques) pourrait aussi entrer dans ce cadre, ou les appels des laboratoires d’analyse… La différence que j’ai retenu est que je cote les « actes gratuits » qui sont donc une démarche « active » d’un patient, et pas la réception « passive » d’un bilan, indépendante de la volonté du patient. Idéalement, il faudrait donc compter toutes les demandes, en consultation et hors consultation (« acte gratuit ») pour mieux apprécier, mais c’est trop de travail… J’insiste un peu là-dessus aussi : je ne fais pas une cartographie de notre exercice, je dessine juste une petite partie inconnue de l’iceberg de notre activité.

De la même façon, il va de soi qu’un patient en consultation qui demanderait une prescription médicale de transport par exemple n’est pas considérée comme un « acte gratuit » — toutefois, supprimer ces aberrations administratives permettrait aussi de redonner du temps médical pour des sujets plus intéressants au sein même des consultations.

Une autre solution (non retenue) aurait été de ne parler que des « ordonnances sans consultation » (par opposition aux consultations sans ordonnance), mais c’était se défaire des nombreux avis médicaux, notamment sur les conduites à tenir en cas de COVID-19 (finalement des « avis sans consultation et sans ordonnance »).

Enfin, ces « actes gratuits » ne sont pas l’alpha et l’omega : réduire les consultations par une meilleure « pédagogie à la santé » (via des enseignements scolaires, des émissions en prime time…), et les « sur-soins » doit aussi être un axe important pour améliorer l’accès aux soins, mais on ne va peut-être pas réinventer la médecine générale française dans un billet de blog.

Disons qu’il s’agit d’un « travail préliminaire », une « preuve de concept » ou tout ce que vous voudrez pour dire que c’est pas top, mais ça a le mérite d’exister.

Mode d’exercice et patientèle.

Je travaille en solo, les lundi, mardi, jeudi et vendredi (fermé mercredi, samedi et dimanche donc).

Dans ma patientèle, créée progressivement à partir de mars 2015, j’ai environ 1440 patients : environ 230 mineurs, 180 de 18 à 29 ans, 150 trentenaires, 180 quarantenaires, 180 quinquagénaires, 230 sexagénaires, 180 septuagénaires et 110 octagénaires et plus…

Ma répartition est plus précise que ce que donne la CPAM… qui a permis d’estimer plus haut le forfait patientèle médecin traitant

En janvier, j’ai été absent du 1er au 9 (vacances en décalé) et en préparation de congrès le vendredi 28 janvier. Au 30 janvier (date de début de rédaction de ce billet), j’ai donc travaillé 11 jours, à raison de 9-10h par jour en moyenne.

Au total, il y a eu 551 actes réalisés, dont :

  • 35 vaccinations à 9,60€ (rappel de vaccin seul sans consultation – j’ai davantage vacciné, mais les vaccinations pendant la consultation normale sont à 25€…) ;
  • environ 144 actes réalisés par mon interne en SAPSAS (6 jours x 24 consultations) (notons que bien sûr, ces consultations sont débriefées, et ces 6 jours travaillés représentent donc environ 5h de débriefing).

Cela m’amène à une moyenne de 34 actes (consultation, visite ou acte technique) et 3 rappel vaccinal par jour travaillé, sur 9-10h de travail par jour.

« Il suffit de… »

Je sais qu’il peut être tentant de trouver des pistes pour changer mon mode d’exercice, mais ça n’est pas du tout le sujet de ce billet ^^ Il y a des raisons personnelles, familiales, professionnelles à cette organisation.

Je réponds juste à 3 questions :

  • pourquoi ne pas ouvrir le mercredi ou le samedi ? Parce qu’il est facile d’ouvrir, mais difficile de fermer ensuite. Parce que c’est sympa de passer du temps en famille. Parce que 36-40h de travail au cabinet par semaine c’est suffisant. Parce que l’accès aux soins me préoccupe réellement, mais être en épuisement professionnel n’aidera personne. Parce qu’il faut du temps pour la comptabilité, l’auto-formation, la direction de thèse, les publications, le reviewing, l’écriture de trop longs billets de blogs, pour tweeter…
  • pourquoi ne pas prendre un secrétariat ? Parce que je redonne mes RDV de suivi à l’avance, qu’il y a Doctolib, et que je peux répondre moi-même : le temps « secrétariat » pur est au maximum de 15 minutes par jour, éparpillé toute la journée (même si on ajoute des actions comme « aller récupérer toutes les semaines les flacons de vaccins à la pharmacie », « faire du ménage », « faire la comptabilité » c’est insuffisant pour salarier quelqu’un en exercice solo). Le passage en « télésecrétariat » ne réduit pas les « actes gratuits » : ça en fait des notes à consulter en fin de journée, au lieu de les traiter au fil de l’eau toute la journée, et finalement je trouve ça plus angoissant de devoir lire les notes régulièrement sur une discussion entre patient-télésecrétaire, plutôt que la vivre au moment donné ou en écoutant un message vocal.
  • pourquoi des sms ? Je rappelle toujours depuis mon portable, et certains patients gardent mon 06 (je sais qu’on peut masquer le numéro, mais flemme de faire les manips à chaque fois quand pour rappeler je peux me contenter de cliquer sur le numéro affiché, procrastination d’avoir une double sim, etc.). C’est évidemment une minorité, mais un petit pourcentage de 1440 personnes, ça finit toujours par représenter une petite population non négligeable ! (et ça m’arrange parfois de répondre par sms, il s’agit parfois de gens que je connais hors cabinet, etc.)

Une autre information aussi, c’est que je traite rapidement les demandes « au fil de l’eau », parce que j’ai une bonne vitesse de frappe, sur clavier AZERTY, à 85 mots par minute environ (d’après 2 tests que je viens de faire ^^)…

Je m’appelle « Votre beau nom » selon Rataype !
Quasi la même selon Tap’Touche malgré des exercices peu naturels.

Je n’incite évidemment personne à choisir mon mode d’exercice. Il existe et me convient. Et quelque soit mon mode d’exercice, il y aura toujours des demandes médicalement inutiles, comme décrit dans la tribune mentionnée en haut du mail, contre lesquelles il faut lutter… Alors après cette loooongue introduction, passons à ce qui nous intéresse : les « actes gratuits » de ce mois !

Analyse des actes gratuits de janvier 2022.

Combien ?

254 actes gratuits de 2 minutes 30 secondes en moyenne (écart-type 54 secondes), avec une médiane à 2 minutes et des extrêmes à 1 et 15 minutes (une télé-expertise informelle autour d’un patient).

Ces actes ont eu lieu sur 27 jours (il n’y a que le dimanche 2, le samedi 8, le dimanche 30 janvier où j’ai eu 0 demande !) (mais c’est un mois vraiment particulier, avec un nombre de positifs COVID complètement dingue et des consignes débiles émanant d’un gouvernement absurde).

Au total, j’ai estimé ça à environ 629 minutes d’actes gratuits sur le mois, soit 21 minutes par jour (sur 30) ou 57 minutes par jour ouvré (sur 11).

Quand ?

Sur les 254 actes gratuits du mois de janvier 2022 :

  • 62 un lundi (dont 3 un lundi fermé) (154 minutes)
  • 56 un mardi (dont 2 un mardi fermé) (117 minutes)
  • 28 un mercredi (dont 28 un mercredi fermé) (70 minutes)
  • 45 un jeudi (dont 2 un jeudi fermé) (127 minutes)
  • 52 un vendredi (dont 11 un vendredi fermé) (126 minutes)
  • 7 un samedi (dont 7 un samedi fermé) (16 minutes)
  • 4 un dimanche (dont 4 un dimanche fermé) (19 minutes)

Soit 197 actes gratuits sur jour ouvré (489 minutes) et 57 sur jour fermé (140 minutes).

On peut discuter 2 points intéressants :

  • les appels du dimanche sont les plus longs en moyenne, probablement parce que ce sont des moments où les demandeurs savent que c’est fermé… et n’appellent donc que pour des problèmes plus complexes.
  • certes je peux ne rien lire/écouter et différer les « actes gratuits » du week-end, mais ce serait reporter sur le lundi, qui est déjà LA journée des actes gratuits… le mercredi semble « éponger » un peu les demandes du jeudi.

Comment ?

Sur les 254 demandes :

  • 162 appels (429 minutes)
  • 44 mails (95 minutes)
  • 25 sms (60 minutes)
  • 6 patients « accompagnant » (15 minutes)
  • 14 patients « absents » (demande pour le conjoint, fils…) (24 minutes)
  • 1 courrier (2 minutes)
  • 2 fois, c’est moi qui ai contacté (4 minutes – en vrai probablement plus, mais je n’avais pas initialement pensé à coter ça ici…)

En croisant un peu les données :

  • sur les 57 demandes de jours fermés : 25 mails (44 %), 20 appels, 10 sms, 1 patient absent, 1 accompagnant (cabinet fermé mais moi présent…)
  • sur les 197 demandes de jours ouverts : 142 appels (72 %), 19 mails, 15 sms, 13 patients absents, 5 accompagnants

Mini-conclusion : avoir l’adresse mail du médecin en fait un mode de communication pendant les jours fermés.

Qui ?

Les 254 actes gratuits émanent de 203 patient(e)s différents :

  • 163 avec 1 demande,
  • 34 avec 2 demandes,
  • 4 avec 3 demandes,
  • 0 avec 4 demandes,
  • 1 avec 5 demandes
  • 1 avec 6 demandes.

(En cas de sms, mails ou appels multiples dans la journée, je compte 1 seul et j’augmente la durée. Autrement dit, il ne peut pas y avoir plus d’un « acte gratuit » par jour par patient).

Les 254 actes gratuits concernent :

  • 166 femmes (413 minutes)
  • 88 hommes (216 minutes)

(Notez qu’il s’agit bien du sexe du patient concerné et pas du demandeur : ce n’est pas en lien avec la charge mentale plus importante des femmes dans les familles. Par exemple si une femme demandait pour son mari, c’était noté « homme » et vice-versa ; par contre on verra juste après qu’elles demandent plus que les pères pour les enfants).

Si on creuse par date, les demandes de week-end concernent plutôt des hommes :

  • Samedi : 1 femme (2 min) – 6 hommes (14 min)
  • Dimanche : 2 femmes (5 min) – 2 hommes (14 min)

Sur les 254 demandes :

  • 138 étaient le fait du patient pour lui-même (54 % seulement !),
  • 31 des demandes par le conjoint, 15 par des aidants (enfants, petits-enfants, neveu…)
  • 34 demandes de mères, 6 demandes de pères,
  • 27 des avis rapides entre professionnels de santé (1 cardiologue, 1 ophtalmologue, 2 kinés, 4 IDE d’EHPAD, 14 IDE libérales, 5 pharmacies)

Quoi ?

Parmi les 254 demandes :

  • 101 étaient un avis (305 minutes)
    • 47 pour une « conduite à tenir devant COVID-19 » (rythme des autotests, comment avoir un arrêt de travail, comment garder les enfants, etc.), soit 109 minutes
    • 43 pour un avis médical (dont 3 avec photos), soit 154 minutes
    • 3 étaient pour discuter autour d’un patient, soit 27 minutes
    • 8 étaient pour des avis divers (interprétation de bilans), soit 15 minutes
  • 2 étaient pour obtenir un duplicata perdu (3 minutes)
  • 151 étaient pour demander un document / une ordonnance (320 minutes)
    • 51 pour un médicament (108 minutes)
    • 44 pour un document administratif (98 minutes)
    • 24 pour un bilan paraclinique (53 minutes)
    • 14 pour du matériel médical (29 minutes)
    • 11 pour des renouvellements d’IDE (20 minutes)
    • 3 pour des renouvellements de kiné (6 minutes)

Sur les 254 demandes, 11 ont été refusées et 243 acceptées par ma part.

Les médicaments demandés étaient 4 fois un contraceptif (notamment ordonnances perdues ou avant RDV en urgence…), 2 fois un hypnotique (suivi chronique), 3 fois un traitement de cystite bien décrite, 1 fois le vaccin à faire, et le reste globalement des renouvellements justifiés (une ventoline, de la nerisone pour de l’eczéma, un anti-allergique…) ; il y avait aussi parfois du doliprane, du spasfon où c’est plus rapide sur du court terme d’accepter (et je rappelle que je suis dans un lieu globalement défavorisé).

Les principaux documents administratifs étaient des prescriptions médicales de transport (8 fois), 4 journées enfant malade dans un contexte COVID (jamais fait sans consultation avant ce mois où je les analyse -_-), 2 créations d’ALD, 4 Cerfa de cure thermale (discuté avant en consultation mais il manquait le lieu choisi)…

Et donc… comment améliorer ?

Je ne sais pas si je vous ai parlé de ma tribune dans le Figaro que vous pouvez lire ici ?

Sans surprise, la plupart des idées développées sont celles que je vais retranscrire ici. En pratique, voici ce qui m’aurait fait gagner au moins 10 minutes « d’actes gratuits » dans le mois :

  • Avoir des consignes plus claires sur la COVID-19 : 53 actes gratuits, soit 123 minutes (notez que ces 2h auraient majoritairement pu être réglées par un secrétariat bien formé, mais là encore, il me semble peu efficient de payer 140h de secrétariat que je passerais 1h à former pour pouvoir gagner 2h in fine)
  • Autonomisation des pharmaciens (remboursement de médicaments de premiers recours pouvant être délivrés au comptoir) : 32 actes, soit 65 minutes (on parle ici de crème dermocorticoïdes chez un patient suivi pour eczéma/psoriasis, de dépanner d’une boîte d’antidiarrhéique, de paracétamol, d’avancer un traitement chronique, etc.)
  • Remboursement des tests COVID-19 sans ordonnance : 17 actes, soit 36 minutes (tests avant examen hospitalier chez des non-vaccinés, tests salivaires chez des parents réticents à l’écouvillonage nasopharyngé)
  • Arrêter de prendre les MG pour des contrôleurs des IDE : 15 actes, soit 28 minutes
  • Arrêter de prendre les MG pour des contrôleurs des ambulanciers : 7 actes, soit 14 minutes (ça pourrait aussi être réglé si les autres spé qui font déplacer les patients vers eux s’intéressaient à comment ils viennent)
  • Arrêter de prendre les MG pour des contrôleurs de parents employés (journées enfant malade) : 5 actes, soit 13 minutes (je n’en fais quasi jamais en « acte gratuit » habituellement, mais là c’était un mois horrible, et la plupart pour garder un enfant COVID-19+ sans se mettre en chômage partiel pour des raisons économiques)
  • Arrêter de prendre les MG pour des contrôleurs des fournisseurs de matériel médical évident (lit médicalisé, etc.) : 5 actes, soit 12 minutes
  • Arrêter de prendre les MG pour des contrôleurs des kiné et orthophonistes : 5 actes, soit 10 minutes
  • Meilleure communication ville-hôpital sur les ordonnances : 3 actes, soit 13 minutes
  • Avoir davantage d’assistantes sociales en ville et en faire des partenaires identifiés par les patients : 2 actes, soit 15 minutes

Donc sur les 629 minutes « d’actes gratuits », 329 sont donc évitables par ces 10 mesures… qui relèvent des compétences de nos parlementaires. Plutôt que nous dire où on doit aller, voici ce que vous devez faire chers élus : légiférer pour redonner du temps médical aux médecins. Et encore une fois, il ne s’agit « que » des actes gratuits : si demain on supprime les prescriptions médicales de transport, ce ne sera pas 14 minutes par MG gagnées dans le mois, mais évidemment plus puisque c’est aussi du temps qui s’insinue dans nos consultations au quotidien !

Dernier point : comme dit plus haut, il va de soi que beaucoup de consultations de médecine générale sont médicalement inutiles, ainsi que beaucoup de soins qu’on prodigue (surprescription d’antibiotiques et de médicaments au sens large, d’examens paracliniques, etc.). Une meilleure « éducation à la santé » permettrait de diminuer largement les consultations, et donc d’améliorer l’accès aux soins tout en réduisant les coûts.

Voilà ! Désolé pour la longueur du billet un peu en vrac !

J’essaierai de reproduire un exercice similaire mois par mois pendant 2022… sans la longue introduction la prochaine fois ! Je mise sur une diminution des « actes gratuits » à venir (d’ailleurs, ce lundi 31 janvier, il n’y a eu « que » 7 demandes contre 18 à 22 les 3 précédents lundi…). Un très grand nombre d’appels ont été pour une « conduite à tenir COVID-19 » ; ça se calmera forcément malgré l’inaction gouvernementale, et le protocole sanitaire scolaire ne devrait plus changer aussi vite que 4 fois entre le 1er et le 11 janvier, favorisant cette déstabilisation en ville.

(Image en avant par Geralt sur Pixabay)

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Recadrages secrets : qui est la taupe ?

C’est devenu une ritournelle exaspérante. Désormais, quand un ministre a fait n’importe quoi, on apprend juste après que le Président l’a « recadré » lors du conseil des ministres. C’est une sorte de marque de fabrique de la présidence actuelle : les blâmes se font en privé, mais sont relayés dans la presse afin de montrer au peuple combien le chef de l’Etat est aussi agacé que lui, mais doit composer avec les bêtises ou l’incompétence de ceux qui l’entourent. Et c’est de plus en plus fréquent au fil des mois…

En plus de multiplier les bourdes et les incompétences, il se trouve que ceux qui entourent le Président de la République ne le respectent absolument pas, puisqu’ils balancent à la presse tout ce qui se dit dans ces conseils privés…

Devant le désintérêt général des services secrets français, j’ai décidé de mener moi-même l’enquête afin de débusquer la taupe ! (Ne me remerciez pas, je suis au service de l’Etat). D’autant que le Président lui-même ne supporte pas ces fuites et insiste pour le respect du « secret défense » notamment en conseil de défense ! On le comprend : si tout ce qui se dit par le chef des armées en privé est dévoilé dans la presse, il devrait rapidement chercher le coupable et l’exclure de ces réunions… c’est un peu problématique d’avoir une « taupe » qui balance tout à la presse, ces réunions pourraient aussi comprendre des sujets plus sensibles.

Ne vous inquiétez pas, monsieur le Président, je vais vous aider avec une grande enquête.
(Extrait de Gala)

J’ai donc tapé « Macron recadre conseil ministres » sur Google, entre 2018 et ce jour (requête ici). Petit florilège (non exhaustif) des 23 pages, en commençant par quelques anciens ministres…

Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur

En avril 2019, après une soirée arrosée relayée sur les réseaux sociaux, le ministre de l’Intérieur est recadré par Edouard Philippe en Conseil des Ministres (« être ministre, c’est 24 heures sur 24, y compris en termes de comportement« ). Le Président lui « passe un savon » également, apparemment en privé (ça devrait faciliter la recherche de la « taupe »).

Le mois suivant, il est à nouveau recadré par Emmanuel Macron — comme nous l’apprend Gala — après avoir parlé « d’attaque » au lieu « d’intrusion » par des membres du cortège du 1er mai à l’hôpital Salpêtrière : « évite les micros tendus et tweete un peu moins. » Un conseil qu’on devrait tous suivre d’ailleurs.

Muriel Pénicaud, ancienne ministre du travail

En juillet 2019, Edouard Philippe aurait recadré Muriel Pénicaud en conseil des ministres, pour son « affichage trop public des désaccords » (notamment sur le risque de coupes dans le financement de l’apprentissage)… et on apprend que c’est elle qui se ferait le plus souvent recadrer dans ces conseils.

Le Président n’aurait pas été en reste. Dans Closer, fin 2019, un ministre relate : « j’ai vu Macron défoncer des ministres en Conseil des ministres. C’était chirurgical« . Sur la faible communication autour de la relance des emplois francs, le président aurait estimé que « c’est comme faire une promotion dans un supermarché et l’installer au fond du magasin« .

Edouard Philippe, ancien Premier Ministre

Après avoir évoqué le déconfinement en avril 2020, le Premier Ministre se voit recadré par « un proche du Président » : « Parler quand on ne sait pas, voilà une stratégie étrange, anxiogène. » 

A l’époque du gouvernement Philippe, on note plusieurs recadrages globaux : en juillet 2017, il disait « si on sait donner du sens, on évite les petites polémiques«  ; le mois suivant, il critiquait les notes reçues : « c’est du pipi de chat, ce qui me remonte actuellement de certaines de vos notes : ne vous laissez pas enfermer dans le confort des documents rédigés par vos administrations. Certes, cela peut vous paraître sympathique et confortable de vous placer entre leurs mains. Mais vous verrez, dans six mois, si vous continuez, vous aurez disparu« 

A tel point qu’en février 2020, les ministres et proches (voire ami du président – toujours sympa) se lâchent : « il méprise les gens, il les toise de son intelligence » ; « les ministres disent de lui qu’il se caresse devant les miroirs » ; « c’est moi le roi et ce sont mes députés, mes gens » ; « personne ne se sent aidé, soutenu, porté… (par le Président) »…

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur

En novembre 2020, Michel, producteur de musique dans le 17ème arrondissement de Paris, est tabassé par des policiers. Le Président aurait appelé son ministre pendant 15 minutes pour « mettre les points sur les i » selon une source proche, et un autre témoin a parlé de « fermeté, d’apaisement et de sanctions ». Ce qui laisse penser que la taupe suit de très près le Président — il appelle en privé à proximité immédiate, allant jusqu’à laisser « la taupe » poireauter pendant un appel de 15 minutes (il y a sans doute un jeu de Mikado dans le bureau du Président pour ces situations).

S’y ajoute une publication publique (facebook, Twitter) que Philippe Moreau Chevrolet estime être un recadrage (public cette fois !) du ministre de l’Intérieur : « je demande au Gouvernement de me faire rapidement des propositions pour réaffirmer le lien de confiance qui doit naturellement exister entre les Français et ceux qui les protègent et pour lutter plus efficacement contre toutes les discriminations. » Un « recadrage des troupes » selon la Nouvelle Tribune.

Après avoir critiqué les résultats de son propre camp, voire même de sa propre liste (ça ne s’invente pas), Gérald Darmanin s’est aussi fait recadrer par Gabriel Attal (qu’il avait critiqué en mars), par Eric Dupont-Moretti en juin 2021.

Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’état auprès du ministre de l’Economie

En mars 2020, les membres du gouvernement échangent en privé sur Telegram. Plusieurs ministres y évoquent la bande passante trop faible, et la secrétaire d’Etat réplique : « En fait, si tu ‘youpornes’à 22h30, ça gêne personne… Juste une question d’organisation… » Ces messages privés se retrouveront… dans le Canard Enchaîné, indignant le Président : « c’est lamentable que, en situation de crise comme celle que nous vivons, on retrouve des échanges comme cela dans la presse« . La taupe est donc dans ce groupe Telegram, qu’on espère limité…

En avril 2021, la secrétaire d’état évoque l’idée de ne pas renouveler les commandes d’AstraZeneca l’année prochaine (ce qui a effectivement été le cas dès juin-juillet). Jean Castex l’aurait alors recadrée par SMS (!) en lui demandant d’être « plus prudente dans ses expressions« . A propos du même vaccin, le Premier Ministre aurait d’ailleurs dit à ses équipes : « il faudrait que Sheila se fasse vacciner« … qui se sont empressées de le répéter au Canard Enchaîné, parce que – eh ! – pourquoi pas se rire un peu des goûts musicaux de son patron dans la presse, ahahah il ne saura jamais que ça vient de nous 4 à qui il l’a dit… ARE YOU CRAZY, TAUPE ?!

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie

Lors du conseil des ministres de janvier 2021, le Président aurait dit « je n’aime pas les tireurs couchés« , visant — selon la taupe — Bruno Le Maire, qui est parmi ceux qui critiquent la stratégie vaccinale, la stratégie de confinement ou déconfinement… « Si certains ont des problèmes avec la stratégie sanitaire telle qu’elle est développée, qu’ils viennent m’en parler et j’attends leur lettre de démission ! » aurait-il ajouté.

L’histoire ne dit pas si, après cette réplique cinglante, le Président se tut, fixa le ministre de l’Economie de son regard bleu sur lequel glissaient des éclats métalliques, comme un lac accablé de soleil dont il aurait été impossible, sous le scintillement des reflets, de percer la surface. Probablement pas.

Jean-Michel Blanquer, ministre des sports et des masques-slip

De façon cocasse, ce n’est pas pour sa gestion approximative de la sécurisation des écoles, ses ratés dans le télé-enseignement (accusant des attaques russes) ou sa popularité négative dans le corps enseignant que le ministre en charge de l’Education Nationale s’est fait recadrer… mais pour sa « flagornerie » en mars 2021, lorsqu’il disait au Monde que « le président a acquis une vraie expertise sur les sujets sanitaires, ce n’est pas un sujet inaccessible pour une intelligence comme la sienne et au regard du temps important qu’il y consacre depuis plusieurs mois« . La flagornerie a ses limites.

Il semblerait aussi que Jean-Michel Blanquer se soit fait recadrer en septembre 2021, selon le Canard Enchaîné : « il faut parler tout ce qui va bien, je parlerai donc du sanitaire à la fin » aurait dit le ministre avant que le Président, « exaspéré« , le reprenne sur le dédoublement des classes, qui sont en sureffectif.

Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche (il parait)

Après avoir réclamé une enquête du CNRS sur l’islamogauchisme qui gangrène l’université, Frédérique Vidal (soutenue par Jean-Michel Blanquer et Gérard Darmanin) aurait été « mollement recadrée » (selon le Monde) en février 2021 par le Président qui aurait rappelé « son attachement absolu à l’indépendance des enseignants-chercheurs« . Selon un ministre présent, le Président aurait dit « la semaine qui vient de s’écouler a prouvé que, malgré le Covid, on pouvait faire exister d’autres sujets dans l’actualité. Mais on gagnerait à reproduire la démonstration de manière concertée et organisée«  sur le mode « il faut arrêter de déconner : une fois, mais pas deux »… Pour un autre « conseiller de l’exécutif », « Vidal est plus près de la porte que de l’augmentation »…

Barbara Pompili, ministre de l’écologie

Après la défaite LREM aux régionales en juin 2021, le Président a recadré Barbara Pompili, cofondatrice du mouvement En commun, qui s’est félicité d’une décision du Conseil d’Etat de suspendre la réforme de l’assurance chômage lancée par son gouvernement… « Inacceptable et déloyal« , tout comme l’appel du même parti à soutenir Marie-Guite Dufay, candidate PS en Bourgogne-France-Comté (et réélue), où LREM maintenait sa liste.

Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la citoyenneté

En décembre 2018, après qu’elle ait évoqué le rétablissement de l’ISF, elle aurait été « recadrée » par le Président en Conseil des Ministres : « nous ne détricoterons rien de ce qui a été fait depuis dix-huit mois« . En février 2021, un proche du chef de l’Etat fait savoir que Marlène Schiappa « énerve souverainement le Président ».

En mars 2020, le Président l’aurait brutalement coupée dans une longue présentation de son bilan en lui disant de « revenir la semaine prochaine pour une présentation qui correspond à [s]es attentes« .

En avril 2021, le Président recadre Marlène Schiappa en conseil des ministres selon BFMTV. Après avoir annoncé la mise en place d’états généraux de la laïcité chez Hanouna (sic), elle se serait vu rétorquer par le Président : « les Français s’en fichent, et moi aussi : on n’a pas besoin de colloque, de forum, ou de je ne sais quoi. Si c’est pour regarder le film de Caroline Fourest sur Tariq Ramadan, on l’a déjà vu, on a bien compris ! » Puuuuunchline ?
Oui, mais non ! Comme l’a synthétisé Challenges, on apprend rapidement dans Marianne que l’Elysée dément BFM : « il ne s’en serait pris ni à Marlène Schiappa ni à Caroline Fourest. Il s’agirait en réalité de conflits idéologiques au sein même de la macronie au sujet de la laïcité ». Puis le Parisien relate une 3ème version où le Président aurait finalement dit « Ce n’est pas la peine de faire d’énièmes états généraux pour répéter ce qu’Aristide Briand a dit, alors que ça fait 250 fois que je vous dis les choses.« 

Ah oui. Donc la taupe a confondu Caroline Fourest et Aristide Briand. On dit « aveugle comme une taupe », mais visiblement la taupe du conseil des ministres semble souffrir davantage de problèmes auditifs.

Jean-Baptiste Djebbari, troll Twitter et ministre des transports

Sur BFM, le ministre des transports annonce que le gouvernement compte vacciner 26 millions de Français d’ici l’été ; sauf que l’objectif initial est de 15 millions (en pratique au 21 juin, il y avait 17 millions de schémas complets et 32 millions de primovaccinés). Lors du conseil des ministres de janvier 2021, le président aurait « exigé que ses collaborateurs se contentent d’évoquer leur secteur« .

Il s’était également fait recadrer en avril 2021 par Barbara Pompili après avoir proposé la légion d’Honneur aux 2 présidents de l’aéroclub de Poitiers, après que la maire écologiste Léonore Moncond’huy ait assumé de ne plus financer des sports basés sur la consommation de ressources épuisables.

Olivier Véran, ministre de la Santé

En septembre 2020, le ministre aurait proposé des mesures plus restrictives, ce que le Président n’aurait pas apprécié : « un million de tests par semaine, c’est bien beau, mais si les résultats arrivent trop tard, ça ne sert à rien« . D’ailleurs, sans nous concerter, Gala se demandait à l’époque qui était la taupe également

En janvier 2021, le Président aurait carrément parlé de « fiasco » : « Moi, je fais la guerre le matin, le midi, le soir et la nuit. Et j’attends de tous le même engagement. Or là, ça ne va pas. La technocratie est tatillonne. Ça doit changer vite et fort et ça va changer vite et fort. Nous sommes sur un rythme de promenade en famille, et ce n’est à la hauteur ni du moment, ni des Français« , aurait-il lancé au téléphone à divers interlocuteurs, selon la gazette de l’Elysée / le JDD. Ah ! Par téléphone ! La taupe est plusieurs pour relayer ces propos HAUTEMENT… flatteurs pour le Président en fait ! Ca tombe drôlement bien.

En février 2021, le Président aurait « engueulé » Olivier Véran parce qu’il ne l’a pas averti de l’existence des anticorps monoclonaux… La taupe devait forcément être présente lors de cette « engueulade »…

En mars 2021, le Président critiquait encore le fait que « le boulot n’a pas été fait« . Visiblement, le Président ne souhaitait pas prendre son « pari » de janvier 2021 sans embarquer son ministre — opposé à ce pari — avec lui…

… Emmanuel Macron, Président de la République

Pour couronner le tout, il semblerait que le Président se fasse également recadrer par un narrateur de chez Audible, ancien Président lui-même !

Méta-recadrage

Il n’est évidemment pas le seul, puisque des « amis » du Président s’y mettent aussi. Par exemple, on apprend mi-février 2021 dans un papier déjà biiiiien daté qu’il « pique des colères d’enfant » selon un proche ami (… bien choisir ses amis quand même), et qu’il fustige les scientifiques qui « ne répondent à ses interrogations que par un seul scénario : celui du reconfinement », ou les élus qui réclamaient en mars 2021 des mesures plus efficaces.
L’histoire lui aura donné tort avec quelque 10 000 décès supplémentaires dus à ces « colères d’enfant« .

« Il a eu raison » : bah non. Les limites de la flagornerie.

Conclusion

Ces recadrages publics ne mènent jamais à rien. En décembre 2020, le Midi Libre s’intéressait aux difficultés du Président à se séparer de ses proches : Richard Ferrand, Gérard Collomb, Alexandre Benalla, Alexis Kohler, Gérald Darmanin…

Le 24 juillet 2018, pour défendre Benalla, il disait d’ailleurs « on ne sacrifie pas des têtes de fonctionnaires, de ministres ou de collaborateurs sur l’autel des émotions populaires. Le responsable, c’est moi, qu’ils viennent me chercher. »

Il est difficile d’identifier formellement la taupe. Emmanuel Macron critiquait d’ailleurs ouvertement ces sorties en juin 2020 : « je continue à lire dans les gazettes ce que je pense. J’en ai marre de ces pseudos conseillers ministériels qui passent leur temps à dire ce que je n’ai pas dit« . Il l’a bien répété en mai 2021 : « Si certains d’entre vous ont des vocations d’éditorialistes, il en faut plein dans les chaînes d’info. Vous êtes ministres, pas éditorialistes ». Un recadrage « fréquent », raconte « fataliste et blasé », un « ministre de premier plan » le jour même au Parisien, « confirmé par plusieurs des présents »… ce qui est quand même le comble de l’ironie.

L’ironie en 2 paragraphes.

Il semblerait que ce soit quelqu’un systématiquement présent avec Emmanuel Macron, y compris dans ses appels privés…

Oh. A moins que tout ça ne soit que de la communication politique ? Des coups d’essais dans la presse de ce qu’il veut dire mais pas dire ? Une façon d’être « responsable mais pas coupable », histoire qu’on ne vienne pas trop le chercher quand même ? Je ne sais pas ce que je préfère entre un Président qui ne sait pas faire respecter le secret défense qu’il réclame régulièrement et un Président qui manipule l’opinion…

Mais dans ce dernier cas, relayer de la compol organisée, visant à manipuler l’opinion publique quant à l’image du Président, n’est-ce pas un peu problématique ?

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