Je vais vous parler dans ce billet du meilleur article de tous les temps, dont je suis un des co-auteurs. Ce billet a longtemps failli s’appeler « est-ce que Violaine Guérin et Martine Wonner ont publié leur article dans une revue qui accepte n’importe quoi, n’importe comment ?« , mais ç’aurait été réducteur face à la fabuleuse aventure que nous avons vécue…
Je vous conseille de lire d’abord l’article, et vous lirez l’historique après !
Il est publié ici : https://www.journalajmah.com/index.php/AJMAH/article/view/30232
Au cas où, pour la postérité, je vous laisse le lien PDF ici…
(Edit du 27 septembre : Et même une V2 de la traduction française avec quelques corrections, toujours par Robin !)
Avant tout, je vais redonner du contexte au « POURQUOI », puis nous parlerons de « QUI » et de « COMMENT ».
Pourquoi ?
Tout commence le 29 mars… Suite aux « révélations » du Pr Raoult, le Dr Violaine Guérin réclame la possibilité de s’auto-prescrire de l’hydroxychloroquine. Tout cela est contre l’avis des autorités et de la pharmacovigilance, mais elle s’en fiche : pour elle, « laissons les médecins prescrire », c’est son dogme, et le nom du collectif qu’elle fonde. Tout un programme.
Des MG se questionnent légitimement sur (hydroxy)chloroquine…
— Michaël (@mimiryudo) March 22, 2020
L’avis du CRPV de Nice du 20/3 : « ne doivent pas être utilisées dans la prise en charge des COVID-19 en dehors d’essais cliniques ou prises en charge spécialisées »
Donc pas en ville aujourd’hui ! #PrimumNonNocere pic.twitter.com/0wiBipqsUv
Le Dr Guérin s’entoure rapidement de collègues médiatiques dès le 1er avril (…) : Dr Martine Wonner, psychiatre et députée de la majorité à l’époque (depuis membre soutenue d’Ecologie Démocratie Solidarité*) ou encore le Dr Thierry Lardenois, président de la Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France (embarqué là-dedans pour une raison que j’ignore, mais s’il gère nos retraites avec la même acuité qu’il gère ses recherches médicales, je conseille aux médecins de débuter leur stock de coquillettes).
(* Soit ils soutiennent, soit ils sont malpolis).
Bonjour à tous les 3.
— Michaël (@mimiryudo) August 13, 2020
J’insiste une nouvelle fois, devant « l’urgence » du problème.
Cautionnez-vous les propos quotidiens de votre députée ?
Sans réponse de votre part, je considèrerai naturellement que vous soutenez et approuvez ses idées.
Le 1er mai, cette jolie équipe de « chercheurs-trouveurs » diffuse ce qu’ils nomment « un article », hébergé par Le Quotidien du Médecin (qui devrait sans doute songer à le retirer…)
Étude à l’appui, un collectif de médecins plaide pour la liberté de prescrire en ville l’hydroxychloroquine contre #COVID__19 #azithromycine #Hydroxychloroquine #soins #coronavirus https://t.co/qgkB1jLSZe
— Laissonslesprescrire (@Laissonslespre1) May 1, 2020
rapport complet sur https://t.co/7pNTe0jY2F @Laissonslespre1
RT+++ pic.twitter.com/RBXEoslT0y
Tout cela est donc relayé dans la presse (RTL, France Info, L’Express, France 3, France Soir, etc.). A l’heure de la rédaction, début août (quand nous savons que l’article a passé – avec stupéfaction – les révisions), on peut par exemple compter 220 occurrences de « Laissons les médecins prescrire » dans Google Actualités. (Pour comparaison avec ce que je connais, avec « Stop Postillons« , nous sommes à 190 occurrences au même moment, pour un collectif lancé un peu avant, et pour lequel je considère qu’on a eu une couverture médiatique large, tout à fait inattendue).
Bon, évidemment, les scientifiques sérieux et raisonnables ont vite critiqué ce « rapport d’expérience » et cette « étude rétrospective » ; la rapide chronologie des faits rapportés ici vous en dira long sur ce que les auteurs entendent par « rétrospectif ». J’ai retrouvé mon avis de l’époque, mais nous sommes des dizaines à avoir donné quelque chose de similaire…
Franchement j’essaie de trouver un axe de commentaire, mais c’est infaisable tellement la méthode est soit peu claire, soit suspecte, soit douteuse (le paragraphe sur le choix du médicament est cocasse).
— Michaël (@mimiryudo) April 30, 2020
Pour faire simple : c’est vraiment très mauvais et c’est franchement à la limite de légalité cette histoire de médecins cobayes d’essai clinique (prospectif) sans avis d’un comité d’éthique. Par ailleurs, c’est malhonnête de le diffuser grâce à un appui médiatique large, aidé par des responsabilités parlementaires.
Bon, tout ça se tassait un peu, surtout que l’hydroxychloroquine commençait à battre de l’aile au fil des publications (un résumé ici)…
… quand soudain…
Les pieds nickelés sortent leur publication !
Intérêt du traitement précoce par #azithromycine et #hydroxychloroquine chez les patients ambulatoires atteints de #COVID__19 Dépister, tester, isoler les malades, soigner -Rassurer les citoyens RT+++ https://t.co/jcPs3R3icG – https://t.co/pRL6cdgWbF #COVID19france #ethique pic.twitter.com/9Tjt2ibLB6
— Violaine Guérin (@ViolaineGuerin) July 20, 2020
Le collectif « Laissons les Médecins Prescrire » venait donc de publier officiellement, le 20 juillet, 3 mois après, leur article initial, dans une revue…
« Petit » problème : ils le publient dans l’Asian Journal of Medicine and Health, une revue inconnue et probablement « prédatrice » (cf. cet excellent billet d’Hervé Maisonneuve sur le sujet).
Le Dr Violaine Guérin s’explique sur France Info : « Nous avons soumis l’article à plusieurs revues (mais il y a) un blocage systématique des publications sur l’hydroxychloroquine en phase précoce. J’ai proposé à mes coauteurs de soumettre à une revue asiatique ». La députée Martine Wonner, elle, affirme d’ailleurs « avoir autant confiance dans cette revue que dans le Lancet« .
Voilà. Bon. Là, c’est peut-être un peu excessif.
Comparer un article accepté dans le Lancet et un article accepté dans Asian Journal of Medicine and Health, c’est un peu comme comparer un monospace et le dernier modèle de chez Majorette « pour partir en vacances en famille dedans, mais attention faut pas être grand, non non ça n’est pas une arnaque, signez ici, elle est à vous ».
Par ailleurs, grâce à la demande du journaliste de France Info, la revue a mis en ligne le reviewing, qui est assez drôle (et détaillé dans ce fil du 14 août ci-dessous).
The « peer review » files of @MartineWonner‘s HCQ paper published with a predatory journal is finally published. Here is how serious the review process was, I promise you will laugh ⏬ https://t.co/eE2OrDNgzN
— FX Coudert (@fxcoudert) August 14, 2020
Si vous voulez aller plus loin et comprendre comment fonctionne une soumission d’article (soumission, relecture par des reviewers indépendants, correction, acceptation, etc.), et ce qui différencie une revue prédatrice d’une « vraie » revue, vous pouvez suivre ce thread clair et didactique.
1/
— Sonic #ClafoutisGate (@Sonic_urticant) August 5, 2020
[THREAD]⬇️⬇️⬇️
Aujourd’hui : comment ça marche, une publi scientifique ?
(parce qu’on m’a cherché avec ça…)
Vous savez, la phrase de journaliste : « Selon une étude… »
Mais c’est quoi une « étude » ?
(spoil : on va parler du « Lancet-Gate », du #Raoult, et même d’une députée…)
Le journaliste de France Info, Fabien Magnenou, a consciencieusement fait le boulot et contacté la revue choisie, Asian Journal of Medicine and Health, qui répondait : « Nous pouvons affirmer avec confiance que notre qualité ne peut pas nous valoir l’appellation ‘revue prédatrice’. Avec des moyens limités, nous combattons nous aussi ces journaux.«
Ce qui est un peu problématique par ailleurs est le silence assourdissant des membres du groupe parlementaire de Martine Wonner… parmi lesquels on trouve Cédric Villani.
Toujours sans réponse de @PaulaForteza @Aurelientache @M_Orphelin du groupe parlementaire « Écologie Démocratie Solidarité » quant à la scandaleuse étude de @MartineWonner publiée dans une revue prédatrice.
— Michaël (@mimiryudo) August 14, 2020
Peut-être que le scientifique du groupe @VillaniCedric aura un avis ? https://t.co/fqFooGKOKS
Entre temps, nous étions en train d’essayer d’éclaircir tout ça… et de répondre à cette question :
Est-ce que ce collectif médiatique soutenu par une députée de la majorité et le président de la CARMF a soumis son article dans une revue qui accepte absolument n’importe quoi ?
Collectif « Laissons les Vendeurs de Trottinette Prescrire », 20 juillet 2020.
Avant de dire que « la question, elle est vite répondue », nous avons voulu jouer !
Et donc, maintenant que nous avons le « POURQUOI », détaillons le « QUI »…
Qui ?
Nous sommes le collectif « Laissons les vendeurs de trottinette prescrire », et nous nous sommes regroupés sous ce tweet de @NicoKluger…
500$ https://t.co/yXXGkLX712 pic.twitter.com/kuBgxVxaKQ
— Nicølªs Kluger (@NicoKluger) July 20, 2020
L’équipe est principalement constituée de :
- @Damkyan_Omega (qui a déjà une idée de pseudo, qu’il va garder !), chargé de communiquer avec la revue ;
- @Scintigraphiste, @CovaFlorian et moi (@mimiryudo) pour la team davantage axée sur la rédaction,
- @RadioactiveJib et @DrJohnFa qui ont suivi l’histoire d’un peu plus loin, mais en nous soutenant dans nos délires.
Pour 50 balles honnêtement je vais m’appeler Dr. W. Oodendijk et faire un draft si j’ai le temps.
— Mathieu M.J.E. Rebeaud (@Damkyan_Omega) July 20, 2020
Comment ?
Maintenant que nous avons vu le Pourquoi, le Qui, voyons le Comment...
Dès le « Quand vous voulez » de @Scintigraphiste, je crée le groupe MP et un Google Doc sur mon téléphone… comme nous le révélons dans nos (incroyables) contributions aux auteurs ! Parce que oui « a créé un groupe MP Twitter », ça a été validé comme devant figurer dans la contribution (si je voulais être mauvaise langue, je dirais que certains chercheurs figurent dans des articles pour moins que ça, remarquez).
Il ne faut pas imaginer qu’on a mené cette opération « sérieusement ». Non, pour vous planter un peu plus précisément le contexte à ce moment là (et montrer le côté « potache » / « fait par-dessus la jambe »), nous sommes le 20 juillet, je suis sur la route vers Étretat, à côté de ma fille de 8 mois endormie, conduits par la maman… Je prends des notes sur le Google Doc avec le téléphone, fais une capture d’écran d’un graphique que j’avais twitté il y a 6 semaines : ça sera la partie la plus scientifique de notre étude… Je fais exprès de faire une capture avec les icônes RT et FAV de Twitter, c’est dégueulasse et ça nous fait rire.
Quel a été l’effet en France du Pr Raoult sur les ventes en ville d’hydroxychloroquine, de chloroquine et d’azithromycine ?
— Michaël (@mimiryudo) June 7, 2020
+ 40 000 boîtes pour les 2 premiers.
+ 150 000 pour l’azithro.
Source : Medic’AM (https://t.co/RVAKv4EB3J). pic.twitter.com/sfzwmHEkna
Une figure c’est peu, on se dit qu’il en faut d’autres, j’en cherche une autre sur Google Images… C’est @Scintigraphiste qui la trouve ; pas grave, j’ajoute quand même « Courtesy of Google Images ». Pendant qu’on écrit ailleurs, @Scintigraphiste – toujours lui – nous sort une imagerie (on ne se refait pas) qui n’a aucun sens, pour l’étude 3. Voilà pour les figures.
Notre objectif est simple : tout doit être ridicule, du titre aux références, en passant par les références et la moindre phrase de l’article. Si nous réussissons à publier un tel « article », nous aurons répondu à notre question initiale : est-ce que cette revue publie n’importe quoi ?
Nous créons de faux auteurs : W. Oodendijk (le faux-nez de @Damkyan_Omega donc), Didier Lembrouille, Sylvano Trottinetta, Ötter F. Hantome, Nemo Macron (ils ont une députée, nous avons le chien de l’Elysée) et Manis Javanica (alias le Pangolin javanais). Les affiliations sont à l’avenant, ainsi que les contributions ou les remerciements. C’est simple : il n’y a rien qui va !
Le titre initial annonce la couleur : « SARS-CoV-2 was unexpectedly deadlier than push-scooters ». Nous écrivons et ajoutons de plus en plus d’absurdités.
Le 24 juillet (eh ouais, ça ne chôme pas dans la recherche française), @Damkyan_Omega soumet l’article. C’est lui qui est chargé de soumettre et communiquer avec la revue, sous son pseudo « Wooden Dick » (le nom du fromage Oudendijk modifié en Oodendijk et Willard pour FCD Willard, le chat auteur de publications)… Un travail de magicien là aussi, puisque ses échanges avec les rédacteurs sont également un délice ^^
Dans la plus pure tradition des mauvais auteurs, voici le lien Google Doc vers la première version cet article en pre-print. Ne vous précipitez pas dessus tout de suite, il y a mieux par la suite… (c’est histoire de vous montrer que nous n’avons fait qu’ajouter des bêtises au fil des relectures, mais que c’était déjà pas mal frappé à la V1 !). Car oui, les relectures vont nous permettre d’ajouter bien d’autres bêtises encore ! C’est la version que nous avons soumise, mais pas encore celle acceptée : l’ajout de « la solution unique » sur le titre, Montcuq, Ikea, Jean-Claude Dusse sont autant d’idioties ajoutées grâce au reviewing, qu’on ne remerciera jamais assez !
Le 28 juillet, on reçoit la demande de paiement (77€ bien dépensés). Je règle ça entre 2 commandes de pizzas (le plus long est de changer mon mot de passe Paypal jamais utilisé depuis 2004).
Le 30, la revue annonce que le peer-reviewing va débuter. Ils nous demandent avant ça de… traduire les figures en français ! Oui, c’est pour ça que j’ai détaillé plus haut : aucune des 3 figures n’a de sens, mais il faut les traduire ! @Scintigraphiste se charge alors d’une traduction volontairement dégueulasse sur Paint, avec un sens du détail dans le mauvais effaçage, la traduction et l’alignement ratés. Un travail d’orfèvre : forcément, ça passe… Finalement, notre article « gagne » encore en « qualité », si on peut dire !
Le lundi 3 août, le reviewing est fini, et nous sommes en révisions mineures… Et là ça devient carrément lunaire ! Le reviewer 1 n’en a rien à cirer, il balance un paragraphe tout fait sur l’hydroxychloroquine. Mais le pire ce sont les reviewers 2 et 3 qui ont visiblement lu (traduit ?) des passages, et font des remarques complètement hors sol (un exemple parmi 1000 : « wikipedia n’est pas une source validée » mais Picsou Magazine, YouTube ou Dropbox, ça passe). Je me charge des corrections avec @Scintigraphiste ; @Damyan_Omega soumet le soir même… et le mardi 4 août, nous sommes en « évaluation finale ».
Là où c’est incroyable, c’est que par exemple sur l’hilarante section 3.2., ces reviewings ont permis d’aller encore plus loin (le « manque de précision » a incité à ajouter le paragraphe sur la tentative infructueuse de profanation de tombe par les auteurs, par exemple…). Ailleurs, dans le résumé, le manque de précision sur « la chaise des auteurs » nous incite à préciser qu’il s’agit d’un modèle Ikea, et que nous avons également travaillé à Montcuq, hommage évident au sketch de Daniel Prévost.
Le jeudi 6 août, c’est maintenant le rédacteur-en-chef qui jette un oeil, et fait quelques remarques (par exemple, il nous dit « les auteurs ont dit que le comité d’éthique étaient eux-même »). Oui, c’est normalement le genre de problème UN PEU rédhibitoire (sachant qu’on parle quand même d’une étude où les auteurs ont tué des gens, et ont tenté d’aller les déterrer sans autorisation pour valider leur hypothèse farfelue).
Rapides réponses, et hop, @Damyan_Omega soumet le tout entre deux coups de pioches sur sa terrasse.
Le samedi 8 août, le rédacteur-en-chef insiste sur un point : « I am president of an ethics committee and never one author can evaluate the ethics from his/her research« . Bon, nous changeons ce point en disant que « en fait, nous n’avons pas participé à la décision de notre comité concernant notre étude, nous sommes sortis à ce moment-là ».
Là encore, dans la pure tradition Guérino-Raoultienne, nous vous partageons ici un Google Doc avec le verbatim lunaire de ces échanges avec les reviewers… Vous pouvez également retrouver tous les échanges sur le site de la revue (à noter que la note d’Editeur 2, le seul à avoir dit de ne pas publier, ne nous est jamais parvenue…)
Enfin, le mercredi 12 août (19 jours après notre soumission initiale), l’article est définitivement accepté. Il ne s’agit plus que de « valider nos noms et affiliations » (qui n’ont jamais changé). Le lendemain, nous recevons les épreuves, le 14 il faut encore valider le nom des auteurs… (Toutes ces étapes de vérification, c’est vraiment un travail de précision !)
Et l’article est enfin diffusé ce samedi 15 août ! L’assomption de la science vers des sommets inégalés !
BREAKING NEWS: Un article sorti dans la très sérieuse revue Asian Journal of Medicine and Health démontre la corrélation entre accidents de trottinettes et l’effet prophylactique de l’HCQ. https://t.co/qDC2UYfWtl pic.twitter.com/g0FILCCJ5H
— Mathieu M.J.E. Rebeaud (@Damkyan_Omega) August 15, 2020
HCQ-AZ FONCTIONNENT EN PROPHYLAXIE. Nos résultats le montrent dans un article publié dans une revue prestigieuse, avec 8 co-auteurs, tous des pointures dans leur domaine :https://t.co/vMUIY2xO6Z
— Florian Cova (@CovaFlorian) August 15, 2020
Le meilleur article de tous les temps
Après ce long teasing, n’hésitez pas à relire notre « article » publié dans l’Asian Journal of Medicine and Health. Et comme nous avons toujours du mal à croire que tout ça a été possible, voici une capture d’écran de l’article en ligne (au cas où l’article viendrait à être supprimé – pas de panique, j’ai le PDF ici et sur ResearchGate, avec sa traduction française).
Nous l’avons publié dans cette revue auto-proclamée de qualité.
On les a bien aidé dans cet objectif, je pense.
Voilà. Nous espérons (humblement) que ça sera une petite leçon pour scientifiques crédules ou malhonnêtes et journalistes non habitués au principe des revues prédatrices…
Ces revues acceptent et publient n’importe quoi.
Un article publié n’est pas un gage de vérité.
Violaine Guérin, Martine Wonner et leur bande ont fait preuve soit de naïveté (avec d’autres publications acceptées par le passé, c’est une option peu crédible), soit de malhonnêteté. La question est ouverte.
En conclusion : ne laissons pas les auteurs malhonnêtes raconter n’importe quoi, n’importe où.
Post-scriptum et autres addendums
[ADDENDUM Dimanche 16 août – 18h]
Notre article vient juste d’être rétracté par la revue ! Avec un peu de chance (et nous comptons sur vous qui l’avez lu), cela va provoquer un bel effet Streisand dont nous n’avions même pas vraiment besoin, tant le succès a été incroyable sur les réseaux sociaux (et ici) !
Pour rappel, cet article « à ne pas diffuser » peut se trouver actuellement, soit en tête du billet de blog, soit sur nos pages ResearchGate :
- en anglais : https://www.researchgate.net/publication/343671758_SARS-CoV-2_was_Unexpectedly_Deadlier_than_Push-scooters_Could_Hydroxychloroquine_be_the_Unique_Solution
- en français : https://www.researchgate.net/publication/343678745_Version_traduite_en_francais
Bon comme notre article a été rétracté de la revue à cause de méthodologistes pétainistes, vous pouvez le retrouver sur ResearchGate :
— Michaël (@mimiryudo) August 16, 2020
– en anglais : https://t.co/kQCjlGFGnt
– ou en en français : https://t.co/ZfOfOa8fbQ
On verra si Barbra Streisand fait son effet ! 😁
[ADDENDUM Lundi 17 août – 22h]
Bon, la diffusion dépasse un peu nos attentes les plus folles ^^ Dans les commentaires, vous trouverez d’autres blogs qui en parlent (dont le très beau billet de @pioletat, ou celui d’Elisabeth Bik, de RetractionWatch (qui nous a classé en 3ème position des rétractations d’articles de 2020 !), de Zen Faulkes, de Sylvestre Huet du Monde, sur MedScape…). Hervé Maisonneuve, parmi les remerciements, en a évidemment fait un billet. La société française d’ophtalmologie en a parlé en novembre.
Nous sommes désormais cités en exemple dans la page wikipedia des revues prédatrices (parmi d’autres exemples célèbres, ou encore Georges Perec)… et de Nemo Macron !
Voici également quelques relais de notre article où nous avons été interviewés, en France, Suisse et Belgique :
- France Info (17 août)
- Le Parisien (17 août)
- La Croix (18 août)
- France 3 Hauts-de-France (18 août), repris sur France 3 National au 12h/13h (19 août)
- La Voix du Nord (19 août)
- Le Figaro (18 août)
- RTBF (17 août)
- RTS (22 août)
Et les multiples reprises à travers le monde :
- Europe 1 (17 août)
- Radio Canada (17 août)
- Telegraph India Online (17 août) – il est d’ailleurs probable que ça soit ce journal indien, en prévenant l’éditeur de la revue, qui a mené à la rétraction de l’article
- Ouest France (17 août)
- L’Express (17 août)
- L’Info de la Réunion (17 août)
- Ebene Magazine (17 août)
- Financial Afrik (17 août)
- Leral TV (Sénégal) (17 août)
- RTL (17 août)
- Le site BFMTV (17 août)
- Valeurs actuelles (17 août)
- Sud Ouest (18 août)
- Heidi News (18 août)
- Capital (18 août)
- La Libre (Belgique) (18 août)
- Folha de San Paulo (Brésil) (18 août)
- Le Temps (Suisse, 18 août), repris dans le Courrier International (23 août)
- Sciences Avenir (19 août)
- France Inter : revue de presse (19 août)
- La Côte (19 août)
- CNEWS (19 août)
- TDG (19 août)
- Ohlar Digital (Brésil) (19 août)
- Tekniikan Maailma (Finlande) (20 août)
- Egora (21 août)
- MarseilleNews (21 août)
- Causeur (22 août)
- Hypeness (Brésil) (25 août)
- Le Canard Enchaîné (26 août – tweet)
- France Culture (10 novembre)
(Nous avons décliné RT France et France Soir… que Florian a rickrollé, ce qui les a apparemment agacé à au moins 2 reprises ^^’ Ils nous ont quand même cité, ainsi que Sputnik).
De façon assez cocasse, la plupart des versions différent un peu selon les journaux : tantôt ce sont « des médecins français », parfois « un suisse », « une équipe suisse », parfois 1, 2 ou 3 auteurs sont cités, tantôt on a payé 55$, 85$ ou 85€… ^^
Nous avons également été utilisés dans des groupes de travail ou de réflexion :
- Espace de réflexion éthique de Nouvelle-Aquitaine (26 août 2021)
- Intervention dans le pôle de santé interprofessionnel universitaire de Saint-Martin d’Hères (3 novembre 2021)
Nous avons été cités dans le MOOC « intégrité scientifique dans les métiers de la recherche » de l’université de Bordeaux (2022).
Aux 14ème journées du cancéropôle Nord-Ouest de Deauville en mai 2022, nous étions également cités.
Nous avons été cité dans la littérature scientifique :
- Revue Médicale Suisse par Pascal Meylam (9 septembre 2020)
- Exercer par le rédacteur-en-chef Jean-Pierre Lebeau (édito du n°166 en novembre 2020 qui cite ce billet !)
- Médecine (édito par Hervé Maisonneuve en novembre 2020)
- Florian nous a cité dans Judgment and Decision Making (novembre 2020)
- J’avais vu passer un article que je ne retrouve plus sur les risques des publications qui nous citait indirectement (ce texte ?)
- Innovation & Thérapeutiques en oncologie par Jacques Robert (2020)
- Un pre-print pour Natures Sciences Société (La prédation dans le champ de la publication scientifique : un objet de recherche révélateur des mutations de la communication scientifique ouverte)
- Formation continue des bibliothécaires en France : état des lieux et prospective autour de l’éducation aux médias et à l’information (analyse de l’offre de deux réseaux, les centres régionaux de formation aux carrières des bibliothèques et les unités régionales de formation à l’information scientifique et technique) par Amélie Barrio et Julienne Bourdet (octobre-décembre 2020)
- Gould S, Norris SL. dans la Cochrane Database of Systematic Reviews. Contested effects and chaotic policies: the 2020 story of (hydroxy) chloroquine for treating COVID‐19 (mars 2021)
- Renn, O., Betschart, L., & Dolenc, J. (2021). Ein Schub für Preprintserver. Nachrichten aus der Chemie, 69(5), 26-29.
- Budac A. Efemeride/Ultima divă. Orizont 2021.
- Frampton G, Woods L, Scott DA. Inconsistent and incomplete retraction of published research: A cross-sectional study on Covid-19 retractions and recommendations to mitigate risks for research, policy and practice. PLoS ONE 2021.
- Maisonneuve H. Méfiez-vous des publications trompeuses dans des revues illégitimes. Revue du Praticien 2022.
- Ordoñez Torres K. Artículos retractados, ¿también en pandemia? Publicaciones retractadas sobre la covid-19. Persona y Bioetica 2022.
- Apetrei C, Marx PA, Mellors JW, Pandrea I. The COVID misinfodemic: not new, never more lethal. Trends in microbiology 2022
- … et pour la suite, on verra bien via notre référencement sur Google Scholar !
Nous avons été cité dans d’autres ouvrages :
- la thèse de Sébastien Mick, en septembre 2020
- Formes, formats, formatage : vers un design des sciences par Anthony Masure, un article dans l’ouvrage collectif Les devenirs numériques des patrimoines, UDPN, en novembre 2022.
- Language and Truth: What Makes Communication Reliable in a Post-Truth World, de Jacques Moeschler (2024)
Et évidemment, je ne serai jamais exhaustif puisque l’audience a été très large et que nous avons été repris sur les réseaux sociaux, sur YouTube (Mr. Sam), en Podcast (La Confiture du 9 octobre), la pièce de théâtre de l’Ethique du Chercheur, Moteur de recherche (27 octobre 2022 – vers 26 min), par le Dr Hervé Maisonneuve dans le Quotidien du Médecin (décembre 2022), Pr Michel Dauzat dans Medvasc (la preuve par l’absurde, décembre 2022), etc.
Valentin en a fait un article pour Afis Science en décembre 2020.
J’ai été filmé en octobre 2021 pour Le Blob.
[ADDENDUM dimanche 23 août]
Avec 71,263 vues en version anglaise et 48,210 en version française sur ResearchGate, sans compter les téléchargements sur le site AJMH le week-end dernier, ni les transferts par mail du PDF entre chercheurs… nous avons là un article incroyablement partagé ! Merci à vous pour vos relais ! 🙂
[ADDENDUM samedi 19 septembre]
Un peu plus d’un mois plus tard, avec les mêmes réserves ci-dessus, nous sommes à 96 675 lectures en anglais et 58 173 en français !
De façon cocasse, j’ai été amené à faire… du reviewing pour une autre revue de Science Domain International (sans doute qu’ils sélectionnent leurs reviewers parmi les auteurs qui se sont fait avoir par une revue prédatrice…). Je raconte ça brièvement en quelques tweets, à dérouler ci-dessous :
Ah là là, je viens de faire un reviewing pour…
— Michaël (@mimiryudo) September 17, 2020
*roulements de tambour*
une revue de Science Domain International !
(Le même éditeur que pour l’Asian Journal of Medicine and Health).
Les boulets, ils m’ont demandé ><
Enfin du coup, c’est rigolo de voir l’autre côté.
[Addendum 10 octobre 2021…]
Tous les lundis depuis août 2020, je reçois un mail de ResearchGate pour dire que je suis l’auteur le plus lu de l’université de Lille. Nous sommes tous les 4 dans cette même situation.
L’article continue de diffuser : la semaine dernière, j’ai appris qu’il avait été évoqué en cours aux étudiants de 4ème année de Lille… Pour certains, c’est devenu un document de démonstration pour parler de fiabilité des sources !
Nous avons aussi écrit une lettre à la rédaction dans Thérapie, publiée en novembre 2021 : Raising public awareness about the misuse of predatory journals: One year after the “hydroxychloroquine and push-scooters accidents” hoax
Je présente un sujet sur les revues prédatrices au congrès du CNGE début décembre 2021 à Lille…
[Addendum 2 décembre 2021…]
… et à la demande des collègues de Poitou-Charentes et de Louvain, voici la présentation – à laquelle j’ai intégrée le son du congrès (en lecture automatique).
Et si vous voulez le récupérer en vidéo toute prête, c’est là >> https://mimiryudo.com/blog/wp-content/uploads/2021/12/CNGE21_Rochoy_predateur4_present.mp4
[Addendum 13 février 2022]
Il y aura encore 2 présentations similaires : globalement la même qu’au CNGE pour le congrès de médecine générale de France à Paris (CMGF, 26 mars 2022) et une autre en septembre, en plénière d’ouverture du congrès d’automne de la Société Suisse de Médecine Interne Générale à Davos (22 septembre 2022).
[Addendum 8 mai 2022]
Nous avons aussi été cités dans l’ouvrage Le mauvais air de Jean-Marc Cavaillon (pages 396-397) !
[Addendum du 16 novembre 2022]
La présentation en Suisse a été un très chouette moment ! Je vous en reparlerai sur un billet dédié…
[Addendum 12 octobre 2024]
On continue à parler de nous… Ici à 26’30 dans l’épisode Fraudes en médecine de 36,9° sur RTS