Je suis infirmier. Je me lève dès potron-minet (sans jamais voir de postérieur de chat, remarquez), je bois un café bien serré, je me douche, je prends le métro à une heure où les accès ne sont pas bien plus ouverts que mes neurones, et j’arrive à l’hôpital quand les lumières du hall éclairent encore péniblement des couloirs endormis. Dans la salle de repos, sous des couettes d’un orange douteux et d’un âge certain, qui donnent des démangeaisons à la simple idée d’un contact cutané, les collègues de nuit me parlent des problèmes autour d’un café chargé de tous nous réveiller. Ça s’annonce compliqué aujourd’hui.
Je fais un premier tour, pendant lequel je demande aux patients comment s’est passée la nuit, prends leurs constantes (thermomètre dans l’oreille, brassard autour du bras, saturation au bout du doigt) et j’en profite pour piquer les bilans que les internes ont prescrit la veille, souvent sans être convaincus de l’intérêt de la chose, mais bon, « pour voir ».