Au cours de nos consultations, visites, tours hospitaliers, il arrive qu’on croise des patients dont la liste de traitement ressemble furieusement à un Best-Of de la pharmacie du coin.
Je me souviens d’une patiente… Elle avait été suivi par des gastros, des endocrinos, un pneumologue, un neurochirurgien, un ophtalmo, et bien sûr par un médecin généraliste. C’est ce dernier qui avait demandé une hospitalisation pour diminuer une improbable ordonnance de 23 médicaments par jour (soit 66 comprimés, le chiffre de la bête).
Devant l’ordonnance, nous n’avions pas fait le vide du jour au lendemain sans connaître la patiente, au dossier relativement complexe… Chaque matin pendant une semaine, je m’amusais (littéralement) à supprimer un ou deux médicaments qui ne me semblait plus utile. J’ai pris un plaisir certain (et partagé avec mes chefs) à supprimer 8 comprimés de dompéridone, 6 de lopéramide, 6 ultralevures, 6 météospasmyl par jour… Ca n’a rien modifié sur le plan digestif : elle n’avait ni douleurs ni diarrhées à l’entée, et c’était identique à la sortie. Elle avait eu des diarrhées motrices pendant un temps, sans étiologie retrouvée, et le traitement était resté sans réévaluation. Le prenait-elle encore vraiment ? Difficile à dire, vu l’absence de modification à l’arrêt.
7 jours plus tard, la patiente sortait avec 12 médicaments et un projet de sevrage pour 4 d’entre eux (elle avait quand même un diabète de type 2 avec microangiopathie, neuropathie, ainsi qu’un asthme et des douleurs sur canal lombaire étroit). Pas mal.
En médecine libérale, afin d’aider au sevrage, je pense que j’aurais utilisé Theriaque et son analyse d’ordonnance (l’inscription est gratuite). Voire que j’aurais partagé l’information avec la patiente pour lui expliquer qu’un mélange de médicaments n’est jamais anodin.
Aujourd’hui, j’ai lu ce tweet de @NoSuperDoc, déclencheur de ce billet :