e-CMGF 2020 (2 et 3 juillet) : le premier e-congrès de médecine générale de France

Les 2 et 3 juillet, alors que ma grand-mère fêtait ses 94 ans et que le Président nommait un nouveau Premier Ministre, s’est déroulé le premier e-congrès de médecine générale de France. J’ai posé mes 2 journées pour le suivre depuis mon cabinet (ou son jardin), c’était un chouette moment.

Ca fait un moment que je devais faire un retour, mais le temps m’a un peu manqué… mieux vaut tard que jamais, d’autant que le congrès est encore en ligne jusqu’en décembre, vous pouvez toujours vous inscrire et tout retrouver là-bas, à des prix très concurrentiels… Je vais donc essayer de vous donner envie 😉

Les tarifs sont particulièrement faibles pour les externes, internes et jeunes médecins : 35€ !

Le fond du congrès : ce que j’en ai retenu

Comme toujours, la cérémonie d’ouverture a été un grand moment. Ce n’est évidemment pas l’intervention « boisée » du ministre qui avait un intérêt mais celles d’Isabelle Cibois-Honnorat, de Paul Frappé et de sa fille !

Comme l’an dernier, j’ai « live-twitté » ce que je suivais (ces tweets peuvent être « déroulés ») :

Un petit résumé condensé ici ce que je retiens pour ma pratique, en quelques lignes :

  • il existe un questionnaire pour les allergies médicamenteuses, que personne n’utilise (ENDA, disponible iciarticle là)
  • Il existe un site web pratique pour déterminer si une étude passe ou non par un comité d’éthique selon la loi Jardé
  • Signes cliniques du COVID-19 : courbatures, anosmie et agueusie ; le reste est aspécifique ; les signes digestifs sont plutôt négatifs
  • le trouble déficit de l’attention et hyperactivité (TDAH) – 2 sessions intéressantes :
    • triade inattention (oublis, sensibilité aux distracteurs, ne termine rien…), hyperactivité motrice (une idée, une action… donc prise de risque), impulsivité (vit dans le présent, interrompt…)
    • depuis toujours et partout
    • 5 % des enfants,
    • n’est pas dû à « trop de laxisme » ou à « trop d’écrans » (à l’inverse, ça peut être associé à plus de punition et plus de consommation d’écrans),
    • ce n’est pas une mode sociétale (moins diagnostiqué avant, quand l’hyperactivité – notamment des filles – pouvait être plus brimée, et quand les enfants faisaient parfois 10 km à pied pour aller à l’école avant de jouer en extérieur…) ;
    • à la maison, les parents peuvent utiliser l’autoquestionnaire de Conners,
    • il existe des outils pour le dépistage à l’école ;
    • ils ont des avantages à utiliser (curiosité, attention, énergie, inventivité…) ;
    • il faut être dans le renforcement positif plutôt que la punition ;
    • il faut apprendre à fractionner les tâches pour avancer.
  • Alcool :
    • 41 000 décès/an en France et 120 milliards de dépenses de santé par an
    • Consommation normale d’alcool : pas plus de 10 verres par semaine + pas plus de 2 verres par jours + des jours sans consommer (résumé parfois en « maximum 2 verres par jour, pas tous les jours »).
    • Toutes les prises en charge ont un niveau de preuve « moyen »
    • selon le Dr Jean-Michel Delile, « on aurait la mutation pour digérer l’alcool depuis 10 millions d’années (avantage sélectif) » et « nous avons probablement stocké de la bière avant le pain ».
    • il faut des objectifs cohérents avec les attentes des patients : pour 50-80 % d’entre eux, il s’agit d’une réduction (l’abstinence est plutôt réservée aux patients en rechute) : « evidence does not make decisions, people do. »

Mes interventions

Comme souvent, j’avais plusieurs présentations. Vous pouvez retrouver les PPT sans la présentation vidéo sur ResearchGate, derrière les liens suivants :

Evidemment, je n’ai pas livetwitté mes interventions, donc vous ne les retrouverez pas plus haut. Les plus intéressantes à mon sens étaient le retour sur Stop-Postillons et sur l’actualité en pharmacovigilance.

Une de mes présentations a été reprise par Le Généraliste dans un article.

La forme du congrès

Au-delà du fond, ce premier e-congrès a été une expérience nouvelle et intéressante. Comme toujours, je me suis posé la question : pourquoi y participer ?

  • Présenter mes travaux (c’est toujours plaisant de partager – c’est un peu le but de faire des travaux de recherche de pouvoir les diffuser, pour que d’autres s’appuient dessus) ; c’est d’autant plus plaisant quand ça ne présente plus aucun intérêt dans mon CV, j’ai un agréable sentiment de grande liberté sur le fond et la forme !
  • Faire une pause dans mon quotidien au cabinet en s’amusant… le CMGF est particulièrement « détente » ; cette année, le thème était « la BD », dans le design, le choix du nom des ateliers, etc.
  • Mettre à jour mes connaissances et donner de nouvelles idées de recherche, en assistant à des sessions intéressantes.

Il y a eu pour moi plusieurs intérêts à ce congrès en ligne :

  • gagner le temps de transport, de logement, pouvoir poursuivre des activités locales (comme aller à un cours de piano avec un masque !) ;
  • avancer de la paperasse au cabinet entre deux : scanner, répondre à des courriers, renvoyer une ancienne box à la Poste après le passage à la fibre, etc. (2 jours de pause clinique mais sans se surcharger au retour, c’est appréciable !) ;
  • naviguer entre les sessions pour ne piocher que ce qui nous intéresse (ce n’est pas possible en pratique, on ne quitte pas les salles entre deux…)
  • continuer de (re)voir des sessions intéressantes par la suite, jusque fin décembre.
  • parler entre personnes assistant au congrès (notamment en plénière) : le chat a bien fonctionné pour ça.

J’ai bien aimé le format court aussi : je préfère personnellement 2 jours que 3 (j’ai du mal à maintenir longtemps mon attention…). Le format en ligne permet justement de suivre l’équivalent de 3 jours finalement !

Les à-côté du congrès ont été particulièrement réussis et intelligents aussi : c’était agréable entre 2 sessions d’aller assister à l’escape game (dans les bureaux du CMGF !), à la chasse au trésor, ou de récupérer un « livre de jeux de vacances » pour le médecin généraliste !

Dans les points amusants (mais non officiel pour cette année), il y avait le bingo de @DrePetronille… que nous avons largement alimenté lors de la dernière présentation sur les « actualités » où j’avais l’honneur d’être invité !

Evidemment, il y a quelques regrets pour ce e-CMGF :

  • Même si nous pouvions bien communiquer via les chats, ce n’est pas exactement pareil qu’un congrès « IRL » où nous pouvons nous croiser au détour d’une allée, d’une session, d’un restaurant indien…
  • Pas de cérémonie de clôture, ni de remise de prix (qui permettent de (re)découvrir ce que d’autres ont aimé et qu’on a pu rater) : après la dernière session où j’avais l’honneur d’être invité (et où nous nous sommes bien amusé en s’instruisant), j’avais donc une impression de rester sur ma faim (la clôture était notée jusque l’avant-dernier programme).

Mais ça, c’était avant le 7 septembre ! Désormais, la cérémonie de clôture est en ligne et a permis la remise de plusieurs prix pour des présentations de grande qualité (posters à retrouver ici) :

  • Prix de poster du comité scientifique : Repenser le principe de l’autonomie pour favoriser la relation de soin, par Florian Martinet-Kosinski, étudiant en médecine (externe) à Toulouse
  • Prix de poster du public : La vasectomie : revue narrative de la littérature et élaboration d’une fiche d’information à l’intention du médecin généraliste, par Julie Vergonjanne, également à Toulouse.
  • Prix de la communication orale du comité scientifique : Coviclinique, signes cliniques associés à la RT-PCR chez les patients, par Hubert Maisonneuve de Genève (et Benoît Tudrej, Paul Sebo, Julie Lourdaux, Clara Cuzin, Martin Floquet, Dagmar Haller). Une excellente présentation que je recommande aussi particulièrement !

En conclusion de ce congrès, je me suis dit qu’il y aurait la place pour un congrès CMGF à Paris sur 2 jours en mars 2021 (si possible !) et un jour de e-congrès en juillet, ou quelque chose dans ce goût. Le e-congrès est un bon complément au congrès et maintenant que tout est en place, il peut être reproduit plus facilement que la galère qu’on imagine pour cette première édition en urgence ! Un énorme bravo à toute l’équipe d’organisation…

… et j’en profite pour glisser le fait que je viens d’intégrer le comité scientifique du CMGF 2021, qui aura lieu du 25 au 27 mars 2021, normalement à Porte Maillot à Paris (on y croit encore !) 😉

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[Fiche] 2 fiches remises aux patients suspects ou contact COVID-19

La 2ème vague de COVID-19 étant face à nous, il faut être réactif pour gérer à la fois :

  • les consultations habituelles de renouvellement d’hypertension artérielle, diabète, hypothyroïdie, épilepsie, etc. (que j’espace autant que possible à 6 mois pour libérer un peu décembre…),
  • les consultations habituelles d’urgence non programmée (un hameçon dans le doigt en rangeant la canne à pêche, une entorse de cheville en trottinette, etc.)
  • les certificats qui ne s’arrêtent pas (pour le sport, pour une assurance, pour la MDPH, etc.)
  • et par-dessous tout ça, les appels pour toux fébrile, pour contact avec quelqu’un qui a eu une toux fébrile, pour contact COVID+ authentifié (dans des écoles primaires où le masque n’est pas encore recommandé), etc.

Ces derniers relevant à mon sens de « l’urgence (relative) », il serait idiot de les voir à J3-J4. Donc j’essaie de les gérer en plus de ma consultation habituelle. Et pour ça, j’ai besoin d’efficacité, donc de fiches toutes prêtes !

Il y a plusieurs fiches du gouvernement toutes faites ici (partie « Déconfinement, dépistage massif et cas contacts : fiches et affiches »). Ca m’a permis de construire ces fiches ci-dessous, sous forme de « modèles » dans mon logiciel (MediStory 4). Je les personnalise rapidement au fil de la (télé-)consultation et j’imprime (ou envoie par mail) les 2 fiches.

Comme toujours, vous en faites ce que vous voulez, elles sont libres de droit. Si vous avez des conseils / remarques, n’hésitez pas ! (Elles sont susceptibles d’évoluer, avec l’évolution des recommandations…)

FICHE 1 : PCR

Bilan biologique à faire au laboratoire d’analyse : 

– PCR COVID-19

Date de début des symptômes = 

Dernier contact COVID-19 connu =  

Où prendre RDV ? 

(Ci-dessous je mets les adresses postales + URL Doctolib pour la prise de RDV + numéros de téléphones de 3 sites).

(Ne pas hésiter à consulter plusieurs fois ces pages Doctolib, car des créneaux sont parfois libérés).

ATTENTION !!

(Localement, je recommande de ne pas faire les tests COVID PRESTO (AAZ) vendus sans remboursement en pharmacie, car leur validité scientifique est insuffisante – ce pourquoi ils ne sont pas remboursés, à 12-17€)

FICHE 2 : CONDUITE À TENIR

LIRE LA FICHE « J’ai été en contact avec une personne malade du COVID-19 » 

https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_personne_contact_12092020.pdf

PRENDRE RENDEZ-VOUS POUR LA PCR RAPIDEMENT 

– à faire dès aujourd’hui (si vous avez des symptômes, ou si vous vivez sous le même toit que quelqu’un ayant une PCR positive)

– à faire 7 jours après le dernier contact avec une personne ayant une PCR positive (quand je dis que je personnalise, je supprime ici l’un ou l’autre des tirets)

S’ISOLER AU MOINS JUSQU’À RÉALISATION DE LA PCR 

(idem pour les tirets suivants)

– Si la PCR est négative ET que vous n’avez pas été en contact avec une personne COVID + : reprise d’activité normale dès la fin de symptômes (pour éviter de transmettre cette infection)

– Si la PCR est négative ET que vous avez été en contact avec une personne COVID + hors de la maison : levée d’isolement après les résultats de la PCR faite 7 jours après le dernier contact

– Si la PCR est négative ET que vous avez été en contact avec une personne COVID + au sein de la maison : refaire la PCR 7 jours après la guérison (fin des symptômes) de la personne COVID +, rester isolé encore 7 jours après cette guérison 

– Si la PCR est positive : isolement au moins 7 jours (et jusqu’à 48h après la fin des symptômes si persistants plus de 7 jours).

TANT QU’IL N’Y A PAS UN CAS POSITIF DANS LA FAMILLE, IL N’Y A PAS D’OBLIGATION À CONFINER TOUT LE FOYER 

Néanmoins, si cela est possible, ça reste préférable pour limiter la dissémination hors du foyer.

PENDANT LE CONFINEMENT : 

– N’allez pas travailler (télétravail possible) 

– Ne sortez pas, n’allez pas faire les courses (privilégiez les Drive si besoin, en respectant les mesures barrières)

– Dormez seul si possible

– Ne rentrez pas en contact avec des personnes fragiles (> 50 ans, insuffisants respiratoires, insuffisants cardiaques, immunodéprimés, femmes enceintes, etc.)

– Il est déconseillé de recevoir de visites (sauf indispensables, comme les aidants à domiciles, en prévenant).

UTILISEZ LES MESURES BARRIÈRES POUR PROTÉGER VOTRE ENVIRONNEMENT : 

– Masque chirurgical systématique quand vous êtes en contact avec les autres, idéalement aussi à la maison pour diminuer la charge infectieuse virale (et pour toutes les sorties, qui sont à limiter au strict minimum)

– Aérer régulièrement, se laver les mains régulièrement, 

SURVEILLEZ VOTRE ÉTAT DE SANTÉ : 

– En cas de difficulté respiratoire, contactez votre médecin traitant rapidement pour une téléconsultation dans la demi-journée idéalement, ou à défaut appelez le 15. (Se méfier notamment d’une aggravation rapide et brutale entre J8 et J12).

– Autres signes devant vous alarmer et amener une consultation rapide ou un appel au 15 : altération de l’état général, somnolence, confusion, troubles de conscience.

– Ne vous rendez pas directement chez un médecin ou aux urgences sans un avis préalable du médecin ou du 15

– En cas de majoration des crachats sales chez un fumeur (exacerbation de BPCO) ou d’autres complications (sinusite unilatérale, otite…), prenez un rendez-vous avec votre médecin traitant en téléconsultation préférentiellement.

NE PRENEZ PAS D’ANTI-INFLAMMATOIRES EN CAS DE FIÈVRE (pas d’ibuprofène, pas d’advil, pas de spifen, pas de nurofen…)

LIMITEZ LES IRRITANTS (tabagisme actif ou passif)

Voilà ! On va commencer à le redire souvent, mais prenez bien soin de vous…

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Le meilleur article de tous les temps

Je vais vous parler dans ce billet du meilleur article de tous les temps, dont je suis un des co-auteurs. Ce billet a longtemps failli s’appeler « est-ce que Violaine Guérin et Martine Wonner ont publié leur article dans une revue qui accepte n’importe quoi, n’importe comment ?« , mais ç’aurait été réducteur face à la fabuleuse aventure que nous avons vécue…

Je vous conseille de lire d’abord l’article, et vous lirez l’historique après !

Il est publié ici : https://www.journalajmah.com/index.php/AJMAH/article/view/30232

Au cas où, pour la postérité, je vous laisse le lien PDF ici…

Oui, oui, on a réellement réussi à publier ça 😎
(Pour les non-anglophones, un de nos lecteurs a produit une traduction à J1 de la parution !)

(Edit du 27 septembre : Et même une V2 de la traduction française avec quelques corrections, toujours par Robin !)

Avant tout, je vais redonner du contexte au « POURQUOI », puis nous parlerons de « QUI » et de « COMMENT ».

Pourquoi ?

Tout commence le 29 mars… Suite aux « révélations » du Pr Raoult, le Dr Violaine Guérin réclame la possibilité de s’auto-prescrire de l’hydroxychloroquine. Tout cela est contre l’avis des autorités et de la pharmacovigilance, mais elle s’en fiche : pour elle, « laissons les médecins prescrire », c’est son dogme, et le nom du collectif qu’elle fonde. Tout un programme.

Le Dr Guérin s’entoure rapidement de collègues médiatiques dès le 1er avril (…) : Dr Martine Wonner, psychiatre et députée de la majorité à l’époque (depuis membre soutenue d’Ecologie Démocratie Solidarité*) ou encore le Dr Thierry Lardenois, président de la Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France (embarqué là-dedans pour une raison que j’ignore, mais s’il gère nos retraites avec la même acuité qu’il gère ses recherches médicales, je conseille aux médecins de débuter leur stock de coquillettes).

(* Soit ils soutiennent, soit ils sont malpolis).

Le 1er mai, cette jolie équipe de « chercheurs-trouveurs » diffuse ce qu’ils nomment « un article », hébergé par Le Quotidien du Médecin (qui devrait sans doute songer à le retirer…)

Tout cela est donc relayé dans la presse (RTL, France Info, L’Express, France 3, France Soir, etc.). A l’heure de la rédaction, début août (quand nous savons que l’article a passé – avec stupéfaction – les révisions), on peut par exemple compter 220 occurrences de « Laissons les médecins prescrire » dans Google Actualités. (Pour comparaison avec ce que je connais, avec « Stop Postillons« , nous sommes à 190 occurrences au même moment, pour un collectif lancé un peu avant, et pour lequel je considère qu’on a eu une couverture médiatique large, tout à fait inattendue).

Bon, évidemment, les scientifiques sérieux et raisonnables ont vite critiqué ce « rapport d’expérience » et cette « étude rétrospective » ; la rapide chronologie des faits rapportés ici vous en dira long sur ce que les auteurs entendent par « rétrospectif ». J’ai retrouvé mon avis de l’époque, mais nous sommes des dizaines à avoir donné quelque chose de similaire…

Pour faire simple : c’est vraiment très mauvais et c’est franchement à la limite de légalité cette histoire de médecins cobayes d’essai clinique (prospectif) sans avis d’un comité d’éthique. Par ailleurs, c’est malhonnête de le diffuser grâce à un appui médiatique large, aidé par des responsabilités parlementaires.

Bon, tout ça se tassait un peu, surtout que l’hydroxychloroquine commençait à battre de l’aile au fil des publications (un résumé ici)…

… quand soudain…

Les pieds nickelés sortent leur publication !

Le collectif « Laissons les Médecins Prescrire » venait donc de publier officiellement, le 20 juillet, 3 mois après, leur article initial, dans une revue…

« Petit » problème : ils le publient dans l’Asian Journal of Medicine and Health, une revue inconnue et probablement « prédatrice » (cf. cet excellent billet d’Hervé Maisonneuve sur le sujet).

Le Dr Violaine Guérin s’explique sur France Info : « Nous avons soumis l’article à plusieurs revues (mais il y a) un blocage systématique des publications sur l’hydroxychloroquine en phase précoce. J’ai proposé à mes coauteurs de soumettre à une revue asiatique ». La députée Martine Wonner, elle, affirme d’ailleurs « avoir autant confiance dans cette revue que dans le Lancet« .

Voilà. Bon. Là, c’est peut-être un peu excessif.

Comparer un article accepté dans le Lancet et un article accepté dans Asian Journal of Medicine and Health, c’est un peu comme comparer un monospace et le dernier modèle de chez Majorette « pour partir en vacances en famille dedans, mais attention faut pas être grand, non non ça n’est pas une arnaque, signez ici, elle est à vous ».

Par ailleurs, grâce à la demande du journaliste de France Info, la revue a mis en ligne le reviewing, qui est assez drôle (et détaillé dans ce fil du 14 août ci-dessous).

Si vous voulez aller plus loin et comprendre comment fonctionne une soumission d’article (soumission, relecture par des reviewers indépendants, correction, acceptation, etc.), et ce qui différencie une revue prédatrice d’une « vraie » revue, vous pouvez suivre ce thread clair et didactique.

Le journaliste de France Info, Fabien Magnenou, a consciencieusement fait le boulot et contacté la revue choisie, Asian Journal of Medicine and Health, qui répondait : « Nous pouvons affirmer avec confiance que notre qualité ne peut pas nous valoir l’appellation ‘revue prédatrice’. Avec des moyens limités, nous combattons nous aussi ces journaux.« 

Ce qui est un peu problématique par ailleurs est le silence assourdissant des membres du groupe parlementaire de Martine Wonner… parmi lesquels on trouve Cédric Villani.

Entre temps, nous étions en train d’essayer d’éclaircir tout ça… et de répondre à cette question :

Est-ce que ce collectif médiatique soutenu par une députée de la majorité et le président de la CARMF a soumis son article dans une revue qui accepte absolument n’importe quoi ?

Collectif « Laissons les Vendeurs de Trottinette Prescrire », 20 juillet 2020.

Avant de dire que « la question, elle est vite répondue », nous avons voulu jouer !

Et donc, maintenant que nous avons le « POURQUOI », détaillons le « QUI »…

Qui ?

Nous sommes le collectif « Laissons les vendeurs de trottinette prescrire », et nous nous sommes regroupés sous ce tweet de @NicoKluger…

L’équipe est principalement constituée de :

  • @Damkyan_Omega (qui a déjà une idée de pseudo, qu’il va garder !), chargé de communiquer avec la revue ;
  • @Scintigraphiste, @CovaFlorian et moi (@mimiryudo) pour la team davantage axée sur la rédaction,
  • @RadioactiveJib et @DrJohnFa qui ont suivi l’histoire d’un peu plus loin, mais en nous soutenant dans nos délires.
Un recrutement sauvage, multipliant les compétences (médecine, biochimie, imagerie médicale, philosophie…). On notera que le titre est déjà trouvé et ne changera plus… ainsi que le pseudo de Mathieu !

Comment ?

Maintenant que nous avons vu le Pourquoi, le Qui, voyons le Comment...

Dès le « Quand vous voulez » de @Scintigraphiste, je crée le groupe MP et un Google Doc sur mon téléphone… comme nous le révélons dans nos (incroyables) contributions aux auteurs ! Parce que oui « a créé un groupe MP Twitter », ça a été validé comme devant figurer dans la contribution (si je voulais être mauvaise langue, je dirais que certains chercheurs figurent dans des articles pour moins que ça, remarquez).

Il ne faut pas imaginer qu’on a mené cette opération « sérieusement ». Non, pour vous planter un peu plus précisément le contexte à ce moment là (et montrer le côté « potache » / « fait par-dessus la jambe »), nous sommes le 20 juillet, je suis sur la route vers Étretat, à côté de ma fille de 8 mois endormie, conduits par la maman… Je prends des notes sur le Google Doc avec le téléphone, fais une capture d’écran d’un graphique que j’avais twitté il y a 6 semaines : ça sera la partie la plus scientifique de notre étude… Je fais exprès de faire une capture avec les icônes RT et FAV de Twitter, c’est dégueulasse et ça nous fait rire.

Une figure c’est peu, on se dit qu’il en faut d’autres, j’en cherche une autre sur Google Images… C’est @Scintigraphiste qui la trouve ; pas grave, j’ajoute quand même « Courtesy of Google Images ». Pendant qu’on écrit ailleurs, @Scintigraphiste – toujours lui – nous sort une imagerie (on ne se refait pas) qui n’a aucun sens, pour l’étude 3. Voilà pour les figures.

Notre objectif est simple : tout doit être ridicule, du titre aux références, en passant par les références et la moindre phrase de l’article. Si nous réussissons à publier un tel « article », nous aurons répondu à notre question initiale : est-ce que cette revue publie n’importe quoi ?

Nous créons de faux auteurs : W. Oodendijk (le faux-nez de @Damkyan_Omega donc), Didier Lembrouille, Sylvano Trottinetta, Ötter F. Hantome, Nemo Macron (ils ont une députée, nous avons le chien de l’Elysée) et Manis Javanica (alias le Pangolin javanais). Les affiliations sont à l’avenant, ainsi que les contributions ou les remerciements. C’est simple : il n’y a rien qui va !

Le titre initial annonce la couleur : « SARS-CoV-2 was unexpectedly deadlier than push-scooters ». Nous écrivons et ajoutons de plus en plus d’absurdités.

Le 24 juillet (eh ouais, ça ne chôme pas dans la recherche française), @Damkyan_Omega soumet l’article. C’est lui qui est chargé de soumettre et communiquer avec la revue, sous son pseudo « Wooden Dick » (le nom du fromage Oudendijk modifié en Oodendijk et Willard pour FCD Willard, le chat auteur de publications)… Un travail de magicien là aussi, puisque ses échanges avec les rédacteurs sont également un délice ^^

Dans la plus pure tradition des mauvais auteurs, voici le lien Google Doc vers la première version cet article en pre-print. Ne vous précipitez pas dessus tout de suite, il y a mieux par la suite… (c’est histoire de vous montrer que nous n’avons fait qu’ajouter des bêtises au fil des relectures, mais que c’était déjà pas mal frappé à la V1 !). Car oui, les relectures vont nous permettre d’ajouter bien d’autres bêtises encore ! C’est la version que nous avons soumise, mais pas encore celle acceptée : l’ajout de « la solution unique » sur le titre, Montcuq, Ikea, Jean-Claude Dusse sont autant d’idioties ajoutées grâce au reviewing, qu’on ne remerciera jamais assez !

Le 28 juillet, on reçoit la demande de paiement (77€ bien dépensés). Je règle ça entre 2 commandes de pizzas (le plus long est de changer mon mot de passe Paypal jamais utilisé depuis 2004).

Le 30, la revue annonce que le peer-reviewing va débuter. Ils nous demandent avant ça de… traduire les figures en français ! Oui, c’est pour ça que j’ai détaillé plus haut : aucune des 3 figures n’a de sens, mais il faut les traduire ! @Scintigraphiste se charge alors d’une traduction volontairement dégueulasse sur Paint, avec un sens du détail dans le mauvais effaçage, la traduction et l’alignement ratés. Un travail d’orfèvre : forcément, ça passe… Finalement, notre article « gagne » encore en « qualité », si on peut dire !

Le lundi 3 août, le reviewing est fini, et nous sommes en révisions mineures… Et là ça devient carrément lunaire ! Le reviewer 1 n’en a rien à cirer, il balance un paragraphe tout fait sur l’hydroxychloroquine. Mais le pire ce sont les reviewers 2 et 3 qui ont visiblement lu (traduit ?) des passages, et font des remarques complètement hors sol (un exemple parmi 1000 : « wikipedia n’est pas une source validée » mais Picsou Magazine, YouTube ou Dropbox, ça passe). Je me charge des corrections avec @Scintigraphiste ; @Damyan_Omega soumet le soir même… et le mardi 4 août, nous sommes en « évaluation finale ».

Là où c’est incroyable, c’est que par exemple sur l’hilarante section 3.2., ces reviewings ont permis d’aller encore plus loin (le « manque de précision » a incité à ajouter le paragraphe sur la tentative infructueuse de profanation de tombe par les auteurs, par exemple…). Ailleurs, dans le résumé, le manque de précision sur « la chaise des auteurs » nous incite à préciser qu’il s’agit d’un modèle Ikea, et que nous avons également travaillé à Montcuq, hommage évident au sketch de Daniel Prévost.

Le jeudi 6 août, c’est maintenant le rédacteur-en-chef qui jette un oeil, et fait quelques remarques (par exemple, il nous dit « les auteurs ont dit que le comité d’éthique étaient eux-même »). Oui, c’est normalement le genre de problème UN PEU rédhibitoire (sachant qu’on parle quand même d’une étude où les auteurs ont tué des gens, et ont tenté d’aller les déterrer sans autorisation pour valider leur hypothèse farfelue).

Rapides réponses, et hop, @Damyan_Omega soumet le tout entre deux coups de pioches sur sa terrasse.

Le samedi 8 août, le rédacteur-en-chef insiste sur un point : « I am president of an ethics committee and never one author can evaluate the ethics from his/her research« . Bon, nous changeons ce point en disant que « en fait, nous n’avons pas participé à la décision de notre comité concernant notre étude, nous sommes sortis à ce moment-là ».

Là encore, dans la pure tradition Guérino-Raoultienne, nous vous partageons ici un Google Doc avec le verbatim lunaire de ces échanges avec les reviewers… Vous pouvez également retrouver tous les échanges sur le site de la revue (à noter que la note d’Editeur 2, le seul à avoir dit de ne pas publier, ne nous est jamais parvenue…)

Enfin, le mercredi 12 août (19 jours après notre soumission initiale), l’article est définitivement accepté. Il ne s’agit plus que de « valider nos noms et affiliations » (qui n’ont jamais changé). Le lendemain, nous recevons les épreuves, le 14 il faut encore valider le nom des auteurs… (Toutes ces étapes de vérification, c’est vraiment un travail de précision !)

Et l’article est enfin diffusé ce samedi 15 août ! L’assomption de la science vers des sommets inégalés !

Le meilleur article de tous les temps

Après ce long teasing, n’hésitez pas à relire notre « article » publié dans l’Asian Journal of Medicine and Health. Et comme nous avons toujours du mal à croire que tout ça a été possible, voici une capture d’écran de l’article en ligne (au cas où l’article viendrait à être supprimé – pas de panique, j’ai le PDF ici et sur ResearchGate, avec sa traduction française).

Nous l’avons publié dans cette revue auto-proclamée de qualité.

Ils ont pour objectif de publier des articles de grande qualité.
On les a bien aidé dans cet objectif, je pense.
Ouf, on tombe en plein dans les soldes ! – 89 % ! Quelle aubaine ! (En plus, aucun frais de soumission, on ne paie que si nous sommes acceptés, même s’ils demandent ça avant le reviewing pour éviter de s’encombrer dans des options comme le refus).
Juste dingue.

Voilà. Nous espérons (humblement) que ça sera une petite leçon pour scientifiques crédules ou malhonnêtes et journalistes non habitués au principe des revues prédatrices…

Ces revues acceptent et publient n’importe quoi.

Un article publié n’est pas un gage de vérité.

Violaine Guérin, Martine Wonner et leur bande ont fait preuve soit de naïveté (avec d’autres publications acceptées par le passé, c’est une option peu crédible), soit de malhonnêteté. La question est ouverte.

En conclusion : ne laissons pas les auteurs malhonnêtes raconter n’importe quoi, n’importe où.

Post-scriptum et autres addendums

[ADDENDUM Dimanche 16 août – 18h]

Notre article vient juste d’être rétracté par la revue ! Avec un peu de chance (et nous comptons sur vous qui l’avez lu), cela va provoquer un bel effet Streisand dont nous n’avions même pas vraiment besoin, tant le succès a été incroyable sur les réseaux sociaux (et ici) !

Trente heures plus tard… #RendsLargent

Pour rappel, cet article « à ne pas diffuser » peut se trouver actuellement, soit en tête du billet de blog, soit sur nos pages ResearchGate :

[ADDENDUM Lundi 17 août – 22h]

Bon, la diffusion dépasse un peu nos attentes les plus folles ^^ Dans les commentaires, vous trouverez d’autres blogs qui en parlent (dont le très beau billet de @pioletat, ou celui d’Elisabeth Bik, de RetractionWatch (qui nous a classé en 3ème position des rétractations d’articles de 2020 !), de Zen Faulkes, de Sylvestre Huet du Monde, sur MedScape…). Hervé Maisonneuve, parmi les remerciements, en a évidemment fait un billet. La société française d’ophtalmologie en a parlé en novembre.

Nous sommes désormais cités en exemple dans la page wikipedia des revues prédatrices (parmi d’autres exemples célèbres, ou encore Georges Perec)… et de Nemo Macron !

Voici également quelques relais de notre article où nous avons été interviewés, en France, Suisse et Belgique :

Et les multiples reprises à travers le monde :

C’est beau d’être apprécié du Canard Enchaîné jusqu’à Causeur en passant par Libération et Le Figaro…

(Nous avons décliné RT France et France Soir… que Florian a rickrollé, ce qui les a apparemment agacé à au moins 2 reprises ^^’ Ils nous ont quand même cité, ainsi que Sputnik).

De façon assez cocasse, la plupart des versions différent un peu selon les journaux : tantôt ce sont « des médecins français », parfois « un suisse », « une équipe suisse », parfois 1, 2 ou 3 auteurs sont cités, tantôt on a payé 55$, 85$ ou 85€… ^^

Nous avons également été utilisés dans des groupes de travail ou de réflexion :

Nous avons été cités dans le MOOC « intégrité scientifique dans les métiers de la recherche » de l’université de Bordeaux (2022).

Aux 14ème journées du cancéropôle Nord-Ouest de Deauville en mai 2022, nous étions également cités.

Image
Source : ce tweet !

Nous avons été cité dans la littérature scientifique :

Nous avons été cité dans d’autres ouvrages :

Et évidemment, je ne serai jamais exhaustif puisque l’audience a été très large et que nous avons été repris sur les réseaux sociaux, sur YouTube (Mr. Sam), en Podcast (La Confiture du 9 octobre), la pièce de théâtre de l’Ethique du Chercheur, Moteur de recherche (27 octobre 2022 – vers 26 min), par le Dr Hervé Maisonneuve dans le Quotidien du Médecin (décembre 2022), Pr Michel Dauzat dans Medvasc (la preuve par l’absurde, décembre 2022), etc.

Valentin en a fait un article pour Afis Science en décembre 2020.

J’ai été filmé en octobre 2021 pour Le Blob.

[ADDENDUM dimanche 23 août]

Avec 71,263 vues en version anglaise et 48,210 en version française sur ResearchGate, sans compter les téléchargements sur le site AJMH le week-end dernier, ni les transferts par mail du PDF entre chercheurs… nous avons là un article incroyablement partagé ! Merci à vous pour vos relais ! 🙂

[ADDENDUM samedi 19 septembre]

Un peu plus d’un mois plus tard, avec les mêmes réserves ci-dessus, nous sommes à 96 675 lectures en anglais et 58 173 en français !

De façon cocasse, j’ai été amené à faire… du reviewing pour une autre revue de Science Domain International (sans doute qu’ils sélectionnent leurs reviewers parmi les auteurs qui se sont fait avoir par une revue prédatrice…). Je raconte ça brièvement en quelques tweets, à dérouler ci-dessous :

[Addendum 10 octobre 2021…]

Tous les lundis depuis août 2020, je reçois un mail de ResearchGate pour dire que je suis l’auteur le plus lu de l’université de Lille. Nous sommes tous les 4 dans cette même situation.

L’article continue de diffuser : la semaine dernière, j’ai appris qu’il avait été évoqué en cours aux étudiants de 4ème année de Lille… Pour certains, c’est devenu un document de démonstration pour parler de fiabilité des sources !

https://twitter.com/SchopferCeline/status/1445638217898754048?s=20

Nous avons aussi écrit une lettre à la rédaction dans Thérapie, publiée en novembre 2021 : Raising public awareness about the misuse of predatory journals: One year after the “hydroxychloroquine and push-scooters accidents” hoax

Je présente un sujet sur les revues prédatrices au congrès du CNGE début décembre 2021 à Lille…

[Addendum 2 décembre 2021…]

… et à la demande des collègues de Poitou-Charentes et de Louvain, voici la présentation – à laquelle j’ai intégrée le son du congrès (en lecture automatique).

Et si vous voulez le récupérer en vidéo toute prête, c’est là >> https://mimiryudo.com/blog/wp-content/uploads/2021/12/CNGE21_Rochoy_predateur4_present.mp4

[Addendum 13 février 2022]

Il y aura encore 2 présentations similaires : globalement la même qu’au CNGE pour le congrès de médecine générale de France à Paris (CMGF, 26 mars 2022) et une autre en septembre, en plénière d’ouverture du congrès d’automne de la Société Suisse de Médecine Interne Générale à Davos (22 septembre 2022).

[Addendum 8 mai 2022]

Nous avons aussi été cités dans l’ouvrage Le mauvais air de Jean-Marc Cavaillon (pages 396-397) !

Le mauvais air - Jean-Marc Cavaillon - EDP Sciences

[Addendum du 16 novembre 2022]

La présentation en Suisse a été un très chouette moment ! Je vous en reparlerai sur un billet dédié

[Addendum 12 octobre 2024]

On continue à parler de nous… Ici à 26’30 dans l’épisode Fraudes en médecine de 36,9° sur RTS

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Mon programme 2022 : Ma Route !

Ce titre et ce billet sont gentiment provocateurs ; ils sont en réalité là pour donner le programme pour lequel j’aimerais voter en 2022…

Voici mon pré-programme, en version de travail. Nous ajouterons ensuite des jolies photos et des phrases vides de sens telles que :

Retrouver notre esprit de conquête pour bâtir une France nouvelle.

En-tête du programme d’Emmanuel Macron en 2017

Je vais parler surtout de ce que je connais / pense connaître, désolé de ne pas évoquer des questions épineuses sur le monde agricole, sur l’écologie, sur l’économie, sur l’immigration et l’émigration, sur les flux des marchandises, etc.

Je n’ai évidemment pas la prétention de dire que c’est « la solution », mais c’est en tout cas le programme qui me donnerait envie de croire en ses porteurs.

Quels sont les trois principaux problèmes actuellement pour moi ?

  1. Des gens meurent / vont mourir précocement
  2. Des gens souffrent d’une mauvaise qualité de vie
  3. Le reste de la biodiversité souffre

Avant de détailler, voyons de quoi meurent les gens en France (oui, c’est pour être Président de la France, qui a bien sûr d’autres problématiques que d’autres pays). Pour cela, le BEH du 12 novembre 2019 détaille les causes de décès de 2016.

Tableau repris sans leur accord, c’est mal, mais partager la science, c’est bien…

Si nous zoomons sur ces problèmes (de façon empirique et non exhaustive), nous pouvons les découper en problèmes de plus petite taille… Je propose ensuite les possibilités d’évolution qui constituent « mon » programme, celui que je voudrais lire pour glisser avec intérêt mon bulletin dans l’urne dans 2 ans…

  1. Des gens meurent précocement / vont mourir précocement… à cause :
    1. De maladies liées à des causes évitables
      1. Tabac
      2. Alcool
      3. Malnutrition
      4. Sédentarité
      5. Infections (et risque d’antibiorésistance)
      6. Suicide
      7. Pollution
      8. Violences
        1. Familiales
        2. Sociétales
    2. D’accidents évitables
      1. De voie publique
      2. De travail
      3. Domestiques
    3. De manque de soins
      1. Manque d’argent / situation de précarité
      2. Désertification médicale
      3. Faible éducation à la santé
    4. Des soins (iatrogénie)
    5. Du manque d’argent (pauvreté / précarité)
    6. De l’environnement
      1. Pollution
      2. Conséquences du changement climatique
  2. Des gens souffrent d’une mauvaise qualité de vie… à cause de la précarité (absence « inacceptable » d’une sécurité) :
    1. Manque d’argent
      1. Non accès aux droits par complexité administrative
    2. Chômage
    3. Isolement social
    4. Logement insalubre
    5. Incapacités / handicaps
    6. Manque d’accès aux activités de loisirs
    7. Complexité administrative excessive
  3. Le reste de la biodiversité souffre, notamment par :
    1. Destruction de l’habitat naturel
    2. Braconnage
    3. Pollution des eaux
      1. Par le plastique
      2. Par pesticides et produits chimiques
    4. Réchauffement climatique
    5. Surexploitation (surpêche, élevage intensif…)
    6. Maltraitance animale

Que proposer alors ? Les mesures sont proposées selon le plan ci-dessus, n’y voyez pas une hiérarchie (sinon, bien sûr que le logement pour tous serait avant les pistes cyclables…)

  1. Prise en charge des soins à 100 % par une caisse unique de sécurité sociale :
    1. Suppression des caisses multiples (aucun sens, des dépenses inutiles)
    2. Suppression de la part forfaitaire (majoration du reste à charge, sorte de « taxe à la maladie »…)
    3. Disparition des mutuelles et assurances santé (les prévoyances sont encore possibles pour s’assurer d’un risque particulier).
      1. Ces mutuelles créent des disparités, n’ont pas vocation à être utiles pour les plus pauvres (CSS ou ex-CMU), pour les plus malades (ALD) ou en période de pandémie (téléconsultations prises à 100 % par l’Assurance Maladie en 2020 pour simplifier…) et sont coûteuses en frais de gestion (ces coûts sont évidemment reportés sur les cotisants…).
      2. A l’heure actuelle, la consommation de soins et biens médicaux est d’environ 200 milliards, dont 156 milliards couverts par l’Assurance Maladie (soit 75 % où elle est censée représenter environ 70 %), 26 milliards par les mutuelles/assurances/prévoyances (soit 1/7ème où elles sont censées représenter environ 30 %) et 15 milliards par les ménages (page 154 de ce document). Devinez qui parasite ce système ?
      3. Les cotisations aux mutuelles sont évidemment reprises par l’Assurance Maladie, ce qui diminue les bénéfices des mutuelles/assurances certes (c’est triste) mais diminue aussi le « trou de la sécurité sociale » (c’est cool)… Ce qui sera utile pour les mesures suivantes…
  2. Financement de la recherche dans tous les domaines : santé, écologie, sciences humaines et sociales… et tenir compte des résultats de ces recherches dans les décisions politiques (oui, je sais, c’est disruptif).
    1. … et notamment en écologie ! Le mouvement « écolo » en France en 2020 est malheureusement en opposition sur ce point : il est plus idéologique que scientifique, mené par des antivax… L’écologie EST une science.
  3. Lutte contre le tabac
    1. Globalement les mesures les plus efficaces sont déjà en place.
    2. Interdiction de l’achat à l’étranger : ça a été récemment limité pour les cartouches de Belgique, mais soyons honnêtes, on ne ramène pas des cartouches de cigarettes comme un cadeau, mais bien parce que le prix est moins cher. L’autorisation avec limitation est donc une décision curieuse, susceptible d’augmenter les allers-retours…
    3. Ouverture du droits à prescription de substituts nicotiniques à d’autres professionnels de santé (pharmaciens, tabacologues, diététiciens, etc.)
  4. Lutte contre l’alcool
    1. Très peu est fait en France… L’ANPAA a fait 10 recommandations.
    2. Indiquer la quantité en grammes d’alcool sur les bouteilles, les seuils recommandés par l’OMS, les seuils légaux (conduite automobile…)
    3. Interdire la publicité sur l’alcool, le sponsoring de l’industrie de l’alcool et les liens avec les pouvoirs publics. Pas besoin de ça pour savoir que ça existe ; la publicité n’a donc vocation qu’à rendre l’alcool « sexy et fun ».
  5. Lutte contre la malnutrition et la sédentarité
    1. Remboursement par l’assurance maladie des consultations de diététicien
    2. Meilleure couverture des soins dentaires
      1. Simplification des cotations
      2. Prise en charge à 100 % des soins dentaires (complètement dingue ? les soins dentaires s’élèvent environ à 9 milliards d’euros par an, dont 3 pris en charge par l’Assurance Maladie. Augmenter de 6 milliards d’euros, c’est donc moins ambitieux que le programme proposé par le Ségur de la Santé 2020 dont nous ne verrons probablement aucun effet concret sur la santé des gens).
    3. Programmes locaux d’incitation à l’activité physique
  6. Lutte contre les infections :
    1. Education à l’hygiène dès l’école, avec lavabos et savons dans chaque classe (on relance l’économie de la plomberie, comme s’ils s’ennuyaient déjà \o/)
    2. Installation d’un système de ventilation mécanique dans chaque classe (centrale de traitement d’air, ou VMC ou à défaut extracteur d’air, selon la pertinence scientifique et architecturale)
      1. Pour l’exemple, il y a 286 000 classes d’écoles primaires en France ; le coût d’une VMC unique installée est de 3 000€, soit 860 millions de dépense pour une VMC par classe en une seule fois… en comptant très large, puisque l’installation de 4 VMC dans une école ne coûte pas 12 000€, surtout quand les municipalités ont des services techniques….
      2. Le budget est très simple à trouver, puisque l’Education Nationale va consacrer 1,6 milliard d’euros par an pour l’inutile Service National Universel (SNU).
    3. Mise à disposition généralisée de masques dans les lieux publics pour les personnes malades (en particulier l’automne-hiver)
    4. Lutte contre l’antibiorésistance par une analyse des prescriptions de prescripteurs « anormaux » de fluoroquinolones et céphalosporines de 3ème génération (libéraux ou hospitaliers)… et pas en valeur absolue, pas en pourcentage des prescriptions d’antibiotiques, bande de moules.
    5. Supprimer le délai de carence en cas d’arrêt maladie… (ce délai de carence incite à ne pas prendre des arrêts courts, tels que virose respiratoire, gastro-entérite, et donc à disséminer ces infections dans les lieux de travail, ce qui est un mauvais calcul).
    6. Envoi systématique de courriers simples de prévention validée à certains âges de la vie (comme MT’Dents) : proposition annuelle de dépistage IST de 16 ans à 25 ans par exemple ; vaccins à 25, 45, 65 ans.
  7. Lutte contre le suicide, le mal-être, les violences familiales :
    1. Remboursement des soins de psychologue à 100 % par l’Assurance Maladie.
    2. Créer un parcours dédié aux violences conjugales dans la « chaîne pénale », compte tenu du caractère particulier (même lieu de vie !)
    3. Lutter contre la précarité, facteur de risque de violences et suicides (nous en parlerons plus bas).
    4. (Notez que je peux développer 12 mesures à chaque fois qui font joli comme « informer les professionnels de santé », « former les médecins généralistes au risque suicidaire », « développer des programmes d’accompagnement »… Mais ça existe déjà, tout est améliorable, mais autant parler de vraies mesures fortes et claires. Le blabla sera évidemment ajouté sur le vrai programme, avec les photos de bains de foule :D)
    5. (Pour la lutte contre les violences sociétales : miser sur l’éducation, lutter contre la précarité, et à défaut sur la sécurité).
  8. Lutter contre les accidents évitables au travail, en voie publique ou à domicile (et lutte contre la pollution) :
    1. Bilan annuel des accidents de travail par type, gravité, secteur et entreprises. Travail collaboratif avec la médecine du travail et l’ingénierie pour limiter ces accidents.
    2. Développement et gratuité des transports en commun (comme dans certaines villes), afin de limiter le trafic donc la probabilité d’accidents, et la pollution donc les pathologies respiratoires… Initialement dans les grandes villes puis « partout sur le territoire à l’horizon 2028-parce-que-je-pense-déjà-à-2027-je-suis-un-professionnel-de-la-politique »
    3. Lutte contre les risques au volant (alcool : cf. supra)
    4. Développement des pistes cyclables sécurisées en France sur le modèle des Pays-Bas
    5. Remboursement de l’ergothérapie de ville – peut-être par obligation de salarié au sein de communautés d’agglomérations (on forme ces professionnels en France, spécialisés dans l’adaptation de matériel et de logement, mais ils ne sont pris en charge qu’en milieu hospitalier et pas en ville…)
    6. Et arrêter de faire bosser des gens de plus de 60 ans dans la manutention. Sérieusement, je sais que c’est un peu populiste de dire ça, mais il faut probablement arrêter de laisser à des bureaucrates n’ayant jamais fait de manutention ou de travail de force répétitif la décision de repousser l’âge des retraites… Après ils disent des bêtises et « n’adorent pas le mot pénibilité ».
  9. Accès au logement pour tous : instaurer le « droit au logement » comme le droit à l’éducation ou aux soins
    1. Création de logements sociaux, voire de « logements d’Etat » : environ 200 000 personnes en France sont sans abri. Un programme de 10 milliards d’euros pourrait instaurer 200 000 logements de 50 000 euros pour loger ces personnes partout où il y a besoin sur le territoire (oui, pas forcément à Paris intra-muros).
    2. Lutte contre les accidents domestiques par la lutte contre les logements insalubres. Aucun logement social d’aucune commune de France ne devrait être insalubre en 2022 ; pourtant, pour nous médecins libéraux faisant des visites au domicile des gens, il est facile de constater les lieux problématiques parmi les squares ou HLM… Un vrai plan en faveur du logement salubre est à mener.
  10. Lutte contre la désertification médicale :
    1. Education à la santé : faire de l’information grand public sur les consultations les plus fréquentes pour les médecins généralistes, avec des messages simples et clairs à faire passer ; quelques exemples :
      1. fièvre J1 : quand consulter, quand patienter, etc. ;
      2. HTA, diabète : pourquoi un suivi trimestriel est généralement suffisant ;
      3. Kinésithérapeute : non, ce n’est pas un salon de massage mais une thérapie par le mouvement en général ;
      4. Hypnotiques au long cours : quels effets indésirables, comment sevrer, pourquoi on peut toujours réussir le sevrage ;
      5. Les « fakemed » : quels sont leurs dangers, qu’est-ce qu’il faut savoir sur ces « croyances religieuses en santé » ;
      6. Toute consultation ne nécessite pas d’ordonnance ;
      7. etc.
    2. Arrêter. De. Prendre. Les. Médecins. Pour. Des. F*cking. Assureurs. (NB. Penser à simplifier cette phrase pour le programme final).
    3. Arrêter de demander aux médecins de signer des papiers illégaux pour des assureurs véreux (d’ailleurs, si votre assurance demande que votre médecin signe un papier avec tous vos antécédents pour pouvoir vous indemniser de ce pourquoi vous avez cotisé plusieurs années, signalez-le ici : secret-medical@quechoisir.org)
    4. Supprimer l’obligation de CERFA pour des arrêts de travail de 1 à 3 jours, à raison de 3 épisodes par an. « On disait » qu’un salarié pouvait prendre 3 fois 2 jours consécutifs d’arrêt maladie sans Cerfa par an. Inutile de consulter un médecin pour dire « j’ai fait caca mou hier, ça va mieux… » Vous croyez que les gens vont abuser ? Bah déjà ils pourraient le faire MAIS en consultant un médecin en plus (pour dire « j’ai fait caca mou / j’ai eu mal au dos », promis ça marche), et ensuite perdre 40 % du salaire journalier, ça ne fait plaisir à personne. (Cette mesure n’implique pas qu’il n’y ait aucune possibilité de contrôle si les employeurs le souhaitent pour les rares personnes qui voudraient faire des ponts ou des longs week-ends… mais juste que ces contrôles n’ont pas à être effectués par leurs médecins traitants. Il semblerait quand même que « la confiance » dans les employés soit un modèle de « management » plus pertinent que la méfiance et le fliquage).
    5. Supprimer le « certificat enfant malade ». Les patients prennent des rendez-vous pour demander un papier certifiant qu’ils ont dû rester à la maison pour garder leur enfant, alors que c’est dans leur contrat de travail. Avoir besoin d’un certificat de médecin pour dire « oh bah il m’a dit que son enfant était malade, ça doit être vrai », ça n’a aucun sens, ça coûte des sous et du temps, pour rien. Arrêtez ça.
    6. Simplification administrative :
      1. les dossiers APA devraient être gérés sans papier, avec un numéro unique et un évaluateur se déplace et attribue ou pas, après sa propre évaluation (aujourd’hui, le médecin rédige un long courrier, qui est remis à une secrétaire, qui remet à une infirmière, qui vient faire l’évaluation elle-même et décide en conséquence…).
      2. les dossiers MDPH devraient être simplifiés et avec des circuits courts. Une personne non voyante, ayant déjà un dossier connu par la MDPH, devrait pouvoir demander une prestation compensation du handicap rapide pour un outil utile (telle qu’un bloc-note braille) sans attendre des délais inadmissibles de 6 mois, y compris en période de vacances ou toute autre « excuse ». Bref, l’accès aux droits pour les patients doit être simplifié et l’aspect social distingué de l’aspect médical !
      3. les prescriptions médicales de transport, faut supprimer aussi. C’est tout sauf médical. C’est du contrôle administratif délégué à des médecins, en partant de l’hypothèse : « tout ambulancier et tout patient sont malhonnêtes ». Comment faire ? Eh bien le patient ayant besoin d’un transport pour ses soins appelle un ambulancier. Ils font ensemble le point. L’ambulancier fait une feuille de soins pour la CPAM si c’est justifié ou fait payer le patient sinon. Le médecin n’a rien à voir dans ce binôme assuré – prestataire de service de transports. Vous voulez des contrôles ? Ok. Payez des contrôleurs. Vérifiez si les transports correspondent à des consultations, je m’en fiche mais arrêtez de prendre les médecins pour des contrôleurs/assureurs de véracité !
    7. Revaloriser les pharmaciens d’officine avec un rôle de « pharmacien référent » et des objectifs (limiter certains traitements, sevrer en tabac, éviter les interactions, aider à la coordination ville-hôpital, gate-control de prescriptions déviantes valorisé – telles que les antibiothérapies à risque de résistance…)
    8. Développer et revaloriser les structures de soins à domicile (revalorisation des actes et frais de déplacement des IDE/kinésithérapeutes/auxiliaires de vie/orthophonistes : actes de prévention, d’éducation et de prise en charge comme dans la fin de vie…)
    9. Rembourser ceux de qui nous faisons mal le travail : les psychologues, les diététiciens (cf. supra)
    10. Favoriser la délégation de taches : recours facilité et autonomisation des kinésithérapeutes (lombalgie, entorses…), autonomisation des IDE (pas besoin d’ordonnance pour dire « toilette 2/j, délivrance med 1/sem » : on ne fait que noter ce qu’on nous demande)…
    11. Libérer du temps « organisationnel » : avoir un interlocuteur unique pour les projets médicaux et consignes sanitaires (plutôt que ARS, CPAM, CDOM/CNOM, Federation des maisons de santé, CPTS, DGS, URPS, Préfecture…) Un interlocuteur unique qui répond (expérience @SPostillons : aucune écoute « officielle »).
    12. Décloisonnement des spécialités avec possibilité de validation d’acquis (pensée pour les internes en DES de médecine d’urgence, qui dans 20 ans se poseront peut-être la question d’une complexe reconversion, dans un contexte de pénurie de certaines spécialités…).
  11. Lutte contre la iatrogénie
    1. Favoriser la pratique professionnelle basée sur les preuves pour tous (médecins, kinésithérapeutes, infirmiers, pharmaciens, etc.), notamment par l’éducation à la santé des patients
      1. Si on dit clairement que les ventouses dans le dos, c’est basé sur rien de scientifique, il n’y aura ni demande ni offre ; c’est sûr que si on voit tous les sportifs en photos avec, on crée les deux…
      2. … ce qui implique de développer AUSSI le métier de journaliste scientifique dans les principaux médias.
    2. Revalorisation du rôle des pharmaciens
    3. Développement, valorisation et diffusion large d’outils informatisés d’aide à la prescription conformes aux dernières données (EBMFrance.net, Vidal Recos, HAS, Kit Medical et tous les sites qu’il référence – Antibioclic…)
    4. Meilleure information quant aux molécules avec balance bénéfices-risques défavorables (simple exemple : le febuxostat est à risque de surmortalité si antécédent cardiovasculaire ; en 2019, il en a été remboursé 520 000 boîtes entre 20 et 60 ans et 2,42 millions pour les plus de 60 ans, soit au moins 200 000 patients concernés – si vous voulez vérifier, prenez la base ATC5 de 2019 sur OpenMEDIC, et filtrez sur cette molécule).
      1. Et là encore, je pense qu’il y a une place majeure pour le journalisme scientifique médical en France.
  12. Lutte contre le réchauffement climatique
    1. Changer notre mode de consommation
    2. Privilégier les productions locales
    3. Limiter les transports polluants, en privilégiant le télétravail, les transports non polluants et transports en commun
    4. … bref, suivre les recommandations internationales sur le sujet et écouter les experts
    5. (Alternative : trouver dans les plus brefs délais un moyen technologique novateur pour aspirer le CO2 de l’atmosphère en quantité contrôlée pour le balancer dans l’espace. Mais les experts disent de ne pas se faire d’illusion, alors écoutez les experts).
  13. Lutte contre la précarité
    1. Logement salubre pour tous (cf. plus haut). Ca demande des sous, mais ça crée de l’emploi. Ca a l’air pas mal.
    2. Lutte contre le chômage…
      1. Il y a 26,9 millions d’actifs en France et 2,8 millions de chômeurs (source INSEE) ou 5,5 millions de demandeurs d’emploi en incluant les interimaires et ceux ne cherchant pas d’emploi (source Pôle Emploi)
      2. Le taux d’activité des 55-64 ans a augmenté (vieillissement de la population et recul de l’âge légal à la retraite).
      3. La DRESS notait en 2018 que « la part des personnes de 60 ans et plus dans les arrêts de travail augmentait (7,7 % des indemnités journalières en 2016 contre 4,6 % en 2010) » et que « ce constat est probablement lié aux réformes des retraites ».
      4. Bref, vous me voyez venir normalement, mais diminuer l’âge de départ en retraite permettrait de lutter contre le chômage, en diminuant les arrêts de travail, les accidents, les soins médicaux… Si on teste le « simulateur retraite » de l’Institut Montaigne, on peut mettre tout le monde à la retraite à 60 ans avec le minimum de trimestres à cotiser (160-164), au pire en 2060, les caisses auront un déficit de 106 milliards par an… mais cela n’inclut en rien la diminution des dépenses de santé attendues, la diminution du taux de chômage total – naturellement, si l’âge de retraite diminue, le taux de chômage diminue !
      5. Il s’agit principalement d’un avis médical dans une vision vaguement holistique, qui ne mérite qu’à être confronté à un avis d’économiste.
    3. Simplification des prestations sociales et redéfinition de leur objectif
      1. Il existe un nombre grandissant de prestations sociales en France (exemple ici : allocations familiales, RSA, APL, ASF, APE, ARS, AAH…), et il est difficile de comprendre les droits auxquels prétendre (exemple ici…)
      2. Il semble que l’objectif soit « que chacun ait des minima sociaux permettant un niveau de sécurité jugé suffisant pour ne pas être dans une précarité »
      3. Dans ce cas, la meilleure réponse à l’objectif est de définir un seuil de « revenu minimal pour toute personne en France, en fonction de l’âge », puis par une soustraction savante, faire « prestation sociale = revenu minimal attendu du foyer – revenus du foyer ». Une sorte de revenu universel, en somme…
    4. Lutte contre les emplois interdisant tout épanouissement. Notamment lutte contre les « petits chefs » qui pourrissent la vie de leurs concitoyens, abusent de leurs pouvoirs… et sont clairement responsables d’un grand nombre d’arrêts de travail prolongés non liés à une maladie cardiovasculaire ou un cancer.
    5. Lutte contre l’isolement social : développement de foyers hébergement pour personnes âgées non dépendantes ; favoriser l’accès aux activités de loisirs
    6. Favoriser l’insertion des personnes ayant des incapacités (handicaps), notamment dans les transports
  14. Lutte contre l’appauvrissement de la biodiversité et la souffrance animale.
    1. Je renvois aux points précédents sur l’écologie : consommer mieux et écouter les experts…
    2. Je ne développe pas plus, le billet est déjà trop long, et on s’éloigne clairement de mon domaine d’expertise « médico-social »…
  15. Enfin, et c’est le dernier point mais sûrement le plus important : il faut retrouver notre esprit de conquête pour bâtir une France nouvelle.

Il y aurait encore pas mal à dire.

Question immigration, je suis plutôt du genre accueillant (il me semble que la devise de la France comporte « fraternité » non ?). D’ailleurs c’est assez curieux de tant se passionner sur les retraites et le manque de cotisants, et en même temps refuser des actifs.

Je pense que les élus doivent avoir une certaine exemplarité (sans tomber dans une « haine de tout élu », le droit à l’erreur est possible pour tout être humain…) : par exemple, quelqu’un qui aurait fait un abus de pouvoir ne mériterait pas d’avoir plus de pouvoir… Ça peut sembler dingue, je sais.

Oh et bien sûr, pour financer une partie de cet onéreux programme (bien que certains points se nourrissent comme souligné plus haut), il faut aussi lutter activement contre l’évasion fiscale, et se calmer sur « l’optimisation » qui ne font que creuser à la pelle les inégalités.

Voilà.

Ce programme est sous licence : FCQVVAMAL (Faites Ce Que Vous Voulez Avec Mais Appliquez Le).

EDIT A PARTIR DU 29 JUILLET :

  • Point 16 : Allonger les congés parentaux
    • Pour le congé maternité : avec 16 semaines (indemnisées à 100 %), la France est au milieu en Europe, loin derrière la Suède (75 semaines indemnisées à 80 %)… Or, pendant le confinement, les naissances prématurées ont diminué, probablement en lien avec : l’absence de transports pour aller travailler (et d’expositions aux infections), le télétravail, le chômage partiel.
    • Il semble donc médicalement (et socialement) pertinent d’allonger le congé maternité… Il est évident que des questions budgétaires sont en jeu pour coller à la pertinence médicale (arrêt dès 24 semaines d’aménorrhée plutôt que 34 ?) et qu’il pourrait être pertinent de proposer des alternatives (télétravail) ou une réduction systématique du temps de travail (50 %) sur cette période.
    • Concernant le congé paternité, un allongement été déjà discuté au niveau Européen dans le cadre d’une amélioration de « vie personnelle / vie professionnelle ». Avec 11 jours, la France fait pâle figure face aux pays nordiques (c’est bien sympa d’aller traiter les Français de Gaulois réfractaires au Danemark, pour être réfractaire ensuite à l’adoption de mesures « à la danoise » ^^)
  • Point 17 : Diminuer les dépenses sans justificatif des élus
  • Point 18 : Allonger la durée de vie des programmes scolaires
    • Les programmes changent tous les 5 ans (par le Conseil Supérieur des Programmes), et une critique récurrente des professeurs des écoles est qu’ils ont à peine le temps de s’y habituer qu’il change, parfois en plein été… Définir un calendrier de programmes sur 10 ans, avec « rétrocontrôle » (feedback) des enseignants, qui sont les premiers concernés ;
    • Adopter une éducation de base à la santé dans ces programmes scolaires ; meilleur moyen pour limiter les consultations inutiles, les croyances dans les « fakemeds », les anti-sciences… Il y a davantage d’antivax que d’anti-Pythagore en France, ou que d’anti-géographie, etc.
    • Inciter à l’activité physique personnalisée, et non uniquement à l’activité physique de performance (beaucoup de gens pensent ne pas être capables de simplement courir – activité physique de base par excellence -, parce qu’ils n’ont été confrontés toute leur scolarité qu’à des courses de vitesse et de performance…)
  • Point 19 : Légaliser le cannabis
    • C’est un point de vue complexe, bien argumenté ici : il n’est pas question d’inciter à la consommation, ni de banaliser… mais d’arrêter le trafic et de privilégier des circuits légaux (les dossiers pour tenir un bar-tabac sont déjà bien complexes auprès des douanes…)
    • Par ailleurs, la légalisation du cannabis est l’occasion de taxes permettant la lutte contre les drogues, la création d’une filière française, etc.
    • D’un point de vue des dealeurs, ça change tout ; du point de vue des consommateurs, il n’y a pas de report vers l’héroïne ou la cocaïne (à la rigueur moins d’anxiété quant à l’achat et la détention, sachant que l’utilisation est régulièrement pour son effet anxiolytique…)
    • Evidemment la légalisation doit s’accompagner du maintien (et renforcement autofinancé) de la lutte contre la consommation : pas de publicité, consommation exclusive à domicile ou dans des Cannabis Social Club (interdiction dans les endroits publics et dans les rues).
  • Point 20 : supprimer le SNU, la JAPD et toute idée de « service national ».
    • Pour l’éducation civique, il y a déjà la famille et l’école.
    • La JAPD est une promotion de l’armée coûteuse (117 M€ par an, soit 0,3 % du budget important de la défense).
    • Le SNU est une remise en place d’un pseudo-service militaire d’un mois avec stage de cohésion de 15 jours et mission d’intérêt général de 12 jours, le tout pour un coût annuel estimé à 1,6 milliards d’euros (3 % du budget de l’éducation nationale)…
    • Bref, ce budget pourrait être mieux dépensé dans des lieux de cohésion avec mission d’intérêt général que sont les écoles.
  • Point 21 : chaque ministère comporte un ministre et un ministre délégué, dont au moins l’un des 2 a travaillé professionnellement dans le domaine le plus représenté pendant au moins 5 ans
    • Typiquement pour « mon » domaine : aucun médecine généraliste ou infirmier libéral nommé au ministère (les seuls spécialistes nommés ont été hospitaliers)…
    • Le ministre de l’Education Nationale n’a jamais tenu une classe pendant un an. Etre recteur d’académie, ce n’est pas être professeur des écoles.
  • Point 22 : une carte de presse pour tous les journalistes ayant dépassé un seuil d’heures de travail par an
    • Actuellement pour obtenir une carte de presse, il faut que le journalisme soit l’occupation principale, régulière (plus de 3 mois par an pour la première demande) et qu’elle procure plus de 50 % des ressources…
    • … sauf que le métier de journaliste est soumis à beaucoup d’aléas, que de nombreux professionnels font des piges en ayant un autre emploi à côté ; cette 2ème activité « pour vivre » ne leur permet donc pas d’avoir une carte pour leur vrai métier.
  • Projet 23 : améliorer la qualité de l’eau du Littoral
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Pas de panique… avec vos masques ! #TowelDay

Aujourd’hui, c’est le Geek Pride Day et la journée de la serviette, en hommage à Douglas Adams, auteur du Guide du voyageur galactique (H2G2), la seule trilogie en 5 volumes de la littérature britannique.

Ce 25 mai, tout le monde est invité à se munir d’une serviette de bain, « l’objet le plus vastement utile que puisse posséder le voyageur interstellaire ». Dans H2G2, la serviette permet « de vous protéger des vapeurs toxiques » et revêt une considérable valeur psychologique : « tout Homme capable de sillonner de long en large la Galaxie (…) sans avoir perdu sa serviette ne peut assurément être qu’un Homme digne de confiance ».

Qu’aurait pu conseiller Douglas Adams pendant cette pandémie à COVID-19 ? Porter une serviette sur le visage pour protéger les autres voyageurs (galactiques ou non) de nos postillons potentiellement contaminés ? Confiner nos bouches et nos nez derrière une serviette ? 

Ça n’aurait pas été idiot ! Une étude de 2013 a montré qu’un masque fait avec une serviette de cuisine (ou torchon) a une efficacité de filtration de 83,2 % (en une couche) et 96,7 % (en deux couches) sur des particules très petites de 1 μm. Pour comparaison, les masques commercialisés dits « grand public » – les UNS2 et UNS1 – ont montré une capacité de filtration respectivement de 70 % ou 90 % minimum… sur des particules de 3 μm (les masques chirurgicaux filtrent ces particules de 3 μm avec une efficacité de 95 %) [1].

Si Douglas Adams était encore parmi nous, il aurait sûrement aimé cette nouvelle utilisation de la serviette, et peut-être aurait-il demandé au Guide du voyageur galactique d’ajouter cette précision dans l’article consacré à ce si précieux objet : « la serviette peut vous aider à traverser une pandémie en protégeant les autres ». L’idée de pandémie est d’ailleurs présente dans le deuxième tome de la trilogie en 5 volumes avec l’histoire de la planète Golgafrinchan, sur laquelle les dirigeants avaient cru bon d’envoyer dans l’espace leurs habitants de « classe moyenne : nettoyeurs de combinés téléphoniques, coiffeurs, auteurs de jingles, etc. » avant d’être « soudainement anéantis par une maladie virulente contractée à partir d’un téléphone sale« … Les détails, toujours les détails !

Portons tous nos serviettes sur le visage aujourd’hui, 25 mai. De toute façon, elle ne peut plus servir sur la plage en France, où il est interdit de simplement s’asseoir à distance des autres : il faut désormais vivre la plage de façon “dynamique”. Dans ces lieux où la ventilation importante brasse l’air efficacement, il n’est plus possible de rester statique, il faut désormais marcher sans but et sans fin pour éviter les autres, eux aussi en mouvement – une idée sublimement absurde qui aurait beaucoup plu à l’auteur !

Mais malgré cette efficacité importante de la serviette, malgré son atout majeur dans la lutte contre la propagation de la pandémie à COVID-19, certains laissent encore entendre qu’elle serait dangereuse : vous allez la toucher, la bouger, mal la laver et vous contaminer… À tous ceux qui vous trouveront un argument contre le port d’un masque, montrez leur la couverture du Guide, où « on peut lire en larges lettres amicales la mention : PAS DE PANIQUE ! »

Car non, vous ne pouvez pas faire pire avec un masque que sans : ceux qui vous disent le contraire confondent l’achat d’une botte de poireaux au Super U avec la pose d’une prothèse de hanche au bloc opératoire (espérons que la confusion n’aille pas trop loin, car il est particulièrement inconvenant et rapidement malodorant de marcher avec des poireaux dans le fémur – et le fait que cela ne sonne jamais aux portiques d’aéroport est une bien maigre compensation qui apparaît définitivement trop légère). Et encore : mieux vaut un bloc opératoire où certains manipulent leur masque plutôt qu’un bloc où personne n’en porte…

Peut-on baisser ou retirer le masque de temps en temps, lorsqu’on est seul ? Oui, pas de panique ! Le port collectif du masque permet de protéger les autres : il est principalement utile dans les lieux clos (commerces, transports en communs, etc.) et denses (les bords de mer ou de rivière lorsque tous les autres parcs sont fermés, les rues piétonnes, les plages où tout le monde est en mouvement, etc.)

Vous pouvez donc le retirer lorsque vous êtes en voiture, le baisser sur votre menton lorsque vous êtes dans un lieu désert… 

Certains vous diront que si vous baissez ou retirez le masque, vous risquez de vous contaminer les mains (en le touchant), de vous contaminer la bouche (en remontant du coronavirus de votre cou), de contaminer les autres (avec vos mains souillées), voire de provoquer insidieusement l’éclatement de la Terre (en posant votre masque sur une surface propre, provoquant une réaction en chaîne impliquant quelques quiproquos, des portes qui claquent, une guerre nucléaire et toutes ces choses habituelles en pareille circonstance). Pas de panique !

Il faut rester logique. 

Déjà, si vous avez des postillons partout sur le cou et le visage au point que la moindre faute d’utilisation va vous contaminer, c’est que le masque vous a protégé : envisagez de créer un totem à sa gloire dans votre salon.

Ensuite, si vous baissez le masque juste sous le menton, il s’agit d’une zone qui était déjà couverte par le masque : vous ne courrez aucun risque (sauf à littéralement sniffer ou lécher la face externe de votre masque – et encore une fois, cela signifierait que le masque vous avait protégé… ça aurait été pire si vous n’aviez rien porté). Pour des raisons médicales, pratiques et esthétiques, ne montez pas votre masque votre front.

D’autres vous expliqueront que le masque c’est utile, mais c’est trop contraignant, puisqu’il faut le laver chaque soir à 60° pendant 30 minutes à la machine à laver. Pas de panique

Il est important de le laver régulièrement ainsi, pour éliminer les levures (telles qu’Aspergillus) et autres germes, mais vous pouvez le faire une fois par semaine avec vos torchons et vos indispensables serviettes – comme quoi, nous y revenons toujours ! Entre deux machines à laver, si vous avez besoin de réutiliser un masque déjà porté, vous pouvez vous contenter de ce qui inactivera le SARS-CoV-2 : une exposition à 70° pendant 5 minutes (dans un four ou une casserole fermée), ou un nettoyage avec du savon ou détergent pendant 15 minutes quelle que soit la température (lavage à la main, machine…) Tous ces conseils sont rapportés sur stop-postillons.fr 

Ainsi, vous pouvez porter votre masque avec des erreurs qui seraient inacceptables au bloc opératoire, mais qui sont sans importance en vie communautaire ! Vous pouvez le nettoyer en l’intégrant dans votre routine de lessive sans lancer des programmes de 2 heures chaque soir pour 2 masques. 

Si ces conseils de confort pratique peuvent permettre que nous portions tous un masque dans l’espace public, en particulier lorsqu’il est densément peuplé et/ou clos, suivons-les rapidement ! Et si quelqu’un nous interpelle sur notre « mésusage » présumé, il suffira de lui montrer la couverture du Guide, ses larges lettres amicales, et tout en lui mimant un tapotage d’épaule à 2 mètres, lui dire : pas de panique !

Remerciements pour leur amicale relecture à Nicolas Botti (@numero42), Christian Lehmann (@LehmannDrC), Thibault Puszkarek (@puszkarek), Jonathan Favre (@DrJohnFa), Antoine Hutt


[1] Il est donc étonnant de noter le discours officiel assurant que « les masques artisanaux ne servent à rien », alors que cette étude montre également une efficacité de filtration de 70,7 % avec 2 couches de T-shirt 100 % coton (sans filtre intermédiaire) sur des petites particules de 1 μm tandis que sont commercialisés des masques UNS2 filtrant 70 % de particules 6 fois plus grosses !

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