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Le poinçonneur des malades (ou essai de description de la dureté d’une peau humaine standard)

« J’fais des trous, des p’tits trous, encore des p’tits trous ; des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous » chantait Serge Gainsbourg.

Je ne suis pas le Poinçonneur des Lilas, mais j’ai déjà fait pas mal de p’tits trous dans ma vie.
Je les ai faits dans des gens. Des enfants, des gentils, des jeunes, des douillets, des garçons, des filles, des adultes, des fêtards, des vieillards, des gentils, des hyperactifs, des manuels, des dépressifs, des maladroits… Beaucoup de genre de gens, qui avaient tous le même problème : une plaie.

Je ne vais pas vous réexpliquer la suture, je pense l’avoir fait de façon relativement exhaustive dans ce billet aux allures de masterpiece (à l’échelle de mon petit blog, évidemment ! C’est juste pour vous inciter à le (re)lire ;)) Je veux quand même revenir sur un point, dont on ne parle pas assez. La peau, c’est costaud. La peau, c’est très élastique et résistant. La peau, c’est kloug.

Et ça, les patients ne s’en rendent pas compte.

C'est mou à l'extérieur, à l'intérieur c'est comme de la pierre.

C’est mou à l’extérieur, à l’intérieur c’est comme de la pierre.

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Coudre et en découdre

COUDRE ET EN DECOUDRE

Une tragédie classique en cinq actes.

ACTE I – Exposition

Les urgences du côté de la chirurgie, de la traumatologie et de la « bobologie », j’en ai déjà parlé ici et .

L’externe, dont c’est la première garde, doit aller diagnostiquer les entorses de cheville de mademoiselle c’est-quand-je-suis-retombé-sur-ma-coéquipière-après-un-jump-au-basket, les fractures de radius de madame je-suis-tombé-de-ma-table-de-nuit-en-bordant-le-lit-superposé-de-mon-fils, les luxations d’épaule de monsieur je-viens-juste-de-me-remettre-au-roller. Le plus grand intérêt dans ces examens cliniques est de constater à quel point les gens ont une vie dangereuse ou, tout au moins, des accidents particulièrement (et malheureusement) stupides qui mériteraient qu’on leur décerne un prix « EPIC FAIL OF THE DAY ».

Au CHU, l’externe doit également aller examiner madame j’ai-mal-au-ventre, monsieur je-crois-que-j’ai-peut-être-avalé-un-morceau-d’assiette-en-mangeant-mon-gâteau-à-22h-et-là-à-1h-du-matin-j’angoisse, ou monsieur j’ai-dérapé-avec-ma-moto-sur-200-mètres-à-80-km/h qui est dans une coquille rigide avec minerve, qui empêche de faire convenablement l’examen clinique et les radiographies qui permettront de retirer ladite coquille rigide avec minerve (oui, c’est vicieux comme cercle).

Après un examen parfois sommaire (je sais que je dois manipuler le genou pour examiner les ligaments croisés, les ligaments latéraux et les ménisques, mais là il a juste très mal quand je le touche donc si on pouvait remettre ça dans 10 jours…), l’externe envoie les patients en radiologie. Ensuite, il part à la recherche de l’interne ou du chef pour leur présenter « le genou et sa radiographie » (ne peut être vendu séparément du patient qui va avec), afin de peut-être pouvoir libérer son patient… Le néon clignote et s’éteint sur la dernière image de l’externe tentant désespérément de montrer son dossier à un supérieur, dans un ballet où il n’a pas sa place.

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Où est Charlie ? Le monde des urgences

J’ai déjà partagé ma vision hautement philosophique des gardes aux Urgences chirurgicales. Mais au fil du temps, d’autres anecdotes me reviennent. Notamment, l’impressionnante logistique des lieux…

Dimanche matin, 8h30, Centre Hospitalier Régional. L’externe arrive aux urgences chirurgicales. C’est sa première garde. Il ne va rien savoir faire. Il se présente. Soupirs, haussements de sourcils. On ne va pas l’accueillir avec des banderoles. Ni retenir son nom d’ailleurs, puisqu’on peut l’appeler de façon plus générique « l’externe » — les amateurs de Scrubs se souviendront de Perry Cox appelant John Dorian « bizuth » ou Joséphine à longueur de journée…

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« J’ai une mission pour touaa… »

Le Centre Hospitalier Régional Universitaire (CHRU) est une jungle administrative. Physiquement, il répond au deuxième principe de thermodynamique : « toute transformation d’un système thermodynamique s’effectue avec augmentation de l’entropie globale… »

L’entropie, c’est ce qui fait que même si vous vous couchez avec les cheveux laqués et gominés, votre tignasse ressemblera quand même à un nid de poule le lendemain. C’est ce qui fait aussi que les patients se perdent dans les couloirs de consultations, que leurs dossiers se retrouvent avec un mauvais étiquetage dans le bureau des archives de l’année passée ou du siècle précédent, ou encore que la clé du coffre où est rangé l’indispensable appareil photo se trouve dans la poche de blouse de l’interne de garde qui est reparti avec le tout. Bref, le CHRU obéit à l’entropie, qui évolue inéluctablement vers le désordre le plus total.

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Le bloc opératoire

Pour ceux et celles qui seraient restés à la vision du bloc opératoire façon Urgences, Grey’s Anatomy, Scrubs ou Dr. House, il est temps de faire un démenti public.

Ça ne se passe pas comme ça.

Je ne parle pas du fait que House, néphrologue spécialisé en maladies infectieuses, puisse entrer dans un bloc sans masque sans déclencher l’hystérie collective. Pour ma part, j’ai déjà enlevé ma coiffe bêtement juste après une opération en gynéco, croyez-moi sur parole, les infirmières sont devenues collectivement hystériques…

« Il a enlevé sa charlotte, NOOOOOON… »

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